RAPPORT GENERAL N° 85 TOME 3 ANNEXE 1 - PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1998 ADOPTE PAR L'ASSEMBLEE NATIONALE - AFFAIRES ETRANGERES


Jacques CHAUMONT


COMMISSION DES FINANCES, DU CONTROLE BUDGETAIRE ET DES COMPTES ECONOMIQUES DE LA NATION - RAPPORT GENERAL N° 85 TOME 3 ANNEXE 1 - 1997/1998

Table des matières






N° 85

SÉNAT

SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998

Annexe au procès verbal de la séance du 20 novembre 1997.

RAPPORT GÉNÉRAL

FAIT

au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,

Par M. Alain LAMBERT,

Sénateur,

Rapporteur général.

TOME III

LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES

(Deuxième partie de la loi de finances)


ANNEXE N° 1

AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET COOPÉRATION :

I
. - AFFAIRES ÉTRANGÈRES

Rapporteur spécial : M. Jacques CHAUMONT

(1) Cette commission est composée de : MM. Christian Poncelet, président ; Jean Cluzel, Henri Collard, Roland du Luart, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Philippe Marini, René Régnault, vice-présidents ; Emmanuel Hamel, Gérard Miquel, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; Alain Lambert, rapporteur général ; Philippe Adnot, Bernard Angels, Denis Badré, René Ballayer, Bernard Barbier, Jacques Baudot, Claude Belot, Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Guy Cabanel, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Yvon Collin, Jacques Delong, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Claude Haut, Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, Marc Massion, Michel Mercier, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Oudin, Maurice Schumann, Henri Torre, René Trégouët.

Voir les numéros :

Assemblée nationale ( 11 ème législ.) : 230 , 305 à 310 et T.A. 24 .

Sénat : 84 (1997-1998).

Lois de finances.


PRINCIPALES OBSERVATIONS

1. Le problème des rémunérations du personnel résident

Le ministère des affaires étrangères a la responsabilité de la politique extérieure de la France et la charge de contribuer à son rayonnement dans le monde. Il assume une mission régalienne par excellence. Sa participation à l'effort général de rigueur budgétaire est d'autant plus remarquable que son rôle aurait pu l'y soustraire.

Après trois années de baisse consécutives, le budget des affaires étrangères est à nouveau présenté en diminution pour 1998. Certes, cette baisse modérée de 0,5% peut être considérée comme une stabilisation. Mais la rigueur à laquelle est soumise le budget des affaires étrangères, aussi compréhensible soit-elle dans le contexte actuel des finances publiques, peut avoir des répercussions sur le bon accomplissement de ses missions essentielles. Cette rigueur ne saurait se prolonger dans les années à venir sans compromettre l'action de la France dans le monde.

Ainsi, la politique de transformation des postes d'expatriés en postes de résidents menée dans les services à l'étranger rencontre ses limites. Cette politique est une source d'économies, puisqu'elle permet d'échanger deux postes de résidents créés pour un poste d'expatrié supprimé. Mais poussée trop loin, elle risque d'avoir des répercussions négatives sur le bon fonctionnement des services concernés.

Ce risque est d'autant plus grand que le personnel résident est victime d'une sous rémunération chronique. En effet, dans un grand nombre de pays, le niveau des traitements servis par les services diplomatiques français à leurs personnels recrutés localement est notoirement inférieur à celui du marché du travail pour des qualifications identiques. Sur ce point, les ambassades françaises souffrent de la comparaison avec les ambassades des autres pays européens, mais également avec nos postes d'expansion économique. Il serait normal d'aligner les traitements de tous les personnels résidents sur ceux versés par la DREE

Il en résulte une démotivation insidieuse du personnel résident, qui se traduit par un flux permanent de démissions désorganisant la marche des services. Cette situation donne une image négative de la France auprès des populations locales. Il est donc indispensable de programmer les mesures de revalorisation nécessaires.

2. La forte réduction des crédits d'intervention

L'essentiel des crédits des affaires étrangères est absorbé par les dépenses de fonctionnement, la part réservée aux dépenses d'intervention restant limitée. Si l'on ajoute aux crédits d'action culturelle et d'aide au développement, les crédits de coopération de défense et les contributions volontaires aux dépenses internationales, cette part atteint 3,354 milliards de francs, soit environ  23 % du budget.

Pour 1998, comme lors des exercices précédents, cette part "discrétionnaire" des crédits supporte l'essentiel de la rigueur budgétaire.

Les crédits de l'action culturelle et de l'aide au développement sont reconduits au niveau de 3 milliards de francs. Cette stabilité globale recouvre une diminution de la presque totalité des actions engagées. Seules les dépenses consacrées à l'audiovisuel extérieur bénéficient de moyens nouveaux, pour un montant de 15,8 millions de francs.

La diminution la plus spectaculaire concerne les contributions volontaires aux dépenses internationales. En cinq ans, les crédits correspondants sont passés de 697,2 millions de francs à 228 millions de francs, soit une baisse de 67%.

Ces contributions volontaires font office de variable d'ajustement du budget des affaires étrangères, ce qui n'est pas conforme à leur vocation. Les réduire encore porterait gravement atteinte au crédit international de la France, qui risque d'être exclue des conseils d'administration des organismes concernés.

En tout état de cause, les réductions des contributions volontaires doivent se faire avec discernement, en fonction de trois critères essentiels : la bonne gestion des organisations bénéficiaires ; l'importance des retours économiques pour notre pays sur les programmes financés ; la présence au sein des organisations de ressortissants français ou francophones.

Enfin, il est impératif d'annoncer les diminutions des contributions volontaires suffisamment longtemps à l'avance pour que les organisations internationales puissent en tenir compte dans leurs projets. La forte régulation budgétaire de 1995, où 313 millions de francs sur 552 ont été annulés en cours d'exercice, a eu un effet désastreux car notre pays a été considéré comme ne respectant pas sa parole.

3. La nécessaire redéfinition de la politique audiovisuelle internationale

En 1998, le ministère des affaires étrangères consacrera 898 millions de francs à la politique audiovisuelle extérieure. Le gouvernement n'a pas encore arrêté officiellement ses orientations en la matière et se donne encore le temps de la réflexion. Il est pourtant urgent d'agir sur ce poste de dépenses à la fois important et susceptible de rationalisation.

CFI doit être recentrée sur sa mission initiale de banque de programmes. TV5 serait ainsi notre seule chaîne dans les régions du monde où elle est diffusée en réception directe (Afrique, Moyen-Orient et Asie).

L'optimisation des nouvelles techniques de diffusion pourrait permettre de dégager des moyens afin d'améliorer en étendue et en qualité la couverture de TV5 et de RFI, et de développer la politique des décrochages régionaux.

Toutefois, ces mesures technique de financement ne sont qu'un préalable à l'indispensable réflexion sur le contenu des programmes. La question de fond est de savoir si ceux-ci doivent être conçus à l'usage des Français expatriés, ou à destination des populations locales, ce qui exigerait une révolution culturelle à TV5.

En tout état de cause, l'habillage de TV5 doit être modernisé et son contenu enrichi, en particulier en fictions. Une politique de sous-titrage systématique apparaît nécessaire, même si son coût n'est pas négligeable.

4. Le difficile financement de l'enseignement français à l'étranger

L'enseignement français à l'étranger est un élément essentiel du rayonnement de la France dans le monde. Les 209 établissements recensés à la rentrée 1996/97 ont scolarisé 45.527 élèves français et 80.189 élèves étrangers. Ce réseau éducatif contribue à la vitalité de la francophonie. Il est aussi une condition du renforcement de la présence économique française à l'étranger, car nos concitoyens n'acceptent de s'expatrier que s'ils ont la certitude de pouvoir offrir sur place une éducation de qualité à leurs enfants.

Or, le réseau de l'enseignement français à l'étranger se heurte à un problème de financement récurrent.

Les droits d'écolage demandés par les établissements peuvent atteindre dans certains pays un niveau de 25.000 à 30.000 francs, au-delà duquel il ne serait pas raisonnable d'aller. Il en résulte une sélection par l'argent des élites locales désireuses de scolariser leurs enfants dans les établissements français.

On observe également des phénomènes d'exclusion des familles d'expatriés qui ne disposent pas du soutien d'une grande entreprise pour prendre en charge tout ou partie des droits d'écolage. Fort heureusement, les communautés d'expatriés font preuve d'une solidarité financière méritoire. Mais celle-ci a ses propres limites.

Un moyen de réduire les coûts de l'enseignement français à l'étranger consiste à recruter des professeurs résidents de préférence à des professeurs expatriés. Cette solution de facilité risque de se traduire par une dégradation de la qualité de l'enseignement, surtout dans les classes supérieures qui doivent conduire efficacement les enfants aux classes préparatoires ou aux études universitaires.

Une autre solution consisterait à faire prendre en charge par le budget de l'éducation nationale la rémunération des professeurs expatriés. Les droits d'écolage retrouveraient ainsi des niveaux plus compatibles avec le principe de gratuité de l'enseignement, et les crédits consacrés aux bourses pourraient être réduits d'autant.

Enfin, en dehors du réseau d'Europe occidentale et d'Afrique, les établissements d'enseignement français à l'étranger se trouvent souvent à l'étroit dans leurs locaux. C'est notamment le cas de ceux situés en Asie du Sud-Est et dans les pays d'Europe centrale et orientale, qui doivent faire face à des afflux d'élèves avec des bâtiments exigus. Certains d'entre eux seraient fermés sur le champ en France car ils ne remplissent pas les conditions de sécurité exigées dans notre pays.

Le dynamisme des marchés immobiliers dans les pays émergents a permis parfois de réaliser des opérations "blanches" grâce à la valorisation des terrains existants. Mais ces opérations restent aléatoires, comme le prouve l'effondrement récent des marchés immobiliers en Asie du Sud-Est. Elles supposent également de disposer de liquidités pour tirer parti rapidement des opportunités qui se présentent.

Les solutions de fortune imaginées par les proviseurs pour accroître la capacité d'accueil de leurs établissements ne présentent pas toutes les garanties de sécurité et s'avèrent souvent, à terme, plus dispendieuses qu'un projet entièrement nouveau. Le souci de bonne gestion des deniers publics justifierait la programmation pluriannuelle des opérations immobilières des établissements d'enseignements français à l'étranger. Il est évident que le système actuel est injuste, onéreux et doit être totalement repensé.

5. La nécessité d'une réflexion à long terme

Alors que le monde d'aujourd'hui n'est plus en situation de guerre idéologique ni de guerre froide, mais de guerre économique, il apparaît nécessaire de réfléchir en d'autres termes à l'action extérieure de la France.

L'exercice 1998 est la dernière année d'application du schéma quinquennal d'adaptation des réseaux du ministère des affaires étrangères. Pour autant, cette action de redéploiement géographique ne peut pas être considérée comme achevée, bien qu'elle implique des décisions difficiles et des investissements coûteux.

A cet égard, il est permis de s'interroger sur le luxe parfois excessif de certaines ambassades nouvelles. Ainsi, le coût prévisionnel de la nouvelle ambassade de France à Berlin est de 280 millions de francs, ce qui en fait de très loin le plus gros projet immobilier en cours, alors que sa justification est plus sentimentale que rationnelle. La quote part du ministère des affaires étrangères dans cette opération interministérielle est de 69%, soit un peu plus de 193 millions de francs.

