Projet de loi de finances pour 1999

MARINI (Philippe), Rapporteur général ; CHAUMONT (Jacques), Rapporteur spécial

RAPPORT GENERAL 66 (98-99), Tome III, Annexe 1 - COMMISSION DES FINANCES

Table des matières




N° 66

SÉNAT

SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999

Annexe au procès verbal de la séance du 19 novembre 1998.

RAPPORT GÉNÉRAL

FAIT

au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 1999 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,

Par M. Philippe MARINI,

Sénateur,

Rapporteur général.

TOME III

LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES

(Deuxième partie de la loi de finances)


ANNEXE N° 1

AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET COOPÉRATION :

I
. - AFFAIRES ÉTRANGÈRES

Rapporteur spécial : M. Jacques CHAUMONT

(1) Cette commission est composée de : MM. Alain Lambert, président ; Jacques Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Roland du Luart, Bernard Angels, André Vallet, vice-présidents ; Jacques-Richard Delong, Marc Massion, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; Philippe Marini, rapporteur général ; Philippe Adnot, Denis Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Henri Torre, René Trégouët.

Voir les numéros :

Assemblée nationale ( 11 ème législ.) : 1078 , 1111 à 1116 et T.A. 193 .

Sénat : 65 (1998-1999).


Lois de finances.

PRINCIPALES OBSERVATIONS

A. L'INTEGRATION DES MOYENS DE LA COOPÉRATION

Le projet de loi de finances pour 1999 constitue le premier budget unique résultant de l'intégration des moyens de la coopération dans l'ensemble du ministère des affaires étrangères.

Ce budget unique est l'expression de la réforme du dispositif de la coopération décidée par le gouvernement le 4 février dernier. Cette réforme, qui est une conséquence logique de l'extension des interventions du secrétariat à la coopération au-delà des pays du "champ" traditionnel, s'inscrit dans un mouvement de modernisation du ministère des affaires étrangères.

La direction générale des relations culturelles, scientifiques et techniques sera réorganisée en directions fonctionnelles, par "métiers". La direction générale de l'administration sera également refondue, ce qui permettra un raccourcissement de la chaîne hiérarchique et la constitution d'un pôle distinct pour les affaires immobilières. Enfin, les fonctions gestionnaires du secrétaire général du Quai d'Orsay seront confortées.

Après quatre années consécutives de baisse, le budget des affaires étrangères est à nouveau présenté en diminution pour 1999 . Cette baisse modérée de 0,7 % du budget unique recouvre, à structures constantes, une hausse de + 2,5 % des crédits provenant des affaires étrangères et une baisse de 7 % des crédits provenant de la coopération.

Ainsi, l'intégration des moyens de la coopération ne se traduit pas dans l'immédiat par des économies d'échelle. Au contraire, les moyens de fonctionnement du titre III sont présentés en progression de + 4,5 %.

Outre les mesures de revalorisation des rémunérations communes à tous les ministères, cette augmentation des moyens de fonctionnement inclut une mesure nouvelle de 23,6 millions de francs pour un début de remise à niveau des salaires des résidents dans les services à l'étranger.

Votre rapporteur avait souligné l'an dernier le problème de la sous rémunération chronique du personnel résident . En effet, le niveau des traitements servis par les services diplomatiques français à leurs personnels recrutés localement est souvent inférieur à celui du marché du travail pour des qualifications identiques. Sur ce point, les ambassades françaises souffrent de la comparaison avec les ambassades des autre pays européens, et même avec les postes d'expansion économique. Il en résulte une démotivation insidieuse du personnel résident, qui se traduit par un flux permanent de démissions désorganisant la marche des services.

B. UN COUP D'ARRÊT A L'EROSION DES CONTRIBUTIONS INTER-NATIONALES VOLONTAIRES

Les dépenses d'intervention, qui constituent la part "discrétionnaire" des crédits du ministère des affaires étrangères, supportent l'essentiel de l'effort de rigueur budgétaire.

La diminution la plus spectaculaire a concerné les contributions volontaires aux dépenses internationales. En cinq ans, les crédits correspondants sont passés de 697,2 millions de francs à 228 millions de francs, soit une baisse de 67 %. Pour 1999, une mesure nouvelle de 50 millions de francs marque un coup d'arrêt à ce mouvement d'érosion.

Les contributions volontaires ont clairement fait office de variable d'ajustement du budget des affaires étrangères. Leur diminution spectaculaire est de nature à porter atteinte au crédit international de la France, qui risque à moyen terme de se trouver exclue des conseils d'administration des organisations concernées.

Il convient de souligner que, pour les pays en développement qui en sont principalement bénéficiaires, ces contributions volontaires ont diplomatiquement beaucoup plus d'importance que les contributions obligatoires, ou même que l'aide bilatérale souvent conditionnée.

Compte tenu de leur rareté, la répartition des contributions volontaires doit se faire avec discernement, en fonction de trois critères essentiels : la bonne gestion des organisations attributaires ; l'importance des retours économiques pour notre pays sur les programmes financés ; la présence au sein des organisations de ressortissants français ou francophones.

En tout état de cause, l'inflexion enregistrée pour 1999 ne peut être considérée que comme un premier pas vers le retour des contributions volontaires à un niveau plus conforme au statut international de la France, membre permanent du conseil de sécurité des Nations Unies.

C. LA RENOVATION DE LA POLITIQUE AUDIOVISUELLE EXTERIEURE


Après une longue période d'études et de réflexion, le ministère des affaires étrangères a engagé au printemps 1998 la rénovation attendue de sa politique audiovisuelle extérieure.

En augmentation de + 7,4 %, les subventions aux opérateurs de l'action audiovisuelle extérieure franchiront en 1999 le cap symbolique du milliard, pour s'établir à 1,039 milliard de francs . Cette augmentation sensible des crédits s'accompagne de leur redéploiement.

Ainsi, CFI a été recentrée sur sa mission initiale de banque de programmes et a cessé de faire concurrence à TV5 dans les régions du monde où elle était diffusée en réception directe (Afrique, Moyen-Orient et Asie).

RFI dégagera une économie de 80 millions de francs en abandonnant au 1er janvier prochain environ 40 % de ses diffusions en ondes courtes, cette technique de diffusion étant désormais obsolète. Sur cette somme, 20 millions de francs devraient être redéployés vers les actions télévisuelles.

La programmation de TV5 sera enrichie en oeuvres de qualité, plus coûteuses mais multidiffusées. La politique de différenciation du contenu des programmes et des horaires de diffusion selon les zones géographiques mérite d'être amplifiée. La mise au point d'une version internationale du journal télévisé, qui n'est pas encore achevée, ne doit pas forcément se traduire par l'abandon complet de la version nationale, compte tenu de la diversité du public de la chaîne francophone.

La consolidation de TV5 est nécessaire, car elle est actuellement la seule télévision francophone opérant sur le marché international. Mais il importe d'organiser la relève du secteur privé, en soutenant l'exportation des programmes des producteurs français et en subventionnant, au moins initialement, l'accès au satellite des chaînes françaises.

D. LES DEFIS DE L'ENSEIGNEMENT FRANÇAIS À L'ETRANGER

L'enseignement français à l'étranger est un élément essentiel du rayonnement de la France dans le monde. Les 275 établissements recensés à la rentrée 1997/98 ont scolarisé 64.822 élèves français et 92.694 élèves étrangers. Ce réseau éducatif contribue à la vitalité de la francophonie. Il est aussi une condition du renforcement de la présence économique française à l'étranger, car nos concitoyens n'acceptent de s'expatrier que s'ils ont la certitude de pouvoir trouver sur place une éducation de qualité pour leurs enfants.

Or, le financement du réseau de l'enseignement français à l'étranger doit faire face à trois défis.

Le premier défi est le redéploiement du réseau des établissements en fonction des nouvelles priorités internationales. Ce redéploiement nécessaire, notamment vers l'Europe centrale et orientale ou l'Asie du Sud-Est, ne peut s'effectuer qu'à moyens constants. Cette contrainte budgétaire implique des fermetures de classes dans les pays relativement bien dotés, tels l'Espagne ou le Maroc, décisions qui sont diplomatiquement délicates.

Le second défi est l'entretien ou l'agrandissement des installations existantes. Cet effort d'investissement est pris en charge par l'Etat pour les établissements en gestion directe. La dotation correspondante s'élève à 28 millions de francs en crédits de paiement pour 1999, soit une diminution de - 29,2 % par rapport à 1998. Il convient de signaler l'engagement cette année des travaux de rénovation des bâtiments du nouveau lycée de Moscou, dont le coût final devrait avoisiner 100 millions de francs.

Pour les établissements simplement conventionnés avec l'AEFE, le coût des investissements reste pour l'essentiel à la charge des comités locaux de gestion. Ce mode de financement est structurellement inadapté, car il aboutit à faire décider et supporter des dépenses lourdes engageant l'avenir par des parents d'élèves présents dans le pays pour des durées limitées, qui ne peuvent raisonner à aussi long terme. Il en résulte parfois des situations de blocage, des opérations urgentes se trouvant indéfiniment repoussées. Votre rapporteur tient à signaler la situation préoccupante du lycée français de Bangkok, qui ne correspond pas aux normes de sécurité appliquées en France.

Une solution, dans les pays où la présence économique française est importante, serait de faire contribuer directement aux investissements les grandes entreprises françaises bien implantées. En effet, celles-ci ont un intérêt permanent au développement d'établissements d'enseignement de qualité pour l'accueil des enfants de leur personnel expatrié, dont la rotation peut être rapide.

Le troisième défi est la hausse constante des droits d'écolage , pour partie conséquence du mode de financement des investissements. Ces droits peuvent atteindre 30.000 à 40.000 francs par an dans certains établissements. Il en résulte une sélection par l'argent des élites locales désireuses de scolariser leurs enfants dans les établissements français, ainsi que l'exclusion des familles d'expatriés qui ne disposent pas du soutien d'une grande entreprise.

En compensation de cette hausse des droits d'écolage, une mise à niveau des bourses a été engagée. L'augmentation de la dotation de 12 millions de francs en 1998 est prolongée pour 1999 par une mesure nouvelle de 20 millions de francs. Mais cette mesure palliative ne saurait justifier le désengagement de l'Etat du financement de l'enseignement français à l'étranger.

E. LA NECESSAIRE MAITRISE DES DEPENSES IMMOBILIERES

Le ministère des affaires étrangères dispose d'un patrimoine exceptionnel. Outre les sites parisiens, les 368 services à l'étranger constituent un parc immobilier particulièrement vaste, dont les contours exacts restent d'ailleurs assez mal connus. Il importe premièrement de recenser l'existant, en y consacrant les moyens humains et informatiques nécessaires.

Cette tâche d'inventaire inclut également les biens mobiliers affectés au ministère. L'obligation faite aux chefs de postes de tenir à jour un inventaire doit être clairement rappelée.

Certaines opérations immobilières récentes n'obéissent pas à une stricte rationalité fonctionnelle, mais à une volonté politique de marquer symboliquement la continuité de la présence de la France. Tel est le cas de la résidence des Pins à Beyrouth, d'un coût de 60,6 millions de francs, ou de l'ambassade à Berlin, d'un coût prévisionnel total de 325 millions de francs, dont 288 millions de francs à la charge du ministère des affaires étrangères.

Le projet d'ambassade à Abuja, nouvelle capitale administrative du Nigéria, répond également à des considérations symboliques. Ce projet de site commun à plusieurs Etats-membres de l'Union européenne a souffert de la défection de certains des partenaires de départ, qui se sont pris à douter de l'avenir d'Abuja.

Votre rapporteur, sans se prononcer définitivement sur l'opportunité de ces opérations somptuaires, estime impératif que leurs coûts soient maîtrisés et restent dans les enveloppes initialement fixées.

Mais, globalement, le réseau du ministère à l'étranger est arrivé à maturité et, sous réserve de certaines opérations exceptionnelles tel le projet de campus diplomatique de Pékin, ne nécessite plus que des opérations d'entretien et de rénovation.

La programmation pluriannuelle des travaux devrait être arrêtée par le nouveau comité de politique immobilière, qui présente l'avantage de faire trancher les décisions importantes directement par le ministre. Votre rapporteur approuve la recherche d'économies engagée, grâce à la révision des procédures de marchés publics et à la maîtrise des surcoûts liés à la sécurité.

