Avis n° 87 Tome III - Projet de loi de finances pour 1998 - Aménagement rural


M. Henri REVOL, Sénateur


Commission des Affaires économiques et du Plan - Avis n° 87 Tome III - 1997/1198

Table des matières






N° 87

SÉNAT

SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998

Annexe au procès-verbal de la séance du 20 novembre 1997.

AVIS

PRÉSENTÉ

au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,

TOME III

AMÉNAGEMENT RURAL

Par M. Henri REVOL,

Sénateur.

(1) Cette commission est composée de : MM. Jean François-Poncet, président ; Philippe François, Henri Revol, Jean Huchon, Fernand Tardy, Gérard César, Louis Minetti, vice-présidents ; Georges Berchet, William Chervy, Jean-Paul Émin, Louis Moinard, secrétaires ; Louis Althapé, Alphonse Arzel, Mme Janine Bardou, MM. Michel Barnier, Bernard Barraux, Michel Bécot, Jean Besson, Jean Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer, Jacques Braconnier, Gérard Braun, Dominique Braye, Michel Charzat, Marcel-Pierre Cleach, Roland Courteau, Désiré Debavelaere, Gérard Delfau, Fernand Demilly, Marcel Deneux, Rodolphe Désiré, Michel Doublet, Mme Josette Durrieu, MM. Bernard Dussaut , Jean-Paul Emorine, Léon Fatous, Hilaire Flandre, Aubert Garcia, François Gerbaud, Charles Ginésy, Jean Grandon, Francis Grignon, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis, MM. Pierre Hérisson, Rémi Herment, Bernard Hugo, Bernard Joly, Gérard Larcher, Edmond Lauret, Pierre Lefebvre, Jean-François Le Grand, Kléber Malécot, Jacques de Menou, Louis Mercier, Jean-Baptiste Motroni, Jean-Marc Pastor, Jean Pépin, Daniel Percheron, Jean Peyrafitte, Bernard Piras, Alain Pluchet, Jean Pourchet, Jean Puech, Jean-Pierre Raffarin, Paul Raoult, Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Roger Rigaudière, Roger Rinchet, Jean-Jacques Robert, Jacques Rocca Serra, Josselin de Rohan, Raymond Soucaret, Michel Souplet, Mme Odette Terrade, M. Henri Weber.

Voir les numéros :

Assemblée nationale ( 11 ème législ.) : 230 , 305 à 310 et T.A. 24 .

Sénat : 84 et 85 (annexe n° 3 ) (1997-1998).

Lois de finances.

Mesdames, Messieurs,

L'avis que consacre votre commission aux crédits d'aménagement rural est l'occasion, d'une part de rappeler la politique menée en la matière au cours de l'année écoulée, d'autre part, d'examiner l'évolution des crédits qui y sont consacrés.

Cet avis, qui n'a pas d'équivalent à l'Assemblée nationale, est la manifestation de l'intérêt que le Sénat porte à l'aménagement rural. Rappelons que l'aménagement et le développement de d'espace rural sont considérés à la fois comme la déclinaison rurale d'une politique globale de l'aménagement du territoire, comme l'un des aspects naturels de la politique agricole et comme l'un des objets possibles de prescriptions environnementales. Ainsi, l'aménagement rural ne peut plus être considéré comme un " sous-produit de l'activité agricole ". Il ne paraît donc plus pouvoir aujourd'hui relever de la seule compétence du ministère qui en avait traditionnellement la responsabilité.

Jusqu'aux lois de décentralisation, il pouvait être entendu que l'aménagement rural, au sens strict, était l'affaire du ministre de l'agriculture. La politique d'aménagement rural recouvrait un ensemble d'actions diversifiées : le développement à des fins " productivistes " d'équipements et d'infrastructures collectifs (l'hydraulique, le remembrement) ; la mise à disposition de services à la population (l'adduction d'eau et l'assainissement, l'électrification) ; l'animation économique du milieu rural ; la construction ou le maintien en état d'infrastructures publiques ; la compensation du handicap résultant de la localisation dans des zones difficiles.

L'essentiel de ces actions passait par la réalisation d'aménagement physiques, effectués ou étroitement contrôlés par le ministère de l'Agriculture.

Cette conception de l'aménagement rural justifiait pleinement que votre commission consacre un avis spécifique à cette politique, dans le cadre de l'examen des crédits du ministère de l'Agriculture.

Ce rôle de " chef de file " du ministère de l'Agriculture trouvait, d'ailleurs, sa traduction dans l'organigramme gouvernemental. En effet, le " développement rural ", lorsqu'il apparaissait dans l'intitulé des structures ministérielles, était étroitement associé à l'agriculture.

Le ministère, assisté ou non d'un secrétaire d'État, avait ainsi explicitement en charge le développement rural de juillet 1972 à mai 1974, puis, renouant avec la pratique des années soixante-dix, d'octobre 1992 à mars 1993.

La création d'un Secrétariat d'État au développement rural, délégué auprès du ministère de l'Aménagement du territoire, de l'Équipement et des Transports, a constitué une novation. La solution retenue marquait bien le caractère transversal de la politique d'aménagement rural, qui tend aujourd'hui, à se confondre avec celle de " développement rural ".

Le regroupement actuel au sein d'un même ministère des questions relatives à l'aménagement du territoire et à l'environnement pourrait peut être à terme permettre de mieux cerner les crédits attribués à l'aménagement rural.

En effet, l'indécision sur le contenu évolutif de la notion d'aménagement rural s'accompagne d'une opacité corollaire dans la nature des crédits qui peuvent précisément lui être attribués.


Si l'on retient les seuls crédits explicitement considérés comme d'aménagement rural dans le bleu budgétaire, les dotations représentent près de 37,5 millions de francs, soit une baisse d'environ 20% par rapport à 1997.

La dotation de 140 millions de francs destinée au fonds de gestion de l'espace rural dans le projet de loi de finances pour 1998, en baisse de 10 millions de francs par rapport à 1997, devrait permettre de faire face, selon les informations obtenues par votre rapporteur, aux différents projets départementaux.

Une autre approche conduit à considérer comme des crédits d'aménagement rural les crédits (hors crédits forestiers) gérés par les services en charge de ce volet de la politique au ministère de l'Agriculture : la direction de l'espace rural et de la forêt. Il faut alors rajouter aux crédits budgétairement considérés comme des crédits d'aménagement rural les crédits d'aménagement foncier et d'hydraulique et ceux des grands aménagements régionaux. Ces crédits sont, eux aussi en baisse.

Le bilan est identique si l'on prend en compte les crédits destinés à la compensation des handicaps ou de contraintes spécifiques, c'est-à-dire les indemnités " montagne ", la prime au maintien du troupeau allaitant et le programme agri-environnemental.

Ce sont ainsi environ 1,7 milliard de francs que le budget de l'agriculture consacrera à la compensation de contraintes particulières, soit une baisse de 6 %, sous l'effet de la forte réduction des crédits aux mesures agro-environnementales.

Si l'on prend comme référence le document consacré aux concours publics à l'agriculture en regroupant toutes les dépenses d'aménagement rural, ce sont environ 6,6 milliards de francs qui seraient consacrés à l'aménagement rural (dont près de 70 % au titre de la compensation de différents handicaps), avec une participation communautaire de l'ordre de 45%.

Une dernière approche des crédits consacrés par le ministère de l'Agriculture à l'aménagement rural peut être tentée : celle retenue dans le " jaune budgétaire ", état récapitulatif des crédits affectés à l'aménagement du territoire.

Si l'on veut bien admettre que les crédits en provenance du ministère de l'Agriculture recensés dans ce document budgétaire comme concourant à l'aménagement du territoire peuvent être considérés comme des crédits d'aménagement rural, il apparaît alors que l'aménagement rural mobiliserait plus de 10 milliards de francs sur le budget de l'agriculture.

Votre rapporteur tient à souligner, à nouveau, l'importance des crédits communautaires en matière d'aménagement rural. C'est pourquoi un examen minutieux des propositions de la Commission européenne sur le volet agricole d'Agenda 2000 et ses répercussions en matière de politique rurale s'avère dés à présent indispensable. Ce rapport, loin d'analyser en profondeur le dispositif proposé par la Commission au mois de juillet dernier, en effectue une première présentation et en souligne les difficultés.

Les mois à venir seront décisifs pour l'aménagement rural tant sur le plan communautaire qu'au niveau national . En effet, votre rapporteur pour avis s'interroge sur l'avenir du projet de loi sur l'espace rural prévu à l'article 61 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 ainsi que sur la présentation par les pouvoirs publics du schéma national d'aménagement du territoire. Ces documents avaient fait l'objet d'importantes concertations.

Qu'en sera-t-il, en outre du projet de loi d'orientation agricole annoncé par le Premier Ministre au mois de juin dernier et qui fait l'objet actuellement de réunions de travail ? Rappelons pour mémoire, que le projet de loi d'orientation agricole et forestière, déposé au mois de mai par le précédent Gouvernement, consacrait un titre entier à l'aménagement et au développement de l'espace rural.

Enfin, les pouvoirs publics donneront-ils une suite au Comité interministériel d'aménagement et de développement du territoire qui s'est tenu à Auch le 10 avril 1997. A cette occasion, le précédent Gouvernement avait adopté 80 mesures en faveur des régions et du développement du territoire. Quatre volets constituait l'ossature de ce CIADT en matière rural (développement économique, logement, revitalisation des villes rurales et maintien des services publics).

Le monde rural a besoin aujourd'hui de décisions au plus proche du terrain. Votre commission ne manquera pas de suivre avec un grand intérêt l'évolution de ces questions.

CHAPITRE IER -

L'ÉVOLUTION DE LA POLITIQUE D'AMÉNAGEMENT RURAL

La politique nationale d'aménagement rural paraît être aujourd'hui dans une période transitoire. En effet, après la mise en place de nombreux dispositifs issus de mesures législatives significatives, intervenues en 1995 et 1996, la fin de l'année 96 et le premier semestre de l'année 1997 ont été marqués par la tenue du CIADT d'Auch et la préparation du schéma national d'aménagement et de développement rural.

La nouvelle situation politique laisse pour l'instant planer une relative incertitude sur la concrétisation de ces grands projets nationaux.

Par ailleurs, la présentation par la Commission européenne au mois de juillet dernier du volet agricole d'Agenda 2000 nécessite une présentation de l'impact de la réforme de la PAC sur la politique rurale.

I. LE BILAN DE LA MISE EN OEUVRE DES MESURES LÉGISLATIVES PORTANT SUR L'AMÉNAGEMENT RURAL

En 1995, l'espace rural a été concerné par trois lois, issue de textes préparés par trois ministères différents : celui de l'aménagement du territoire, celui de l'agriculture et celui de l'environnement.

Il apparaît, aujourd'hui, au vu des dispositions législatives, que la notion d'aménagement rural tend à se confondre avec celle de développement rural.

Il s'agirait ainsi de la politique spécifique conduite en faveur du monde rural, dans le cadre général de la politique d'aménagement du territoire.

Dans le même temps, votre rapporteur pour avis considère que la conception qu'en a le ministère de l'Agriculture est plus restrictive que celle communément admise. L'aménagement rural paraît recentré sur quelques actions, gérées directement par le ministère et sur le fonds de gestion de l'espace rural.

A. ÉTAT D'APPLICATION DE LA LOI D'ORIENTATION POUR L'AMÉNAGEMENT ET LE DÉVELOPPEMENT DU TERRITOIRE

La mise en oeuvre de la loi d'orientation d'aménagement et de développement du territoire du 4 février 1995 a été poursuivie courant 1996 et 1997.

On trouvera dans le rapport écrit pour l'avis relatif à l'aménagement du territoire un état détaillé de l'application de cette loi. Il convient néanmoins d'analyser, dans le cadre du présent rapport, la situation du fonds de gestion de l'espace rural.