Le maintien de notre réseau diplomatique pourrait être facilité par une réflexion sur le nombre d'agents réellement nécessaire au bon fonctionnement de chaque poste. On peut ainsi concevoir des ambassades plus réduites que le standard minimum actuel d'une dizaine de personnes.

Le redéploiement géographique du réseau des affaires étrangères doit s'accompagner d'une réorganisation des réseaux extérieurs des différents ministères, afin de dégager de véritables synergies sous l'autorité de l'ambassadeur. Les moyens des postes d'expansion économique, notamment, pourraient diminuer en quantité pour gagner en qualité, tandis que dans certains pays l'ambassade et le poste d'expansion économique pourraient être fusionnés.

Cet effort de rationalisation des divers réseaux extérieurs devrait être facilité par le rapprochement entre le ministère de la coopération et le ministère des affaires étrangères envisagé par le Gouvernement.

INTRODUCTION

Mesdames, Messieurs,

L'examen des crédits des affaires étrangères pour 1998 s'inscrit dans un contexte bien particulier. Votre commission des finances, constatant l'absence de véritable maîtrise des dépenses dans le projet de budget présenté par le gouvernement de M. Lionel Jospin, vous propose de geler l'ensemble des crédits du budget général de l'Etat au niveau atteint en 1997. Ce gel correspond à une économie de 21,3 milliards de francs par rapport aux crédits présentés dans le projet de loi de finances, qui doit être répartie entre les différents départements ministériels.

Néanmoins, votre commission des finances vous propose d'exclure de cet effort de rigueur les crédits des ministères chargés de fonctions régaliennes, parmi lesquels se trouve celui des affaires étrangères. Cette position de sagesse paraît d'autant plus justifiée à votre rapporteur que les crédits du ministère des affaires étrangères sont déjà présentés en légère diminution par rapport à 1997, de - 0,5 %, pour s'établir à 14,387 milliards de francs.

En fait, le ministère des affaires étrangères avait déjà pris les devants de la rigueur budgétaire qui s'impose aujourd'hui à la France, puisque ses crédits sont en diminution constante depuis 1995 et représentent désormais 0,91 % seulement du budget de l'Etat. Ces efforts ont été acquis essentiellement au prix d'un redéploiement judicieux du réseau des services à l'étranger, ainsi que d'une réduction plus contestable des contributions volontaires aux organisations internationales. Il semble désormais difficile de les pousser plus loin, sauf à renoncer à certaines missions essentielles du ministère.

Mais cette stabilisation souhaitable des crédits des affaires étrangères n'est pas exclusive, bien au contraire, d'un effort de rationalisation permettant de dégager des moyens supplémentaires pour les actions prioritaires, au premier rang desquelles votre rapporteur place l'adaptation du réseau des établissements d'enseignement français à l'étranger rendue nécessaire par la remarquable croissance des effectifs scolarisés dans les régions du monde les plus dynamiques.

CHAPITRE PREMIER

L'ACTION EXTÉRIEURE DE LA FRANCE

Les crédits consacrés à l'action extérieure de la France s'élèveront à 50,4 milliards de francs pour 1998, à comparer au montant de 48 milliards de francs atteints en 1997, ce qui représente une hausse de 5 %. Cette hausse fait suite à la diminution de 15 % enregistrée en 1997 par rapport à 1996.

I. LES DIFFÉRENTES COMPOSANTES DE L'ACTION EXTÉRIEURE

Pour apprécier de façon complète l'action extérieure de la France, il faut ajouter aux 50,4 milliards de francs prévus pour 1998 une partie du budget communautaire .

En effet, le budget européen consacre une partie de ses crédits à des actions internationales. En 1997, 5,6 milliards d'écus, soit 36,6 milliards de francs, sont destinés à l'action extérieure de l'Union européenne.

Compte tenu du taux de contribution de la France au budget communautaire, l'action extérieure de l'Union européenne représente en 1997 une charge de 6,52 milliards de francs pour notre pays. Cette charge devrait s'élever à 6,47 milliards de francs pour 1998.

Aussi, les crédits destinés à l'action extérieure de la France s'élèvent-ils en réalité à 56,9 milliards de francs pour 1998 (contre 54,6 milliards de francs en 1997) .

Le tableau ci-après retrace l'ensemble des crédits concourant à l'action extérieure de la France, hors crédits communautaires.

Etat récapitulatif des crédits de toute nature concourant à l'action extérieure de la France (Dépenses ordinaires et crédits de paiement)

(en millions de francs)

1998

Budgets

Animation des services

Action bilatérale

Action multilatérale


Total

I. BUDGET GENERAL

A. Dépenses civiles


Affaires étrangères et coopération :

I. Affaires étrangères

II. Coopération

Agriculture, pêche et alimentation

Aménagement du territoire et environnement

I. Aménagement du territoire

II. Environnement

Anciens combattants

Culture et communication

Economie, finances et industrie :

I. Charges communes

II. Services financiers

III. Industrie

Education nationale, recherche et technologie

I. Enseignement scolaire

II. Enseignement supérieur

III. Recherche et technologie

Emploi et solidarité

I. Emploi

II. Santé, solidarité et ville

Equipement, transports et logement :

I. Urbanisme et services communs

II. Transports - 4. Transport aérien

II. Transports - 5. Météorologie

IV. Mer

V. Tourisme

Intérieur et décentralisation

Jeunesse et sports

Justice

Outre-mer

Services du Premier ministre - Services généraux

5856,77

550,08

84,78

44,51

5,82

8,11

9,00

1417,59

30,61

32,56

8,00

2,07

31,84

61,57

5,76

3,49

32,04

225,08

16,22

2,79

5014,71

5935,39

375,60

13,72

284,08

175,34

6513,00

12,00

172,65

135,70

2028,57

44,00

2,50

123,97

82,95

23,39

3515,76

10,62

3938,00

245,60

50,53

10,98

28,90

4892,29

6,44

1,90

0,20

5,00

214,00

4,00

33,49

14387,24

6485,47

460,38

44,51

30,16

292,19

175,34

10460,00

1663,19

93,14

216,19

164,60

6928,86

52,51

33,74

64,27

5,00

219,76

3,49

156,01

225,08

86,95

16,22

2,79

56,88

Totaux dépenses civiles

8428,69

20937,57

12957,71

42323,97

B. Défense (services à l'étranger)

1003,45

129,00

0,00

1132,45

Totaux budget général (A + B)

9432,14

21066,57

12957,71

43456,42

II. BUDGETS ANNEXES

Aviation civile

Totaux budgets annexes

14,56

14,56

0,00

288,34

288,34

302,90

302,90

III. COMPTES SPECIAUX DU TRESOR

Soutien financier de l'industrie cinémato-graphique et de l'industrie audiovisuelle

Compte d'emploi de la taxe parafiscale affectée au financement des organismes du service public de la radiodiffusion sonore et de la télévision

Prêts du Trésor à des Etats étrangers et à la Caisse française de développement

Prêts du Trésor à des Etats étrangers pour la consolidation de dettes envers la France

Exécution des accords internationaux relatifs à des produits de base


62,50

294,60

2000,00

4000,00

308,00

62,50

294,60

2000,00

4000,00

308,00

Totaux comptes spéciaux du Trésor

0,00

6357,10

308,00

6665,10

TOTAL GENERAL (I + II + III)

9446,70

27423,67

13554,05

50424,42

A. UNE ACTION PRINCIPALEMENT BILATÉRALE

Sur les 50,4 milliards de francs de crédits prévus pour l'action extérieure en 1998 :

l'action bilatérale représente 27,4 milliards de francs, soit 54,4 % des crédits ;

l'action multilatérale représente 13,6 milliards de francs, soit 26,9 % des crédits ;

l'animation des services représente 9,4 milliards de francs, soit 18,8 % des crédits.

L'action bilatérale comprend les aides à l'ajustement structurel, les annulations et consolidations de dettes, l'aide-projet, l'action culturelle, l'assistance technique et militaire, l'appui aux initiatives privées et décentralisées, les garanties à l'exportation, le soutien à la recherche et à la coopération scientifique.

L'action multilatérale représente essentiellement la participation française à des organismes ou à des programmes internationaux.

La dépense d'animation des services représente le coût des réseaux à l'étranger, mais aussi celui des services d'administration centrale qui leur sont liés.

B. LA PART LIMITÉE DU MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES

Les crédits concourant à l'action extérieure de la France sont répartis entre 28 sections budgétaires.

Toutefois, 5 d'entre elles représentent environ 80 % des crédits : les affaires étrangères, la coopération, les charges communes, les comptes spéciaux du Trésor et le budget civil de recherche et développement.

Le budget des affaires étrangères représente à lui seul 28,5 % des crédits avec 14,4 milliards de francs sur le total de 50,4 milliards de l'action extérieure. Il s'inscrit en baisse de 0,5 % par rapport à 1997.

Le budget de la coopération , avec 6,5 milliards de francs, représente 12,9 % des crédits . Il diminue de 3,6 % par rapport à 1997, principalement du fait de l'achèvement progressif du programme d'accompagnement de la dévaluation du franc CFA, mais également en raison de la confirmation de la reprise économique dans les pays du champ.

Les parties du budget des charges communes et des comptes spéciaux du Trésor consacrées à l'action extérieure s'élèvent à 17,1 milliards de francs pour 1998, ce qui représente 33,9 % des crédits de cette action. Ces crédits sont en augmentation de 23,3 % par rapport à 1997, après avoir diminué de près d'un tiers cette année par rapport à 1996.

Ils ne retrouvent donc pas leur niveau de 1996, qui était de 21 milliards de francs. Cette forte baisse s'expliquait par la diminution des annulations et consolidations de dettes grâce à la résorption progressive de la crise de la dette dans les pays en développement et, d'autre part, par le retard enregistré dans le programme de versement des dotations nationales aux organismes multilatéraux de développement, dû en particulier à l'attitude en retrait des Etats-Unis.

La hausse prévue pour 1998 recouvre notamment l'engagement pris par la France de consacrer, sur la période 1997-1999, une enveloppe de 5,1 milliards de francs de prêts et de dons au profit des pays en voie de développement africains, ainsi que le soutien apporté par la France aux organismes multilatéraux de développement dans le cadre de la montée en puissance des outils européens (8ème protocole financier du FED et doublement du capital de la BERD).

Les crédits du budget civil de recherche et développement consacrés à l'action extérieure sont répartis entre plusieurs budgets. Ils s'élèvent à 6,6 milliards de francs en 1998, au lieu de 6,9 milliards de francs en 1997. Cette évolution est entièrement imputable à l'achèvement du programme de développement des Airbus A 330 et A 340.

Les crédits consacrés par les autres ministères à l'action extérieure représentent essentiellement les coûts des réseaux autres que le réseau diplomatique et consulaire .

Au total, l'ensemble formé par les budgets des affaires étrangères et de la coopération est sensiblement plus important (41,4 %) que celui formé par le budget des charges communes et les comptes spéciaux du Trésor (33,9 %).

