2. Des éléments de "divergence"

La convergence nominale n'a pas fait disparaître l'hétérogénéité des économies européennes.

Trois pays, l'Allemagne, la France et l'Italie, représentent près de 60 % de la richesse de l'Europe. Les niveaux de production par habitant diffèrent beaucoup.

Données relatives aux écarts de développement
entre pays européens

 

PIB aux prix courants 1)

PIB par habitant 2)

 

1991

1997

1991

1997

B

160,6

215,4

104,1

111,4

DK

104,7

144,1

131,7

144,6

D

1.391,5

1.916,6

112,8

123,4

EL

72,1

103,6

45,8

51,8

E

427,6

483,0

71,3

64,9

F

971,7

1.256,1

110,5

113,2

IRL

37,5

61,3

69,0

89,5

I

931,1

1.004,7

106,4

92,5

L

8,8

13,9

147,8

175,3

NL

234,8

320,9

101,1

108,6

A

133,5

184,1

110,7

120,0

P

61,8

89,1

40,6

47,7

FIN

98,1

104,1

126,6

107,2

S

193,5

212,4

145,7

125,8

UK

818,2

969,9

91,8

86,9

EUR 15

5.645,4

7.078,9

100,0

100,0

1) en milliards d'écus

2) Europe à 15 = 100

Ces écarts sont pour certains pays en voie de réduction alors que pour d'autres, ils se creusent.

L'instauration d'une monnaie unique accentuera leur lisibilité. Il est alors à redouter que les gouvernements des pays en retard de développement ne subissent des pressions auxquelles une réponse appropriée devra être apportée. La convergence des variations des coûts salariaux unitaires observée récemment invite à un certain optimisme, mais les disciplines dont elle témoigne ne devront pas être relâchées.

C'est d'autant plus indispensable que la part des salaires dans les pays en cause est relativement élevée comme le montre le tableau ci-dessous.

Part des salaires dans le PIB

(% du PIB aux coûts des facteurs)

Pays

1991

1997

B

72,0

69,7

DK

71,2

69,4

D

69,3

66,5

EL

71,5

72,6

E

68,5

63,3

F

68,3

66,2

IRL

70,2

62,2

I

72,8

68,3

L

73,5

72,1

NL

65,3

65,1

A

69,3

66,1

P

76,7

71,3

FIN

76,7

68,2

S

76,2

72,6

UK

76,7

71,0

EUR 15

71,6

68,4

La question des effets de la monnaie unique sur la convergence réelle en Europe est, quant à elle, un objet de conjectures.

La disparition de l'aléa monétaire pourrait favoriser une allocation des facteurs et un développement des échanges plus en accord avec les niveaux relatifs de la compétitivité des pays européens. Il s'ensuivrait un certain rattrapage structurel.

Compétitivité de quelques pays européens

Prix relatif du PIB en monnaie commune Allemagne = 100


1986


1991


1993


1995


1998

France

100

96,3

90,8

88,1

91,9

Belgique

100

102,2

99,0

100,0

102,1

Pays-Bas

100

94,1

89,7

89,3

91,9

Espagne

100

124,2

102,5

94,6

100,9

Italie

100

111,0

88,3

76,8

94,6

Source : OFCE

Une réorientation des flux d'investissement pourrait favoriser les pays en retard de développement.

Mais, la fragilité des indices de compétitivité, la complexité de ses déterminants, imposent une certaine circonspection.

Un scénario inverse est d'ailleurs avancé par certains qui, remarquant la spécialisation économique et géographique à l'oeuvre aux Etats-Unis, tablent sur un phénomène semblable en Europe, qui bénéficierait aux pays les plus développés.

Le niveau de développement n'est pas le seul élément de différenciation en Europe. Les niveaux de chômage y sont très disparates.

Taux de chômage en Europe en 1997

(% de la population active civile)

Pays

1997

B

9,9

DK

6,0

D

9,1

EL

9,0

E

21,5

F

12,4

IRL

12,0

I

12,3

L

3,0

NL

6,3

A

4,3

P

7,1

FIN

14,9

S

9,4

UK

7,8

EUR 15

10,8

Source : Commission européenne

Cette situation est de nature à influer sur la capacité des différents Etats à maîtriser leurs finances publiques. Elle pourrait aussi receler des facteurs de divergence dans l'évolution des coûts et donc des prix.

Mais c'est également le rythme de croissance qui différencie les Etats européens.

Croissance en volume des pays européens de 1992 à 1997

(variations en %)

 

Années

 

1992

1993

1994

1995

1996

1997

B

1,7

- 1,4

2,3

1,9

1,4

2,2

DK

0,2

1,5

4,4

2,8

2,1

3,1

D

2,2

- 1,1

2,9

1,9

1,4

2,2

EL

0,4

- 1,0

1,5

2,0

2,4

2,5

E

0,7

- 1,2

2,1

2,8

2,1

2,7

F

1,2

- 1,3

2,8

2,2

1,1

2,1

IRL

4,6

3,7

7,3

10,7

7,8

5,8

I

0,6

- 1,2

2,1

3,0

0,8

1,4

L

1,9

0,0

3,3

3,4

2,3

2,8

NL

2,0

0,8

3,4

2,1

2,5

2,8

A

2,0

0,4

3,0

1,8

1,0

1,6

P

1,1

- 1,2

0,8

2,3

2,5

2,8

FIN

- 3,6

- 1,2

4,4

4,2

2,3

3,7

S

- 1,4

- 2,2

2,6

3,0

1,7

2,1

UK

- 0,5

2,2

3,8

2,4

2,3

3,0

EUR 15

0,9

- 0,5

2,8

2,4

1,6

2,3

Si, du fait de leur interdépendance économique, l'Allemagne et la France connaissent une conjoncture le plus souvent parallèle, les rythmes de croissance des autres Etats peuvent s'éloigner de la trajectoire du couple franco-allemand.

La nécessité de redresser les finances publiques à laquelle sont plus particulièrement confrontés certains pays pourrait accroître ces écarts.

Comme il s'agit d'une variable importante pour la définition de la politique monétaire, il y a là une source d'incertitudes.

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