Le fonds de gestion de l'espace rural (FGER) a été créé par l'article 38 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire (art. L.112-16 et L.112-17 du code rural) et mis en oeuvre par le décret n° 95-360 du 5 avril 1995 (art. R-112-51 et R.112-54 du code rural). La circulaire DERF/SDAFHA du ministère de l'Agriculture et de la pêche n° 95-3007 du 6 avril 1995, complétée par la circulaire n° 97-3003 du 11 mars 1997, fournit aux services déconcentrés une analyse précise de ces dispositions.

Le fonds de gestion de l'espace rural a pour objet de soutenir, en leur apportant une contribution financière, les actions concourant à l'entretien et à la réhabilitation d'espaces agricoles en voie d'abandon, d'éléments naturels du paysage et d'espaces où l'insuffisance d'entretien est de nature à aggraver les risques naturels. En revanche, sont exclus de son champ d'intervention les espaces bâtis, les infrastructures et les terrains constructibles ainsi que les terrains appartenant à l'État et aux collectivités territoriales, à l'exception des communes.

Le fonctionnement du fonds est largement déconcentré au niveau des départements. Les crédits du fonds sont répartis en trois sections distinctes :

- une section départementale métropolitaine représentant 90 % du fonds,

- une section attribuée aux DOM ainsi qu'aux collectivités territoriales de Mayotte et Saint-Pierre et Miquelon, correspondant à 4 % du fonds,

- une section gérée au niveau national (6 % du fonds) destinée à financer les actions ayant un caractère d'expérimentation, d'innovation ou d'évaluation.

Les orientations générales pour l'utilisation de ce fonds sont arrêtées au niveau départemental par le préfet en association avec le président du conseil général et après avoir recueilli l'avis de la commission départementale de gestion de l'espace (C.O.D.E.G.E.).

Plus de la moitié des actions conduites dans le cadre du FGER intéressent principalement les actions de débroussaillage, d'entretien de haies et l'amélioration de l'abord des lieux habités. Environ 35 % des projets contribuent à l'entretien et à la réhabilitation d'espace agricoles, notamment d'espaces atteints par la déprise agricole. Les projets concernent également la réhabilitation des milieux humides. Du point de vue de la répartition spatiale, la moitié des projets portent sur les zones défavorisées où on pratique l'élevage et la polyculture.

La maîtrise d'ouvrage des projets est confiée à raison de 29 % aux communes, de 14 % aux groupements de communes, de 16 % aux agriculteurs ou forestiers, de 15 % aux associations agricoles (principalement des syndicats). Toutefois, la réalisation des travaux est le plus souvent conduite par des agriculteurs ou leurs groupements (70 %).

B. LE POINT SUR LA LOI DE MODERNISATION DE L'AGRICULTURE

La loi de modernisation de l'agriculture du 1er février 1995 vise à contribuer au développement du territoire et à l'équilibre économique et social des espaces ruraux, dans le respect de la protection de l'environnement.

Les mesures qu'elle instaure dans ce but visent notamment à :

- renforcer la politique d'installation ;

- faciliter les conditions d'exercice des activités agricoles en améliorant les conditions d'exercice de la pluriactivité et en développant l'emploi des salariés en agriculture ;

- moderniser les outils de gestion de l'espace agricole par la création, en complément de la création du FGER, du groupement foncier rural ;

- améliorer les conditions de vie des exploitants retraités, en levant l'interdiction de cumul entre les pensions de réversion et les droits propres des conjoints survivants.

Un bilan détaillé de la mise en oeuvre de cette loi figure dans l'avis de votre commission sur les crédits consacrés à l'agriculture.

C. BILAN DE LA LOI RELATIVE AU RENFORCEMENT DE LA PROTECTION DE L'ENVIRONNEMENT

La politique environnementale mise en oeuvre par le ministère chargé de l'environnement est destinée à assurer la protection et la gestion des sols, de l'eau et de l'air, la restauration des sites et des paysages, ainsi que la conservation de la flore, de la faune et de leur habitants.

Dans le cadre de l'élaboration du SNADT, la commission thématique " environnement et développement durable " qui a traité du thème de l'environnement a mis en exergue, entre autres, un double objectif :

- d'une part, celui de ménager le territoire et ses ressources par des modes de gestion économes et qualitatifs ;

- d'autre part, celui d'assurer une maîtrise quantitative et qualitative de l'eau.

La commission a également souligné les enjeux de la maîtrise de l'étalement périurbain des villes.

Les prochains mois pourraient être marqués par quelques événements importants pour le milieu rural :

- la révision du SNADT et la remise à plat probable du projet de plan rural prévu par la loi d'orientation d'aménagement et de développement du territoire ;

- la réflexion communautaire sur la refonte de la politique agricole commune et des fonds structurels, annoncée par l'Agenda 2000 de la Commission.

Bien que trois décrets aient été publiés pendant la dernière session parlementaire (portant application des articles 53 sur la publicité et les pré-enseigne, 60-II sur les plans régionaux d'élimination des déchets industriels spéciaux et 60-III sur les plans d'élimination des déchets ménagers), on ne peut que déplorer les trop longs délais d'élaboration des textes prévus par cette loi. D'une année sur l'autre, l'administration apporte une réponse identique en ce qui concerne la phase de procédure atteinte par chacun des textes attendus. Deux textes sont toujours en cours d'examen au Conseil d'État pour l'application des articles 3-I et 79 , et plusieurs autres sont toujours en cours de rédaction, dont notamment le décret relatif au Conseil départemental de l'environnement en application de l'article 9 de la loi.

II. LE CIADT D'AUCH : UN GRAND CHANTIER EN SUSPENS ?

Après Mende en 1993, Troyes en 1994, c'est Auch qui a accueilli, le 10 avril dernier, le premier comité interministériel pour l'aménagement et le développement du territoire (CIADT) depuis le vote de la loi d'orientation pour l'aménagement du territoire.

A cette occasion, le Gouvernement a adopté 80 mesures en faveur des régions et présenté le projet de schéma national d'aménagement et de développement du territoire qui doit " dessiner l'architecture de la France d'ici à l'an 2015 ".

Votre rapporteur pour avis n'analysera pas en détail l'ensemble des mesures adoptées lors de ce CIADT : cette étude est en effet effectuée dans l'avis que consacre votre commission aux crédits relatifs à la politique plus globale d'aménagement du territoire.

Il souhaite néanmoins s'attarder sur les mesures consacrées à l'aménagement et au développement rural.

A. LA PRÉSENTATION DU PROJET DE SCHÉMA NATIONAL D'AMÉNAGEMENT ET DE DÉVELOPPEMENT DU TERRITOIRE

Votre commission a longuement évoqué, l'année passée, les modalités d'élaboration du schéma national qui devrait, pour les vingt prochaines années, constituer la clef de voûte des dispositions qui organisent et orientent l'ensemble des politiques publiques ayant une incidence sur l'aménagement et le développement du territoire, conduites à l'échelon national, régional ou local.

Ce document, après avis du Conseil économique et social et du Conseil national de l'aménagement du territoire (CNADT), devrait par la suite être soumis au vote du Parlement.

L'esprit de ce projet consiste dans le développement de toutes les régions adapté à leurs spécificités plutôt que par la redistribution des activités entre les territoires. En toile de fond demeurent la recherche de l'équilibre ville/campagne et celle d'une synergie Paris/province.

A l'heure actuelle, ce projet de schéma, qui devait se décliner en schémas sectoriels, est en suspens.

B. LES NOUVEAUX APPORTS

1. Les nouvelles technologies d'information et de communication

Pour s'adapter à la " révolution culturelle " en cours, l'une des mesures adoptées au CIADT d'Auch porte sur le renforcement de l'équipement des établissements du second degré, des écoles et des bibliothèques universitaires et des hôpitaux.

Par ailleurs, l'action incitative de l'État aux projets d'intérêt public et l'ouverture d'un guichet " Autoroutes de l'information " a été confirmée et dotée de 60 millions de francs pour 1997.

2. Le développement des territoires

Trois mesures importantes sont à mentionner.

Tout d'abord la dotation du Fonds national de développement des entreprises (FNDE) crée en 1995 à hauteur de 1 milliard de francs sur deux ans devrait être consacrée au renforcement des fonds propres des PME, en priorité dans les zones prioritaires d'aménagement du territoire. Par ailleurs, l'aide à l'immobilier d'entreprise a été confortée . Les collectivités locales sont autorisées à consentir des aides à l'immobilier d'entreprise, en dehors des territoires éligibles à la PAT à vocation industrielle, dans les territoires éligibles à la PAT à vocation tertiaire.

Enfin un nouveau plan pour le Massif central -le précédent date de 1975- devrait être élaboré. En effet, " l'espace central " apparaissait comme le grand oublié des différents travaux de prospective et des actions d'aménagement du territoire, tant au plan national qu'européen. La DATAR a ainsi reçu mission de coordonner les travaux des différents départements ministériels afin de préparer d'ici la fin de l'année 1997 une proposition de plan pour le Massif central. Cette préparation devrait se faire en concertation étroite avec les élus locaux et les socio-professionnels.

3. La restauration des équilibres territoriaux

Plusieurs orientations ont été dégagées, notamment, en faveur des régions touchées par les restructurations du secteur de la défense. De plus, des moyens ont été mis en place en faveur de la reconversion industrielle. Enfin des projets de délocalisations d'emplois publics ont été élaborés.

4. Le renforcement des partenariats

Ce partenariat a été renforcé notamment par :

- l'approbation par le CIADT d'un établissement public de coopération interrégionale pour le bassin parisien ;

- le lancement d'un programme national d'études pour préciser les enjeux spécifiques au Grand Sud-Est et Grand Sud-Ouest ;

- l'approbation des chartes d'objectifs de Bordeaux, Lille et Metz-Nancy ;

- le renouvellement du contrat de Strasbourg " ville européenne " pour la période 1997-1999, l'État y consacrant 489, 63 millions de francs et les collectivités locales 485 millions de francs.

C. LA DÉFINITION DES ORIENTATIONS DU PLAN POUR L'AVENIR DU MONDE RURAL

L'article 61 de la loi du 4 février 1995 prévoyait dans un délai de 18 mois suivant son adoption une loi spécifique concernant le milieu rural. Longtemps retardé, le CIADT d'Auch a annoncé quelques mesures ponctuelles.

Ce plan devrait ainsi comporter quatre volets essentiels :

- le développement économique , en particulier dans les zones de revitalisation rurale qui représentent 40 % du territoire national et 4,4 millions d'habitants ;

- l'aide au logement locatif social ;

- le maintien des services publics. Le moratoire décidé en 1993 a été maintenu. La DATAR devait présenter avant le 30 juin prochain, un premier bilan de l'élaboration des schémas départementaux d'organisation et d'amélioration des services publics. La constitution du comité national de suivi de ces schémas a été confirmée. Le décret d'application relatif à l'article 29 de la loi d'orientation a été approuvé ;

- la revitalisation des villes rurales . Le 6 mars 1997, était signé à Mende (Lozère) une convention nationale sur la restructuration des centre-ville dans quinze villes rurales-test. Ce chiffre a été porté à vingt au CIADT d'Auch. Chaque année, seize millions de francs, pendant trois ans, vont être consacrés à la valorisation des centres de ces villes de 10.000 à 50.000 habitants. Il s'agit d'une aide devant permettre de financer les études sur la réhabilitation des logements, le redéploiement d'activités commerciales, l'amélioration des équipements et des espaces publics.

Les villes concernées sont les suivantes : Argentan (Orne), Auch (Gers), Aurillac (Cantal), Autun (Saône-et-Loire), Brive-la-Gaillarde (Corrèze), Carpentras (Vaucluse), Carhaix-Plouguer (Finistère), Digne-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence), Guéret (Creuse), Issoire (Puy-de-Dôme), Limoux (Aude), Le-Puy-en-Velay (Haute-Loire), Mende (Lozère), Millau (Aveyron), Moulins (Allier), Pamiers (Ariège), Rodez (Aveyron), Tulle (Corrèze), Verdun (Meuse) et Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne).

Par ailleurs, 500 millions de francs de prêts à taux privilégié sont débloqués, sur les fonds d'épargne de la Caisse des dépôts et consignations, en faveur des communes situées en ZRR, pour soutenir les initiatives créatrices d'emploi. Ces prêts devront permettre de soutenir les initiatives locales créatrices d'emplois et les investissements assurant la revalorisation des centre-villes et l'implantation d'activités et de commerces.

