III. LA FRANCE ET LE TRAITÉ D'INTERDICTION COMPLÈTE DES ESSAIS NUCLÉAIRES

Concernée au premier rang en qualité de puissance nucléaire, la France s'est fortement impliquée en faveur de la conclusion du traité et elle est en mesure de jouer un rôle important dans sa mise en oeuvre.

Toutefois, en décidant non seulement d'arrêter définitivement ses essais nucléaires, mais également de démanteler ses installations d'expérimentation, la France s'est placée dans une situation singulière qui lui impose, plus qu'aux autres puissances nuclaires, des exigences fortes, et en premier lieu la parfaite mise en oeuvre du programme de simulation.

A. UNE IMPLICATION FORTE DANS LA CONCLUSION ET LA MISE EN PLACE DU TRAITÉ

En grande partie conforme aux objectifs fixés par la France, ce traité lui permettra également de jouer un rôle important dans la vérification de son application.

1. Un traité en grande partie conforme aux objectifs de la France

Le traité s'avère en très grande partie conforme aux objectifs que la France s'était fixés au cours de la négociation.

C'est en premier lieu la France qui a proposé "l'option zéro", c'est-à-dire l'interdiction complète des essais nucléaires quelle que soit leur puissance, qui donne au traité sa portée très large.

Pour autant, le traité préserve les activités de simulation qui doivent permettre, en l'absence d'essais, d'assurer la sûreté et la fiabilité des armes nucléaires françaises.

En ce qui concerne l'impact du traité sur l'arsenal nucléaire français, on doit constater que le traité ne comporte aucun engagement en matière de désarmement nucléaire et que d'autre part le but recherché par l'interdiction des essais n'est nullement incompatible avec la position de la France, qui a clairement indiqué qu'elle n'entendait pas accroître le nombre ou la puissance des armes existantes ni concevoir de nouveaux types d'armes nucléaires

La France tenait également à ce que l'interdiction des essais soit assortie d'un système de vérification efficace. Sur ce plan, le caractère très complet du système de surveillance international et les mécanismes d'inspection, qui permettent un contrôle réel tout en ménageant la souveraineté des Etats, sont des résultats incontestablement satisfaisants.

En ce qui concerne la clause d'entrée en vigueur, elle apparaît certes de nature à hypothéquer l'application effective du traité mais il n'était guère conforme à l'objectif de non-prolifération d'adopter une solution qui aurait imposé l'arrêt des essais aux cinq puissances nucléaires reconnues sans en faire de même pour les Etats du seuil.

D'une manière générale, l'adhésion de la France à ce traité qui renforce le régime de non-prolifération participe d'une contribution significative de la France aux processus de lutte contre la prolifération et de désarmement nucléaire dont on peut retenir : l'adhésion au TNP en 1992, la signature des traités de Rarotonga et de Palindaba sur la dénucléarisation du Pacifique Sud et de l'Afrique, le démantèlement du centre d'expérimentations du Pacifique, l'arrêt de la production de matières fissiles à des fins militaires et la fermeture des usines de Marcoule et de Pierrelatte, la suppression de la composante terrestre de la dissuasion (missiles mobiles Hadès et missiles stratégiques du plateau d'Albion) et la réduction à quatre sous-marins nucléaires du format de sa composante sous-marine.

2. Un rôle important dans le fonctionnement de l'Organisation du traité

Le rôle de la France dans le fonctionnement de l'Organisation du traité apparaît à de multiples niveaux.

Tout d'abord, par le nombre des installations de surveillance qu'elle accueille, par sa contribution financière et surtout par ses compétences et son expérience dans les techniques de surveillance, la France semble assurée d'un siège permanent au Conseil exécutif lorsque le traité entrera en vigueur.

Ces mêmes compétences devraient la mettre en mesure d'occuper une place de premier plan dans l'encadrement de l'organisation.

Enfin, les moyens propres dont dispose la France dans le domaine de la surveillance lui permettront de disposer d'éléments supplémentaires d'appréciation et de renforcer ainsi l'étendue et la fiabilité des informations fournies par le système de surveillance internationale.

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