Votre rapporteur relève néanmoins que le volume des crédits gérés directement par le ministre des affaires étrangères (28,5 %) reste inférieur à celui des crédits relevant de la compétence du ministre de l'économie et des finances (33,9 %). Cette constatation amène à s'interroger sur le rôle du ministère des finances dans la conduite de la politique extérieure de la France, et sur les possibilités de contrôle du ministère des affaires étrangères sur l'action du premier.

Par ailleurs, la part du budget des affaires étrangères dans le budget de l'Etat continue de décroître après être tombée en-deçà de 1 % en 1996, pour s'établir à 0,91 % en 1998, comme le montre le graphique ci-après:

Le budget des affaires étrangères en 1998 se situe donc à son plus bas niveau relatif depuis quinze ans . Il a anticipé dès 1993 l'effort de rigueur qui s'est étendu depuis à l'ensemble des départements ministériels.

Votre commission des finances considère que ce budget correspond à l'une des fonctions de l'Etat régalienne par excellence. Elle vous propose donc de l'exclure de la réduction globale de 21,3 milliards de francs des crédits du budget général qu'elle estime par ailleurs indispensable pour parvenir en 1998 à une maîtrise réelle des dépenses budgétaires.

II. LES RÉSEAUX À L'ÉTRANGER

Si la politique extérieur de la France à l'étranger est placée -en droit tout au moins- sous la seule responsabilité des ambassadeurs, sa mise en œuvre repose sur des réseaux nombreux et variés.

A. DES RÉSEAUX ÉTOFFÉS

Le réseau administratif à l'étranger recouvre 18 catégories d'implantation pour un total de plus de 804 services répartis dans 160 pays. Il est plus ou moins dense, pouvant atteindre jusqu'à 40 postes, comme aux Etats-Unis, ou bien se limiter à une représentation, ce qui est le cas dans 18 pays seulement.

A ce total, il convient d'ajouter 17 représentations permanentes auprès d'organisations internationales.

La répartition géographique de ces réseaux fait apparaître une densité particulière dans certaines zones : l'Afrique, l'Europe occidentale et l'Amérique du Nord. En revanche, l'Asie et l'Europe orientale sont, pour l'instant encore, moins bien pourvues.

On observera que sur les 28 sections budgétaires qui concourent à l'action extérieure, seules 9 disposent d'un réseau à l'étranger et en financent donc les coûts de fonctionnemnt : les affaires étrangères, la coopération, l'agriculture, les anciens combattants, l'économie et les finances, l'équipement, l'aménagement du territoire, l'intérieur, l'emploi et la solidarité, la défense.

L'ensemble de ces réseaux repose sur les compétences de 15710 agents, dont 42 % en administration centrale et 58 % à l'étranger, les réseaux comprenant plus de 9.000 agents expatriés en 1997.

Le tableau ci-après fournit la répartition des effectifs d'agents expatriés et leur évolution pour 1998.



Composition du réseau administratif à l'étranger

le réseau diplomatique avec les ambassades bilatérales et les représentations permanentes auprès des organisations internationales multilatérales,

le réseau consulaire avec les consulats généraux, les consulats et les chancelleries détachées, ainsi que les sections consulaires d'ambassades, les antennes consulaires et les consuls honoraires,

le réseau des attachés d'armement et de défense du ministère de la défense

pour le ministère de l'équipement :

- les bureaux de la DATAR,

- les conseillers du ministère de l'équipement,

- les services de la mer,

- les bureaux du tourisme.

le réseau du Service de coopération technique international de police,

le réseau du ministère des anciens combattants,

pour le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie:

- le réseau des paieries,

- le réseau des agences financières du Trésor,

- le réseau des postes d'expansion économique.

les conseillers aux affaires sociales.

pour le ministère de la coopération :

- les missions de coopération et d'action culturelle,

- les centres médico-sociaux,

- les missions d'assistance militaire.

les attachés agricoles.

les réseaux relais institutionnels:

- les instituts et centres culturels,

- le réseau de la Caisse française de développement,

- les chambres de commerce et d'industrie à l'étranger,

- les établissements d'enseignement français à l'étranger.

Un redimensionnement des réseaux et un redéploiement dans une perspective pluriannuelle ont été amorcés depuis quelques années. Ces mesures sont préparées et suivies par le comité interministériel des moyens de l'Etat à l'étranger (CIMEE). Elles répondent notamment aux orientations prioritaires arrêtées par le Président de la République, parmi lesquelles figure le redéploiement vers l'Asie.

B. L'ADAPTATION DES RÉSEAUX

Les redéploiements effectués au sein de l'ensemble des réseaux à l'étranger témoignent d'un souci d'adapter les réseaux aux nouveaux enjeux politiques et économiques, tout en prenant en compte la nécessité de réaliser des économiques budgétaires.

Le réseau du ministère des affaires étrangères poursuit ainsi sa rationalisation en 1998.

Le schéma d'adaptation des réseaux diplomatique, consulaire et culturel, adopté en 1994, connaît sa dernière étape en 1998. Ce programme repose sur le principe d'une forte contraction de certaines catégories d'agents expatriés, en contrepartie de moyens nouveaux permettant notamment la modernisation des outils de fonctionnement et l'amélioration de l'encadrement des postes à l'étranger.

En 1998, le schéma d'adaptation des réseaux conduit à la suppression nette de 107 emplois à l'étranger. Au total, sur les cinq années d'application, la suppression de 600 emplois a permis de dégager une économie globale de 222 millions de francs . Les contreparties accordées ont permis de recruter un auxiliaire local pour deux emplois supprimés, de créer 46 emplois d'encadrement, et de couvrir les besoins liés à la sécurisation des réseaux ou à l'informatisation des outils de gestion.

Les créations, suppressions ou transformations de postes sont retracées dans le tableau ci-après :

Année

Créations de postes

Suppressions ou transformations

1993

- Bratislava , ambassade

- UEO , représentation permanente (Bruxelles)

- OIAC , représentation permanente (La Haye)

- Salonique , consulat général

- Mogadiscio , représentation spéciale (janvier)

- Andorre , viguerie transformée en ambassade

- Skopje , délégué général en mission

- Tbilissi , ambassadeur en mission

- Sarajevo, ambassadeur en mission

- Kaboul , chargé d'affaires en mission

- Canton , consulat général

- Jakarta , consulat transformé en section consulaire

- Kinshasa , consulat transformé en section consulaire

- Bratislava , consulat général

- Mogadiscio , représentation spéciale (juin)

- Gand , consulat

- Jersey , consulat

- Brazzaville , consulat transformé en section consulaire

- Palma de Majorque , consulat

- Saint Sébastien , chancellerie détachée

- Valence , consulat général

1994

- Skopje , ambassade minimale

- Sarajevo , ambassade minimale

- Tbilissi , ambassade minimale

- Achgabat , chargé d'affaires en mission

- Kigali , ambassade (fermeture provisoire)

1995

- Kigali , ambassade réouverture

- Bagdad , ouverture d'une section des intérêts français de l'ambassade de Roumanie

- Chisinau , chargé d'affaires en mission

- Oran et Annaba , consulats généraux (mise en sommeil)

1996

- Moscou , consulat (anciennement section consulaire)

- Chisinau , ambassadeur en mission

- Achgabat , ambassade de plein exercice

- Oulan Bator, ambassadeur en mission

- Asmara , ambassadeur en mission

- Kingston , ambassade

- Freetown , ambassade

- Monrovia , ambassade

- Lilongwe , ambassade

- Florence , consulat général

- Honolulu , consulat général

- Mons , consulat général

- Edmonton , consulat

- San Juan de Puerto Rico , consulat

1997

- Canton , consulat général (réouverture)

- Gaborone , antenne consulaire

- Niamey

- Bâle
, transformation du consulat général en chancellerie détâchée ;

- Venise , transformation du consulat général en consulat honoraire

Ces mouvements de postes ont pour principal objet de compléter la couverture diplomatique de la France dans les Etats de l'ex-URSS et de l'ex-Yougoslavie, grâce à des redéploiements et à des fermetures, principalement en Europe occidentale et en Afrique.

La période 1991-1994, notamment, a été particulièrement riche en créations et transformations de postes en raison du démembrement de l'URSS et de la Yougoslavie : ouverture de 12 ambassades de plein exercice et création de 3 chefs de poste "en mission", débouchant en 1994 sur trois nouvelles ambassades (Skopje, Sarajevo, Tbilissi).

Depuis, la volonté de la France de compléter sa couverture diplomatique dans les Etats de l'ex-URSS s'est traduite par la nomination de chargés d'affaires (1994-1995), puis d'ambassadeurs "en mission" à Achgabat et Chisinau (1996). Deux autres ambassadeurs "en mission" ont par ailleurs été nommés, ultérieurement, à Asmara et Oulan Bator (été 1996).

Cette formule des chefs de poste "en mission", qui a déjà fait ses preuves à Sarajevo, Tbilissi et Skopje, permet d'assurer un certain nombre e contacts politiques et économiques : la présence alternée des chefs de poste dans leur pays d'accréditation et à Paris favorise la connaissance des pays concernés ainsi que la prise en compte des intérêts d'institutions ou de sociétés françaises.

Votre rapporteur approuve cette formule pragmatique de représentation diplomatique allégée, qui mériterait d'être étendue.

Dans la plupart des cas, cependant, la nomination de chefs de postes "en mission" débouche, à plus ou moins longue échéance, sur la création d'ambassades de plein exercice (cf. Sarajevo, Tbilissi, Skopje, et plus récemment, Achgabat).

Les préoccupations de sécurité expliquent par ailleurs certaines décisions : fermeture de l'ambassade à Kigali en avril 1994 et réouverture en janvier 1995, dès le retour de la paix ; mise en sommeil des consulats généraux à Oran et Annaba, et regroupement de tous les services à Alger. Pour des raisons d'ordre politique, d'autre part, une section des intérêts français a été ouverte en février 1995 au sein de l'ambassade de Roumanie à Bagdad.

S'agissant du ministère de la coopération, on peut se féliciter de la réunion des fonctions d'ambassadeur et de chef de mission dans plusieurs pays du champ :

- dès 1996, fusion des fonctions à Praia (ambassadeur et chef de mission de coopération et d'action culturelle) et Bujumbura (n° 2 et chef de mission de coopération et d'action culturelle) ;

- suppression d'un poste de chef de mission en janvier 1997 ;

- suppression de deux emplois de chefs de mission en septembre 1998 ;

- suppression d'un emploi de chef de mission en septembre 1999.

Les réseaux du ministère de l'économie et des finances font également l'objet de mesures de redéploiement.

Le réseau de l'expansion économique est entré en 1996 dans une nouvelle phase, prévue pour quatre ans, de redéploiement de ses effectifs des pays de l'OCDE, où le relais sera pris progressivement par les chambres de commerce et les fédérations professionnelles, et d'Afrique, vers les pays émergents d'Asie, d'Amérique latine, d'Afrique australe et d'Europe centrale et orientale. Cela permettra de dégager une économie nette de 65 emplois budgétaires, dont 27 en 1997 et 19 en 1998.