En matière d'évaluation, de planification et de prospective, on peut souligner que trois décisions importantes ont été adoptées par le CIADT . Il s'agit :

- de la création d'un observatoire national d'aménagement du territoire doté sur le budget de la DATAR d'un million de francs en 1997 ;

- de la relance d'un programme ambitieux de prospective 1996-2000 de la DATAR, axé sur la mondialisation et la territorialisation.

Votre rapporteur pour avis souhaite ardemment que l'ensemble des décisions prises au CIADT d'Auch soient confirmées et que le projets élaborés soient rapidement mis en place afin de ne pas réduire à néant les principales avancées de la rencontre d'Auch.

III. LA MODIFICATION DES STRUCTURES GOUVERNEMENTALES AU NIVEAU DES SERVICES DÉCONCENTRÉS DE L'ÉTAT

Le rapprochement entre direction départementale de l'agriculture et de la forêt et direction départementale de l'équipement, a été engagé par la circulaire interministérielle du 22 janvier 1993, prise en application du décret portant charte de la déconcentration. Elle prévoyait la mise en place de chefs de projet et de pôles de compétences pour certaines missions spécifiques. Les résultats les plus significatifs concernent les missions interservices de l'eau.

D'après les informations obtenues par votre rapporteur pour avis, les projets d'expérimentation élaborés sous la précédente législature concernant, notamment, l'organisation de la politique de l'eau et l'appui technique aux collectivités territoriales et mettant en oeuvre des fusions de service ont été retirés par le Gouvernement . Ils avaient suscité de très vives inquiétudes et une réelle démobilisation de l'ensemble des personnels. Le ministre de la Fonction publique et de la réforme de l'État est en train de mettre au point une communication gouvernementale qui devrait proposer une méthode de travail et des objectifs à retenir pour assurer la plus grande efficacité de l'ensemble des services déconcentrés de l'État.

IV. LES PROJETS EN COURS AUX NIVEAUX NATIONAL ET COMMUNAUTAIRE

S'appliquant à un cadre général d'aménagement du territoire, la politique concernant l'espace rural se réfère à un tissu économique et social où agriculture, industries agro-alimentaires, sylviculture et industries du bois, commerce, artisanat, services, petites et moyennes entreprises constituent les activités principales. Elle vise à permettre un développement durable des activités qui sont en mesure de garantir le maintien de la vie économique en milieu rural, à encourager l'exercice d'activités complémentaires ou nouvelles, et à assurer la préservation et la mise en valeur du patrimoine naturel et bâti.

En termes d'actions, la prise en compte des besoins spécifiques de l'espace rural s'appuie sur plusieurs politiques sectorielles ; elle exige une programmation cohérente reposant sur des partenariats qui ne peuvent se manifester et se développer qu'à des échelles territoriales adaptées.

La recherche d'un meilleur équilibre de l'aménagement du territoire au profit des espaces ruraux, du rural profond au rural périurbain, nécessite la mise en oeuvre de solidarités nationales et européennes qui s'expriment :

- dans les contrats de plan État-région , à l'échelle de zones rurales correspondent à des bassins homogènes d'économie rurale fragile (notamment en territoires ruraux de développement prioritaires) ;

- dans les programmes européens de développement des zones rurales (objectif 5b), auxquels sont actuellement éligibles 50 % du territoire français, ainsi que dans les programmes d'aide aux régions en retard de développement (objectif 1) et, enfin, dans les programmes d'initiative communautaire (LEADER, INTERREG) procédures localisées et souples de soutien technique et financier.

En outre, la PAC a évalué, dans ses préoccupations, vers le développement rural et la prise en compte de l'environnement (prime à l'herbe et autres mesures agri-environnementales, actions sur les structures agricoles...). Les politiques communautaires sont complétées par des mesures d'initiative nationale dans le cadre de la politique d'aménagement du territoire ainsi que des différentes politiques sectorielles concernant l'espace rural.

Votre rapporteur pour avis tient à souligner, à ce propos, l'importance des propositions de la Commission européenne sur le volet agricole d'Agenda 2000 en matière de politique rurale.

A. AU NIVEAU NATIONAL

1. La préparation de textes législatifs importants

Après l'abandon du projet de loi d'orientation sur l'agriculture, l'alimentation et la forêt par le nouveau gouvernement, plusieurs textes ont été annoncés.

Outre l'annonce d'une réforme de la loi d'orientation d'aménagement et de développement du territoire, seuls deux textes qui concernent le développement rural sont en préparation.

a) La loi d'orientation agricole

Le projet de loi d'orientation sur l'agriculture, l'alimentation et la forêt a été déposé par le précédent Gouvernement au Sénat, le 6 mai 1997. Ce texte comportait un titre premier relatif " à la gestion de l'espace agricole et forestier " regroupant treize articles .

Les principales dispositions concernaient :

- la prise en compte, dans la mise en valeur des espaces agricoles et forestier, de ses fonctions économique, environnementale et sociale ;

- la mise en place d'un Conseil supérieur de l'espace agricole et forestier, et l'affirmation de la responsabilité du ministre de l'agriculture sur la mise en valeur de l'espace agricole et forestier ;

- une nouvelle procédure pour protéger l'espace agricole et forestier ;

- un engagement des exploitations vers les démarches de développement durable.

Le Gouvernement a souhaité procéder à des nouvelles consultations en vue du dépôt d'un nouveau projet de loi d'orientation agricole. Les premiers groupes de travail, regroupant les différents acteurs du monde agricole et rural, ont commencé à se réunir. Cette concertation devrait, selon les informations fournies à votre rapporteur pour avis, s'achever vers la fin 1997. Parmi les objectifs fixés par le Gouvernement, figurent la lutte contre les déséquilibres territoriaux, une politique spécifique en faveur des zones défavorisées, la prise en compte des zones intermédiaires et l'instauration d'un contrat de développement durable pour restaurer le lien entre agriculture et territoires.

b) Un projet de loi sur la forêt

Le projet de loi d'orientation sur l'agriculture, l'alimentation et la forêt comportait un titre " Compétitivité de la filière-bois " relatif à la forêt. Ce titre regroupait 33 articles . Étaient prévus :

- une définition de la gestion durable des forêts ;

- l'extension des missions de l'Office national des Forêts (ONF) ;

- la création d'un établissement public, le Centre national de la propriété forestière ;

- l'obligation pour les chambres d'agriculture d'établir un programme d'action pour la mise en valeur des bois et forêts.

Le nouveau Gouvernement a annoncé dernièrement le dépôt prochain d'un projet de loi sur la forêt.

2. Une politique forestière à renforcer

a) Les objectifs de la politique forestière

L'importance de la forêt dans la politique d'aménagement rural n'est plus à souligner.

La politique forestière du ministère de l'Agriculture et de la Pêche visait jusqu'à présent à valoriser, simultanément et en cohérence, les trois fonctions écologique, économique et sociale de la forêt en tirant partie des synergies entre ces fonctions et en assurant les arbitrages indispensables lorsque celles-ci ne sont pas totalement compatibles. Il convient de noter que la fonction économique est seule à même d'assurer la rémunération des gestionnaires forestiers et donc de financer la gestion forestière, y compris à des fins environnementales et paysagères, au moindre coût pour le contribuable.

Outre sa fonction économique, la forêt remplit un rôle essentiel de protection biologique (flore et faune sauvages) et physique (érosion mécanique) ; elle contribue de façon marquée à l'amélioration du cadre de vie tant en ce qui concerne la récréation de tous les agressions dont elle est l'objet. Les axes d'intervention prioritaires sont :

- la protection des forêts contre les incendies ;

- la restauration des terrains en montagne ;

- la fixation des dunes et cordons littoraux ;

- la sauvegarde des milieux urbains remarquables.

Votre rapporteur pour avis souhaite que le nouveau ministre de l'Agriculture poursuive cette politique active en faveur du monde forestier.

Les moyens financiers nécessaires proviennent du budget général et du fonds forestier national (FFN), compte spécial du trésor alimenté par une taxe prélevée sur divers produits forestiers. Dans les forêts domaniales, gérées par l'Office national des forêts, les produits des coupes de bois et des locations de chasse assurent l'essentiel du financement de la gestion, des travaux d'entretien et des travaux neufs.

Au total, l'évolution des crédits consacrés à la forêt par le budget du ministère de l'Agriculture et de la Pêche et par le fonds forestier national a été de 1.655 millions de francs pour 1997.

b) L'importance du boisement des terres agricoles

Le boisement des terres agricoles en France a fait l'objet d'un plan d'application du règlement (CEE) n° 2080/92 du Conseil, instituant un régime communautaire d'aide aux mesures forestières en agriculture. Ce plan, approuvé par la Commission européenne le 27 avril 1994, prévoit principalement deux mesures, cumulables :

- une aide à l'investissement que constituent la plantation et les trois ou premiers entretiens, généralement sous la forme d'une subvention au taux de 40 % du devis des travaux hors taxes. Cela correspond, en moyenne, à une subvention de 6.000 F/ha (coût moyen des travaux : 15.000 F/ha) ;

- une prime annuelle destinée à compenser la perte de revenu découlant du boisement de superficies agricoles , versée à taux plein aux exploitants agricoles à titre principal, à taux réduit aux autres personnes morales ou physiques de droit privé qui boisent leurs terres. Cette deuxième mesure a fait l'objet du décret n° 94-1054 du 1er décembre 1994, remplaçant le décret n° 91-1227 du 6 décembre 1991, qui avait instauré une première prime réservée aux exploitants agricoles à titre principal ou secondaire. Le montant de cette nouvelle prime, modulé par département et éventuellement par région agricole et nature de terre, est de 150 à 1.000 francs par hectare et par an pour les non-exploitants, et de 700 à 2000 F par hectare et par an pour les exploitants à titre principal. Elle est versée pendant sept ans pour le peuplier, dix ans pour les résineux et les feuillus divers, quinze ans pour le hêtre et le chêne.

Cette nouvelle prime, après une mise en place laborieuse (mise au point des arrêtés préfectoraux définissant les montants et les conditions particulières d'attribution de la prime) semble enfin toucher sérieusement les propriétaires non-agriculteurs, puisque au cours du premier semestre 1997, pour la première fois, les surfaces nouvellement primées appartenaient plus aux non-agriculteurs (2.200 hectares) qu'aux agriculteurs (1.000 hectares), atteignant un rythme de 6.400 hectares primés par an, au lieu des 3.000 hectares/an primés en moyenne en cours des trois années précédentes.

Les montants des engagements français éligibles au cofinancement communautaire sont les suivants :

En millions de francs

Année

Prime compensatoire

Subventions

Total

1993

1,5

20,4

21,9

1994

3,8

31,0

34,8

1995

5,5

35,6

41,1

En 1994, la surface de terres non forestières boisées avec une aide de l'État a été d'environ 9.500 hectares , ce qui représente un montant d'engagement (hors prime) de 57 milliards de francs, dont 30 milliards de francs venant du fonds forestier national, et 27 millions de francs venant du chapitre 61-44 du budget de l'État. Toutefois, seul un montant de 31 millions de francs au total (correspondant à environ 5.200 hectares) concerne les terres agricoles au sens strict (encore cultivées au 31 juillet 1992). Cette partie des aides sera remboursée à 50 % par l'Union européenne, au fur et à mesure des paiements.

En 1995, le fonds forestier national a consacré 26 millions de francs au boisement des terres agricoles au sens strict , et le budget de l'État a apporté au financement de ces actions (hors prime) une contribution de 9 millions de francs. Cela représente environ 6.150 hectares de terres agricoles boisés avec une aide de l'État (sur un total de 10.000 hectares de terre non forestières boisées avec une aide de l'État).

En 1996, une enveloppe de 24 millions de francs était réservée sur le FFN pour le boisement des terres agricoles . En incluant la contribution de l'État, on peut espérer des résultats analogues à ceux de 1995 (résultats non encore disponibles).