Dans le cadre d'un contrôle sur pièces et sur place de la cellule décoration du quai d'Orsay, votre rapporteur a pu constater le caractère dispendieux des pratiques de ce service, qui prenait certaines libertés avec les règles des marchés publics. La cellule décoration a été dissoute en début d'année, pour être intégrée dans une mission du patrimoine nouvellement créée.

Cette mission du patrimoine a pour objet de valoriser les bâtiments exceptionnels du ministère des affaires étrangères. Dans ce domaine, votre rapporteur estime urgent que soit fixée une doctrine officielle pour la mise à disposition des ambassades.

En effet, les pratiques actuelles, très variables, sont laissées à la simple appréciation des chefs de postes. Les contributions des entreprises bénéficiaires, qui semblent normales, pourraient transiter par l'intermédiaire d'une fondation architecturale ad hoc , instaurée pour concourir à l'entretien du patrimoine du ministère.

CHAPITRE PREMIER

L'ACTION EXTÉRIEURE DE LA FRANCE

Les crédits consacrés à l'action extérieure de la France s'élèveront à 50,9 milliards de francs pour 1999, à comparer au montant de 51,8 milliards de francs atteints en 1998, ce qui représente une baisse de 1,8 %. Cette baisse fait suite à l'augmentation de 5 % enregistrée en 1998 par rapport à 1997.

I. LES DIFFÉRENTES COMPOSANTES DE L'ACTION EXTÉRIEURE

Pour apprécier de façon complète l'action extérieure de la France, il faut ajouter aux 50,9 milliards de francs prévus pour 1999 une partie du budget communautaire .

En effet, le budget européen consacre une partie de ses crédits à des actions internationales. En 1997, 5,6 milliards d'écus, soit 36,6 milliards de francs, ont été destinés à l'action extérieure de l'Union européenne.

Compte tenu du taux de contribution de la France au budget communautaire, l'action extérieure de l'Union européenne représente en 1998 une charge de 5,8 milliards de francs pour notre pays. Cette charge devrait s'élever à 6 milliards de francs pour 1999.

Aussi, les crédits destinés à l'action extérieure de la France s'élèvent-ils en réalité à 56,9 milliards de francs pour 1999 (contre 57,7 milliards de francs en 1998) .

Le tableau ci-après retrace l'ensemble des crédits concourant à l'action extérieure de la France, hors crédits communautaires.

Etat récapitulatif des crédits de toute nature concourant à l'action extérieure de la France (Dépenses ordinaires et crédits de paiement)

(en millions de francs)

 

1999

Budgets

Animation des services

Action bilatérale

Action multilatérale


Total

I. BUDGET GENERAL

A. Dépenses civiles


Affaires étrangères et coopération :

I. Affaires étrangères

II. Coopération

Agriculture, pêche et alimentation

Aménagement du territoire et environnement

I. Aménagement du territoire

II. Environnement

Anciens combattants

Culture et communication

Economie, finances et industrie :

I. Charges communes

II. Services communs et financiers

III. Industrie

Education nationale, recherche et technologie

I. Enseignement scolaire

II. Enseignement supérieur

III. Recherche et technologie

Emploi et solidarité

I. Emploi

II. Santé, solidarité et ville

Equipement, transports et logement :

I. Urbanisme et services communs

II. Transports - Routes

II. Transports - 4. Transport aérien

II. Transports - 5. Météorologie

IV. Mer

V. Tourisme

Intérieur et décentralisation

Jeunesse et sports

Justice

Outre-mer

Services du Premier ministre - Services généraux

6.102,51

567,73

90,00

45,13

6,11

9,62

4,80

12,00

1.522,97

20,65

37,36

131,00

6,86

39,95

65,40

2,42

5,77

3,51

31,64

213,37

19,10

3,19

5.176,56

5.392,37

452,61

29,95

270,23

153,99

6.284,40

21,60

238,00

11,30

2.961,23

34,14

2,00

153,00

81,66

145,80

3.526,21

10,10

31,94

4.231,00

280,00

56,53

11,57

3,90

4.704,80

5,00

0,70

0,80

2,00

200,00

5,68

34,00

14.815,28

5.960,10

542,61

45,13

46,16

279,85

190,73

10.527,40

1.802,97

98,78

287,53

146,10

7.666,03

46,00

40,65

68,20

2,42

2,00

205,77

3,51

184,64

213,37

87,34

19,10

3,19

179,80

Totaux dépenses civiles

8.941,16

21.409,44

13.114,13

43.464,72

B. Défense (services à l'étranger)

1.113,30

126,00

0,00

1.238,30

Totaux budget général (A + B)

10.064,45

21.534,44

13.114,13

44.703,02

II. BUDGETS ANNEXES

Aviation civile

Totaux budgets annexes

10,48

10,48

2,90

2,90

303,79

303,79

317,17

317,17

III. COMPTES SPECIAUX DU TRESOR

Soutien financier de l'industrie cinémato-graphique et de l'industrie audiovisuelle

Compte d'emploi de la taxe parafiscale affectée au financement des organismes du service public de la radiodiffusion sonore et de la télévision

Prêts du Trésor à des Etats étrangers et à la Caisse française de développement

Prêts du Trésor à des Etats étrangers pour la consolidation de dettes envers la France

Exécution des accords internationaux relatifs à des produits de base

 

72,50

165,40

208,00

5.200,00

308,00

72,50

165,40

208,00

5.200,00

308,00

Totaux comptes spéciaux du Trésor

0,00

5.645,90

308,00

5.963,00

Total intermédiaire (I + II + III)

10.064,53

27.183,24

13.726,92

50.974,09

Total quote-part française des crédits d'action extérieure de l'Union européenne : IV

 
 



5.979,00



5.979,00

TOTAL GENERAL (I + II + III + IV)

10.064,93

27.183,24

19.704,92

56.953,09

A. UNE ACTION PRINCIPALEMENT BILATÉRALE

Sur les 50,9 milliards de francs de crédits prévus pour l'action extérieure en 1999 :

l'action bilatérale représente 27,2 milliards de francs, soit 53,3 % des crédits ;

l'action multilatérale représente 13,7 milliards de francs, soit 26,9 % des crédits ;

l'animation des services représente 10 milliards de francs, soit 19,8 % des crédits.

L'action bilatérale comprend les aides à l'ajustement structurel, les annulations et consolidations de dettes, l'aide-projet, l'action culturelle, l'assistance technique et militaire, l'appui aux initiatives privées et décentralisées, les garanties à l'exportation, le soutien à la recherche et à la coopération scientifique.

L'action multilatérale représente essentiellement la participation française à des organismes ou à des programmes internationaux.

La dépense d'animation des services représente le coût des réseaux à l'étranger, mais aussi celui des services d'administration centrale qui leur sont liés.

B. LA PART LIMITÉE DU MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES

Les crédits concourant à l'action extérieure de la France sont répartis entre 28 sections budgétaires.

Toutefois, quatre d'entre elles représentent environ 80 % des crédits : les affaires étrangères, les charges communes, les comptes spéciaux du Trésor et le budget civil de recherche et développement.

Le budget des affaires étrangères représente à lui seul 40,7 % des crédits avec 20,8 milliards de francs sur le total de 50,9 milliards de l'action extérieure. Dans le cadre de la réforme de l'aide publique au développement, ce budget inclut les moyens de l'ancien ministère délégué à la coopération. Ce budget unifié s'inscrit en baisse de 0,7 % par rapport à 1998.

Les parties du budget des charges communes et des comptes spéciaux du Trésor consacrées à l'action extérieure s'élèvent à 17,4 milliards de francs pour 1999, ce qui représente 34,3 % de l'action extérieure. Ces crédits sont en augmentation de 1,7 % par rapport à 1998, après avoir diminué de près d'un quart cette année par rapport à 1997.

Ils ne retrouvent toutefois pas leur niveau de 1996, qui était de 21 milliards de francs. Cette forte baisse s'explique par la diminution des annulations et consolidations de dettes grâce à la résorption progressive de la crise de la dette dans les pays en développement et, d'autre part, par le retard enregistré dans le programme de versement des dotations nationales aux organismes multilatéraux de développement, dû en particulier à l'attitude en retrait des Etats-Unis.

L'effort consenti en 1999 permet de maintenir un haut niveau d'aide bilatérale et multilatérale à l'issue du plan d'accompagnement de la dévaluation du franc CFA, dans un contexte de croissance économique annuelle des pays de la zone Franc supérieure à 5 % depuis 1995. Le PLF 1999 traduit également la réforme des outils de coopération décidée par le gouvernement.

Il traduit enfin le soutien de la France aux organismes multilatéraux de développement, dont les moyens progressent de 7,4 %. Cet accroisement reflète la montée en puissance des outils européens, liée à l'entrée en vigueur du 8e protocole financier du FED et au doublement du capital de la BERD.

Les crédits du budget civil de recherche et développement consacrés à l'action extérieure sont répartis entre plusieurs budgets. Ils s'élèvent à 7,7 milliards de francs en 1999, au lieu de 7,6 milliards de francs en 1997.

Les crédits consacrés par les autres ministères à l'action extérieure représentent essentiellement les coûts des réseaux autres que le réseau diplomatique et consulaire .

Au total, l'ensemble formé par les budgets des affaires étrangères et de la coopération est sensiblement plus important (40,8 %) que celui formé par le budget des charges communes et les comptes spéciaux du Trésor (34,4 %).

Votre rapporteur relève néanmoins que la part relative des crédits gérés directement par le ministre des affaires étrangères continue de diminuer par rapport à celle des crédits relevant de la compétence du ministre de l'économie et des finances, puisque les pourcentages correspondants étaient en 1998, respectivement, de 41,4 % et 33,9 %.

Cette constatation amène à s'interroger sur le rôle du ministère des finances dans la conduite de la politique extérieure de la France, et sur les possibilités de contrôle effectif du ministère des affaires étrangères.

Par ailleurs, la part du budget des affaires étrangères dans le budget de l'Etat progresse apparemment de 0,91 % en 1998, à 1,28 % en 1999.

Mais cette hausse résulte en fait de l'intégration des crédits de la coopération. A structure constante, le budget des affaires étrangères représente 0,91 % du budget de l'Etat en 1999 comme en 1998 et reste à son plus bas niveau relatif depuis quinze ans . Il a anticipé dès 1993 l'effort de rigueur qui s'est étendu depuis à l'ensemble des départements ministériels.

Votre commission des finances considère que ce budget correspond à l'une des fonctions de l'Etat régalienne par excellence. Elle vous propose donc de l'exclure de la réduction globale de 26 milliards de francs des crédits du budget général qu'elle estime par ailleurs indispensable pour parvenir en 1999 à une maîtrise réelle des dépenses budgétaires.

II. LES RÉSEAUX À L'ÉTRANGER

Si la politique extérieur de la France à l'étranger est placée, en droit tout au moins, sous la seule responsabilité des ambassadeurs, sa mise en oeuvre repose sur des réseaux nombreux et variés.

A. DES RÉSEAUX ÉTOFFÉS

Le réseau administratif à l'étranger recouvre 19 catégories d'implantation pour un total de plus de 787 services répartis dans 160 pays. Il est plus ou moins dense, pouvant atteindre jusqu'à 38 postes, comme aux Etats-Unis, ou bien se limiter à une représentation, ce qui est le cas dans 12 pays seulement.

A ce total, il convient d'ajouter 17 représentations permanentes auprès d'organisations internationales.

La répartition géographique de ces réseaux fait apparaître une densité particulière dans certaines zones : l'Afrique, l'Europe occidentale et l'Amérique du Nord. En revanche, l'Asie et l'Europe orientale sont, pour l'instant encore, moins bien pourvues.



On observera que sur les 28 sections budgétaires qui concourent à l'action extérieure, seules 9 disposent d'un réseau à l'étranger dont elles financent les coûts de fonctionnement : les affaires étrangères et la coopération, l'agriculture, les anciens combattants, l'économie et les finances, l'équipement, l'aménagement du territoire, l'intérieur, l'emploi et la solidarité, la défense.