Le réseau des agences financières poursuit son adaptation en 1996 en fusionnant, deux à deux, quatre postes de conseillers financiers et en créant avec le réseau commercial trois missions économiques et financières.

La modernisation de la gestion de la dépense publique conduit parallèlement à une contraction du réseau de la direction de la comptabilité publique qui se traduit par la suppression de 26 emplois budgétaires en 1998.

Dès 1996, il a été procédé :

- à la fermeture des postes d'expansion économique de Porto, Leipzig et Suva, et à l'ouverture d'un poste à Sarajevo et de deux antennes à Bakou et Wuhan ;

- à la création de postes mixtes regroupant les fonctions de consul général et de conseiller commercial, à Houston et Osaka ;

- au regroupement des postes d'expansion économique et des agences financières à Brasilia, Delhi et Pékin ;

En 1997, il a été procédé :

- à la fermeture des postes d'expansion économique de Stuttgart, Minsk (Biébrussie), Lusaka (Zambie), Dovala et Windoek (Namibie), et à l'ouverture d'un poste à Achkhabad (Turkménistan) et de deux antennes à Monterrey (Mexique) et La Khobar (Arabie Saoudite) ;

- au rapprochement du réseau de la DREE en Afrique avec celui des missions de coopération et d'action culturelle ;

- au regroupement des postes de conseillers auprès de l'OCDE et du comité d'aide au développement d'une part, de conseiller financier à Londres et de l'administrateur de la BERD d'autre part.

CHAPITRE II

PRÉSENTATION DES CRÉDITS

Le budget des affaires étrangères pour 1998 s'élève, en crédits de paiement, à 14,39 milliards de francs, en diminution de - 0,5 % par rapport aux crédits votés pour 1997.

Les autorisations de programme demandées s'élèvent à 256 millions de francs, en diminution de 1,9 % par rapport aux autorisations votées pour 1997.

Comme les années précédentes, le budget des affaires étrangères connaît une évolution spontanée due à l'effet "change-prix". Pour 1998, les mesures d'ajustement liées à cet effet sont évaluées à + 350 millions de francs. Ainsi, hors effet change-prix, la diminution effective du budget des affaires étrangères serait de - 2,9 % par rapport à 1997.


L'effet change-prix pour 1998

Une part importante des dépenses du ministère des affaires étrangères est soit réglée en devises, soit consacrée à des rémunérations de personnel en service à l'étranger. La gestion de ce budget est donc soumise conjointement à la variabilité des taux de change et à l'évolution des prix dans les différents Etats où le ministère intervient.

Le problème est de conserver le même pouvoir d'achat à des crédits marqués par cette double variabilité entre la période d'élaboration du budget et celle de son exécution.

Or, depuis plusieurs années, les effets "change nominal" par pays combinés aux effets différentiels de prix sont défavorables au budget du ministère des affaires étrangères. En effet, la dérive des prix est plus forte à l'étranger qu'en Franc, où l'on constate l'un des taux d'inflation les plus faibles du monde.

En 1998, les mesures d'ajustement à prévoir, sur la base d'un dollar à 5,66 francs, s'élèvent à 350 millions de francs.

I. PRÉSENTATION PAR TITRE

Le tableau ci-après fournit le détail de l'évolution du budget des affaires étrangères par titre.

A la différence de 1997, où tous les titres du budget des affaires étrangères étaient en diminution, pour 1998 le titre III est en augmentation et le titre V est stabilisé. Compte tenu du niveau modeste des subventions d'investissement, l'effort d'économie porte essentiellement sur les dépenses d'intervention.

A. LES DÉPENSES ORDINAIRES

Les dépenses ordinaires accusent une baisse de 0,5 %. La régulation budgétaire de 1997, soit -475 millions de francs, est partiellement consolidée à hauteur de 265,5 millions de francs. Mais les dépenses d'intervention sont seules réduites.

A l'inverse, avec une dotation de 7,3 milliards de francs, les crédits du titre III sont présentés en augmentation de 2,8 %.

Cette progression globale recouvre néanmoins de nombreuses mesures d'économies :

réduction des rémunérations au titre de la rationalisation de la gestion des recrutés locaux : - 3 millions de francs ;

ajustement de la subvention à l'AEFE : -6,3 millions de francs ;

ajustement de la subvention à l'OFPRA : -1,9 millions de francs ;

économies sur les frais de déplacement liée à la rationalisation de la politique des voyages : -2 millions de francs ;

poursuite de l'application du schéma d'adaptation des réseaux, dont la 5ème tranche comporte la suppression de 117 emplois , soit une économie de -24,4 millions de francs.

Les ouvertures de crédits font plus que compenser ces mesures d'économies :

diverses mesures d'ajustement des charges de personnel (extension en année pleine de la 7ème tranche d'application du protocole d'accord sur la rénovation de la grille de la fonction publique : 31,6 millions, ajustement des crédits de charges sociales : 20,6 millions, ajustement des crédits d'indemnité de l'administration centrale : 2 millions),

développement de projets nouveaux et extension des applications d'informatiques et télématiques (6,4 millions),

poursuite de l'application du schéma d'adaptation des réseaux avec un ajustement de 8,9 millions des crédits de rémunération des auxiliaires locaux, de 20,9 millions pour la création de 10 emplois d'encadrement (3 secrétaires adjoints des affaires étrangères, 4 secrétaires de chancellerie, 3 secrétaires administratifs).

augmentation de 12 millions de francs de la subvention à l'AEFE au titre des bourses scolaires.

Les crédits d'interventions du titre IV sont en diminution de 3,8 % en 1997 et atteignent 6,8 milliards de francs.

Une part de cette diminution résulte d'un ajustement négatif de 121 millions de francs de la participation obligatoire de la France à des dépenses internationales, en raison de la réduction continue des appels de fonds pour les opérations de maintien de la paix.

S'y ajoutent, au titre des économies :

une économie de 41,5 millions sur les crédits d'action culturelle et d'aide au développement ;

la baisse de 117,5 millions de francs des contributions volontaires de la France à des organisations internationales ;

une diminution de 1,2 million de francs des crédits d'assistance aux Français à l'étranger et aux réfugiés étrangers en France,

la non reconduction de 23,5 millions de francs de crédits ouverts par amendements parlementaires.

En contrepartie, certains moyens nouveaux sont prévus   :

un ensemble de 20,2 millions de francs de mesures nouvelles liées à des engagements politiques (année de la France au Japon, coupe du monde de football...) ;

une augmentation de 15,9 millions des crédits d'action audiovisuelle extérieure, pour compenser la suppression de la contribution de TF1 à TV5 et aider la diffusion de TV5 aux Etats-Unis ainsi que celle de France 2 en Tunisie ;

une augmentation de 3 millions de francs des crédits consacrés à l'action francophone multilatérale.

B. LES DÉPENSES EN CAPITAL

Les dépenses en capital diminuent de - 1,9 % par rapport à 1997 en autorisations de programme, et de -1,7 % en crédits de paiement.

Les moyens du titre V sont reconduits à leur niveau de 1997 en crédits de paiement, soit 271 millions de francs. Ils serviront notamment à la mise en place de stations de communication par satellite pour le chiffre, à la rénovation liée à la présence d'amiante dans la chancellerie de Varsovie, au travaux de rénovation de la chancellerie de Tunis, à la remise aux normes technique de la chancellerie de Moscou, au travaux de gros entretien du lycée de Moscou et à la construction du lycée de Francfort.

Les subventions d'investissement du titre VI accordées au titre de la coopération culturelle et de l'aide au développement sont réduites d'un quart en crédits de paiement, pour atteindre 15 millions de francs en 1998.

C. LES MODIFICATIONS APPORTÉES PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE

A titre non reconductible, l'Assemblée nationale a majoré les dépenses du titre IV de 26,1 millions de francs.

Les chapitres concernés sont :

- le chapitre 42-10 Action culturelle et développement, pour un montant de 25,7 millions de francs, dont 20,7 millions de francs sur l'article 42 Subventions aux associations contribuant à l'action culturelle et 5 millions de francs sur l'article 64 Appui à des initiatives privées ou décentralisées ;

-
le chapitre 42-37, article 10 Aides, secours et subventions à divers organismes, pour un montant de 400.000 francs.

II. PRÉSENTATION PAR AGRÉGAT

Cinq agrégats ont été définis pour permettre l'analyse et le suivi des crédits des affaires étrangères. Le tableau ci-après en fournit le détail.

Le graphique par secteurs ci-après permet de visualiser l'importance relative de chacun de ces agrégats dans le total du budget.

Deux ensembles d'égale importance constituent un peu plus de 80 % du budget des affaires étrangères : la coopération et les interventions internationales, qui représentent 42 % du total, et les moyens des services, qui représentent 40 % du total et sont répartis entre l'administration centrale et les services à l'étranger selon une proportion de un quart et trois quarts.

A. L'ADMINISTRATION CENTRALE

Les crédits de l'administration centrale, qui incluent les dotations des services situés à Nantes, représentent environ 10 % du budget des affaires étrangères, soit 1,47 milliard de francs.

Ils comprennent les dépenses de personnel, de fonctionnement et d'équipement des services du ministère des affaires étrangères installés en France métropolitaine, ainsi que les frais de déplacement de ses agents.

Dans le projet de loi de finances pour 1998, ces crédits augmentent très légèrement de 0,3 %, en dépit de la baisse des dépenses de fonctionnement (- 26,1 millions de francs) et d'investissement (-2 millions de francs), en raison de la progression des dépenses de personnel (+ 32,8 millions de francs).

B. LES SERVICES ET RÉSEAUX À L'ÉTRANGER

Les crédits des services et réseaux à l'étranger constituent près de 28 % du budget des affaires étrangères.

Ils représentent les moyens des services diplomatiques, consulaires et culturels de la France à l'étranger, soit 65 % des effectifs et 72% des crédits de fonctionnement du ministère.

Au 1er janvier 1997, on comptait 149 ambassades ouvertes, 110 postes consulaires de plein exercice (60 autres sont des sections consulaires d'ambassade), 17 représentations permanentes et 1 bureau à Berlin, soit un total de 277 services ouverts à l'étranger.

Les crédits affectés à ces postes atteignent 4,29 milliards de francs pour 1998, en augmentation de 3,5 % par rapport à 1997.

L'essentiel des économies résulte de la suppression de 117 emplois dans le cadre du schéma quinquennal d'adaptation des réseaux.

C. LA COOPÉRATION ET LES INTERVENTIONS INTERNATIONALES

Cet agrégat est le plus important du budget des affaires étrangères avec 43 % des crédits, soit 6 milliards de francs . Dans le projet de loi de finances pour 1998, il diminue le plus fortement, de - 3,1 %.

Il regroupe cinq catégories de crédits :

les crédits de coopération culturelle, scientifique et technique, y compris les crédits destinés à l'audiovisuel extérieur, soit 3,01 milliards de francs (- 1,4 % par rapport à 1997),

les crédits de réceptions et voyages officiels ainsi que d'organisation en France de conférences internationales, soit 156 millions de francs (- 0,1% par rapport à 1997),

la formation et l'assistance technique militaire, soit 86 millions de francs (+0,7% par rapport à 1997),

les contributions obligatoires ou volontaires au financement d'organisations internationales, soit 2,56  milliards de francs (- 4,5 % par rapport à 1997),

les crédits de politique internationale, destinés principalement aux opérations d'urgence et aux subventions aux ONG, soit 95,6 millions de francs (- 21,2 % par rapport à 1997).