En 1997, une enveloppe de 22 millions de francs était réservée sur le FFN pour le boisement des terres agricoles. La contribution de l'État (fortement régulée) devrait être réduite (- 50 % entre 1996 et 1997 sur le sous-article du 61-44-30 relatif aux travaux forestiers), on peut espérer environ 5.000 hectares de terres agricoles boisées avec une aide de l'État (résultats non encore disponibles).

En 1998, l'enveloppe réservée sur le FFN pour le boisement de terres agricoles est en baisse puisque son montant s'élève à 20,4 millions de francs. La contribution de l'État prévue pour 1998 est néanmoins légèrement supérieure à celle de 1997 après régulation. Au total, votre rapporteur pour avis escompte, pour 1998, des résultats analogues à ceux de 1997.

3. La nécessité d'une politique en faveur de la montagne

L'espace montagnard français s'étend sur près du quart du territoire national (22,5 %) et se répartit en sept massifs : les Vosges, le Jura, les Alpes du Nord, les Alpes du Sud, le Massif Central, les Pyrénées et la Corse, d'importance très inégale. Les Vosges représentent 6 % de cet espace contre 40 % pour le Massif Central. La densité de population est trois fois moindre que la moyenne du territoire national.

Avec la promulgation de la directive 75/268 CEE sur l'agriculture de montagne et certaines zones défavorisées, les spécificités de l'agriculture de montagne ont été prises en compte au niveau européen.

Cette directive est restée la pierre angulaire de l'intervention communautaire en faveur de ces zones jusqu'à la publication du règlement (CE) n° 950/97 du Conseil du 20 mai 1997 concernant l'amélioration de l'efficacité des structures de l'agriculture.

Dorénavant, pour la montagne, la délimitation des zones défavorisées montagne doit faire référence à l'article 23 de ce règlement qui donne la possibilité d'octroyer des indemnités compensatoires de handicaps aux exploitatons agricoles financés en France à 25 % par le FOEGA-Orientation.

Il n'est pas envisagé de revenir sur les critères de délimitation de zonage, actuellement en vigueur au sein de l'Union Européenne. Sur la base de ces derniers, 12 communes (ou parties de communes) déjà classées en zone de piémont ont été classés en zone de montagne par décision de la Communauté Européenne 97/158 du 13 février 1997 et arrêté interministériel France correspondant du 28 mai 1997.

Le protocole sur l'agriculture de montagne et le paysage adopté le 20 décembre 1994, dans le cadre de la convention alpine signée le 7 novembre 1991 par 6 pays riverains des Alpes, répond à une volonté commune de favoriser l'agriculture de montagne.

Mais surtout, la loi du 9 janvier 1985 relative au développement et à la protection de la montagne marque au niveau national une étape décisive. Cette loi dote, en effet, la montagne d'un statut juridique et en fait une entité particulière.

Conformément aux deux axes essentiels de cette loi, " l'expression de la solidarité nationale en compensation des handicaps naturels et de la prise en compte des spécificités montagnardes ", les pouvoirs publics ont mis en oeuvre jusqu'à présent :

Une politique spécifique de soutien à l'agriculture de montagne, qui se manifeste par trois types d'actions :

des aides aux agriculteurs, en particulier des indemnités compensatoires de handicaps naturels,

des aides au développement économique favorisant une meilleure gestion de l'espace par des aménagements agricoles collectifs et une amélioration des équipements forestiers,

des aides à la promotion des produits agricoles de qualité.

Une poltique de prévention des risques naturels par la restauration des terrains en montagne.

Une politique de développement rural des zones rurales montagnardes fragiles par la réalisation de programmes cofinancés au titre de l'objectif 5b de la réforme des fonds structurels.

Certaines de ces orientations ont fait l'objet de dispositions proposées dans le mémorandum pour l'agriculture et la forêt transmis le 16 septembre 1996 à Bruxelles.

Ces propositions portent sur :

Le renforcement des outils structurels par :

La revalorisation de l'indemnité spéciale de montagne (ISM) qui prévoit :

de porter le cofinancement européen de 25 % à 50 %, celui des ICHN hors montagne restant à 25 %,

de porter de 180 à 250 écus le plafond communautaire de l'ISM avec une possible modulation en fonction des handicaps particuliers afin de prendre en compte la très grande diversité des situations.

Une incitation à la mise en oeuvre des mesures agri-environnementales

pour leur donner un nouvel élan, le taux de remboursement par le FEOGA-Garantie des budgets des programmes régionaux agri-environnementaux, en zone de montagne devrait être porté de 50 % à 75 %.

Une identification " montagne " pour l'ensemble de ces actions

certains investissements collectifs dans le secteur de l'élevage : production de fourrage, équipement des pâturages, des points d'eau..., qui bénéficient déjà du cofinancement, devraient voir leur plafond relevé.

d'autres actions collectives indispensables au développement de l'agriculture de montagne : les surcoûts des transports, le travail en commun... ou encore, hors plan d'amélioration des matériels, les investissements liés aux activités agricoles (comme les bâtiments d'élevage), devraient être prises en compte par le budget européen.

une aide en faveur des opérateurs des filières spécifiques à la montagne devrait être instaurée pour la valorisation des produits à cycle court notamment pour les produits de qualité.

L'instauration d'une politique de qualité " montagne " assortie de moyens de promotion et de développement des produits agricoles et alimentaires.

Afin de préserver les intérêts du consommateur et dans un souci de concurrence loyale, de protection et de développement des productions, il est proposé de créer un cadre juridique communautaire en faveur des produits agro-alimentaires de montagne (incluant les produits de l'aquaculture et de la pêche continentales).

La mise en oeuvre d'une véritable politique communautaire de la forêt et de la filière bois.

A cet effet, il est proposé de promouvoir une gestion durable des forêts de montagne assortie d'actions en faveur d'une incitation à l'exploitation du bois, d'une gestion des forêts à fonction de protection dominante, d'une recherche sur les écosystèmes forestiers montagnards.

La gestion des risques naturels

Il est proposé d'encourager une coopération accrue entre Etats membres, ce qui permettrait aux collectivités publiques d'assurer une mission essentielle de sécurité et de conservation du patrimoine montagnard.

A ce jour, la Commission ne s'est pas encore prononcée sur les propositions.

B. AU NIVEAU COMMUNAUTAIRE

1. Vers une autre politique rurale ?

Contrairement aux autres volets, les propositions relatives à la politique de cohésion économique et sociale (fonds structurels) et à la politique de développement rural désormais intégrée dans la politique agricole commune ne sont pas toujours explicites et sont parfois ambiguës.

L'orientation principale de l'Agenda 2000 est de proposer deux entrées pour une politique rurale , l'une liée à la politique de cohésion, l'autre à la PAC, l'ensemble étant principalement financé par le FEOGA-Garantie et non plus par le FEOGA-Orientation.

Le renforcement de la concentration de cette politique s'exprime essentiellement par la réduction des sept objectifs actuels à trois et par la diminution des zonages concernés.

Le critère d'éligibilité à l'objectif 1 " zones en retard de développement " (75 % du PIB/habitant par rapport à la moyenne comunautaire) sera strictement appliqué. Du coup, la Corse et le Hainaut français pourraient sortir du zonage objectif 1 où ne devraient rester, pour la France, que les quatre DOM.

Le nouvel objectif 2 est largement redéfini et s'intitule " reconversion économique et sociale ". Il regroupe l'action en faveur des régions en proie à des difficultés structurelles : zones en mutation économique (industrie et services) -zones rurales en déclin ou en crise dépendantes de la pêche- quartiers urbains en difficultés. Dans ce cadre, il s'agit d'identifier un nombre limité de zones significatives en vue de favoriser une stratégie intégrée de diversification économique.

En conséquence, les zonages actuels des objectifs 2 et 5 devraient être revus à la baisse pour environ un tiers.

La population française éligible aux Fonds devrait donc passer de 27,5 millions à 18-19 millions. L'application stricte du taux de réduction de 33 % appliquée au zonage 5 b conduirait à faire passer la population éligible de 10 à 6,6 millions d'habitants. La stratégie intégrée de diversification économique se traduira par un seul programme par région. Le texte ne précise pas clairement s'il s'agit d'un programme intégré ou de programmes spécifiques à chaque situation (ce qui serait de nature à préserver davantage la problématique " zones rurales en déclin ").

Le nouvel objectif 3 a pour ambition de développer -sur tout le territoire, mais en déhors des zones d'objectifs 1 et 2- une stratégie des ressources humaines. Il doit favoriser l'activité dans quatre domaines : accompagnement des changements économiques et sociaux, système d'éducation et de formation tout au long de la vie, politiques actives de lutte contre le chômage, lutte contre l'exclusion sociale.

A priori, rien dans le texte proposé ne permet de penser que l'agriculture sera exclue de cet objectif. Cependant, la pratique de la mise en oeuvre des fonds structurels depuis 1989 sur ce type d'objectifs incitent à être attentifs à la façon dont ce nouvel objectif 3 sera décliné.

Enfin, sur les treize initiatives communautaires, l'Agenda 2000 propose d'en conserver seulement trois : la coopération transfrontalière, transnationale et interrégionale visant à stimuler une aménagement du territoire harmonieux et équilibré ; le développement rural (LEADER) ; les ressources humaines dans un contexte d'égalité des chances.

2. Une nouvelle politique de la montagne ?

Le " Paquet SANTER " affirme aussi la nécessité d'une politique rurale intégrée pour accompagner le processus enclenché en 1992.

C'est ainsi que, dans toutes les zones rurales ne relevant pas des objectifs 1 et 2, des mesures de développement rural destinées à accompagner les politiques de marché seront mises en oeuvre. Elles seront confinancées par le FEOGA-Garantie.

Une politique de développement rural, en complément de la réforme de la PAC, pourra donc être menée à l'initiative des Etats membres sur l'ensemble du territoire régional, tout en étant amplifiée dans certaines zones difficiles (en objectif 2) au titre de la politique de cohésion.

Le régime relatif aux zones défavorisées (ICHNE) rejoint les trois mesures d'accompagnement déjà existantes (agri-environnement-boisement-préretraite) et sera également financé par le FEOGA-Garantie. Cette distinction par rapport aux ex-mesures 5a et 5b semble leur conférer un poids supplémentaire et une mise en oeuvre plus systématique.

L'Agenda 2000 prévoit la possibilité de faire glisser ces zones vers un concept de zones à " haute valeur naturelle " . De ce fait, la politique de la montagne ne serait plus justifiée par des raisons de " handicaps géographiques " mais par des motifs liés à l'environnement, et les aides économiques seraient liées à de nouvelles pratiques (développement durable). Cette nouvelle conception se heurte à celle qui a présidé à la politique en faveur de la montagne menée jusqu'ici, dont chacun s'accorde à reconnaître, en France, qu'elle a généralement répondu aux objectifs qui lui étaient assignés.

3. De multiples interrogations

Ce projet soulève plusieurs interrogations :

Tout d'abord, la promotion de deux types de développement rural , l'un à travers les fonds structurels (objectif 2/zonage/reconversion économique et sociale), l'autre dans le cadre de la politique agricole commune (mesures d'accompagnement) soulève la question de leur cohérence.

Le financement de ces deux types d'interventions, principalement par le FEOGA-Garantie (à l'exception de l'objectif 1) pose la question du niveau de l'enveloppe de 2 milliards d'Ecus par an pour financer ces deux politiques. Cette enveloppe couvre le financement des mesures existantes.

Dans le cadre de l'objectif 2, la concentration des actions sur un territoire réduit (population éligible réduite d'environ 1/3) pose la question de la part des interventions en faveur du monde rural par rapport à la reconversion industrielle et aux problèmes urbains. Ensuite, les actions relevant de l'objectif a (ICHN - DJA - PAM - IAA) sont transférées au FEOGA-Garantie, ce qui, a priori, peut être jugé positif car, depuis la réforme des fonds structurels en 1988, ces mesures étaient contestées. De plus, la France qui bénéficie d'un tiers de l'enveloppe 5a, est particulièrement intéressée par ce retour communautaire. La question est de savoir comment ces mesures seront appliquées : soit au niveau national, soit au niveau régional.