L'ensemble de ces réseaux repose sur les compétences de 20.874 agents, dont 57,2 % en administration centrale et 58 % à l'étranger, les réseaux comprenant près de 9.000 agents expatriés en 1998.

Le tableau ci-après fournit la répartition des effectifs d'agents expatriés et leur évolution pour 1999.

Composition du réseau administratif à l'étranger

le réseau diplomatique avec les ambassades bilatérales et les représentations permanentes auprès des organisations internationales multilatérales,

le réseau consulaire avec les consulats généraux, les consulats et les chancelleries détachées, ainsi que les sections consulaires d'ambassades, les antennes consulaires et les consuls honoraires,

le réseau des attachés d'armement et de défense du ministère de la défense

pour le ministère de l'équipement :

- les bureaux de la DATAR,

- les conseillers du ministère de l'équipement,

- les services de la mer,

- les bureaux du tourisme.

le réseau du Service de coopération technique international de police,

le réseau du ministère des anciens combattants,

pour le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie:

- le réseau des paieries,

- le réseau des agences financières du Trésor,

- le réseau des postes d'expansion économique.

les conseillers aux affaires sociales.

pour le ministère de la coopération :

- les missions de coopération et d'action culturelle,

- les centres médico-sociaux,

- les missions d'assistance militaire.

les attachés agricoles.

les réseaux relais institutionnels:

- les instituts et centres culturels,

- le réseau de la Caisse française de développement,

- les chambres de commerce et d'industrie à l'étranger,

- les établissements d'enseignement français à l'étranger.

Un redimensionnement des réseaux et un redéploiement dans une perspective pluriannuelle ont été amorcés depuis quelques années. Ces mesures sont préparées et suivies par le comité interministériel des moyens de l'Etat à l'étranger (CIMEE). Elles répondent notamment aux orientations prioritaires arrêtées par le Président de la République, parmi lesquelles figure le redéploiement vers l'Asie.

B. L'ADAPTATION DES RÉSEAUX

Les redéploiements effectués au sein de l'ensemble des réseaux à l'étranger témoignent d'un souci d'adapter les réseaux aux nouveaux enjeux politiques et économiques, tout en prenant en compte la nécessité de réaliser des économiques budgétaires.

Le réseau du ministère des affaires étrangères poursuit ainsi sa rationalisation en 1998.

Le schéma d'adaptation des réseaux diplomatique, consulaire et culturel, adopté en 1994, a connu sa dernière étape en 1998 avec la suppression nette de 107 emplois à l'étranger. Ce programme repose sur le principe d'une forte contraction de certaines catégories d'agents expatriés, en contrepartie de moyens nouveaux permettant notamment la modernisation des outils de fonctionnement et l'amélioration de l'encadrement des postes à l'étranger.

Au total, sur les cinq années d'application, la suppression de 600 emplois a permis de dégager une économie globale de 222 millions de francs . Les contreparties accordées ont permis de recruter un auxiliaire local pour deux emplois supprimés, de créer 46 emplois d'encadrement, et de couvrir les besoins liés à la sécurisation des réseaux ou à l'informatisation des outils de gestion.

Les créations, suppressions ou transformations de postes sont retracées dans le tableau ci-après :


Année

Créations de postes

Suppressions ou transformations

1993

- Bratislava , ambassade

- UEO , représentation permanente (Bruxelles)

- OIAC , représentation permanente (La Haye)

- Salonique , consulat général

- Mogadiscio , représentation spéciale (janvier)

- Andorre , viguerie transformée en ambassade

- Skopje , délégué général en mission

- Tbilissi , ambassadeur en mission

- Sarajevo, ambassadeur en mission

- Kaboul , chargé d'affaires en mission

- Canton , consulat général

- Jakarta , consulat transformé en section consulaire

- Kinshasa , consulat transformé en section consulaire

- Bratislava , consulat général

- Mogadiscio , représentation spéciale (juin)

- Gand , consulat

- Jersey , consulat

- Brazzaville , consulat transformé en section consulaire

- Palma de Majorque , consulat

- Saint Sébastien , chancellerie détachée

- Valence , consulat général

1994

- Skopje , ambassade minimale

- Sarajevo , ambassade minimale

- Tbilissi , ambassade minimale

- Achgabat , chargé d'affaires en mission

- Kigali , ambassade (fermeture provisoire)

1995

- Kigali , ambassade réouverture

- Bagdad , ouverture d'une section des intérêts français de l'ambassade de Roumanie

- Chisinau , chargé d'affaires en mission

- Oran et Annaba , consulats généraux (mise en sommeil)

1996

- Moscou , consulat (anciennement section consulaire)

- Chisinau , ambassadeur en mission

- Achgabat , ambassade de plein exercice

- Oulan Bator, ambassadeur en mission

- Asmara , ambassadeur en mission

- Kingston , ambassade

- Freetown , ambassade

- Monrovia , ambassade

- Lilongwe , ambassade

- Florence , consulat général

- Honolulu , consulat général

- Mons , consulat général

- Edmonton , consulat

- San Juan de Puerto Rico , consulat

1997

- Canton , consulat général (réouverture)

- Gaborone , antenne consulaire

- Niamey

- Bâle
, transformation du consulat général en chancellerie détâchée ;

- Venise , transformation du consulat général en consulat honoraire

1998

- Banja Luka, bureau d'ambassade rattaché à Sarajevo

- Wuhan , consulat général

 

Ces mouvements de postes ont pour principal objet de compléter la couverture diplomatique de la France dans les Etats de l'ex-URSS et de l'ex-Yougoslavie, grâce à des redéploiements et à des fermetures, principalement en Europe occidentale et en Afrique.

La période 1991-1994, notamment, a été particulièrement riche en créations et transformations de postes en raison du démembrement de l'URSS et de la Yougoslavie : ouverture de 12 ambassades de plein exercice et création de 3 chefs de poste "en mission", débouchant en 1994 sur trois nouvelles ambassades (Skopje, Sarajevo, Tbilissi).

Depuis, la volonté de la France de compléter sa couverture diplomatique dans les Etats de l'ex-URSS s'est traduite par la nomination de chargés d'affaires (1994-1995), puis d'ambassadeurs "en mission" à Achgabat et Chisinau (1996). Deux autres ambassadeurs "en mission" ont par ailleurs été nommés, ultérieurement, à Asmara et Oulan Bator (été 1996).

Cette formule des chefs de poste "en mission", qui a déjà fait ses preuves à Sarajevo, Tbilissi et Skopje, permet d'assurer un certain nombre e contacts politiques et économiques : la présence alternée des chefs de poste dans leur pays d'accréditation et à Paris favorise la connaissance des pays concernés ainsi que la prise en compte des intérêts d'institutions ou de sociétés françaises.

Dans la plupart des cas, cependant, la nomination de chefs de postes "en mission" débouche, à plus ou moins longue échéance, sur la création d'ambassades de plein exercice (cf. Sarajevo, Tbilissi, Skopje, et plus récemment, Achgabat).

Votre rapporteur estime que la transformation des missions en ambassades de plein exercice pourrait s'effectuer à moindre coût si la France adoptait, comme certains autres Etats européens, un format standard d'ambassade plus modeste.

Les préoccupations de sécurité expliquent par ailleurs certaines décisions tels la mise en sommeil des consulats généraux à Oran et Annaba et le regroupement de tous les services à Alger.

De nouvelles modifications de la carte diplomatique et consulaire sont intervenues en 1996 : nomination de deux ambassadeurs "en mission" en Erythrée et en Mongolie, création d'une ambassade de plein exercice au Turkménistan et réouverture de notre consulat général à Canton. Ce réajustement du réseau s'est traduit par la fermeture, en décembre 1996, de quatre ambassades et de cinq consulats.

En 1997, quelques modifications ont été apportées au réseau consulaire (transformation de Bâle en chancellerie détachée, de Niamey en section consulaire d'ambassade, de Gaborone en antenne consulaire). Le consulat général à Venise a été fermé à la fin de l'année 1997 et remplacé par un consulat honoraire, formule retenue par nos principaux partenaires européens. Enfin, en 1998, un bureau d'ambassade, rattaché à Sarajevo, a été créé à Banja Luka (République Serbe de Bosnie), et un nouveau consulat général en Chine a été ouvert à Wuhan.

Les réseaux du ministère de l'économie et des finances font également l'objet de mesures de redéploiement.

Le réseau de l'expansion économique est entré en 1996 dans une nouvelle phase, prévue pour quatre ans, de redéploiement de ses effectifs des pays de l'OCDE, où le relais sera pris progressivement par les chambres de commerce et les fédérations professionnelles, et d'Afrique, vers les pays émergents d'Asie, d'Amérique latine, d'Afrique australe et d'Europe centrale et orientale. Cela permettra de dégager une économie nette de 65 emplois budgétaires, dont 27 en 1997 et 19 en 1998 et 1999.

Le réseau des conseillers financiers conserve une taille réduite, ce qui garantit sa capacité d'adaptation rapide aux besoins de l'action économique extérieure de la France. Concentré sur 21 postes, le réseau regroupe 140 agents.

La modernisation de la gestion de la dépense publique conduit parallèlement à une contraction du réseau de la direction de la comptabilité publique, qui se traduit par la suppression de 26 emplois budgétaires en 1998.

Dès 1996, il a été procédé :

- à la fermeture des postes d'expansion économique de Porto, Leipzig et Suva, et à l'ouverture d'un poste à Sarajevo et de deux antennes à Bakou et Wuhan ;

- à la création de postes mixtes regroupant les fonctions de consul général et de conseiller commercial, à Houston et Osaka ;

- au regroupement des postes d'expansion économique et des agences financières à Brasilia, Delhi et Pékin ;

En 1997, il a été procédé :

- à la fermeture des postes d'expansion économique de Stuttgart, Minsk (Biébrussie), Lusaka (Zambie), Dovala et Windoek (Namibie), et à l'ouverture d'un poste à Achkhabad (Turkménistan) et de deux antennes à Monterrey (Mexique) et La Khobar (Arabie Saoudite) ;

- au rapprochement du réseau de la DREE en Afrique avec celui des missions de coopération et d'action culturelle ;

- au regroupement des postes de conseillers auprès de l'OCDE et du comité d'aide au développement d'une part, de conseiller financier à Londres et de l'administrateur de la BERD d'autre part.

En 1998, il a été procédé :

- à la fermeture des postes d'expansion économique de Khartoum (Soudan), Gaborone (Bostwana) et Stuttgart (Allemagne) et à l'ouverture de deux antennes à Achkhabad (Turkménistan) et Posnan (Pologne) ;

- au rapprochement des réseaux DREE/Trésor : une nouvelle mission économique et financière devrait être ouverte à Moscou ;

- au rapprochement DREE/Affaires étrangères : deux nouveaux postes mixtes de consul général-conseiller commercial ont été créés à Dubaï (Emirats Arabes Unis) et Vancouver (Canada).

CHAPITRE II

PRÉSENTATION DES CRÉDITS

Le budget des affaires étrangères pour 1999 est marqué par l'intégration du secrétariat d'Etat à la coopération.

Cette réforme annoncée le 4 février dernier se traduit par la fusion des crédits du ministère des affaires étrangères et des crédits du secrétariat d'Etat à la coopération, qui se sont élevés en 1998 respectivement à 14,4 milliards de francs et 6,5 milliards de francs. L'analyse des crédits doit évidemment s'effectuer à périmètre constant .

L'examen du budget de la coopération, qui excède d'ailleurs largement les crédits désormais rattachés au ministère des affaires étrangères, continue de faire l'objet d'un rapport spécial distinct, confié à M. Michel Charasse.

Avec un montant de 20,77 milliards de francs pour 1999 en crédits de paiement, le budget des affaires étrangères apparaît en diminution de 0,7 % par rapport aux crédits votés pour 1998.

Les autorisations de programme demandées pour 1999 s'élèvent à 2,6 milliards de francs, en diminution de 0,6 % par rapport aux autorisations votées pour 1998.

Comme les années précédentes, le budget des affaires étrangères connaît une évolution spontanée due à l'effet "change-prix". Pour 1999, les mesures d'ajustement liées à cet effet sont évaluées à + 266,6 millions de francs. Ainsi, hors effet change-prix, la diminution effective du budget des affaires étrangères serait de - 2 % par rapport à 1998.