Les principales diminutions concernent les contributions internationales obligatoires, du fait de la réduction des forces de maintien de la paix des Nations-Unies, soit une économie de 121 millions de francs, ainsi que les contributions volontaires à des dépenses internationales, soit une réduction de 117,5 millions de francs.

Par ailleurs, comme les années précédentes, les crédits du Fonds d'urgence humanitaire sont en baisse, pour atteindre 62,8 millions de francs, soit une baisse de 26,6 %.

D. L'ASSISTANCE ET L'ENSEIGNEMENT

Cet agrégat regroupe les interventions du ministère des affaires étrangères en faveur des Français à l'étranger et des étrangers en France, ainsi que les crédits destinés au réseau des établissements publics en charge de l'enseignement français à l'étranger.

Il représente près de 12 % du budget des affaires étrangères. Avec une dotation de 1,74 milliard de francs , il est en augmentation de 3 % par rapport à 1997.

La subvention à l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE) progresse de + 3,6% pour atteindre 1,5 milliard de francs. Elle est répartie entre 209 établissements scolaires et permet l'attribution d'un peu plus de 18.000 bourses d'études.

Parmi les autres crédits, la subvention à l'Office universitaire et culturel français pour l'Algérie est reconduite au niveau de 7,7 millions de francs. La subvention à l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) diminue de - 1,3% pour s'établir à 100,6 millions de francs. L'assistance en faveur des Français à l'étranger et des réfugiés étrangers en France est en diminution de - 0,9% et s'établit à 128,7 millions de francs. Les crédits consacrés aux rapatriements sont reconduits au niveau de 4,2 millions de francs.

CHAPITRE III

L'ACTION CULTURELLE FRANÇAISE

Après l'examen des crédits alloués à la Direction générale des relations culturelles, scientifiques et techniques deux aspects de l'action culturelle extérieure seront plus particulièrement développés : l'enseignement français à l'étranger et le soutien à la francophonie, d'une part, l'action audiovisuelle extérieure, d'autre part.

I. LES CRÉDITS DE LA COOPÉRATION CULTURELLE, SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE

A. DES CRÉDITS OPÉRATIONNELS À PRÉSERVER

Les crédits de la Direction générale des relations culturelles, scientifiques et techniques s'élèvent au total à 5,125 milliards de francs , à comparer au montant de 5,100 milliards de francs atteint en 1997, ce qui représente une hausse de 0,5 %.

Sur ce montant, les crédits d'intervention atteignent 3,04 milliards de francs, au lieu de 3,08 milliards de francs en1997, soit une baisse de 1,3 %.

Cette évolution s'inscrit dans la poursuite d'un mouvement de réduction des crédits observé depuis quelques années.

Évolution des crédits de la DGRCST

(en millions de francs)

1993

1994

1995

1996

1997

1998

Total DGRCST

(évolution en % par rapport à l'année précédente)

5.502

+ 4,1

5.141

- 6,6

5.357

+ 4,2

5.263

- 1,7

5.100

- 3,4

5.125

+0,5

Titre IV - Interventions (évolution en % par rapport à l'année précédente)

3.531

+ 5,6

3.157

- 10,6

3.331

+ 5,5

3.161

- 5,1

3.082

- 3,1

3.040

-1,3

Part de la DGRCST dans le budget des affaires étrangères (en %)

36,9

35,0

35,3

35,0

35,3

35,6

La part des crédits de la DGRCST au sein du budget des affaires étrangères reste située autour de 35 % depuis 1993, alors que cette part était de 38 % en 1991.

Par ailleurs, on observera que, depuis 1991, les crédits inscrits au titre de la DGRCST sont systématiquement remis en cause en cours d'année . La régulation budgétaire qui les affecte est en effet loin d'être négligeable. Elle représente même souvent plus des deux-tiers des annulations de crédits supportées par le ministère des affaires étrangères, ainsi que le montre le tableau ci-après.

(en millions de francs)

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

Crédits de la DGRCST en LFI

Crédits annulés

Part des crédits de la DGRCST annulés (en %)

4.979

464


9,3

5.284

205


3,9

5.502

436


7,9

5.141

247


4,8

5.357

306


5,7

5.263

120


2,1

5.125

170


3,3

Part des annulations de la DGRCST au sein des annulations des affaires étrangères (en %)


98


222


64


67


40


34


35

L'effet cumulatif de la baisse des crédits inscrits en loi de finances initiale et de la régulation budgétaire en cours d'année a conduit à une réduction sensible des moyens de la DGRCST, et particulièrement de ses moyens d'intervention, depuis quelques années.

Votre rapporteur regrette cette situation car les missions de la DGRCST sont les plus "opérationnelles" du budget des affaires étrangères.

Les missions de la DGRCST sont en effet importantes, nombreuses et variées. Elle recouvrent :

- l'enseignement français à l'étranger,

- l'action en faveur de la francophonie,

- la coopération culturelle, artistique et littéraire,

- la coopération scientifique et technique,

- l'action audiovisuelle extérieure.

Votre rapporteur attache beaucoup d'importance à la répartition géographique de ces crédits . En effet, d'importantes évolutions ont été engagées pour redéployer les moyens de la coopération culturelle, linguistique, scientifique et technique française vers les pays d'Europe centrale et orientale et d'Asie.

Dans ces zones prioritaires, les efforts restent toutefois encore insuffisants au regard de l'importance des enjeux.

Le tableau ci-après fournit la répartition des crédits d'intervention de la DGRCST par zone géographique en 1992 et en 1997.

(en millions de francs)

1992

1997

Régions

Montant

%

Montant

%

Europe Occidentale

174.969

7,8

185.409

10,6

Europe Orientale

422.902

18,8

307.812

17,7

Afrique du Nord

735.239

32,8

391.639

22,5

Proche et Moyen Orient

205.029

9,1

219.275

12,6

Afrique Sud-Saharienne

116.270

5,2

91.390

5,2

Asie du Sud et du Sud-Est

210.335

9,4

230.873

13,2

Extrême Orient et Pacifique

130.448

5,8

123.009

7,1

Amérique du Nord

67.516

3,0

43.645

2,5

Amérique Latine

180.985

8,1

149.843

8,6

TOTAL

2.243.693

100,00

1.742.895

100,00

La tendance la plus marquée concerne le Maghreb qui bénéficie désormais de moins du quart des crédits d'intervention de la DGRCST (22,47 %) contre près du tiers (32,77 %) en 1992.

Ce rééquilibrage profite essentiellement à la zone Asie du sud et du sud-est qui bénéficiait de 9,37 % des crédits d'intervention en 1992 (210,3 millions de francs) et en représente maintenant 13,25 % (230,9 millions de francs), et dans une moindre mesure à l'Europe occidentale, (10,64 % contre 7,80 % en 1992)

La part de l'Afrique Sud-saharienne hors champ est restée constante, celle de l'Amérique Latine a crû légèrement quoique les crédits ont baissé en valeur absolue dans ces deux zones. Un effort a été fait au profit de quelques pays importants et une coopération régionale se substituant peu à peu à la coopération bilatérale a été développée avec les pays de moindre importance.

Ce tableau fait apparaître la difficulté, mais aussi la nécessité, d'établir des priorités en période de restriction budgétaire.

En effet, les arbitrages entre la continuité des actions menées dans certaines parties du monde, comme l'Europe occidentale où le soutien à la francophonie s'avère nécessaire dès lors que les politiques d'éducation nationale n'accordent pas ou plus de priorité au français, et le lancement de nouvelles actions dans des pays, notamment d'Asie du Sud-Est, où l'ouverture politique, la croissance des marchés, les enjeux économiques et stratégiques rendent notre présence indispensable, sont particulièrement difficiles.

Dans ces conditions, préserver autant que faire se peut les moyens d'intervention de la DGRCST apparaît hautement souhaitable.

B. LES NOUVEAUX ENJEUX DE LA COOPÉRATION SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE

Les crédits consacrés à la coopération scientifique et technique proprement dite (hors coopération culturelle, éducative et audiovisuelle) sont inscrits sur les articles 61 à 68 du chapitre 42-10. Ils s'élèvent à 1,037 milliards de francs pour 1998, en diminution de - 2,7 % par rapport à 1997, où ils étaient de 1,066 milliards de francs.

L'émergence de nouveaux équilibres internationaux et la problématique actuelle du développement, mais aussi l'âpreté de la concurrence internationale et la rigueur budgétaire, modifient profondément la coopération scientifique et technique qui ne peut plus s'assimiler à l'aide au développement. Ces changements impliquent

l'adaptation des priorités et du dispositif du ministère des affaires étrangères.

D'une manière générale, la coopération scientifique et technique relève de plus en plus d'une logique de partenariat. La démarche du "guichet" n'est plus de mise et la recherche de cofinancements devient la règle . Le ministère des affaires étrangères a donc, en matière de coopération, une fonction de fédérateur permettant d'associer plusieurs acteurs, publics comme privés, français mais aussi parfois européens, qui entendent faire converger leurs ambitions et leurs moyens. Comme exemple d'application pratique, il est possible de citer la réalisation de consortiums universitaires pour créer des filières francophones, l'association avec des secteurs industriels pour la mise en place de centres de formation.

Cette logique implique souplesse, connaissance des réseaux et sens de l'initiative. Loin d'une approche régalienne, elle suppose une définition des "métiers" de chacun et une forme novatrice d'ingénierie administrative. Enfin, en ce domaine plus que dans d'autres, il convient de prendre en compte les nouvelles technologies de l'information.

Le contenu de la coopération scientifique et technique résulte de la programmation des postes, qui sont mieux à même d'apprécier les réalités locales et l'adéquation des projets. Mais la DGRCST encadre et accompagne cette programmation en fixant quelques orientations de portée générale, parmi lesquelles :

Accompagnement de l'action internationale des entreprises françaises, ce qui suppose de connaître leurs besoins et de s'y adapter.

Adaptation au transfert de moyens budgétaires à l'Union Européenne, qui dispose désormais en Europe de l'Est, en Méditerranée, mais aussi ailleurs, de capacités financières bien supérieures à celles de la coopération bilatérale. Celle-ci doit donc s'adapter pour inscrire les actions des opérateurs français dans des programmes européens. Ceci implique de connaître les priorités européennes et de travailler en liaison avec la Commission, tant à Bruxelles que dans les postes.

Intégration de la nouvelle dimension de la formation, devenue un véritable marché international, sur lequel la France n'a encore qu'une place insuffisante. Sensibiliser et former des opérateurs en France, permettre aux postes d'assurer un rôle de relais, définir de véritables "produits de formation", telles sont les idées directrices pour tenter de regagner le terrain perdu.