Enfin, le transfert des actions relevant de l'objectif 5b au FEOGA-Garantie pose la question de la nature des interventions qui pourront être financées dans le cadre de l'objectif 2 et dans le cadre de nouvelles mesures d'accompagnement, d'autant que les choix arrêtés sur certaines OCM, notamment bovine, risquent de le justifier pleinement (soutien à l'herbe et aux systèmes extensifs).

Votre commission suivra avec attention l'évolution de ce dossier.

CHAPITRE II -

LES CRÉDITS CONCOURANT À L'AMÉNAGEMENT RURAL

De façon traditionnelle, votre commission ne limite pas son analyse aux seuls crédits d'aménagement rural inscrits au ministère de l'Agriculture, mais prend également en compte les crédits à " finalité " rurale inscrits au budget de l'aménagement du territoire, ainsi que ceux des fonds d'infrastructure.

I. L'APPRÉCIATION DES ACTIONS MENÉES PAR LE FNDAT EN FAVEUR DE L'AMÉNAGEMENT RURAL

A. LA PARTICIPATION DU MINISTÈRE DE L'AGRICULTURE À LA GESTION DES CRÉDITS DU FNADT

Le fonds national pour le développement et l'aménagement du territoire (FNADT), qui regroupe les crédits antérieurement consacrés aux interventions pour l'aménagement du territoire, à la restructuration des zones minières, à la délocalisation des entreprises, à l'aide aux initiatives locales pour l'emploi, au développement de la montagne et à l'aménagement rural, est réparti entre sections générale et locale, et pour cette dernière entre les régions.

En ce qui concerne la section locale, qui doit tenir compte des engagements souscrits dans les contrats Etat-Région et des priorités d'aménagement du territoire, le ministère, par ses services déconcentrés, est associé à la gestion des crédits sous la responsabilité des préfets de région, dans le cadre des conférences administratives régionales. Toutefois, les projets relevant désormais moins que par le passé de l'initiative départementale et les services du ministère se trouvent moins impliqués par rapport à l'instruction des dossiers relevant antérieurement du FIDAR.

Pour la section générale dont la gestion financière est assurée par la DATAR, le ministère participe à l'examen technique préalable des dossiers, comme c'était le cas pour la répartition de l'ancien fonds FIDAR et au comité interministériel à l'aménagement et du développement du territoire. La multiplication des départements ministériels concernés, liée à la fusion dans le FNADT de plusieurs anciens fonds d'intervention, peut rendre plus délicats les arbitrages, lesquels ne garantissent pas forcément le niveau consacré autrefois au rural.

En résumé, le ministère chargé de l'agriculture est consulté dans le choix des décisions financières relatives au FNADT, tant au niveau de la section locale que de la section générale. Cependant la fusion des problématiques au sein d'un même fonds induit une dilution relative des préoccupations liées aux compétences du ministère.

B. LES CRÉDITS DU FNADT CONSACRÉS À LA MONTAGNE ET À L'ESPACE RURAL

1. Part des crédits du FNADT consacrés à la montagne et à l'espace rural

Les crédits du FNADT, pour l'année 1995, se sont élevés à 1.750 millions de francs, ainsi répartis :

1995

(en millions de francs)

FNADT - Section locale

1.145

FNADT - Section générale

605

TOTAL

1.750

Toutefois, en 1996 , les crédits correspondant au thème du développement et à l'espace rural dans la section générale se sont élevés à 98,6 millions de francs . Les projets retenus impliquant le ministère de l'Agriculture peuvent être évalués à 35,51 millions de francs.

L'évolution des crédits du fonds d'intervention pour l'autodéveloppement en montagne (FIAM) de 1990 à 1994 et ceux correspondant aux opérations liées à l'auto-développement de la montagne au sein de la section générale du FNADT, à partir de 1995 a été la suivante :

En millions de francs

1990

1991

1992

1993

1994

1995

20

35

35

45

37

47,58

2. Typologie des actions

Les opérations relevant de l'ancienne logique FIAM se trouvent individualisées par massif dans le FNADT.

Elles ont pour vocation d'appuyer des actions d'auto-développement de la montagne en finançant la recherche appliquée, l'expérimentation, l'innovation, l'animation locale et l'assistance technique nécessaires à la mise en oeuvre des projets de développement global, ainsi que la diffusion des expériences et techniques adaptées au milieu montagnard.

Pour ce qui a trait à l'individualisation de l'enveloppe " rurale " du FNADT, les thèmes de répartition de la section générale incluent celui du " développement rural, littoral et massif ".

Il apparaît cependant difficile d'identifier les projets relevant antérieurement du FIDAR dans une classification aussi large. A contrario, des actions anciennement éligibles au FIDAR peuvent être incluses dans les autres thèmes.

Les actions financées contribuent à la mise en valeur de l'espace rural, au développement de la qualité concernant les filières de production animales, végétales et sylvicoles et à la valorisation du tourisme rural.

II. LES CRÉDITS D'ÉQUIPEMENT RURAL

Depuis les lois de décentralisation, les ministères concernés -les ministères de l'Agriculture et de l'Industrie, aidés d'un conseil, pour le fonds d'amortissement des charges d'électrification (FACE) ; le ministère de l'Agriculture, aidé d'un comité pour le FNDAE- sont uniquement chargés de la répartition de l'enveloppe entre les départements. Ce sont ces derniers qui, en application de l'article 110 de la loi n° 83-8 du 7 janvier 1983, ont en charge la programmation des aides du FNDAE et du FACE, en fonction des travaux à réaliser sur leur territoire.

Cependant, il est important de recenser les crédits d'équipements publics ruraux qui ont traditionnellement pour objet de faciliter l'accès des usagers ruraux aux services publics à caractère industriel et commercial : l'assainissement et la distribution d`eau ; l'énergie électrique. Deux fonds de péréquation concourent à cet objectif : le fonds national pour le développement des adductions d'eau (FNDAE), compte spécial du Trésor ; le FACE. Si votre commission continue à examiner, dans le cadre de l'examen des crédits d'aménagement rural du ministère de l'Agriculture, l'évolution de ces fonds, force est de constater que le lien entre le ministère et ces fonds s'est distendu.

A. L'ÉLECTRIFICATION

1. Objectif et ressources du FACE

Le Fonds d'amortissement des charges d'électrification, créé par la loi de finances du 31 décembre 1936, a pour vocation de soutenir l'effort d'investissement pour l'électrification des communes rurales en contribuant au financement des travaux d'extension, de renforcement et, depuis 1992, d'intégration esthétique des réseaux de distribution publique d'énergie électrique basse tension. Il n'apporte plus que des subventions en capital, malgré son nom, depuis l'ordonnance du 30 décembre 1958.

C'est un compte spécial d'EDF alimenté annuellement par une contribution des distributeurs d'énergie électrique basse tension selon les modalités suivantes pour 1986 :

- 2,2 % des recettes perçues dans les communes urbaines selon l'INSEE - RGP 1990 ;

- 0,44 % des recettes perçues dans les communes rurales selon l'INSEE - RGP 1990.

Ces taux ont, compte tenu de l'augmentation de consommation d'électricité, régulièrement baissé depuis plus de vingt ans. Ils sont établis dans un rapport de 1 à 5 entre les communes rurales et urbaines depuis l'origine du fonds.

A titre d'illustration, en commune urbaine, le taux était fixé à 3,80 % en 1971. Il atteint son plus bas niveau en 1993 avec 1,95 %. Il a été décidé de maintenir pour 1996 les taux de 1995.

2. Le fonctionnement

Le fonds est administré et ses crédits répartis par un conseil composé de représentants de l'Etat, des distributeurs et des collectivités.

Le directeur de l'électricité, représentant du ministère chargé de l'Industrie, y siège en tant que commissaire du Gouvernement et peut soumettre les décisions du conseil à l'homologation du Gouvernement.

Le programme du FACE est cogéré par le ministère de l'Agriculture et de la Pêche et par celui chargé de l'industrie.

3. Les dotations du FACE

Le schéma de financement des programmes de travaux aidés par le fonds est le suivant depuis 1992 :

- une tranche unique A/B finançant les travaux à 70 % du TTC (en métropole) et répartie chaque année en un programme principal (90% environ de l'enveloppe) et un programme spécial destiné à financer les renforcements anticipés à effectuer à la suite à d'intempéries et des travaux dans les communes surplombées par des lignes haute tension (appelés travaux/DUP) ;

- une tranche, dite " environnement ", dotation spécifique pour une meilleure insertion des réseaux ruraux dans l'environnement paysager (renforcement, mise en façade) qui finance à 50 % du montant toutes taxes comprises les travaux correspondants (en métropole).

Les dotations se sont réparties comme suit :

1996

1997

Programme arrêté par le Conseil

Programme réparti au 23.07.97

Programme arrêté par le conseil

Programme réparti au 23.07.97

Programme principal

2.300

2.168,30

2.285

2.200

Programmes spéciaux DUP et intempéries

dont 75 pour la MDE-ENR et 75 pour DUP-Int

68,4 (DUP-intempéries) 17,8 (ENR-MED)

dont 23 pour la MED-ENR et 62 pour DUP-Int

Programme environnement

500

500

600

600

Reports

57,10

115

TOTAL

2.857,10

2.754,50

3.000

2.800

4. Les besoins des communes rurales

De nombreux problèmes, essentiellement qualitatifs, subsistent en tenue de tension et de continuité du service. Les résultats de l'inventaire du 1er janvier 1995 de l'électrification rurale montrent ainsi une progression sensible des besoins des départements, qui fait l'objet d'un inventaire complémentaire qui devant permettre, fin 1997, d'arrêter les moyens financiers nécessaires pour y répondre.

a) Les problèmes de tenue de tension

Si, à la fin du précédent inventaire, en 1990, on avait atteint l'objectif de réduction à 4,83 % du nombre d'abonnés mal alimentés en zone rurale (ceux qui subissent des chutes de tension supérieure à 11 %), l'objectif de la période 1990-1994 de réduction à presque zéro de ceux-ci ne sera pas atteint. Il en subsiste en moyenne entre 3 et 4 % et pour une dizaine de départements, ce taux dépassant encore 6% au 1er janvier 1995.

Ces chiffres seront à multiplier par deux ou trois si la définition des abonnés mal alimentés retenue pour l'avenir est associée à une chute de tension maximale inférieure à 7%, comme le prévoit théoriquement, à compter de 1996, l'arrêté du 29 mai 1986 pris sur la base de recommandations internationales.

Plusieurs raisons, semble-t-il, ont conduit à ce que l'objectif fixé à l'horizon fin 1994 ne soit pas atteint :

- les consommations d'électricité ont augmenté plus fortement que prévu. Cette croissance devrait un peu s'infléchir durant la période 1995-1999 avec le ralentissement de l'équipement électrique (notamment chauffage) des zones rurales et des progrès dans l'isolation de l'habitat, mais il faudra rattraper ce qui n'a pu être fait durant la période précédente ;

- l'outil informatique développé par EDF pour estimer les abonnés mal alimentés n'est disponible que depuis peu sur la quasi intégralité du territoire et, semble à son stade actuel de développement, sous-estimer l'effet des résidences secondaires.

b) La continuité du service

La population rurale et les agriculteurs très dépendants de la fourniture d'électricité sont particulièrement sensibles aux coupures alors même qu'on dénombre encore en zone rurale, en particulier en zone de montagne, de nombreux kilomètres de réseaux aériens en fil nu particulièrement sensibles aux aléas climatiques.

Le développement de l'équipement informatique, et, à l'avenir, du télétravail dans ces zones suppose aussi une fourniture d'électricité sans faille (ni coupures, ni microcoupures).

c) L'évaluation des besoins

Pour faire face à ces évolutions, la fourniture d'électricité en milieu rural doit connaître une poursuite de l'amélioration qualitative, qui milite en faveur d'une revalorisation de l'enveloppe des travaux aidés par le FACE.

Sur la période précédente (1990-1994), les besoins en investissements avaient été estimés à 3,6 milliards de francs par an en moyenne dont 2 milliards environ étaient aidés par le FACE programme principal (hors intempéries-DUP et environnement), estimation sans doute dépassée.