L'effet change-prix pour 1999

Une part importante des dépenses du ministère des affaires étrangères est soit réglée en devises, soit consacrée à des rémunérations de personnel en service à l'étranger. La gestion de ce budget est donc soumise conjointement à la variabilité des taux de change et à l'évolution des prix dans les différents Etats où le ministère intervient.

Le problème est de conserver le même pouvoir d'achat à des crédits marqués par cette double variabilité entre la période d'élaboration du budget et celle de son exécution.

Or, depuis plusieurs années, les effets "change nominal" par pays combinés aux effets différentiels de prix sont défavorables au budget du ministère des affaires étrangères. En effet, la dérive des prix est plus forte à l'étranger qu'en France, où l'on constate l'un des taux d'inflation les plus faibles du monde.

Pour 1999, les mesures d'ajustement à prévoir, sur la base d'un dollar à 6 francs, s'élèvent à 266,6 millions de francs (71,3 millions de francs sur les dépenses de rémunérations, 65,8 millions de francs sur les dépenses de fonctionnement et 129,5 millions de francs sur les dépenses d'intervention).

I. PRÉSENTATION PAR TITRE

Le tableau ci-après fournit le détail de l'évolution du budget des affaires étrangères par titre.

Evolution du budget des affaires étrangères pour 1999

Comme en 1998, le titre III est présenté pour 1999 en augmentation et le titre IV en diminution. Les titres V et VI apparaissent en diminution sensible, essentiellement en raison de l'évolution des dépenses en capital antérieurement inscrites au budget de la coopération.

Le tableau ci-après permet de comparer, pour chaque titre, les parts respectives, dans le nouveau budget unique, des crédits originaires du ministère des affaires étrangères et des crédits originaires du secrétariat d'Etat à la coopération.

Parts des affaires étrangères et de la coopération dans le budget pour 1999



Les crédits antérieurement rattachés au secrétariat d'Etat à la coopération représentent 28,7 % du total des crédits du budget "fusionné". Mais leur importance relative varie beaucoup selon les titres.

S'ils ne constituent qu'environ 10 % des moyens des services (titre III) et des investissements réalisés par l'Etat (titre V), ces crédits représentent près du tiers des dépenses d'intervention (titre IV) et la quasi-totalité des subventions d'investissement accordées par l'Etat (titre VI). En pratique, le titre VI se trouve désormais presqu'entièrement constitué par les crédits du Fonds d'aide et de coopération (FAC).

Pour 1999, à structure constante, les crédits des affaires étrangères apparaissent en progression de + 2,5 % par rapport à 1998, tandis que les crédits de la coopération sont en diminution de 7 %.

A. LES DÉPENSES ORDINAIRES

Les dépenses ordinaires accusent une légère progression de 0,6 %. Cette évolution recouvre une hausse sensible des moyens des services et une diminution des dépenses d'intervention.

Avec une dotation de 8,9 milliards de francs, les crédits du titre III sont présentés en augmentation de 4,8 %.

Cette progression globale recouvre néanmoins quelques mesures d'économie :

suppression de 119 emplois : - 43,1 millions de francs ;

réduction des moyens de fonctionnement : - 13,1 millions de francs ;

ajustement de la subvention à l'Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (OFPRA) : -1,9 millions de francs ;

suppression de 100 postes de CSN à l'Agence pour l'Enseignement Français à l'Etranger (AEFE) : - 5,5 millions de francs.

Les mesures d'ajustement positives et les mesures nouvelles font plus que compenser ces mesures d'économies :

diverses mesures d'ajustement des charges de personnel (extension en année pleine des mesures de revalorisation des rémunérations de 1998 : + 43 millions de francs, application de l'accord salarial dans la fonction publique : 29,9 millions de francs, indemnité exceptionnelle allouée à certains agents non titulaires en poste à l'étranger : 66,4 millions de francs, effet change-prix : 71,3 millions de francs)

développement de projets nouveaux et extension des applications informatiques et télématiques : + 8 millions de francs ;

augmentation des crédits de rémunération des recrutés locaux : + 23,6 millions de francs ;

augmentation de 20 millions de francs de la subvention à l'AEFE au titre des bourses scolaires.

Le tableau ci-après retrace l'évolution des effectifs pour 1999. Les suppressions d'emplois s'élèvent à 143, dont 122 pour le ministère des affaires étrangères.

Au total, les effectifs s'élèveront en 1999 à 9.474 emplois, dont 7.529 provenant du ministère des affaires étrangères (79,5 % du total).

Evolution des effectifs du personnel du ministère des affaires étrangères

Les crédits d'interventions du titre IV sont en diminution de 3 % pour 1999, et s'établissent à 9,7 milliards de francs.

Cette diminution résulte essentiellement d'un ajustement négatif de 246 millions de francs des crédits d'action culturelle et d'aide au développement, permis par l'amélioration de la situation économique des pays du champ, ainsi que d'un ajustement négatif de 120 millions de francs de la participation obligatoire de la France à des dépenses internationales, en raison de la réduction continue des appels de fonds pour les opérations de maintien de la paix.

S'y ajoutent, notamment, au titre des économies :

une réduction de - 3,8 millions de francs des crédits d'échanges scientifiques et techniques ;

une diminution de 2,3 millions de francs des crédits consacrés aux organismes internationaux de recherche, en application du plan pluriannuel de maîtrise des dépenses du Centre Européen de Recherche Nucléaire.

En contrepartie, certains moyens nouveaux sont prévus   :

une augmentation de 130 millions des crédits d'action audiovisuelle extérieure ;

un ensemble de 93 millions de francs de mesures nouvelles consacrées aux programmes prioritaires de l'action culturelle et d'aide au développement ;

une augmentation de 50 millions de francs des contributions volontaires aux organisations internationales ;

une augmentation de 28 millions de francs des crédits consacrés à la coopération militaire de défense.

B. LES DÉPENSES EN CAPITAL

Les dépenses en capital augmentent de + 0,6 % par rapport à 1998 en autorisations de programme, mais diminuent de 11 % en crédits de paiement.

Les moyens du titre V diminuent de 7,3 % en crédits de paiement, pour s'établir en 1999 à 281 millions de francs.

Ils serviront notamment à la mise en place de stations de communication par satellite pour le chiffre, à la réhabilitation du campus diplomatique de Koweit, à la construction d'une nouvelle ambassade à Téhéran, à l'acquisition d'un ensemble immobilier à la Havane, à la réhabilitation des missions de coopération de Dakar, Brazzaville, Kigali et Lomé, à l'entretien des lycées français de Londres, Niamey et Nouakchott.

Le tableau ci-après présente l'évolution des dotations du chapitre 57-10 depuis 1994, en autorisations de programme et en crédits de paiement.

Evolution des crédits du chapitre 57-10

(en millions de francs)

 

Administration centrale (art. 11)

Services diploma-tiques et consu-laires (art. 30)

Etablissements d'enseignement Instituts et Centres culturels (art. 60 et 90)

TOTAL

 

AP

CP

AP

CP

AP

CP

AP

CP

1994

50,000

62,000

191,210

142,210

152,000

112,000

393,210

316,210

1995

11,300

23,930

133,000

143,000

90,000

78,000

234,300

244,930

1996

14,000

29,000

175,000

159,000

55,000

86,000

244,000

274,000

1997

8,100

11,100

20,000

20,000

36,000

53,000

244,100

264,100

1998

8,000

6,000

211,000

197,000

26,000

58,000

245,000

261,000

Les crédits consacrés aux investissements immobiliers du ministère apparaissent en diminution. Ils sont passés, en autorisations de programme, de 393,2 millions de francs en 1994 à 245 millions de francs en 1998, soit une baisse de 37,7 %, et de 316,2 millions de francs à 261 millions de francs en crédits de paiement, soit une baisse de 17,5 %.

Cette présentation ne tient pas compte des fonds de concours, qui viennent compléter les dotations initiales à hauteur d'environ 90 millions de francs chaque année. Toutefois, ces fonds de concours, correspondant à la contribution des autres ministères associés à certaines opérations, aux loyers des agents logés et aux droits de chancellerie sur les visas, sont aussi tendanciellement en diminution.

Par ailleurs, les opérations les plus importantes, telles la construction de la nouvelle ambassade de Berlin et le campus diplomatique de Pékin, seront financées par des crédits exceptionnels en lois de finances rectificatives.

Le projet de loi de finances rectificative pour 1998 demande l'ouverture de 156,5 millions de francs en autorisations de programme, et de 55 millions de francs en crédits de paiement pour l'ambassade de France à Berlin, ainsi que de 87 millions de francs en autorisations de programme comme en crédits de paiement pour l'acquisition d'un terrain à Pékin.

Le tableau ci-après retrace les budgets prévisionnels pour les 11 opérations d'un montant supérieur à 50 millions de francs.

Le montant total des opérations immobilières programmées s'élève à 3,437 milliards de francs, dont 885,9 millions de francs seulement ont déjà été dépensés. Le solde à financer, soit 2,551 milliards de francs, correspond à plus de sept années du flux annuel ordinaire des investissements immobiliers.

Sauf à étaler la réalisation des opérations au-delà du raisonnable, une augmentation des dotations initiales ou un recours systématique à des dotations complémentaires en lois de finances rectificatives apparaissent inévitables.

Les subventions d'investissement du titre VI accordées au titre de la coopération culturelle et de l'aide au développement diminuent de 11,6 % en crédits de paiement, pour s'établir à 1,8 milliard de francs en 1999.

Cette baisse s'explique essentiellement par l'ajustement du FAC.

C. LES MODIFICATIONS APPORTÉES PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE

A titre non reconductible, l'Assemblée nationale a majoré les titres III et IV d'un montant total de 23,886 millions de francs.

Les chapitres concernés sont :

Au titre III

- le chapitre 34-90, article 21 Services à l'étranger - Services diplomatiques, consulaires et culturels , pour un montant de 300.000 francs :

Au titre IV

- le chapitre 42-10, article 30 Appui aux organismes concourant à la coopération culturelle et scientifique, pour un montant de 823.000 francs ;

- le chapitre 42-13, article 30 Appui à des initiatives privées ou décentralisées, pour un montant de 1,856 millions de francs ;

- le chapitre 42-32, article 20 Participation de la Frnce à des dépenses internationales (contributions volontaires) , pour un montant de 20 millions de francs ;

- le chapitre 42-37, article 10 Aides, secours et subventiosn à divers organismes pour un montant de 900.000 francs.

II. PRÉSENTATION PAR AGRÉGAT

Cinq agrégats ont été définis pour permettre l'analyse et le suivi des crédits des affaires étrangères. Le tableau ci-après en présente l'évolution.

A. L'ADMINISTRATION CENTRALE

Les crédits de l'administration centrale, qui incluent les dotations des services situés à Nantes, représentent environ 10 % du budget des affaires étrangères, soit 1,95 milliard de francs.

Ils comprennent les dépenses de personnel, de fonctionnement et d'équipement des services du ministère des affaires étrangères installés en France métropolitaine, ainsi que les frais de déplacement de ses agents.

Dans le projet de loi de finances pour 1999, ces crédits augmentent de 2,1  %.

B. LES SERVICES ET RÉSEAUX À L'ÉTRANGER

Les crédits des services et réseaux à l'étranger constituent près du quart (24,8 %) du budget des affaires étrangères.

Ils représentent les moyens des services diplomatiques, consulaires et culturels de la France à l'étranger, auxquels sont venus s'ajouter les missions de coopération, soit 61 % des effectifs et 58 % des crédits de fonctionnement du ministère.

Au 1er janvier 1998, on comptait 149 ambassades ouvertes, 105 postes consulaires de plein exercice, 17 représentations permanentes, 1 bureau à Berlin, 31 missions de coopération et d'action culturelle, 19 centres médicaux sociaux, 29 centres culturels français et centres franco-africains , soit un total de 368 services ouverts à l'étranger.

Les crédits affectés à ces postes atteignent 5,15 milliards de francs pour 1999, en augmentation de 4,6 % par rapport à 1998.