Suivi et mise en valeur des actions en permettant un véritable "retour sur investissement" de la coopération. Cet aspect doit mobiliser les postes autant que la recherche de projets nouveaux. Ceci est particulièrement vrai des personnes qui, ayant été formées en France, doivent constituer des réseaux d'influence au service de nos intérêts.

II. L'ENSEIGNEMENT FRANÇAIS À L'ÉTRANGER ET LE SOUTIEN À LA FRANCOPHONIE

Les crédits des affaires étrangères consacrés à l'enseignement français à l'étranger ainsi qu'au soutien de la politique de la francophonie s'élèvent pour 1998 à 1,56 milliard de francs, soit une augmentation de 3,4 % par rapport à 1997.

Le tableau ci-après en retrace l'évolution.

La progression de ces crédits s'explique toute entière par l'augmentation de 3,7 % de la dotation de l'AEFE. Celle de l'OUCFA est simplement reconduite à son niveau de 1997, l'essentiel des crédits correspondants ayant été transféré au budget de l'AEFE suite à la fermeture des établissements scolaires gérés par l'Office. Par ailleurs, les crédits consacrés au Haut conseil de la francophonie sont rattachés pour 1998 au chapitre 34-98 Matériel et fonctionnement courant, alors qu'ils faisaient auparavant l'objet d'un chapitre budgétaire distinct (37-94).

A. UN RÉSEAU D'ÉTABLISSEMENTS DYNAMIQUE

Créée par la loi du 6 juillet 1990 et entrée en fonction en janvier 1991, L'Agence pour l'enseignement français à l'étranger a quatre missions :

assurer auprès des enfants français à l'étranger le service public d'éducation ;

contribuer par l'accueil d'élèves étrangers au rayonnement de la langue et de la culture françaises ;

renforcer les relations de coopération entre les systèmes éducatifs français et étranger ;

aider les familles des élèves français ou étrangers à supporter les frais liés à l'éducation élémentaire, secondaire ou supérieure de ceux-ci, tout en veillant à la stabilisation des frais de scolarité.

Elle a la charge de 68 établissements en gestion directe et de 219 établissements conventionnés dans 125 pays. En moyenne, ces établissements sont fréquentés par 40 % de Français, 46 % d'autochtones et 14 % d'étrangers-tiers.

Evolution des effectifs scolarisés dans le réseau de l'AEFE

94/95

95/96

96/97

Français

59.205

62.170

64.090

Nationaux

71.500

71.995

71.735

Etrangers tiers

21.260

21.462

21.190

Total

151.965

155.627

157.015

Au cours de ces trois années, les effectifs globaux se sont donc accrus de 5.050 élèves, cette augmentation étant due presque exclusivement à l'arrivée de nouveaux élèves français (4.885).

La répartition géographique des élèves a évolué, au cours de la même période, de la façon suivante :

94/95

95/96

96/97

Europe Occidentale

36.683

36.013

36.924

Europe Centrale et Orientale

2.278

2.373

2.580

Amérique du Nord

9.626

10.041

9.910

Amérique latine

23.553

23.341

23.353

Maghreb

22.510

22.017

22.002

Afrique champ

28.687

31.538

31.298

Afrique hors champ

5.487

5.636

5.618

Moyen-Orient

15.606

16.525

16.967

Asie/Océanie

7.535

8.143

8.363

TOTAL

151.965

155.627

157.015

Ainsi, l'augmentation du nombre des élèves concerne la plupart des zones géographiques. Cependant, les effectifs sont stabilisés ou même en légère diminution dans quatre régions : Afrique francophone, Afrique hors champ, Maghreb (notamment Maroc), Amérique latine.

En 1997, 5.590 enseignants étaient rémunérés par l'AEFE, dont 1.920 expatriés et 3.666 résidents.

Répartition des personnels de l'AEFE (en 1996-1997)

Expatriés

Résidents

Total

Europe occidentale

366

1.220

1.586

Europe de l'Est

41

65

106

Maghreb

418

705

1.123

Moyen-Orient

110

147

257

Asie-Océanie

119

194

313

Amérique latine

256

317

573

Amérique du Nord

87

270

357

Afrique champ

461

641

1.102

Afrique hors champ

66

107

172

Monde entier

1.924

3.666

5.590

Votre rapporteur s'inquiète du développement de la politique de substitution d'enseignants expatriés par des enseignants résidents.

Cette politique a concerné 85 postes d'expatriés en 1995, 35 postes en 1996 et 34 en 1997. Pour 1998, 50 postes d'expatriés devraient être remplacés par 120 postes de résidents.

Il ne faudrait pas que la qualité de l'enseignement fasse les frais de cette politique de maîtrise de la dépense publique. En effet, la présence d'un contingent important d'enseignants expatriés est le gage essentiel du maintien du niveau de l'enseignement de haute qualité qu'exigent les communautés françaises expatriées, toujours soucieuses de permettre à leurs enfants de s'orienter vers les classes préparatoires aux grandes écoles. La qualité de l'enseignement fait partie des incitations à l'expatriation des entrepreneurs et industriels français.

Le budget de l'AEFE progresse sensiblement en 1998 . La subvention qui lui est allouée par le ministère des affaires étrangères augmente de 3,7 % pour atteindre 1,5 milliard de francs. Celle du budget de la coopération est reconduite à 368 millions de francs.

Ce budget est pour l'essentiel consacré à la rémunération des enseignants, pour environ 85 % du total. Le service des bourses scolaires représente 8 % des crédits, 18.300 bourses ayant été versées en 1997. Le reste est destiné au fonctionnement de l'Agence. Ces derniers moyens seraient toutefois insuffisants si la moitié des agents des services centraux de l'Agence n'étaient pas mis à disposition par d'autres administrations.

Les crédits affectés aux bourses scolaires ont été accrus de 50 millions de francs en 1995. L'enveloppe totale de ces bourses a été reconduite en 1996 et en 1997 au niveau de 185 millions de francs. Pour 1998, une augmentation de 6,5 % la portera à 197 millions de francs (+ 12 millions de francs).

Votre rapporteur se félicite de la progression des crédits consacrés aux bourses scolaires, qui accompagne la croissance des effectifs et permet d'atténuer les effets de la hausse des droits d'écolage. Il regrette toutefois qu'un effort comparable ne soit pas fait en faveur des investissements de l'AEFE.

B. UN EFFORT D'INVESTISSEMENT INSUFFISANT

Les moyens prévus pour assurer l'entretien, la sécurité, la rénovation et le développement des établissements français de l'étranger apparaissent extrêmement modiques.

Les établissements en gestion directe , ainsi que certains établissements conventionnés qui occupent des bâtiments appartenant à l'Etat français, bénéficient des crédits d'investissement (constructions et gros travaux) qui leur sont consacrés par les deux ministères de tutelle de l'Agence, le ministère de la coopération et le ministère des affaires étrangères, sur le titre V de leurs budgets.

En 1996, le ministère de la coopération a financé 14,8 millions de francs de travaux de sécurité, de réhabilitation ou de construction. Les principales opérations concernent la construction du lycée de Tananarive et divers travaux, notamment de climatisation, au lycée Jean Mermoz de Dakar.

Le ministère des affaires étrangères, quant à lui, a consacré 27,27 millions de francs, dans le cadre de son schéma patrimonial et immobilier, aux établissements du réseau de l'AEFE, essentiellement pour des opérations d'entretien et de rénovation à Madrid, Barcelone, en Tunisie (la Marsa) et au Maroc (Fès, Kenitra, Marrakech, Meknès). Dans les deux prochaines années, les projets les plus importants concernent la construction du lycée français de Francfort, celle du lycée d'Ankara et l'extension de l'école de Séoul.

Les établissements conventionnés doivent prendre en charge eux-mêmes la plus grande partie de leurs opérations de construction et de rénovation, ce qui n'est pas sans effet sur l'augmentation difficile à contrôler des frais de scolarité supportés par les familles. L'association nationale des écoles françaises à l'étranger (ANEFE) leur apporte, sous forme de prêts garantis par l'Etat, une aide très appréciée.

Dans les pays "du champ", des financements complémentaires sont assurés par le ministère de la coopération (sur le titre VI du budget). Dans les pays "hors champ", c'est l'AEFE elle-même qui dispose d'une ligne de crédits d'investissement pour répondre, partiellement, aux besoins.

En 1996, les établissements conventionnés du champ ont reçu 9,6 millions de francs. Sur le reste du monde, pour 219 établissements conventionnés, l'AEFE a disposé en 1996 d'une ligne de crédits d'investissement se montant à 23,7 millions de francs, qui n'a pas progressé en 1997. Dans ces conditions, l'Agence ne peut que venir en appui à des opérations montées par des associations gestionnaires qui disposent de ressources propres ou de capacités d'endettement suffisantes.

Votre rapporteur regrette cet état de fait, qui ne permet pas à l'AEFE d'accompagner comme il serait souhaitable la croissance des effectifs scolarisés dans les régions du monde prioritaires, notamment en Asie.

La plupart de ces établissements d'Asie ont désormais des locaux trop exigus qui ne leur permettent plus d'accueillir convenablement de nouveaux élèves, comme votre rapporteur a pu le constater tant à Manille qu'à Bangkok lors d'une récente mission d'information.

III. L'ACTION AUDIOVISUELLE EXTÉRIEURE

L'audiovisuel doit devenir un moyen privilégié de diffusion de la langue, de la culture, des sciences et des techniques françaises à l'étranger. Ceci est essentiel pour asseoir notre présence hors de nos frontières et votre rapporteur tient à rappeler qu'une audience, même faible, permet souvent de s'adresser à un public plus nombreux que celui qui fréquente nos établissements culturels à l'étranger.

A. UNE POLITIQUE AUX ACTIONS TRÈS DIVERSES

Les crédits consacrés aux échanges et à la coopération dans le domaine audiovisuel (article 30 du chapitre 42-10) sont en croissance depuis plusieurs années. Pour 1998, ils progressent de 7,4 millions de francs et s'établissent à 949,2 millions de francs, en hausse de 0,8 % par rapport à 1997. Ces crédits sont destinés à trois types d'actions différentes.

1. La diffusion des programmes radiophoniques et télévisuels français à l'étranger

Le plan d'action quinquennal défini dans le cadre du Conseil de l'audiovisuel extérieur obéit aux axes suivants :

a) Rationalisation du dispositif audiovisuel extérieur par la constitution de deux pôles opérationnels


·
Un pôle regroupant les actions radiophoniques extérieures autour de RFI, auquel la SOMERA et Radio Paris Lisbonne sont rattachées, a été constitué en 1996;


·
La création d'un second pôle chargé de l'action télévisuelle extérieure regroupant TV5 et CFI, adossé majoritairement au secteur national, décidée par le CAEF mais toujours à l'étude.

M. Imhaus, président de TV5, est chargé d'étudier certaines des options proposées par le rapport précédemment demandé à M. Cluzel, les moyens d'affirmer le rôle de TV5 et les justifications financières de l'adossement de la future société à France Télévision en matière de programmes et d'informations.

L'objectif est de permettre, tout en respectant la logique des métiers, une meilleure mobilisation des opérateurs nationaux et internationaux en direction de l'étranger, et d'éviter les éventuelles concurrences ou redondances entre sociétés.

b) Adaptation de l'offre des programmes à la demande internationale

Cette adaptation implique la régionalisation des programmes radiophoniques et télévisuels et l'amélioration du contenu des programmes et de notre information internationale.