Sur la période à venir, l'inventaire réalisé devrait conduire, à méthodologie constante, à une évaluation supérieure . Toutefois, le développement de la maîtrise de la demande en électricité et du recours aux énergies renouvelables, ainsi que l'application d'une approche intégrée basse tension-moyenne tension de l'évaluation qualitative des dessertes peuvent atténuer les besoins d'investissement. Les résultats de cette approche, actuellement à l'étude, devraient être connus fin 1997.

B. L'ALIMENTATION EN EAU POTABLE ET L'ASSAINISSEMENT

1. Objectifs et ressources du fonds

Le Fonds national pour le développement des adductions d'eau (FNDAE) a été créé par le décret du 1er octobre 1954. Il s'agit d'un compte spécial du Trésor géré par le ministère chargé de l'Agriculture (compte 902-00).

Il a été conçu, dès son origine en 1954, comme un instrument financier de solidarité nationale destiné à aider les communes rurales à mettre en place leurs services publics de distribution d'eau. Son domaine d'intervention a été étendu à l'assainissement en 1979. En 1997, la compétence du Fonds a été étendue, pour une période de trois ans, à la lutte contre les pollutions d'origine agricole.

Prélevées sur l'ensemble de la population française, les ressources du fonds ne sont redistribuées qu'aux seules communes rurales.


Elles proviennent :

1) pour 51 % du produit d'une redevance sur les consommations d'eau distribuée dans toutes les communes urbaines et rurales bénéficiant d'une distribution publique d'eau potable, dont le taux de base est actuellement fixé à 14 centimes par mètre cube depuis le 1er janvier 1996 ;

2) pour 49 % d'un prélèvement sur les sommes engagées au Pari mutuel.

2. Fonctionnement

Depuis les lois de décentralisation, les aides du FNDAE sont réparties par département sous forme de dotations affectées à l'eau et à l'assainissement.

La répartition de ces enveloppes budgétaires entre les départements est proposée au ministère chargé de l'Agriculture par le Comité consultatif du fonds, présidé par un conseiller d'Etat honoraire et composé de représentants de l'Assemblée nationale, du Sénat, du Conseil économique et social, des ministères concernés et de diverses associations et fédérations.

Les agences de l'eau participent également au comité.

Les départements règlent ensuite, sur la base des propositions présentées par les collectivités locales concernées, la répartition de ces aides entre les communes rurales et leurs groupements qui réalisent des travaux d'eau potable et d'assainissement.

S'agissant de la dotation des fonds réservée au financement du plan de maîtrise des pollutions d'origine agricole, elle est répartie chaque année par les départements, sur la base des propositions présentées par les exploitants agricoles.

3. Les besoins des communes rurales

Les besoins de ces communes changent de nature, notamment en matière d'alimentation en eau potable, mais ils restent très importants, avec des exigences de qualité et de fiabilité accrues.

a) En matière d'alimentation en eau potable

Le taux global de desserte des communes rurales a atteint 98 % en 1990 au plan national, mais des besoins nouveaux et plus qualitatifs sont apparus à partir de la fin des années 1970. Les principales préoccupations sont :

- la qualité de l'eau distribuée, en application des nouvelles normes européennes ;

- la fiabilité des équipements de production et de transport.

Sous ces deux aspects, la situation des collectivités rurales est généralement plus préoccupante que celle des communes urbaines à plusieurs titres :

- les ressources en eau exploitées sont souvent vulnérables ;

- le service public en milieu rural est dans l'ensemble fortement fragmenté ;

- nombre de réseaux construits dans les années cinquante, et avant, sont devenus obsolètes.

b) En matière de collecte et de traitement des eaux usées

Environ 27 millions d'habitants résidant en zone rurale (permanents ou saisonniers) sont concernés en France par des équipements d'assainissement collectifs. Les taux de raccordement à un réseau d'assainissement et à une station d'épuration atteignent actuellement respectivement 67 % et 56 % pour cette population.

Les objectifs majeurs sont les suivants :

- améliorer les taux de raccordement des usagers aux ouvrages ;

- accroître la capacité d'épuration des stations ;

- élever les niveaux de traitement de celles-ci.

c) Un effort d'investissement considérable à accomplir

Les besoins annuels d'investissements à réaliser étaient destinés à 10 milliards de francs en moyenne pour la période 1990-1194 incluse.

- pour l'adduction d'eau : 5 milliards de francs par an, dont quatre pour l'amélioration et le renforcement des réseaux et 1 milliard de francs par an pour les dessertes nouvelles ;

- pour l'assainissement : 5 milliards de francs par an pour assurer la poursuite de la desserte, et adapter en conséquence les capacités d'épuration.

Le nouvel inventaire des besoins d'investissement pour l'alimentation en eau potable et l'assainissement des communes rurales publié en juillet dernier, permet d'estimer ce qui a été réellement fait durant cette période (environ 8 milliards de francs par an au total, contre 10 milliards de francs prévus) et les besoins prévisibles sur la période 1995-1999 (environ 11,5 milliards de francs par an).

Les contraintes réglementaires résultant notamment de la directive européenne du 21 mai 1991 relative au traitement des eaux résiduaires urbaines et de la loi sur l'eau du 3 janvier 1992, expliquent la progression des besoins d'investissements dans les années à venir.

Ces efforts sont et seront d'autant plus lourds à accomplir que les communes rurales supportent des surcoûts importants liés à :

- la faible densité et à la dispersion dans l'espace de la population à desservir ;

- un afflux important de population saisonnière à certaines périodes de l'année ;

- des problèmes de financement plus aigus que met en lumière et qu'accentue parfois la récente instruction comptable et budgétaire M49.

4. Les actions du FNDAE et la répartition de ses dotations

a) Les dotations Eau potable-Assainissement

A la mi-1991, des conventions pluriannuelles ont été mises en place avec des départements afin de concentrer l'attribution des crédits publics sur des axes prioritaires définis localement et souffrant de retards spécifiques (par exemple : l'assainissement de toutes les collectivités riveraines dans le cadre d'un contrat de rivière, l'amélioration de la qualité de l'eau potable distribuée par l'adjonction de traitements tertiaires, etc.). Le but de ces conventions était également d'améliorer la programmation des travaux ainsi que les délais d'utilisation des crédits du FNDAE, pour éviter les reports, et de faciliter la coordination des interventions de divers partenaires (agences de l'eau notamment).

Les départements volontaires pour entrer dans cette démarche ont obtenu une majoration importante de leur dotation FNDAE sous réserve d'un apport identique en valeur absolue du Conseil général. En 1991, 25 départements ont vu leur projet de convention se concrétiser. Au terme de l'année 1993, 65 départements étaient entrés dans ce processus de conventionnement, qui s'achevait théoriquement fin 1994. Dans l'attente des résultats de l'inventaire au 1er janvier 1995 de l'assainissement et de l'alimentation en eau potable dans les communes rurales, les conventions signées avec les départements ont été prolongées d'un an jusqu'au 1er janvier 1996.

Le comité de fonds, après avoir analysé la première phase de conventionnement 1991-1995 et constaté que cette forme de contractualisation était jugée bénéfique, a souhaité pouvoir renouveler cette contractualisation en assouplissant un certain nombre de règles, concernant notamment la parité d'intervention des départements et les taux moyens d'intervention, et en conservant une bonification des dotations pour les départements qui conventionnent, ainsi que des actions d'accompagnement et tout spécialement la sensibilisation des élus et la formation des personnels communaux. Les comptes rendus d'exécution doivent permettre d'obtenir régulièrement au plan national une information exhaustive et annuelle de l'utilisation des fonds et de la situation de l'alimentation en eau potable et de l'assainissement des collectivités locales rurales.

Aussi, en 1996, le dispositif de conventionnement a été reconduit pour cinq ans, en donnant la priorité aux départements conventionnés précédemment. Il a donné lieu à de nouvelles conventions permettant d'actualiser les thèmes d'intervention. En 1997, on compte 72 départements ayant conventionné, dont dix nouveaux -trois départements auparavant conventionnés ayant renoncé à cette contractualisation-.

Cette nouvelle phase de conventionnement a été mise à profit pour organiser une nouvelle clé de répartition des dotations départementales. Cette clé tient compte des prévisions d'investissement exprimées par les collectivités rurales pour la période 1995-1999 dans le cadre de l'inventaire 1995, traduisant ainsi la vocation du FNDAE à être un fonds de péréquation et de solidarité nationale.

Les dotations des départements non conventionnés sont restées constantes entre 1990 et 1995. Elles ont été modifiées par la nouvelle clé de répartition mise en place en 1996.

b) Les dotations Plan de Maîtrise des Pollutions d'Origine agricole

La loi de finances pour 1997 a prévu le financement du plan de maîtrise des pollutions d'origine agricole par le FNDAE, en lui réservant une enveloppe de 150 millions de francs s'ajoutant au financement de l'Etat (chapitre 61-40).

Cette dotation complémentaire, prévue pour trois ans (1997-1998-1999), permet d'accélérer la mise en oeuvre du PMPOA.

Cette nouvelle action du fonds s'est traduite par une baisse uniforme des dotations départementales " Eau potable - Assainissement " de l'ordre de 15 %.

Elle a pour conséquence une diminution du nombre ou du volume des programmations départementales pour les collectivités éligibles aux aides du fonds, sachant que les agences de l'eau ne pourront prendre le relais, leurs interventions venant toujours en complément et non en substitution des subventions préalablement dégagées par le département ou le FNDAE.

c) Les autorisations de programmes 1995 - 1996 - 1997

Les autorisations de programme disponibles en 1995, 1996 et 1997 ont été réparties comme suit :

1995

1996

1997

Crédits disponibles

- Crédits votés en LFI

- réductions d'AP

- AP reportées année précédente

Total disponible

870,0

10,6

25,4

906,0

921,0

5,380

45,847

972,227

975,0

41,449

1 016,449

Affectation des crédits

Dotation eau potable - Assainissement

- Dotations départements non conventionnés

- Dotations départements conventionnés

- grands ouvrages

- Intempéries

Total Dotation Eau potable - Assainissement

Dotation PMPOA

- Plan de maîtrise des pollutions d'origine agricole

197,3

629,3

22,5

11,1

860,2

0

157,100

746,060

14,385

13,232

930,777

0

143,700

688,570

7,179

2,789

842,238

42,2700

Etat d'avancement

Total réparti

860,2

930,777

884,508

Reste non réparti

45,8

41,45

131,941

Les données relatives à la répartition des crédits de l'exercice 1997 sont partielles, arrêtées à la date du 22 août 1997.

En fin d'année 1997, le montant d'autorisation de programme non utilisées sera réduit à la seule réserve constituée pour faire face aux intempéries.

Avec une dotation annuelle comprise entre 0,9 et 1 milliard de francs, le FNDAE couvre un peu moins de 9 % des besoins des communes rurales.

La loi sur l'eau n° 92-3 du 3 janvier 1992 a prescrit dans tous les départements un travail de zonage, distinguant les secteurs voués à l'assainissement collectif et les zones d'assainissement non collectif. Des orientations ont été prises aussi bien dans l'exploitation de l'inventaire des besoins d'investissement que dans la possibilité de financer les études de zonage précitées, pour que l'intervention du FNDAE ne conduise pas à privilégier l'assainissement collectif, dès lors que l'assainissement autonome peut se révéler aussi efficace et moins coûteux.

La politique de conventionnement engagée en 1991 et renouvelée en 1996 permet de continuer à jouer un rôle essentiel, par effet d'entraînement et de planification des investissements (identification des thèmes prioritaires) dans l'équipement en assainissement et eau potable des communes rurales.

Votre rapporteur pour avis souhaite que le Gouvernement s'attache à renforcer la cohérence entre les programmes financés par le FNDAE et ceux financés par les agences de l'eau en matière d'eau potable et d'assainissement.