C. LA COOPÉRATION ET LES INTERVENTIONS INTERNATIONALES

Cet agrégat est le plus important du budget des affaires étrangères avec 50,9 % des crédits, soit 10,57 milliards de francs . Dans le projet de loi de finances pour 1999, il diminue le plus fortement, de - 4,9 %.

Il regroupe six catégories de crédits :

les crédits de réceptions et voyages officiels ainsi que d'organisation en France de conférences internationales, soit 160,5 millions de francs (+ 0,1 % par rapport à 1998) ;

les crédits de coopération culturelle, scientifique et technique, y compris les crédits destinés à l'audiovisuel extérieur, soit 5,008  milliards de francs (- 1,5 % par rapport à 1998) ;

les crédits du Fonds d'aide et de coopération, soit 1,798 milliard de francs (- 11,3 % par rapport à 1998).

la formation et l'assistance technique militaire, soit 780,5 millions de francs (reconduction par rapport à 1998),

les contributions obligatoires ou volontaires au financement d'organisations internationales, soit 2,568 milliards de francs (- 0,4 % par rapport à 1998),

les crédits de politique internationale, destinés principalement aux opérations d'urgence et aux subventions aux ONG, soit 89,9 millions de francs (- 10,6 % par rapport à 1998).

La principale diminution, en volume, concerne le Fonds d'aide et de coopération.

Par ailleurs, comme les années précédentes, les crédits du fonds d'urgence humanitaire sont en baisse, pour atteindre 54,8 millions de francs, soit une baisse de 12,6 %.

D. L'ASSISTANCE ET L'ENSEIGNEMENT

Cet agrégat regroupe les interventions du ministère des affaires étrangères en faveur des Français à l'étranger et des étrangers en France, ainsi que les crédits destinés au réseau des établissements publics en charge de l'enseignement français à l'étranger.

Il représente 10,7  % du budget des affaires étrangères pour 1999. Avec une dotation de 2,22 milliards de francs , il est en augmentation de 5,8 % par rapport à 1998.

La subvention à l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE) progresse de 5,6 % pour atteindre 1,9 milliard de francs. Elle est répartie entre 275 établissements scolaires et permet l'attribution d'un peu plus de 18.000 bourses d'études.

Parmi les autres crédits, la subvention à l'Office universitaire et culturel français pour l'Algérie est reconduite au niveau de 7,7 millions de francs. La subvention à l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) progresse de 0,9 % pour s'établir à 105,7 millions de francs.

L'assistance en faveur des Français à l'étranger et des réfugiés étrangers en France progresse de 8,9 % pour atteindre 138,3 millions de francs. Les crédits consacrés aux rapatriements sont reconduits au niveau de 4,2 millions de francs.

E. LA RECHERCHE

Cet agrégat regroupe 4,3 % des crédits du budget des affaires étrangères, avec 890 millions de francs. Il regroupe des crédits consacrés à :

la recherche et les échanges scientifiques et technologiques, soit 25 millions de francs (- 10,7 % par rapport à 1998),

les contributions obligatoires et volontaires aux organismes à vocation scientifique internationaux, soit 850,2 millions de francs (reconduites par rapport à 1998).

Les principales contributions sont versées au Centre d'étude et de recherche nucléaire (584,1 millions de francs), à l'Organisation européenne pour les recherches astronomiques dans l'hémisphère austral (124,3 millions de francs) et à l'Organisation européenne de biologie moléculaire (42,4 millions de francs).

CHAPITRE III

L'ACTION CULTURELLE FRANÇAISE

Après l'examen des crédits alloués à la Direction générale des relations culturelles, scientifiques et techniques deux aspects de l'action culturelle extérieure seront plus particulièrement développés : l'action audiovisuelle extérieure, d'une part, l'enseignement français à l'étranger et le soutien à la francophonie, d'autre part.

I. LES CRÉDITS DE LA COOPÉRATION CULTURELLE, SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE

A. DES CRÉDITS OPÉRATIONNELS À PRÉSERVER

Les crédits de la Direction générale des relations culturelles, scientifiques et techniques s'élèvent au total à 5,287 milliards de francs , à comparer au montant de 5,160 milliards de francs atteint en 1998, ce qui représente une hausse de 2,5 %.

Sur ce montant, les crédits d'intervention atteignent 3,07 milliards de francs, niveau quasi-identique à celui de 3,08 milliards de francs atteint en 1998.

Cette stabilisation fait suite à un mouvement de réduction des crédits observé depuis quelques années.

Évolution des crédits de la DGRCST

(en millions de francs)

 

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

Total DGRCST

(évolution en % par rapport à l'année précédente)

5.502

+ 4,1

5.141

- 6,6

5.357

+ 4,2

5.263

- 1,7

5.100

- 3,4

5.125

+1,2

5.287

+ 2,5

Titre IV - Interventions (évolution en % par rapport à l'année précédente)

3.531

+ 5,6

3.157

- 10,6

3.331

+ 5,5

3.161

- 5,1

3.082

- 3,1

3.075

-0,2

3.080

+ 0,3

Part de la DGRCST dans le budget des affaires étrangères (en %)

36,9

35,0

35,3

35,0

35,3

35,6

35,7

La part des crédits de la DGRCST au sein du budget des affaires étrangères reste située autour de 35 % depuis 1993, alors que cette part était de 38 % en 1991.

Il convient de souligner que l'analyse précédente s'effectue à structure constante.

En effet, la DGRCST va s'intégrer, avec la Direction du développement et le Service de la coordination géographique, dans une Direction générale de la coopération internationale et de développement.

Parallèlement, les crédits d'intervention de la DGRCST, antérieurement inscrits sur le chapitre 42-10 Action culturelle et aide au développement , sont augmentés des crédits en provenance du ministère de la coopération et répartis sur quatre chapitres budgétaires nouveaux : 42-11 Coopération culturelle et scientifique (1,740 milliard de francs) ; 42-12 Coopération technique et du développement (1,886 milliard de francs) ; 42-13 Appui à des initiatives privées ou décentralisées (219,6 millions de francs) ; 42-14 Subventions aux opérateurs de l'action audiovisuelle (1,039 milliard de francs).

Depuis 1991, les crédits inscrits au titre de la DGRCST sont systématiquement remis en cause en cours d'année . La régulation budgétaire qui les affecte est en effet loin d'être négligeable. Elle représente même souvent plus des deux-tiers des annulations de crédits supportées par le ministère des affaires étrangères, ainsi que le montre le tableau ci-après.

Impact de la régulation budgétaire sur les crédits de la DGRCST

(en millions de francs)

 

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

Crédits de la DGRCST en LFI

Crédits annulés

Part des crédits de la DGRCST annulés (en %)

4.979

464


9,3

5.284

205


3,9

5.502

436


7,9

5.141

247


4,8

5.357

306


5,7

5.263

120


2,1

5.125

170


3,3

Part des annulations de la DGRCST au sein des annulations des affaires étrangères (en %)


98


222


64


67


40


34


35

L'effet cumulatif de la baisse des crédits inscrits en loi de finances initiale et de la régulation budgétaire en cours d'année a conduit à une réduction sensible des moyens de la DGRCST, et particulièrement de ses moyens d'intervention, depuis quelques années.

Votre rapporteur se félicite donc qu'aucune annulation de crédits ne soit intervenue en 1998.

Les missions de la DGRCST sont en effet importantes, nombreuses et variées. Elle recouvrent :

- l'enseignement français à l'étranger,

- l'action en faveur de la francophonie,

- la coopération culturelle, artistique et littéraire,

- la coopération scientifique et technique,

- l'action audiovisuelle extérieure.

Votre rapporteur attache beaucoup d'importance à la répartition géographique de ces crédits . En effet, d'importantes évolutions ont été engagées pour redéployer les moyens de la coopération culturelle, linguistique, scientifique et technique française vers les pays d'Europe centrale et orientale et d'Asie.

Dans ces zones prioritaires, les efforts restent toutefois encore insuffisants au regard de l'importance des enjeux.

Le tableau ci-après fournit la répartition des crédits d'intervention de la DGRCST par zone géographique en 1992 et en 1998.

(en millions de francs)

 

1992

1998

Régions

Montant

%

Montant

%

Europe Occidentale

174,969

7,8

191,806

11,4

Europe Orientale

422,902

18,8

239,959

17,5

Afrique du Nord

735,239

32,8

358,616

21,4

Proche et Moyen Orient

205,029

9,1

317,129

12,9

Afrique Sud-Saharienne

116,270

5,2

93,730

5,6

Asie du Sud et du Sud-Est

210,335

9,4

221,779

13,2

Extrême Orient et Pacifique

130,448

5,8

114,474

6,8

Amérique du Nord

67,516

3,0

43,493

2,6

Amérique Latine

180,985

8,1

143,527

8,6

TOTAL

2.243,693

100,00

1.678,513

100,00

La tendance la plus marquée concerne le Maghreb, qui bénéficie désormais d'un cinquième des crédits d'intervention de la DGRCST (21,4 %) contre près du tiers (32,77 %) en 1992.

Ce rééquilibrage profite pour une part importante à la zone Proche et Moyen Orient qui comptait pour 10,5 % des crédits d'intervention en 1994 (203,6 millions de francs) et en représente maintenant 12,9 %(217,1 millions de francs) et à l'Europe occidentale , 11,4 % contre 9,6 % en 1994.

La part des zones Amérique Latine et Asie du Sud et du Sud-Est augmente dans une moindre mesure, mais il faut noter qu'en valeur absolue les dotations de ces zones ont été également touchées par les économies des crédits du titre IV.

Ce tableau fait apparaître la difficulté, mais aussi la nécessité, d'établir des priorités en période de restriction budgétaire.

En effet, les arbitrages entre la continuité des actions menées dans certaines parties du monde, comme l'Europe occidentale où le soutien à la francophonie s'avère nécessaire dès lors que les politiques d'éducation nationales n'accordent pas ou plus de priorité au français, et le lancement de nouvelles actions dans des pays, notamment d'Asie du Sud-Est, où l'ouverture politique, la croissance des marchés, les enjeux économiques et stratégiques rendent notre présence indispensable, sont particulièrement difficiles.

Dans ces conditions, préserver autant que faire se peut les moyens d'intervention de la DGRCST apparaît hautement souhaitable.

B. LES OBJECTIFS PRIORITAIRES DE L'ACTION CULTURELLE EXTÉRIEURE

Par l'importance et la densité de son réseau culturel, scolaire, scientifique, le souci de mener des actions de diffusion et de coopération avec l'ensemble des Etats, la diversité de ses interventions qui vont des manifestations artistiques à l'enseignement du français, et de l'assistance technique en direction des pays les plus démunis à la coopération technologique la plus avancée, la politique culturelle extérieure de la France vise à conforter la dimension mondiale de la diplomatie française.

Pour parvenir à ces objectifs ambitieux, la politique culturelle extérieure est ordonnée autour de quatre axes prioritaires.

La diffusion et la promotion de la langue française

Cette action est menée naturellement grâce aux moyens traditionnels : instituts et centres culturels, alliances françaises, établissements scolaires, association de professeurs de français, attachés linguistiques... Elle s'est intensifiée également à travers la multiplication des classes bilingues où l'enseignement dans certaines matières se fait en français dans les établissements et selon les programmes de nos partenaires. La même démarche a été adoptée pour l'enseignement supérieur avec les filières francophones.

Cette action se développe aujourd'hui plus particulièrement dans un certain nombre de régions ou de pays où la France souhaite maintenir ou établir son influence : Méditerranée, pays d'Europe orientale et centrale, péninsule indochinoise...

Développement des relations inter-universitaires, promotion de l'offre française de formation supérieure

Le développement des actions de coopération au niveau de la formation supérieure a répondu à l'objectif d'attirer à nouveau les étudiants étrangers, qui sont les élites de demain dans leur pays, vers la France. On a pu observer en effet qu'au moment où la formation supérieure est devenue, en particulier pour un grand nombre de pays émergents en Asie et en Amérique Latine, un marché important où nos principaux concurrents ont su gagner des parts significatives, nos grandes écoles et nos universités semblent avoir pris un retard considérable.