·
RFI a mis en place fin 1996 trois programmes permettant localement des reprises FM à la carte : une chaîne d'information continue en français (RFI 1), une chaîne en langues étrangères (RFI 2) et une banque de programmes majoritairement musicaux (RFI 3).


·
CFI, banque de programmes, décline ses programmes par blocs régionaux et a recours autant que possible au doublage ou sous-titrage en langues étrangères.


·
TV5, chaîne francophone, propose actuellement un signal pour l'Europe, utilisé également en Afrique et en Asie avec des décrochages spécifiques, un signal pour le Canada et un signal pour l'Amérique latine ; elle lance en novembre 1997 un TV5 America pour l'ensemble du continent.


·
MCMI a créé un programme spécifique pour l'Afrique.

c) Multiplication de l'offre de programmes

Cet accroissement de l'offre est possible grâce à la constitution de bouquets radiophoniques et télévisuels satellitaires dans les principales régions du monde :

- en Europe, depuis 1995 (Arte/La Cinquième, ainsi que MCMI et Canal Horizons) ;

- en Asie depuis mai 1996 (TV5 et MCMI) ;

- en Afrique, un bouquet numérique expérimental a été lancé en mai 1997 et sera commercialisé à la fin de l'année sous sa forme définitive (Canal Horizons, TV5, CFI et MCM Africa, Arte/La Cinquième, Euronews, AM Cartoon, Planète, RFI et Radio Nova) ;

- en Amérique latine, où le lancement de plusieurs bouquets satellitaires numériques régionaux ouvre de nouvelles possibilités aux programmes français.

2. La diffusion culturelle du cinéma et des documentaires français et l'appui à l'exportation de programmes

En appui à l'action menée par Unifrance Film et TVFI (association de promotion des exportations de programmes télévisuels français), le ministère des affaires étrangères soutient la présence de films français dans de nombreux festivals, organise à travers le réseau culturel des manifestations de promotion, et contribue à la présence des producteurs et distributeurs de programmes audiovisuels dans les principaux marchés internationaux.

3. La coopération audiovisuelle avec la presse

Cette coopération, plus traditionnelle, passe par un ensemble varié d'actions :

- soutien à la production de films et de documentaires des pays les plus défavorisés à travers notamment la participation au fonds de soutien interministériel du CNC ;

- enseignement du français par la radio et la télévision ;

- assistance technique et formation par l'envoi d'experts, l'accueil de boursiers étrangers et l'invitation de professionnels dans le domaine audiovisuel et celui de la presse écrite ;

- informatisation d'agences de presse en liaison avec l'AFP ;

- opérations audiovisuelles décentralisées dans les postes et opérations diverses réalisées à Paris (équipements audiovisuels, frais de transport, manifestations réunissant des professionnels de l'audiovisuel français et étrangers...).

B. LA NÉCESSAIRE CLARIFICATION DES MISSIONS DES OPÉRATEURS AUDIOVISUELS EXTÉRIEURS

Votre rapporteur relève que pour la diffusion de programmes, qui est de loin l'action la plus importante financièrement, le nouveau Gouvernement n'a pas encore arrêté ses orientations et s'est donné le temps de la réflexion en confiant une mission d'études supplémentaire à M. Patrick Imhaus. Il est pourtant urgent d'agir sur ce poste de dépenses susceptible de rationalisation.

Il conviendrait ainsi de recentrer clairement CFI sur sa fonction initiale de banque de programmes à l'usage des chaînes de télévision étrangères, sans attendre que des incidents techniques malheureux l'y contraignent. De même, l'utilisation optimale des nouvelles techniques de diffusion devrait permettre de dégager des moyens afin d'améliorer en étendue et en qualité la couverture de TV5 et de RFI.

Votre rapporteur estime toutefois que ces mesures techniques ne constituent qu'un préalable à l'indispensable redéfinition du contenu des programmes. A cet égard, il apparaît nécessaire de choisir entre des programmes conçus surtout à l'usage des Français expatriés et des programmes à destination prioritaire des populations locales. En corollaire du choix précédent, votre rapporteur n'est pas convaincu que la diffusion exclusive d'émissions en français soit le meilleur moyen d'accroître l'influence de notre pays, ni même d'élargir à terme le champ de la francophonie.

Les dotations du budget des affaires étrangères consacrées aux opérateurs audiovisuels, inscrites à l'article 30 du chapitre 42-10, sont retracées dans le tableau ci-après.

L'essentiel de la progression de 1,8 % des crédits pour 1978 résulte de l'augmentation de la dotation de RFI, qui augmente de 1,1 % pour atteindre 447,8 millions de francs; et de la dotation de TV5, qui augmente de 4,4 % pour atteindre 183,4 millions de francs. Les autres dotations sont stables.

CHAPITRE IV

LES INTERVENTIONS INTERNATIONALES

En dehors de la coopération culturelle, linguistique, scientifique et technique, l'action du ministère des affaires étrangères prend également la forme de contributions obligatoires ou volontaires aux organismes internationaux, ainsi que d'une aide humanitaire et d'interventions européennes.

L'ensemble de ces dotations est en nette diminution pour 1998, comme il l'était déjà en 1997 par rapport à 1996.

I. LES CONTRIBUTIONS OBLIGATOIRES : UNE DIMINUTION SPONTANÉE

Le financement des budgets de fonctionnement, dits budgets ordinaires de l'Organisation des Nations-Unies et de ses institutions spécialisées, ainsi que des budgets des opérations de maintien de la paix (OMP) est assuré par les Etats membres sur une base obligatoire et selon un barème de quotes-parts prédéterminé.

La France est le quatrième contributeur de l'ONU, avec une quote-part au budget ordinaire de 6,42 %, après les Etats-Unis, le Japon et l'Allemagne. Notre pays a été, cette année encore, le premier membre permanent du Conseil de sécurité à avoir satisfait intégralement à ses obligations financières à l'égard de l'Organisation en réglant, dès la mi-février, sa contribution fixée pour 1997 à 68,3 millions de dollars (environ 365 millions de francs, avec un dollar à 5,35 francs).

La France appartient également à toutes les institutions spécialisées de l'Organisation des Nations-Unies (OAA, OMS, UNESCO, AIEA, OIT...). Sa quote-part moyenne est sensiblement égale à celle acquittée au budget ordinaire de l'ONU. Le montant des contributions obligatoires qui leur sont liées est d'environ 1 milliard de francs.

Les plus importantes de ces contributions en 1997 sont destinées aux organismes suivants :

- Organisation mondiale de la santé (OMS) : 152,7 millions de francs ;

- UNESCO : 81,8 millions de francs ;

- Organisation des Nations-Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) : 118,6 millions de francs ;

- Agence internationale pour l'énergie nucléaire (AIEA) : 109,9 millions de francs ;

- Organisation internationale du travail (OIT) : 80,3 millions de francs ;

- Organisation mondiale du commerce (OMC) 28,8 millions de francs ;

- Organisation des Nations-Unies pour le développement industriel (ONUDI) : 42,6 millions de francs.

Outre les organisations du système des Nations-Unies, la France contribue au financement :

- d' organisations européennes : le Conseil de l'Europe (171,4 millions de francs en 1997), l'UEO (22,1 millions de francs), l'OSCE

- de l' OCDE (104,8 millions de francs) et de l' OTAN (150,6 millions de francs) ;

- de l' Institut du Monde arabe (60 millions de francs) et de l'Agence de coopération culturelle et technique (62,9 millions de francs) ;

- d' organisations de recherche telles que le CERN (718,1 millions de francs).

S'agissant du financement des opérations de maintien de la paix , notre pays est investi d'une "responsabilité spéciale" en sa qualité de membre permanent du Conseil de sécurité. A ce titre, sa quote-part au budget de ces opérations est majorée d'environ 25 %, et s'élève ainsi à 7,696 %.

Contributions de la France aux opérations de maintien de la paix en 1997

Opération

Prévision de contribution
(en millions de francs)

Groupe des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve au Proche-Orient (ONUST)



13,0

Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL)


52,0

Force des nations Unies à Chypre (UNFICYP)

11,7

Force des Nations Unies chargée d'observer le dégagement au Golan (FNUOD)


13,0

Force de maintien de la paix en ex-Yougoslavie (FORPRONU)


51,1

Mission de vérification des Nations Unies en Angola (UNAVEM)


80,3

Mission d'observation des Nations Unies pour le Liberia (MONUL)


10,3

Mission des Nations Unies pour Haïti (MINUHA)


21,2

Mission d'observation des Nations Unies en Géorgie (MONUG)


6,7

Mission d'observation pour l'Irak et le Koweit (MONUIK)


6,9

Mission d'observation des Nations Unies au Tadjikistan (MONUT)


2,4

Sahara occidental (MINURSO)

5,4

Mission d'observation des Nations-Unies en Bosnie-Herzégovine (MINUBH)


71,1

ATNUSO Slavonie orientale

127,8

FORDEPRONU Macédoine

20,7

Mission des Nations-Unies pour le Guatemala (MINUGUA)


1,8

TOTAL

483,4

Le niveau des contributions obligatoires versées par la France accuse depuis deux ans une tendance à la baisse sous l'effet conjugué de la diminution des montants appelés au titre des opérations de maintien de la paix, du fait de la liquidation de forces figurant parmi les plus importantes, et de l'adoption de budgets de fonctionnement en croissance nominale zéro, voire négative. On peut citer à titre d'exemple l'OIT, dont le budget biennal pour 1998/1999 affiche une diminution de 3,75 %, ou l'OMS pour laquelle l'augmentation du budget est limitée à 0,4 %. Toutefois, pour les contributions appelées en dollar, cette tendance devrait être atténuée en raison de la forte hausse de la monnaie américaine.

II. LES CONTRIBUTIONS VOLONTAIRES : UNE RÉDUCTION DRASTIQUE

Les contributions bénévoles aux organisations internationales sont acquittées sur une base volontaire. Le ministère des affaires étrangères décide de leur répartition et de leur affectation, en concertation avec les autres départements ministériels concernés.

Les crédits correspondants sont inscrits au chapitre 42-32 du budget des affaires étrangères. Le tableau ci-après retrace leur évolution depuis 1992.

Depuis cinq ans, ces contributions volontaires ont connu une très forte baisse : leur montant pour 1998 ne représentent plus que le tiers de celui atteint en 1993.

Les contributions volontaires sont en priorité affectées à trois domaines :

- l'aide au développement

Ce secteur représente près de la moitié des crédits du chapitre. Les principaux versements sont affectés au Programme des Nations-Unies pour le développement (PNUD) pour lequel 80 millions de francs sont prévus en 1997 (en 1993, la contribution française était de 311 millions de francs), ce qui fait de la France le douzième donateur du PNUD. Les autres versements concernent l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) avec 5 millions de francs, le Programme des Nations-Unies pour l'environnement (PNUE) avec 4 millions de francs (contre 14,1 millions en 1993), le Fonds des Nations-Unies pour les activités en matière de population (FNUAP) avec 4 millions de francs (contre 8 millions en 1993) ;

- l'action humanitaire

Ce secteur a acquis une place importante dans les relations internationales au cours des dernières années, en grande partie à l'initiative de la France.