ÉVOLUTION DES CRÉDITS EN LOI DE FINANCES DISPONIBLES ET DÉLÉGUÉS

(en millions de francs)

Année

LFI

LFR

AP non utilisées l'année précédente

Réduction d'AP

AP disponibles

AP déléguées

1982

644,000

644,000

644,000

1983

600,000

- 134,000

466,000

466,000

1984

606,000

- 106,000

500,000

499,966

1985

610,000

0,034

610,034

610,001

1986

630,200

0,033

630,233

630,232

1987

678,365

678,365

663,365

1988

678,166

15,000

693,166

693,166

1989

700,000

700,000

700,000

1990

735,000

24,758

759,758

759,250

1991

805,000

41,000

0,508

846,508

845,232

1992

867,000

27,600

1,276

5,000

900,876

900,590

1993

870,000

29,953

0,286

900,239

900,239

1994

960,000

0,306

960,306

934,851

1995

870,000

25,455

10,577

906,032

860,185

1996

921,000

45,847

966,847

843,675

1997

975,000

41,449

1 016,449

884,508

Nota : les AP non utilisées respectivement en 1994 et 1995 correspondent éventuellement au gel nécessaire pour permettre la reconstitution du fonds de roulement.

RECETTES DU FNDAE

Année

Redevance

PMU

Divers, Prêts

TOTAL

1982

212 130 000,00

310 640 000,00

3 170 000,00

525 940 000,00

1983

206 350 000,00

345 830 000,00

3. 160 000,00

555 340 000,00

1984

228 080 000,00

373 870 000,00

3 160 000,00

605 110 000,00

1985

214 820 000,00

374 280 000,00

3 160 000,00

592 260 000,00

1986

237 820 000

379 700 000,00

3 160 000,00

620 680 000,00

1987

247 280 000,00

346 230 000,00

5 640 000,00

599 150 000,00

1988

257 729 698,00

412 598 088,00

690 488,00 018

671 274,00

1989

303 689 102,00

432 068 790,00

3 165 510,00

738 923 402,00

1990

336 669 286,00

462 350 491,00

2 474 638,00

801 494 415,00

1991

385 074 000,00

476 249 000,00

137 000,00

861 460 000,00

1992

408 970 000,00

488 120 000,00

20 000,00

897 110 000,00

1993

375 471 025,00

467 039 700,00

25 000,00

842 535 725,00

1994

415 915 663,00

456 393 048,00

164 162,00

872 472 873,00

1995

455 040 000,00

449 580 000,00

0,00

904 620 000,00

1996

474 636 000,00

456 830 000,00

0,00

931 466 000,00

La diminution des crédits de près de 1 % inscrits au projet de loi de finances pour 1998 est jugée peu satisfaisante par votre rapporteur pour avis.

C. LES ORDURES MÉNAGÈRES

Votre rapporteur pour avis rappelle que les communes et leurs groupements vont devoir faire face à des investissements importants pour satisfaire aux objectifs de la loi.

Les projets d'installations d'élimination des déchets ménagers et assimilés, dont ceux des communes rurales, qui répondent aux critères retenus par le comité consultatif de modernisation de la gestion des déchets pourront donc bénéficier du fonds de modernisation. Les ressources de ce fonds seront d'ailleurs accrues : le taux de la taxe sur le stockage des déchets ménagers et assimilés a été augmenté par la loi du 2 février 1995 relative au renforcement de la protection de l'environnement.

III. LES DOTATIONS INSCRITES AU BUDGET DE L'AGRICULTURE

A titre liminaire, il convient de préciser que les crédits du ministère de l'Agriculture font l'objet d'un changement de nomenclature budgétaire.

A. LE " BLEU " BUDGÉTAIRE : DES CRÉDITS EN BAISSE

1. Les crédits consacrés à l'aménagement rural et au développement rural hors fonds de gestion de l'espace rural

a) Les crédits explicitement considérés comme d'aménagement rural

La ligne budgétaire 44.80/21 est, pour une part, utilisée à financer des actions de développement économique dans le cadre des contrats de plan Etat-région. C'est notamment le support financier des analyses stratégiques des programmes de développement rural et des actions plus spécialisées qui leur font suite dans les domaines de la création d'activités, de la valorisation des ressources locales, de la restructuration de services et de la valorisation du tourisme rural.

Elle permet également d'aider au financement de recherches méthodologiques et de diffusion d'information sur ces différents sujets (expériences pilotes) avec l'aide de bureaux d'études ou d'associations spécialisées

Les aides prennent la forme de subventions classiques aux associations pour réaliser des études ou des participations financières à l'embauche par les associations en leur attribuant des postes FONJEP.

Les crédits du chapitre 61-44 permettent le financement de projets d'investissements préalables à la conduite d'opérations démonstratives et exemplaires ou innovantes en matière de gestion de l'espace, pour les projets ayant la nature de dépenses d'investissement, matériel ou immatériel.

Par conséquent, ces crédits sont incontestablement des crédits d'aménagement rural.

1997

1998

44.80/21 - Interventions pour l'aménagement rural

21,08

18,34

61.44/20 - Amélioration du cadre de vie et développement rural

25,63

(20,28)

19,13

(16)

TOTAL

46,71

37,47

en ( ) autorisations de programme

(en millions de francs)

Ces crédits sont en baisse d'environ 20 %.

b) Les autres crédits gérés par la direction de l'espace rural

Une autre approche conduit à considérer comme des crédits d'aménagement rural les crédits (hors crédits forestiers) gérés par les services en charge de ce volet de la politique du ministère : la direction de l'espace rural et de la forêt.

Il faut alors rajouter aux crédits, budgétairement considérés comme des crédits d'aménagement rural, les crédits :

- d'aménagement foncier et d'hydraulique - article 10 du chapitre 61.44. Votre rapporteur pour avis déplore que cette ligne budgétaire soit considérée constamment comme une variable d'ajustement.

- des grands aménagements régionaux (chapitre 61.84- article 10).

Cette ligne, partiellement contractualisée, permet le financement d'actions concertées et coordonnées, s'efforçant de remédier aux diverses causes de déséquilibres constatées dans certaines régions. La politique suivie consiste à confier à des organismes spécifiques, les sociétés d'aménagement régional, la réalisation d'interventions destinées à accélérer la mise en valeur des atouts dont disposent les régions concernées : 65 % des crédits de ce chapitre sont utilisés pour l'hydraulique agricole et 35 % pour l'aménagement rural.

1997

1998

Aménagement foncier et hydraulique

141,43
(127,4)

124,5
(105,35)

Grands aménagements régionaux

101,7
(113,57)

80

(80)

TOTAL

243,13
(240,9)

204,5
(185,35)

en millions de francs

en ( ) : autorisations de programme


Ces crédits baissent ainsi de 15,9 % en crédits de paiement et de 23 % en autorisations de programme.

· On notera que les crédits des OGAF (opérations groupées d'aménagement foncier - chapitre 44-41 article 60) qui peuvent également être considérés comme des crédits d'aménagement rural ainsi que les crédits des SAFER (société d'aménagement foncier et d'établissement rural - chapitre 44-44, article 10) sont reconduits pour 1998 .

1997

1998

Evolution en %

Subventions aux SAFER

43,7

43,70

-

OGAF

45,23

45,23

-

(en millions de francs)

B. LES CRÉDITS DU FONDS DE GESTION DE L'ESPACE RURAL

Les crédits (44.83/10) du Fonds de gestion de l'espace rural sont alloués pour soutenir des actions dans les domaines suivants :

- préservation et restauration du paysage ;

- entretien et réhabilitation des espaces agricoles et forestiers ;

- conservation de la diversité biologique et d'espaces, prévention des risques naturels.

Seul fonds spécifique à destination du monde rural prévu par la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire, outil d'animation locale et lien privilégié entre l'activité agricole et la gestion de l'espace, il participe au développement équilibré du territoire national. Le FGER est devenu en un an un outil inappréciable au service des agriculteurs et de la politique d'animation du milieu local, favorable à la valorisation de l'espace par les agriculteurs et la reconnaissance de leurs investissements. Les actions initiées dans le cadre du fonds visent l'entretien et la réhabilitation de l'espace rural, notamment par la lutte contre la déprise agricole, par l'installation de jeunes agriculteurs, l'entretien des prairies, des alpages ou encore la réhabilitation des vergers traditionnels.

En 1995 , le FGER a été doté de 500 millions de francs dans la loi de finances initiale. Par suite de la mise en place tardive des CODEGE, 284 millions de francs ont été reportés en gestion 1996.

En 1996 , les crédits inscrits en loi de finances initiale s'élevant à 388 millions de francs, la moitié des crédits ont été délégués aux sections à gestion déconcentrée.

Inscrit au budget du ministère de l'Agriculture, le FGER reçoit une dotation de 140 millions de francs dans le projet de loi de finances pour 1998.

ÉVOLUTION DES CRÉDITS DU FGER

(en millions de francs)


ANNEE

Loi de finances initiale

Annulation de crédits

Crédits ouverts

1995

500

164

335

1996

388

170

502

1997

150

145

308

1998

140

Votre rapporteur pour avis s'étonne de telles annulations de crédits. Il regrette par ailleurs la baisse de 10 millions de francs du montant des crédits affectés au FGER pour 1998. Enfin, il s'inquiète surtout des méthodes administratives qui consistent à tarder dans l'instruction des dossiers éligibles au titre du FGER : de telles pratiques accréditent parfois la thèse en fin d'année budgétaire d'une sous consommation de crédits .

Les crédits d'aménagement rural sont, par conséquent, en nette diminution dans le budget de l'agriculture pour 1998 .

C. LES CRÉDITS DESTINÉS À LA COMPENSATION DE HANDICAPS OU DE CONTRAINTES SPÉCIFIQUES

L'approche traditionnelle de votre commission consiste à prendre également en compte, au titre de l'aménagement de l'espace rural, les crédits de compensation des handicaps ou de contraintes spécifiques.

Ces crédits comprennent, d'une part, les interventions spéciales dans les zones agricoles défavorisées, d'autre part, les mesures agri-environnementales, et les actions spécifiques en zones défavorisées.

Le tableau ci-après retrace l'évolution des principales dotations, qui ont subi cette année un changement de nomenclature.

1997

1998

Evolution en %

Interventions spéciales dans les zones agricoles défavorisées
(Chapitre 44.80, article 30)

1.650

1 560

- 5,45 %

Mesures agri-environnementales
(Chapitre 44-41, article 24)

120

120

-

Actions spécifiques en zone défavorisée
(Chapitre 44.80, article 50)

5,14

5

- 2,72

(en millions de francs)

Votre commission regrette la baisse des crédits affectés aux interventions spéciales dans les zones agricoles défavorisées.

Ce sont ainsi environ près de 1,7 milliard de francs que le budget de l'agriculture consacrera à la compensation de contraintes particulières, auxquels il faudrait ajouter les subventions accordées aux bâtiments d'exploitation et au matériel en zone de montagne (chapitre 61.40, article 30) dont le montant total avoisinne les 137 millions de francs.

Si l'on considère que ces différentes actions, en favorisant l'extensification et le soutien des pratiques agricoles compatibles avec l'environnement, en modifiant les conditions de consommation de l'espace, ont un impact certain sur l'aménagement rural, c'est désormais principalement par ce biais que le ministère intervient.

D. L'APPROCHE SYNTHÉTIQUE DES CONCOURS PUBLICS À L'AGRICULTURE

Publié pour la première fois à l'occasion du débat parlementaire sur la préparation du budget 1995, le document présentant les concours publics à l'agriculture prend la suite de la présentation du budget sous forme de " budget de programme " (ou blanc).

Ces dépenses recouvrent les financements de l'ensemble des actions concernant le secteur agricole. Elles sont réparties en huit grands domaines, chacun d'eux étant lui-même divisé en " ensembles " d'actions concourant à une même finalité.

Deux ensembles (1.4 et 5.1) intéressent l'aménagement rural.

1. Le domaine 1 " Activités agricoles productives "

Dans le domaine 1 " Activités agricoles productives ", l'ensemble 1-4 recense l'ensemble des crédits destinés à la " compensation de handicaps ou de contraintes spécifiques ".

