A. LES STATISTIQUES CONCERNANT LE TRAFIC SUR LE CANAL FONT L'OBJET D'APPRÉCIATIONS CONTROVERSÉES

Les prévisions de trafic sur le canal Main-Danube ont donné lieu à la publication de chiffres très divers. Estimé à 14 millions de tonnes (mt) en 1965, le trafic était évalué à 8,5 mt en 1975 puis à 2,7 mt en 1981, avant d'être estimé à 6,4 mt l'année suivante. Ces chiffres ont largement varié, en fonction de l'évolution de la conjoncture et de l'appréciation de la volonté politique manifestée par les pouvoirs publics. La construction du canal n'a pas mis fin aux querelles d'experts et aux batailles de chiffres.

Partant de données identiques, les partisans et les opposants défendent des thèses contradictoires. Pour les premiers, le trafic a d'ores et déjà presque atteint l'objectif projeté pour l'an 2000, tandis que selon les seconds, la voie fluviale n'a pas permis le développement d'un trafic transeuropéen entre Main et Danube. Elle a, tout au plus, suscité un trafic local qui ne justifiait pas la réalisation d'un ouvrage aussi coûteux.

1. Le point de vue des partisans : une véritable réussite

Selon les prévisions figurant dans le plan des infrastructures fédérales de transport de 1992, le trafic annuel sur le canal devrait avoisiner, aux environs de l'an 2000 :

- 8,5 millions de tonnes sur la section Bamberg-Nuremberg, à l'ouest du bief de partage ;

- 5,7 millions de tonnes entre Nuremberg et Kelheim.

Or le trafic a atteint 6 millions de tonnes (mt) en 1993 ; 6,22 mt en 1994 ; avant de culminer à 6,67 mt en 1995. Passé à 6,1 mt en 1996 et 5,45 mt en 1997 il se décompose, selon l'administration des eaux et de la navigation, en trois masses d'importance très inégale :

- le trafic entre le canal et le Danube représente 0,264 mt ;

- le trafic interne au canal ne se monte qu'à 0,003 mt ;

- le trafic à l'écluse de Viereth, située en aval de Bamberg qui s'élève à 5,458 mt.

Au vu de ces résultats, les partisans du canal estiment que le trafic a atteint, en 1996, les deux tiers des prévisions pour la section Ouest. Les résultats de la section Est sont moins encourageants. Afin de nuancer ce constat, il convient de souligner la disparité entre le trafic sur le Main aux abords du canal (22 mt) et le trafic sur le Danube (6 mt). Comme on le verra ci-dessous cette situation s'explique essentiellement par l'existence de plusieurs goulets d'étranglement sur ce fleuve.

Reste à expliquer la diminution du trafic observée entre 1995 et 1997. Le secrétaire d'Etat au ministère des transports l'a attribuée, dans une réponse à la question d'un parlementaire :

- au gel qui s'est abattu sur le canal pendant 47 jours ;

- à la conjoncture défavorable du secteur du bâtiment et des travaux publics ;

- enfin, quoique dans une moindre mesure, à la fin de la guerre de Yougoslavie qui avait, dans un premier temps, accru le trafic sur le canal.

D'un point de vue global les partisans du canal soulignent que les améliorations apportées dans les années à venir sur le Main en amont et sur le Danube en aval auront une incidence sur le trafic. Il rappellent, à titre d'exemple, l'effet très positif qu'eut l'aménagement de la Sarre sur le trafic de la Moselle. Ce trafic est progressivement passé de 4,6 mt en 1965 à 9,4 mt en 1988 avant d'atteindre 14,5 mt en 1989, après la canalisation de la Sarre.

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