Environ 41 millions de francs sont versés par notre pays à ce titre, dont 47,6 millions pour le Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés (HCR), 20 millions de francs pour le Programme alimentaire mondial (PAM) et 48 millions de francs pour l'UNICEF (contre 52,6 millions en 1993) ;

- la santé

La France poursuit ses efforts -bien qu'en baisse sensible- dans ce domaine : 4 millions de francs sont versés à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), notamment pour les programmes de lutte contre le SIDA (contre 15 millions en 1993), 6 millions de francs sont versés au PNUCID au titre de la lutte contre la toxicomanie (contre 11 millions en 1993).

Cette forte diminution des contributions volontaires n'est pas sans conséquence pour l'influence internationale de la France. Notre pays risque de se retrouver exclu des conseils d'administration des programmes des Nations-Unies qu'elle ne finance plus que très marginalement.

Par ailleurs, les entreprises françaises risquent de se trouver évincées des marchés financés par ces programmes internationaux qui, jusqu'à présent, offraient des taux de retour économiques sur les contributions versées très satisfaisants.

III. LES AUTRES INTERVENTIONS DE POLITIQUE INTERNATIONALE : UNE ÉROSION CONTINUE

Les crédits inscrits au chapitre 41-03 Promotion de Strasbourg capitale européenne parlementaire correspondent à la prise en charge par l'Etat d'une partie du déficit d'exploitation de la desserte aérienne de Strasbourg (article 10) et de certaines actions de promotion complémentaires (article 20).

Le contrat triennal liant l'Etat à la région Alsace et à la ville de Strasbourg prévoit le financement de 100 % du déficit d'exploitation des vols dits "spéciaux", pendant les sessions parlementaires européennes, et de 66 % du déficit d'exploitation des vols réguliers (le solde restant à la charge des collectivités locales alsaciennes).

L'appel d'offres pour l'exploitation de liaisons assorties de contraintes de service public conclu en mars 1995, qui a mis fin au monopole d'Air France, a permis de ramener la dotation du chapitre de 46,5 millions de francs en 1995 à 30,2 millions de francs en 1997. Pour 1998, les crédits sont réduits de 5 % et s'établissent à 28,7 millions de francs, un nouvel appel d'offres étant en cours pour la période allant de mars 1998 à mars 2001.

Le chapitre 42-37 Interventions de politique internationale regroupe quatre séries de crédits :

- le Fonds d'urgence humanitaire qui, avec 62,7 millions de francs en 1998, représente 72,4 % des crédits du chapitre,

- les aides, secours et subventions à divers organismes, qui s'élèvent à 17 millions de francs, destinés à être affectés à environ 200 associations et à l'aide d'urgence à des pays étrangers ;

- les interventions en matière de presse, qui s'élèvent à 600.000 francs ;

- les interventions du ministre des affaires européennes, qui atteignent 15,15 millions de francs pour 1998.

Le total de ces crédits, soit 95,6 millions de francs, est en baisse de 21,2 % par rapport à 1997, où ils avaient déjà baissé de 17,8 % par rapport à 1996, ce qui témoigne de l'ampleur des réductions de crédits effectuées au cours des dernières années.

Le Fonds d'urgence humanitaire sert à financer les organisations non gouvernementales et les organisations internationales qui interviennent dans le cadre d'une aide humanitaire d'urgence, à financer des opérations en faveur des droits de l'homme, des opérations d'aide directe (envoi de médicaments, de matériel médical, de nourriture), des opérations menées par l'intermédiaire des postes diplomatiques ou consulaires, ainsi que le programme Globus (mise à disposition d'ONG de volontaires du service national humanitaire).

Généralement, les crédits mobilisés par le Fonds d'urgence humanitaire permettent de lever d'autres fonds, par exemple dans le cadre du budget communautaire, ou bien de compléter les dons et le mécénat privés qui se mobilisent à l'occasion de grandes crises humanitaires.

Le niveau des crédits du Fonds apparaît désormais tout à fait insuffisant face à l'ampleur des besoins : persistance des grandes crises humanitaires (Grands lacs, ex-Yougoslavie, Caucase), développement des programmes en matière de droits de l'homme, récurrence des demandes d'assistance et de prévention contre les catastrophes naturelles.

EXAMEN EN COMMISSION

Réunie le 29 octobre 1997, sous la présidence de M. Christian Poncelet, président, la commission a procédé à l'examen des crédits du budget des affaires étrangères pour 1998

Après la présentation des crédits par M. Jacques Chaumont, rapporteur spécial, un large débat s'est ouvert.

En réponse à M. Alain Lambert, rapporteur général, le rapporteur spécial a précisé que le projet d'ambassade à Berlin faisait l'objet d'un recours gracieux de la part de l'une des équipes d'architectes non retenues, mais que la procédure du concours international venait d'être validée par la commission supérieure des marchés publics et qu'un éventuel recours contentieux ne serait pas suspensif.

M. Denis Badré s'est prononcé en faveur de la mise en commun des services à l'étranger des Etats membres de l'Union européenne, a regretté que les agents du ministère des affaires étrangères fassent peu d'efforts pour apprendre la langue de leur pays de résidence, et a estimé nécessaire d'encourager l'accueil des étudiants étrangers.

M. Michel Charasse s'est inquiété de l'emploi des crédits consacrés à l'entretien des cimetières militaires français à l'étranger, ainsi que de celui des crédits consacrés à la promotion de Strasbourg comme capitale européenne. Il s'est déclaré stupéfait du mépris manifesté par les services des ministères en charge de l'action internationale de la France à l'égard des rapporteurs spéciaux en mission. Il a notamment déploré que le ministère des affaires étrangères n'ait pas donné suite à ses observations relatives à une gestion de fait et à une infraction aux règles de la comptabilité publique qu'il avait pu constater lors de sa dernière mission en Afrique. Il a signalé à l'attention du rapporteur spécial le problème du service de décoration des ambassades du ministère des affaires étrangères, qui ignore les procédures d'attribution des marchés publics et a fait l'objet d'un rapport très sévère de la Cour des comptes. Enfin, il a souhaité la publication d'un livre d'art sur nos ambassades à l'étranger, estimant qu'il s'agirait d'un outil utile de promotion de l'action extérieure de la France.

M. Joël Bourdin s'est inquiété de la multiplication du personnel sous statut d'auxiliaire au sein des établissements français à l'étranger.

M. Guy Penne, rapporteur pour avis de la commission des affaires étrangères, a estimé que la France n'avait pas intérêt à maintenir le deuxième réseau diplomatique et consulaire au monde, si elle ne se donnait plus les moyens d'assurer son fonctionnement. Il a jugé préoccupant que certains hommes d'Etats africains préfèrent demander un visa à l'ambassade d'Allemagne lorsqu'ils viennent en France, afin de bénéficier d'une procédure plus rapide dans le cadre des accords de Schengen. S'agissant des bourses, il a relevé que la France avait adopté une stratégie inverse de celle des Etats-Unis, qui font peu pour les étrangers au niveau de l'enseignement primaire et secondaire, mais accueillent très systématiquement les étudiants dans le supérieur. Estimant que le rapprochement du ministère de l'éducation nationale avec le ministère des affaires étrangères serait bénéfique, il a considéré que l'autonomie des universités constituait sans doute un frein à l'accueil des étudiants étrangers en France.

M. André Dulait, rapporteur pour avis de la commission des affaires étrangères, a fait part de ses doutes sur la régularité des procédures d'attribution des marchés et le bon déroulement des travaux dans les opérations immobilières menées par le ministère des affaires étrangères. Relevant que le coût définitif de la nouvelle ambassade de Tachkent avait été le double de son coût prévisionnel, il a exprimé la crainte que cette dérive financière soit un phénomène général.

M. James Bordas, rapporteur pour avis de la commission des affaires culturelles, s'est inquiété de la diminution continue des crédits d'intervention du ministère des affaires étrangères.

M. Christian Poncelet, président, a insisté sur la nécessité de rationaliser les dépenses avant de songer à leur augmentation.

M. Roger Besse a souhaité connaître les moyens en personnels des postes d'expansion économique, le contingent des coopérants du service national (CSN) relevant du ministère des affaires étrangères, et l'articulation entre les services du ministère et les postes de la DATAR à l'étranger.

En réponse à M. Denis Badré, le rapporteur spécial a indiqué que l'Union européenne disposait de délégués à l'étranger, mais que la coordination entre ceux-ci et les ambassades des Etats membres dépendait beaucoup de la qualité des relations personnelles. Il a précisé que la coopération entre Etats membres existait au niveau des établissements scolaires, tels le lycée franco-allemand de Manille et du futur établissement franco-allemand de Kuala Lumpur, mais qu'elle ne s'étendait pas encore au niveau des ambassades.

En réponse à M. Michel Charasse, le rapporteur spécial a indiqué que la question de l'entretien des sépultures françaises à l'étranger avait fait l'objet d'un rapport d'information de M. Jacques Baudot, que les crédits consacrés à la promotion de Strasbourg comme capitale européenne relevaient vraisemblablement d'un ensemble de subventions extravagantes à différentes associations et organismes que le ministère des affaires étrangères avait décidé de remettre en ordre, les principes retenus étant de ne pas attribuer de subvention inférieure à 100.000 francs ni de subvention pour des actions menées en France. Il a partagé la préoccupation de M. Michel Charasse quant aux errements du service responsable de la décoration des ambassades.

En réponse à M. Joël Bourdin, le rapporteur spécial est convenu que le remplacement des professeurs expatriés par des recrutés locaux, pour des raisons d'économies, risquait d'entraîner une dégradation de la qualité de l'enseignement à terme.

En réponse à M. Guy Penne, le rapporteur spécial a affirmé que la lenteur et la complication du traitement des demandes de visas donnait une image très négative de la France, et apparaissait vexatoire pour les étrangers amis de notre pays pour y avoir fait leurs études ou y venir fréquemment. Il a considéré que le problème des bourses était double, puisque l'on constatait à la fois un manque de crédits global et un manque de candidats dans certains pays.

En réponse à M. Roger Besse, le rapporteur spécial a indiqué que le nombre des coopérants du service national (CSN) affectés dans les services relevant du ministère des affaires étrangères s'élevait à environ 6.000, et que la réforme du service national posait un véritable problème puisque ce contingent essentiel pour le bon fonctionnement des alliances françaises, des services culturels, des services informatiques et des établissements d'enseignement, était voué à disparaître. Il a estimé indispensable de mettre en place un système de volontariat, tout en soulignant que cette solution serait coûteuse. Il a indiqué qu'il existait à sa connaissance 17 postes de la DATAR à l'étranger, qui entretenaient des relations directes avec les régions françaises.

La commission a alors adopté à l'unanimité les crédits du ministère des affaires étrangères pour 1998.

Réunie le 29 octobre 1997, sous la présidence de M. Christian Poncelet, président, la commission a adopté à l'unanimité les crédits du ministère des affaires étrangères pour 1998.


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