Aussi, tout en poursuivant les actions déjà entreprises à travers une série d'instruments de coopération associant le ministère des affaires étrangères, des établissements d'enseignement supérieur et également des entreprises en vue de mettre en oeuvre des bourses d'études ou de stages de 3ème cycle, est-il apparu nécessaire de susciter en France une mobilisation capable de conduire à la présentation d'une offre française de formation supérieure susceptible d'intéresser les étudiants étrangers.

Cet effort passe aujourd'hui par plusieurs actions précises : diffusion d'une information simple et complète sur les ressources françaises en ce domaine, amélioration des capacités et de la qualité de l'accueil en France, promotion d'un suivi pédagogique mieux adapté à la demande des étudiants étrangers, reconnaissance et/ou équivalence des diplômes, suivi des anciens étudiants...

Cette sensibilisation est en cours, en liaison étroite avec le ministère en charge de l'enseignement supérieur. Une agence pour la promotion de l'offre française de formation supérieure, baptisée "Edufrance", doit être créée avant fin 1998, sous la forme d'un GIP. Elle s'accompagne d'actions-pilotes menées en direction des pays où existe une demande solvable, ainsi que d'un assouplissement des conditions d'attribution des visas aux étudiants.

Votre rapporteur approuve sans réserve cette action visant à attirer en France des étudiants étrangers, qui obéit à une approche pragmatique de la francophonie .

Parallèlement, l'effort mené pour assurer une formation supérieure en français dans les pays étrangers est poursuivi, à travers diverses modalités : filières universitaires francophones (Egypte, Viêt-nam), établissements de formation gérés en commun (Liban, Viêt-nam), thèses de co-tutelle, etc... S'y ajoutent des programmes ambitieux de bourses du 3ème cycle à finalités professionnelles et à coûts partagés (Mexique, Brésil). En 1999, poursuivant cette politique de bourses, un ambitieux programme est lancé pour le second cycle, le programme Eiffel, qui comporte 300 bourses dès la première année.

Echanges dans les domaines d'excellence, en faveur de nos entreprises

Dans le continuum langue-formation, la possibilité de mener des opérations conjointes doit exister pour les secteurs où notre pays bénéficie d'une compétence particulière : administration publique, médecine, droit, gestion économique, agriculture, technologies de pointe...

Ces actions d'assistance technique ont ainsi permis la constitution d'un vivier de cadres administratifs et économiques formés aux techniques françaises, et susceptibles à l'avenir d'être des contacts utiles pour notre pays.

Ces actions seront désormais concentrées en direction des pays qui représentent pour nos exportations des marchés privilégiés ou encore vers les pays qui sont appelés, à échéance plus ou moins longue, à devenir membres de l'Union européenne. De ce point de vue, la préparation des nouvelles procédures de jumelage a retenu toute l'attention de la direction générale.

Audiovisuel extérieur

Ce quatrième axe de l'action culturelle extérieure mérite un développement particulier.

II. L'ACTION AUDIOVISUELLE EXTÉRIEURE

L'audiovisuel doit devenir un moyen privilégié de diffusion de la langue, de la culture, des sciences et des techniques françaises à l'étranger. Ceci est essentiel pour asseoir notre présence hors de nos frontières et votre rapporteur tient à rappeler qu'une audience, même faible, permet souvent de s'adresser à un public plus nombreux que celui qui fréquente nos établissements culturels à l'étranger.

Les crédits consacrés aux subventions aux opérateurs de l'action audiovisuelle (chapitre 42-14) sont en croissance depuis plusieurs années . Pour 1999, ils progressent de 89,7 millions de francs et s'établissent à 1,039 milliard de francs, en hausse de 9,4 % par rapport à 1998.

A la suite de nombreux rapports (Rapport Balle de février 1996, Rapport Cluzel de mars 1997, Rapport Imhaus d'octobre 1997), qui traduisaient une certaine hésitation dans la définition de la politique audiovisuelle extérieure, une consultation approfondie des professionnels du secteur audiovisuel a été organisée à partir de l'automne 1997.

A l'issue de ces consultations, le gouvernement a décidé une clarification des orientations de l'action audiovisuelle extérieure de la France, qui a fait l'objet d'une communication du ministre des affaires étrangères au Conseil des ministres du 30 avril 1998.

Dans un contexte marqué par la globalisation du marché audiovisuel, l'explosion de l'offre d'images du fait de la compression numérique et par un déficit impressionnant des échanges entre l'Europe et les Etats-Unis, le gouvernement a arrêté à cette occasion les orientations suivantes :

- la nécessité d'accroître de façon significative la part des programmes français dans les grilles des télévisions étrangères se traduira, dès 1999, par une aide financière accrue aux exportateurs de programmes et la recherche d'une adaptation des mécanismes de soutien à l'exportation dont ces derniers peuvent bénéficier ;

- la participation de chaînes françaises dans des bouquets satellitaires étrangers ou dans des bouquets d'origine française diffusant en dehors du territoire national pourra être encouragée par une prise en charge partielle et dégressive de certains coûts de transport. Un appel à projets sera lancé dans cette perspective à l'automne 1998 ;

- les missions des opérateurs publics CFI et TV5 seront clarifiées . TV5 jouera seul à l'avenir le rôle de chaîne de diffusion directe de programmes francophones à destination du public international. CFI, pour sa part, réaffirmera sa vocation de banque de programmes et d'outil de coopération, tout en développant ses activités de conseil et d'ingénierie.

L'articulation des missions des deux opérateurs sera facilité par la désignation d'un président commun aux deux sociétés, faisant ainsi l'économie de la structure spécifique de pilotage qui avait été envisagée en 1997. M. Jean Stock a été nommé à la présidence de CFI et TV5 début juillet 1998.

Par ailleurs, l'adossement de TV5 aux chaînes publiques sera conforté par l'ouverture du capital de cette société à la Sept-Arte/la Cinquième (25 %) et RFO (4 %). Cet adossement, en cours de réalisation, devrait contribuer à améliorer substantiellement la qualité des programmes de TV5.

La mise en oeuvre de ces orientations s'accompagnera de la poursuite du processus de consultation engagé avec les professionnels du secteur audiovisuel, visant à définir dans toute la mesure du possible des stratégies communes dans des zones géographiques données. Cette concertation s'étendra aux modalités de négociation des droits de diffusion internationale des programmes français.

Compte tenu des contributions des autres ministères, les dotations publiques totales aux opérateurs audiovisuels extérieurs sont passées de 982 millions de francs en 1994 à 1.386,9 milliards de francs en 1999, ce qui représente une augmentation en francs courants de 404,9 millions de francs.

Le tableau ci-après retrace l'évolution de l'ensemble des dotations budgétaires aux opérateurs audiovisuels extérieurs.

III. L'ENSEIGNEMENT FRANÇAIS À L'ÉTRANGER ET LE SOUTIEN À LA FRANCOPHONIE

Les crédits des affaires étrangères consacrés à l'enseignement français à l'étranger ainsi qu'au soutien de la politique de la francophonie s'élèvent pour 1999 à 2,039 milliards de francs, soit une augmentation de 30,2 % par rapport à 1998.

Le tableau ci-après en retrace l'évolution.

La progression de ces crédits s'explique toute entière par l'augmentation de 31,6 % de la dotation de l'AEFE. Celle de l'OUCFA est simplement reconduite à son niveau de 1998, l'essentiel des crédits correspondants ayant été transféré au budget de l'AEFE suite à la fermeture des établissements scolaires gérés par l'Office.

Par ailleurs, les crédits consacrés au Haut conseil de la francophonie, rattachés en 1998 au chapitre 34-98 Matériel et fonctionnement courant, diminuent de 1 million de francs à 755.000 francs. Toutefois, cette baisse des crédits du Haut Conseil n'est qu'apparente. En effet, pour 1999, la rémunération du secrétaire général (138.000 francs) est rattachée au chapitre 31-90, tandis que les frais de mission des membres du Haut conseil (150.000 francs) sont rattachés au chapitre 34-90.

Inversement, la forte augmentation de la subvention de l'AEFE résulte pour l'essentiel de l'intégration des crédits antérieurement inscrits au budget de la coopération, soit 368 millions de francs en 1998.

A structure constante, la subvention à l'AEFE passe de 1,873 millions de francs en 1998 à 1,969 millions de francs en 1999, soit une hausse de 5,6 % plus modeste mais néanmoins appréciable.

A. UN RÉSEAU D'ÉTABLISSEMENTS DYNAMIQUE

Créée par la loi du 6 juillet 1990 et entrée en fonction en janvier 1991, L'Agence pour l'enseignement français à l'étranger a quatre missions :

assurer auprès des enfants français à l'étranger le service public d'éducation ;

contribuer par l'accueil d'élèves étrangers au rayonnement de la langue et de la culture françaises ;

renforcer les relations de coopération entre les systèmes éducatifs français et étranger.

aider les familles des élèves français ou étrangers à supporter les frais liés à l'éducation élémentaire, secondaire ou supérieure de ceux-ci, tout en veillant à la stabilisation des frais de scolarité.

Elle a la charge de 66 établissements en gestion directe, regroupés en 31 établissements régionaux, et de 219 établissements conventionnés dans 125 pays. En moyenne, ces établissements sont fréquentés par 41 % de Français, 45 % d'autochtones et 14 % d'étrangers-tiers.

Evolution des effectifs scolarisés dans le réseau de l'AEFE

 

94/95

95/96

96/97

97/98

Français

59.205

62.170

64.090

64.605

Nationaux

71.500

71.995

71.735

70.680

Etrangers tiers

21.260

21.462

21.190

20.799

Total

151.965

155.627

157.015

156.084

Au cours de ces quatre années, les effectifs globaux se sont donc accrus de 4.119 élèves, cette augmentation étant due presque exclusivement à l'arrivée de nouveaux élèves français (5.400).

La répartition géographique des élèves a évolué, au cours de la même période, de la façon suivante :


 

94/95

95/96

96/97

97/98

Europe Occidentale

36.683

36.013

36.924

36.658

Europe Centrale et Orientale

2.278

2.373

2.580

2.669

Amérique du Nord

9.626

10.041

9.910

9.892

Amérique latine

23.553

23.341

23.353

23.292

Maghreb

22.510

22.017

22.002

21.815

Afrique champ

28.687

31.538

31.298

30.693

Afrique hors champ

5.487

5.636

5.618

5.509

Moyen-Orient

15.606

16.525

16.967

17.017

Asie/Océanie

7.535

8.143

8.363

8.539

TOTAL

151.965

155.627

157.015

156.084

Ainsi, l'augmentation du nombre des élèves concerne la plupart des zones géographiques. Cependant, les effectifs sont stabilisés ou même en légère diminution dans quatre régions : Afrique francophone, Afrique hors champ, Maghreb (notamment Maroc), Amérique latine.

En 1998, 5.590 enseignants étaient rémunérés par l'AEFE, dont 1.859 expatriés et 3.665 résidents.

Répartition des personnels de l'AEFE (en 1997-1998)

 

Expatriés

Résidents

Total

Europe occidentale

366

1.220

1.586

Europe de l'Est

41

65

106

Maghreb

418

705

1.123

Moyen-Orient

110

147

257

Asie-Océanie

119

194

313

Amérique latine

256

317

573

Amérique du Nord

87

270

357

Afrique champ

461

641

1.102

Afrique hors champ

66

107

172

Monde entier

1.924

3.666

5.590

Votre rapporteur s'inquiète du développement de la politique de substitution d'enseignants expatriés par des enseignants résidents.

En effet, l'AEFE a été invitée à s'associer à la politique gouvernementale de maîtrise des dépenses publiques, qui s'est traduite, à partir de 1995, par une réduction programmée du nombre de postes d'expatriés au bénéfice de la création d'un nombre équivalent de postes de résidents : 85 en 1995, 35 en 1996, 34 en 1997, 50 en 1998). Cette politique a été poursuivie en 1999, avec la transformation de 63 postes d'expatriés en autant de postes de résidents. Mais, depuis 1998, il a été prévu de créer parallèlement 70 postes de résidents à coût nul pour l'Etat afin de régulariser la situation d'un nombre important de "titulaires non résidents" et d'aller ainsi dans le sens d'une revendication légitime des personnels concernés. Cette mesure est reconduite pour 1999.