Le montant du financement national en faveur des compensations de handicaps ou de contraintes spécifiques s'élève ainsi à plus de 3 milliards de francs, les aides européennes étant de 1,5 milliards de francs soit le tiers du total de l'ensemble 1.4 contre un cinquième en 1991.

Le tableau ci-après compare le montant des crédits (en dépenses constatées) de 1995 et 1996.

ENSEMBLE 1.4 - COMPENSATION DE HANDICAPS OU DE CONTRAINTES SPÉCIFIQUES

(En millions de francs courants)

Dépenses constatées

1995

1996

Financement national

3 444

3 134,4

Financement européen

1 658

1.510,8

dont FEOGA garantie

1 085,8

956

FEOGA orientations ou autres

572,2

554,8

TOTAL

5 102

4 645,2

2. Le domaine 5 " Espace rural et forestier "

Au sein du domaine 5 " espace rural et forestier ", l'ensemble 5-1 rassemble les crédits d'aménagement et de protection de l'espace rural c'est-à-dire ceux d'infrastructures gérés ou cogérés par le ministère de l'Agriculture (le FNDAE), les dotations du fonds de gestion de l'espace, les crédits des sociétés d'aménagement régional (hors hydraulique), et les dotations du FIDAR et de l'ancienne AIIZR).

Dans ce domaine, la politique nationale en faveur de l'espace rural est soutenue par les interventions du FEDER, du FSE et du FEOGA-orientation. Ces fonds socio-structurels participent aux nouveaux programmes 1994/1999 destinés à aider d'une part les territoires qui connaissent des difficultés particulières : zones en retard de développement (objectif 1) -zones de reconversion industrielle (objectif 2) et zones rurales en situation difficile (objectif 5 b)- et à aider d'autre part l'adaptation des structures agricoles (objectif 5 a). La sélection des zones est fondée sur les critères inscrits dans les règlements européens modifiés en 1993.

Votre rapporteur pour avis rappelle que pour la France, le nouveau zonage concerne près de 53 % du territoire et 9,7 millions d'habitants (31 % du territoire et environ 5 % de la population antérieurement).

CARACTÉRISTIQUES GÉNÉRALES DE LA ZONE 5B EN FRANCE

ZONE 5B

FRANCE

Nombre de communes

17.061

36.673

Nombre de départements

76

96

Nombre de régions

18

22

Population au dernier recensement de la population (millions)

9,76

56,61

Superficie en km²

291.560

543.960

Densité

33,5

104

Nombre d'emplois agricoles (milliers)

630

1.269

% d'emplois agricoles

14,7 %

5,7 %

Pour l'objectif 5b, les concours communautaires s'élèvent en France, sur la période 1994-1999, à 2,23 milliards d'écus (14,7 milliards de francs), dont 1,005 milliard d'écus pour le FEOGA orientation, 940 millions d'écus pour le FEDER et 290 millions d'écus pour le FSE. Pour l'objectif 1, ces concours sont de 2,19 milliards d'écus (14,5 milliards de francs), dont 431 millions d'écus pour le FEOGA.

En outre, les zones 1 et 5 b bénéficient des concours liés aux programmes d'initiatives communautaires (PIC), tels LEADER pour le développement rural, REGIS en faveur des régions ultra-périphériques, et INTERREG (coopération transfrontalière). La France doit recevoir 1,2 milliard d'écus au titre des différentes initiatives communautaires qui viennent d'être renouvelées pour 1994-1999. Ainsi, LEADER II, doté de 182 millions d'écus, soutient les projets de développement local (acquisition de compétences, innovations rurales et coopération transnationale).

La mise en application du programme ne paraît pas très rapide et le rythme devra en être accéléré, en vue d'assurer l'utilisation la totalité des crédits alloués par les fonds structurels.

Pour ce qui concerne les actions financées avec l'aide du FEOGA-Orientation, les crédits versés par ce fonds s'élèvent à 2,5 milliards de francs (pour un montant total de crédits alloués aux programmes 5b de 1,006 milliard de francs Ecus. En prenant un taux de subvention moyen de 12 % (moyenne de financement sur les programmes 5b), les réalisations possibles seraient d'un coût de l'ordre de 20 milliards de francs.

Les investissements réalisés à partir des crédits du FEOGA-Orientation recoupent un large spectre de domaines d'intervention.

Les parts relatives de ces actions sur la base des investissement réalisés au 31 décembre 1996, sont ventilés de la façon suivante :

a) Agriculture productrice et environnement : (61 %)

- Reconversion diversification de l'agriculture 15 %

- Micro-filières agro-alimentaires 12 %

- Actions forestières 8 %

- Actions foncières et pastorales 7 %

- Hydraulique agricole 2 %

- Protection de l'environnement 13 %

- Divers (vulgarisation, recherche et développement) 4 %

b) Développement rural : (39 %)

- Infrastructures rurales 18 %

- Rénovation des villages 10 %

- Tourisme 5 %

- Divers (vulgarisation, recherche et développement,

ingénierie financière 6 %

Votre rapporteur rappelle que le volet agricole d'Agenda 2000 proposé par la Commission européenne remet en cause les zonages existants en réduisant les objectifs structurels à 3 et en diminuant, notamment pour la France, les régions éligibles aux fonds structurels.

ENSEMBLE 5.1 - AMÉNAGEMENT ET PROTECTION DE L'ESPACE RURAL

(En millions de francs courants)

Dépenses constatées

1995

1996

Financement national

1.651

501,7

Financement CEE

339,1

1 526,5

TOTAL

1.990,2

2 028,2

Il faut également ajouter aux crédits de cet ensemble, une partie de ceux recensés dans l'ensemble 5-3 " autres financements en faveur de l'aménagement et de la protection de l'espace rural et forestier ".

Ainsi, au sens du " blanc " budgétaire, ce sont environ plus de 6,7 milliards de francs qui seraient consacrés à l'aménagement rural (dont près de 70% au titre de la compensation de différents handicaps), avec une participation communautaire de l'ordre de 45 %.

E. LE " JAUNE " BUDGÉTAIRE : UNE APPROCHE EXTENSIVE DES CRÉDITS D'AMÉNAGEMENT RURAL

Une dernière approche des crédits consacrés par le ministère de l'Agriculture à l'aménagement rural peut être tentée : celle retenue dans le " jaune budgétaire ", état récapitulatif des crédits affectés à l'aménagement du territoire.

On constate que l'aménagement rural mobiliserait plus de 10 milliards de francs sur le budget de l'agriculture . Le budget du ministère de l'Agriculture serait donc le deuxième contributeur -en moyens de paiement- à la politique d'aménagement du territoire, après celui des transports terrestres.

Suivant les conclusions de son rapporteur, la commission a donné un avis défavorable à l'adoption des crédits d'aménagement rural inscrits au budget du ministère de l'Agriculture et de la Pêche.

*

* *

EXAMEN PAR LA COMMISSION

Au cours de sa réunion du mercredi 29 octobre 1997 sous la présidence de M. Jean François-Poncet, président, la commission a procédé à l'examen du rapport pour avis de M. Henri Revol sur l'aménagement rural.

A titre liminaire, le rapporteur a précisé que cet avis, qui n'avait pas d'équivalent à l'Assemblée nationale, était la manifestation de l'intérêt que le Sénat portait à l'aménagement rural.

M. Henri Revol, rapporteur pour avis, a indiqué, en outre, que le regroupement actuel au sein d'un même ministère des questions relatives à l'aménagement du territoire et à l'environnement pourrait peut être, à terme, permettre de mieux cerner les crédits attribués à l'aménagement rural.

Il a souligné que l'indécision sur le contenu évolutif de cette notion s'accompagnait d'une opacité corollaire dans la nature des crédits qui peuvent précisément lui être attribués.

M. Henri Revol, rapporteur pour avis , a indiqué que les crédits explicitement consacrés à l'aménagement rural dans le bleu budgétaire représentaient près de 37,5 millions de francs, soit une baisse d'environ 20 % par rapport à 1997.

Il a ajouté que la dotation de 140 millions de francs destinée au Fonds de gestion de l'espace rural (FGER) dans le projet de loi de finances pour 1998 était également en baisse, avec une diminution de 10 millions de francs par rapport à 1997.

M. Henri Revol, rapporteur pour avis , a ensuite observé que les crédits d'aménagement foncier et d'hydraulique ainsi que ceux consacrés aux grands aménagements régionaux étaient eux aussi en baisse, à l'instar de ceux destinés à la compensation des handicaps ou des contraintes spécifiques. Il a noté qu'1,7 milliard de francs étaient consacrés à la compensation de contraintes particulières, soit une baisse de 6 % par rapport à 1997.

Le rapporteur pour avis a alors souligné l'importance des répercussions des propositions de la Commission européenne sur le projet agricole d'Agenda 2000 en matière de politique rurale, et observé que les mois à venir seraient décisifs pour l'aménagement rural. Il s'est interrogé sur l'avenir du projet de loi sur l'espace rural prévu à l'article 61 de la loi du 4 février 1995 et sur la présentation par les pouvoirs publics du schéma national d'aménagement du territoire, prévu par la même loi.

M. Henri Revol, rapporteur pour avis , s'est également demandé ce qu'il en serait du projet de loi d'orientation agricole annoncé par le Premier ministre au mois de juin dernier -qui fait actuellement l'objet de réunions de travail-, soulignant que le projet de loi présenté en mai 1997 par le Gouvernement précédent consacrait, lui, un titre entier à l'aménagement et au développement de l'espace rural. Il s'est inquiété, également, du sort des quatre-vingt mesures en faveur des régions et du développement du territoire, adoptées lors du comité interministériel d'aménagement et de développement du territoire qui s'était tenu à Auch, le 10 avril dernier.

M. Henri Revol, rapporteur pour avis, a conclu que le monde rural avait besoin aujourd'hui d'une politique active et de décisions au plus près du terrain.

En conséquence, il a proposé à la commission de donner un avis défavorable à l'adoption des crédits du ministère de l'agriculture et de la pêche consacrés à l'aménagement rural.

M. Jean François-Poncet, président, a confirmé l'incertitude dans laquelle on se trouvait quant aux différents textes évoqués par le rapporteur pour avis, rappelant notamment que, lors de son audition par la commission, Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement, n'avait pas été en mesure de donner des indications certaines sur le contenu et le calendrier du projet de schéma national d'aménagement du territoire.

Après avoir rappelé le montant de la dotation initiale en 1995 du FGER, M. Jean Huchon a fait part de ses inquiétudes quant à la pérennité des crédits consacrés à ce fonds.

M. Fernand Tardy a souligné que l'insuffisance des dotations destinées au FGER datait déjà du précédent Gouvernement.

M. Aubert Garcia a noté que le FGER n'avait fait l'objet d'aucune inscription dans le projet de loi de finances initial pour 1997.

M. Roger Rinchet a précisé que les crédits consacrés au FGER dans son département étaient entièrement consommés, mais a souligné que tel n'avait pas été le cas, semble-t-il, dans d'autres régions.

M. Jean François-Poncet, président, a regretté que le ministère des finances ait parfois tendance à mettre des obstacles à la consommation des crédits, puis à tirer argument de cette non-consommation pour supprimer les crédits en cause. Il a évoqué l'exemple, encore plus caractéristique, du Fonds national de développement des entreprises qui n'avait jamais été effectivement mis en place alors même que sa création avait été décidée par la loi.

MM. Philippe François et Louis Althapé ont constaté que les crédits adoptés par le Parlement faisaient parfois l'objet de transfert et d'annulation de crédit durant l'année d'exécution, ce qui tendait à minimiser le vote par le Sénat du projet de loi de finances.

Répondant à M. Fernand Tardy, qui s'interrogeait sur les recours dont disposait le Parlement face à des annulations de crédits, M. Jean François-Poncet, président, a souligné que le seul moyen efficace était le rejet du budget.

Suivant les conclusions de son rapporteur pour avis, et après que le groupe socialiste eut fait part de son avis favorable, la commission a ensuite émis un avis défavorable à l'adoption des crédits du ministère de l'agriculture et de la pêche consacrés à l'aménagement rural dans le projet de loi de finances pour 1998.


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