Le budget de l'AEFE progresse sensiblement en 1999. La subvention qui lui est allouée par le ministère des affaires étrangères augmente de 5,6 % pour atteindre 1,969 milliard de francs.

Ce budget est, pour l'essentiel, consacré à la rémunération des enseignants, pour environ 85 % du total. Le service des bourses scolaires représente 8 % des crédits, 18.300 bourses ayant été versées en 1997. Le reste est destiné au fonctionnement de l'Agence. Ces derniers moyens seraient toutefois insuffisants si la moitié des agents des services centraux de l'Agence n'étaient pas mis à disposition par d'autres administrations.

Les crédits affectés aux bourses scolaires ont été accrus de 50 millions de francs en 1995. L'enveloppe totale de ces bourses a été reconduite en 1996 et en 1997 au niveau de 185 millions de francs. En 1998, une augmentation de 6,5 % l'a portée à 197 millions de francs (+ 12 millions de francs).

Une mesure nouvelle de 20 millions de francs permettra de porter l'enveloppe des bourses à 217 millions de francs pour 1999.

Comme l'an dernier, votre rapporteur se félicite de la progression des crédits consacrés aux bourses scolaires, qui accompagne la croissance des effectifs et permet d'atténuer les effets de la hausse des droits d'écolage. Il regrette toutefois qu'un effort comparable ne soit pas fait en faveur des investissements de l'AEFE.

B. UN EFFORT D'INVESTISSEMENT INSUFFISANT

Les moyens prévus pour assurer l'entretien, la sécurité, la rénovation et le développement des établissements français de l'étranger apparaissent extrêmement modiques.

Les établissements en gestion directe , ainsi que certains établissements conventionnés qui occupent des bâtiments appartenant à l'Etat français, bénéficient des crédits d'investissement (constructions et gros travaux) qui leur sont consacrés par les deux ministères de tutelle de l'Agence, le ministère de la coopération et le ministère des affaires étrangères, sur le titre V de leurs budgets.

En 1997, le ministère de la coopération a financé 24 millions de francs de travaux. L'essentiel a été consacré à la construction du lycée de Tananarive.

Le ministère des affaires étrangères, quant à lui, a consacré 42 millions de francs, dans le cadre de son schéma patrimonial et immobilier, aux établissements du réseau de l'AEFE, essentiellement pour les opérations d'entretien et de rénovation à Madrid, au Maroc dans plusieurs établissements, dont le lycée Paul Valéry de Meknès et l'école Renoir de Marrakech, et à l'achat du terrain du lycée d'Ankara et du lycée de Séoul. Ce budget devrait s'élever à 53 millions de francs en 1998.

Dans les deux prochaines années, les projets les plus importants concernent la construction du lycée français de Francfort, celle du lycée d'Ankara, l'extension du lycée Charles de Gaulle de Londres et la rénovation des locaux du lycée de Moscou. Au-delà, s'inscrit dans la programmation le projet de délocalisation d'une partie du lycée de Rome sur un terrain mis à disposition par les autorités italiennes.

Les établissements conventionnés doivent prendre en charge eux-mêmes la plus grande partie de leurs opérations de construction et de rénovation, ce qui n'est pas sans effet sur l'augmentation difficile à contrôler des frais de scolarité supportés par les familles. L'association nationale des écoles françaises à l'étranger (ANEFE) leur apporte, sous forme de prêts garantis par l'Etat, une aide très appréciée.

Dans les pays "du champ", des financements complémentaires sont assurés par le ministère de la coopération (sur le titre VI du budget). Dans les pays "hors champ", c'est l'AEFE elle-même qui dispose d'une ligne de crédits d'investissement pour répondre, partiellement, aux besoins.

En 1997, les établissements conventionnés du "champ" ont reçu 15,5 millions de francs. Les principales opérations ont concerné la construction de l'école de Luanda, celle de la Riviera à Abidjan et la réhabilitation de l'école de Bamako. Il faut également signaler l'acquisition et l'aménagement de nouveaux locaux pour l'école de Thiès au Sénégal.

Sur le reste du monde, pour 148 établissements conventionnés, l'AEFE a disposé en 1997 d'une ligne de crédits d'investissement se montant à 23,7 millions de francs. Cette ligne est en augmentation de 10,5 % sur le budget de 1998. Dans ces conditions, l'Agence peut soutenir davantage les opérations montées par des associations gestionnaires qui disposent de ressources propres ou de capacités d'emprunt suffisantes.

La dotation obtenue en 1998 sera maintenue en 1999. Mais il n'en reste pas moins que ces moyens ne permettent guère d'envisager une politique ambitieuse d'implantations nouvelles. La politique de l'Agence s'est orienté vers les zones prioritaires : Europe centrale et orientale, Asie de l'Est et du Sud. En ce qui concerne les établissements à gestion directe, l'effort de l'Etat (titre V du ministère des affaires étrangères) s'est nettement accru, et a porté sur de grands projets de construction à Tananarive et Francfort.

En ce qui concerne plus particulièrement les établissements d'Asie du Sud-Est et de l'Extrême Orient, les dernières années ont été marquées par un développement significatif, lié à celui du commerce extérieur français, qui s'est cependant ralenti pendant l'année 1998.

La plupart de ces établissements d'enseignement français en Asie ont désormais des locaux trop exigus qui ne leur permettent plus d'accueillir convenablement de nouveaux élèves.

Votre rapporteur se réjouit de l'effort budgétaire consenti pour remédier à cette situation, tout en l'estimant encore insuffisant. Il regrette notamment que la baisse des marchés immobiliers en Asie ne soit pas mise à profit pour constituer dans des conditions favorables les réserves foncières qui seront indispensables à la réalisation des opérations reconnues depuis longtemps nécessaires.

Opérations immobilières relatives aux établissements d'enseignement en Asie

Asie du Sud-Est

En Malaisie, l'école française étudie actuellement un projet d'implantation d'une nouvelle structure sur le terrain d'une école privée britannique. L'Agence soutient le projet et a programmé 4,2 millions de francs en 1998 et 4 millions de francs en 1999.

A Singapour, un nouveau lycée français d'une capacité d'environ 1.000 élèves sera construit pour la rentrée de septembre 1999. L'AEFE a participé à ce projet en accordant au lycée une subvention de 12,5 millions de francs lors de l'achat du terrain d'Ang Mo Kio sur lequel sera édifié la nouvelle structure. Le financement de la construction, dont le coût est de 101,6 millions de francs est privé et assuré par le biais d'une souscription et d'un crédit bancaire.

En Thaïlande, la dégradation des locaux du lycée français de Bangkok ne permettait plus le maintien de la totalité de l'établissement sur le site de Sathorn Thai. Les classes primaires du lycée ont donc été délocalisées sur un nouveau site au 34 Soi Yen Akat. L'AEFE participe aux travaux de réaménagement des nouveaux bâtiments loués en accordant au lycée une subvention d'investissement de 1 million de francs. Des projets sont actuellement à l'étude pour l'implantation d'une nouvelle structure sur le site diplomatique de Sathorn Thai ou bien sur un terrain extérieur. Dans cette seconde perspective, l'Agence a programmé une aide de 3,3 millions de francs en 1998 et de 4 millions de francs en 1999.

Au Vietnam, l'école française d'Ho Chi Minh Ville bénéficiera de l'aménagement de l'immeuble consulaire du 30 rue Pham Ngoc Tach sur financement du titre V (3,9 millions de francs) du ministère des affaires étrangères afin de pouvoir y accueillir les classes de collège et de lycée de l'établissement, qui ont enregistré de fortes augmentations des effectifs depuis le passage progressif en enseignement direct.

Extrême Orient

En Chine, il existe un projet de construction sur le terrain de l'ambassade. Les pourparlers avec les autorités chinoises sont en cours. Par ailleurs, les locaux actuels ont été agrandis, dix salles de classes supplémentaires ont été construites. L'AEFE a participé à l'opération en accordant une subvention de 2 millions de francs en 1997.

En Corée du Sud, l'école initialement conçue pour accueillir 150 élèves en scolarisait plus de 200 à la fin de l'année scolaire 1996/97. Afin d'accroître sensiblement sa capacité d'accueil, l'établissement a procédé, dans un premier temps, à un réaménagement des structures actuelles. Ainsi quatre salles de classes supplémentaires ont été construites. Le coût global des travaux d'extension est d'environ 3 millions de francs. L'Agence a accordé pour sa part en 1997 une subvention de 1 million de francs. Par ailleurs, il existe un projet de construction d'un nouvel établissement pour lequel le ministère des affaires étrangères a procédé à l'achat du terrain pour une somme de 8,28 millions de francs en 1998. Celui-ci sera loué à l'association de parents d'élèves qui procédera ensuite à la construction de l'extension. Les travaux devraient être terminés pour la rentrée 1999.

A Hong-Kong, l'association des parents d'élèves a décidé de procéder à la construction d'une extension du lycée français sur un terrain mis à disposition par le gouvernement de Hong-Kong. En effet, le lycée d'une capacité de 800 élèves en scolarisait plus de 1.000 à la fin de la dernière année scolaire. Le coût global de cette opération est de 78 millions de francs. L'Agence, pour sa part, a accordé à l'établissement une subvention d'investissement de 10 millions de francs (4 en 1996 et 6 en 1997). Le reste du financement a été trouvé auprès des entreprises françaises et du gouvernement de Hong-Kong.

CHAPITRE IV

LES INTERVENTIONS INTERNATIONALES

En dehors de la coopération culturelle, linguistique, scientifique et technique, l'action du ministère des affaires étrangères prend également la forme de contributions obligatoires ou volontaires aux organismes internationaux, ainsi que d'une aide humanitaire et d'interventions européennes.

L'ensemble de ces dotations est en nette diminution pour 1999, comme il l'était déjà en 1997 par rapport à 1996.

I. LES CONTRIBUTIONS OBLIGATOIRES : UNE DIMINUTION SPONTANÉE

Le financement des budgets de fonctionnement, dits budgets ordinaires de l'Organisation des Nations-Unies et de ses institutions spécialisées, ainsi que des budgets des opérations de maintien de la paix (OMP) est assuré par les Etats membres sur une base obligatoire et selon un barème de quotes-parts prédéterminé.

La France est le quatrième contributeur de l'ONU, avec une quote-part au budget ordinaire de 6,42 %, après les Etats-Unis, le Japon et l'Allemagne. Sa contribution a été fixée pour 1998 à 68,3 millions de dollars, soit environ 417 millions de francs, avec un dollar à 6,07 francs .

La France appartient également à toutes les institutions spécialisées de l'Organisation des Nations-Unies (OAA, OMS, UNESCO, AIEA, OIT...). Sa quote-part moyenne est sensiblement égale à celle acquittée au budget ordinaire de l'ONU. Le montant des contributions obligatoires qui leur sont liées est d'environ 1 milliard de francs.

Les plus importantes de ces contributions en 1998 sont destinées aux organismes suivants :

- Organisation mondiale de la santé (OMS) : 164,9 millions de francs ;

- UNESCO : 79,8 millions de francs ;

- Organisation des Nations-Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) : 131,9 millions de francs ;

- Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) : 99,4 millions de francs ;

- Organisation internationale du travail (OIT) : 87,1 millions de francs ;

- Organisation mondiale du commerce (OMC) : 29,6 millions de francs ;

- Organisation des Nations-Unies pour le développement industriel (ONUDI) : 35,5 millions de francs.

Outre les organisations du système des Nations-Unies, la France contribue au financement :

- d' organisations européennes : le Conseil de l'Europe (169 millions de francs en 1997), l'UEO (9,4 millions de francs), l'OSCE (55,9 millions de francs) ;

- de l' OCDE (101 millions de francs) et de l' OTAN (150,6 millions de francs) ;

- de l' Institut du Monde arabe (60 millions de francs) et de l'Agence de coopération culturelle et technique (62,9 millions de francs) ;

- d' organisations de recherche telles que le CERN (595,6 millions de francs).

S'agissant du financement des opérations de maintien de la paix , notre pays est investi d'une "responsabilité spéciale" en sa qualité de membre permanent du Conseil de sécurité. A ce titre, sa quote-part au budget de ces opérations est majorée d'environ 25 %, et s'élève ainsi à 7,93 % en 1998.

La France a versé à ce titre 472 millions de francs en 1997. Les appels à contributions pour 1998 devraient se limiter à 240 millions de francs, en raison de la liquidation progressive de certaines opérations de grande ampleur (Sahara occidental, Angola, Slavonie).

Contributions de la France aux opérations de maintien de la paix en 1998

Opération

Prévision de contribution
(en millions de francs)

Groupe des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve au Proche-Orient (ONUST)



0

Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL)


29,2

Force des nations Unies à Chypre (UNFICYP)

6,5

Force des Nations Unies chargée d'observer le dégagement au Golan (FNUOD)


7,9

Force de maintien de la paix en ex-Yougoslavie (FORPRONU)


41,3

Mission de vérification des Nations Unies en Angola (UNAVEM)


56,5

Mission des Nations Unies pour Haïti (MINUHA)


0

Mission d'observation des Nations Unies en Géorgie (MONUG)


4,2

Mission d'observation pour l'Irak et le Koweit (MONUIK)


3,4

Mission d'observation des Nations Unies au Tadjikistan (MONUT)


4,4

Sahara occidental (MINURSO)

17,3

Mission d'observation des Nations-Unies en Bosnie-Herzégovine (MINUBH)


41,3

ATNUSO Slavonie orientale

19,7

FORDEPRONU Macédoine

12

TOTAL

243,7

Au total, le niveau des contributions obligatoires versées par la France accuse depuis trois ans une tendance à la baisse sous l'effet conjugué de la diminution des montants appelés au titre des opérations de maintien de la paix, du fait de la liquidation de forces figurant parmi les plus importantes, et de l'adoption de budgets de fonctionnement en croissance nominale zéro, voire négative. Toutefois, pour les contributions appelées en dollar, cette tendance pourrait être affectée par les évolutions de la monnaie américaine. Les crédits correspondants sont inscrits au chapitre 42-32 du budget des affaires étrangères.

Les tableaux ci-après retracent leur évolution depuis 1993.

Evolution des contributions obligatoires aux dépenses internationales

(En millions de francs)

 

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

Montant

2.778,3

3.272,9

3.460,4

3.520,6

3.264,9

3.180,8

3.156,5

Evolution en %

0,8

17,8

5,7

1,7

- 7,3

- 2,6

- 0,8

II. LES CONTRIBUTIONS VOLONTAIRES : UNE STABILISATION BIENVENUE

Les contributions bénévoles aux organisations internationales sont acquittées sur une base volontaire. Le ministère des affaires étrangères décide de leur répartition et de leur affectation, en concertation avec les autres départements ministériels concernés.

En cinq ans, ces contributions volontaires ont connu une très forte baisse : leur montant en 1998 ne représentait plus que le tiers de celui atteint en 1993.

Evolution des contributions volontaires aux dépenses internationales

(En millions de francs)

 

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

Montant

697,2

600,1

552,0

405,1

345,5

228,0

278,0

Evolution en %

8,0

- 13,9

- 8,0

- 26,6

- 14,7

- 34,0

21,9

Les contributions volontaires sont en priorité affectées à trois domaines :

- l'aide au développement

Ce secteur représente près de la moitié des crédits du chapitre. Les principaux versements sont affectés au Programme des Nations-Unies pour le développement (PNUD) pour lequel 31,6 millions de francs sont prévus en 1998 (en 1993, la contribution française était de 311 millions de francs), ce qui fait de la France le douzième donateur du PNUD. Les autres versements concernent l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) avec 500.000 francs (contre 5 millions de francs en 1993), le Programme des Nations-Unies pour l'environnement (PNUE) avec 5 millions de francs (contre 14,1 millions en 1993), le Fonds des Nations-Unies pour les activités en matière de population (FNUAP) avec 6 millions de francs (contre 8 millions en 1993) ;

- l'action humanitaire

Ce secteur a acquis une place importante dans les relations internationales au cours des dernières années, en grande partie à l'initiative de la France.

Pus de 100 millions de francs sont versés par notre pays à ce titre, dont 51,9 millions pour le Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés (HCR), 15 millions de francs pour le Programme alimentaire mondial (PAM) et 47 millions de francs pour l'UNICEF (contre 52,6 millions en 1993) ;

- la santé

Les efforts de la France dans ce domaine sont en baisse sensible : les versements à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), notamment pour les programmes de lutte contre le SIDA sont tombés de 15 millions en 1993 à 900.000 francs en 1998, 6 millions de francs sont versés au PNUCID au titre de la lutte contre la toxicomanie (contre 11 millions en 1993).

Votre rapporteur s'était inquiété l'an dernier de la forte diminution des contributions volontaires, qui lui paraît de nature à nuire à l'influence internationale de la France. Il se réjouit donc du coup d'arrêt donné, en 1999, à leur constante érosion.

Dès 1998, le projet de loi de finances rectificative prévoit l'ouverture de 37 millions de francs de crédits supplémentaires sur le chapitre 42-32, au titre de la contribution de la France aux programmes de lutte contre le SIDA et au PNUD. Ces dotations complémentaires sont en fait gagées sur les remboursements de l'ONU à la France des dépenses engagées au titre de la FORPRONU.

Pour 1999, une mesure nouvelle de 50 millions de francs permet de porter les crédits du chapitre 42-32 à 278 millions de francs, soit une hausse de 21,9 %, qui ne rétablit toutefois pas le niveau atteint en 1997 (345,5 millions de francs).

Votre rapporteur souligne l'intérêt de ces contributions volontaires, qui n'est pas uniquement diplomatique, car les entreprises françaises bénéficient de taux de retours économiques très satisfaisants sur les actions financées par ces programmes internationaux.

Le tableau ci-dessous permet de rapprocher les contributions françaises aux diverses institutions du système des Nations-Unies et les parts de la France dans les achats de l'ONU, en 1996.

Taux de retour sur les contributions françaises à l'ONU

 

Achats de l'ONU en 1996

 
 

Contribution française

Achats ONU

Taux de

Organisme

Montant total en MUSD

Contri.
obligatoire

Contri. volont.

Montant total en MUSD

En MUSD


En %

retour 1996

ONU New York

169,10

169,10

 

377,47

16,53

4,38 %

9,78 %

Fonds et programmes

 
 
 
 
 
 
 

HCR

13,46

0,00

13,46

113,37

0,71

0,62 %

5,25 %

PAM

4,81

0,00

4,81

656,77

9,38

1,43 %

195,15 %

UNRWA

2,21

0,00

2,21

42,68

0,40

0,93 %

18,05 %

UNICEF

9,62

0,00

9,62

270,40

31,29

11,57 %

325,46 %

PNUD

17,98

0,00

17,98

280,75

10,64

3,79 %

59,17 %

Sous-total

48,08

0,00

48,08

1.363,97

52,42

3,84 %

109,03 %

Institutions spéciales

 
 
 
 
 
 
 

OMS

28,28

27,51

0,77

104,89

3,73

3,56 %

13,20 %

OAA

21,01

21,01

0,00

59,89

2,92

4,87 %

13,87 %

UNESCO

25,27

24,69

0,58

46,77

1,36

2,91 %

5,39 %

AIEDA

62,94

62,19

0,75

58,81

2,97

5,05 %

4,71 %

ONUDI

9,60

8,25

1,35

45,24

1,13

2,50 %

11,79 %

OIT

17,40

17,30

0,10

15,48

0,20

1,27 %

1,13 %

Sous-total

164,49

160,95

3,54

331,08

12,31

3,72 %

7,48 %

Total général

381,67

330,05

51,62

2.653,31

94,71

3,57 %

24,81 %

Le taux de retour moyen s'établit à 24,8 % en 1996. Il frôle les 200 % pour le Programme alimentaire mondial (PAM) et dépasse les 300 % pour l'UNICEF, dont la France est le premier contributeur.

III. LES AUTRES INTERVENTIONS INTERNATIONALES : UNE ÉROSION CONTINUE

A. LA PROMOTION DE STRASBOURG

Les crédits inscrits au chapitre 41-03 Promotion de Strasbourg capitale européenne parlementaire correspondent à la prise en charge par l'Etat d'une partie du déficit d'exploitation de la desserte aérienne de Strasbourg (article 10) et de certaines actions de promotion complémentaires (article 20). Ces crédits s'élèvent à 28,7 millions de francs pour 1999, en diminution de 5 % par rapport à 1998. Cette baisse globale recouvre une augmentation de 3 millions de francs des crédits consacrés aux actions de promotion, et une diminution de 4,5 millions de francs des crédits consacrés à la desserte aérienne de Strasbourg.

Le contrat triennal liant l'Etat à la région Alsace et à la ville de Strasbourg prévoit le financement de 100 % du déficit d'exploitation des vols dits "spéciaux", pendant les sessions parlementaires européennes, et de 66 % du déficit d'exploitation des vols réguliers (le solde restant à la charge des collectivités locales alsaciennes).

L'appel d'offres pour l'exploitation de liaisons assorties de contraintes de service public conclu en mars 1995, qui a mis fin au monopole d'Air France, a permis de ramener la dotation du chapitre de 46,5 millions de francs en 1995 à 30,2 millions de francs en 1997. Pour 1999, les crédits augmentent de 1,2 % et s'établissent à 29 millions de francs.

Dans le second appel d'offres, lancé pour la période mai 1998-mai 2001, la notion de vols spéciaux a disparu : tous les vols ont été transformés en vols réguliers, le taux de fréquentation des vols spéciaux par les parlementaires étant faible et les vols coûteux.

La desserte de Milan et Copenhague reste à la Compagnie Régionale Airlines, Tyrolean Airways assurant la desserte nouvelle de Vienne. Rome, Berlin, Munich, Hambourg ont été jugées rentables pour une compagnie après trois saisons aéronautiques compensées financièrement l'Etat. Comme Bruxelles et Londres, elles restent desservies aux conditions des compagnies Air France et Sabena, qui continuent à assumer à leurs frais ces liaisons.

Dublin fait l'objet d'un nouvel appel d'offres, le premier appel n'ayant reçu aucune proposition de soumission des compagnies aériennes, tandis que la desserte de Madrid fait actuellement l'objet d'une proposition d'Air Littoral à ses propres conditions financières, la seule incertitude restant le réaménagement des horaires permettant aux parlementaires de rejoindre Strasbourg dans de bonnes conditions.

B. LES INTERVENTIONS DE POLITIQUE INTERNATIONALE

Le chapitre 42-37 Interventions de politique internationale , doté de 89,9 millions de francs en 1999, soit une baisse de 10,7 % par rapport à 1998, regroupe quatre séries de crédits.

Les aides, secours et subventions à divers organismes, qui s'élèvent à 17 millions de francs.

Ces crédits correspondent à deux actions distinctes :

- les aides versées à des personnalités étrangères amies de la France, et les secours apportés à des personnes et des pays victimes de troubles ou touchés par des catastrophes naturelles ;

- les versements effectués au profit d'associations ayant sollicité une aide et dont l'activité s'inscrit dans le champs d'intervention du département. Ces versements sont effectués sur proposition du cabinet du ministre, a près accord du secrétaire général du ministère.

Le projet de loi de finances rectificative pour 1998 propose l'ouverture de 28,6 millions de francs de crédits supplémentaires, notamment pour l'aide exceptionnelle en faveur des pays d'Amérique centrale touchés par le cyclone "Mitch".

Les interventions du ministre délégué aux affaires européennes, qui sont reconduites au niveau de 15,15 millions de francs pour 1999.

Cette ligne budgétaire a été créée en 1989 afin de mettre des crédits d'intervention à la disposition du ministre délégué chargé des affaires européennes. Ces crédits permettent de mener différentes opérations :

- versement de subventions à des associations à vocation européenne ou menant une opération ponctuelle dont l'objectif s'inscrit dans le champ d'intervention du ministre délégué aux affaires européennes (20 %) ;

- prestations de service commandées par le cabinet du ministre délégué chargé des affaires européennes (3 %) ;

- marchés du ministre délégué chargé des affaires européennes concernant les prestations de conseil et de mise en oeuvre de la politique de communication sur l'Europe (41 %) ;

- contribution aux frais de fonctionnement du centre d'information sur l'Europe, "Sources d'Europe", créé à Paris en partenariat avec la commission des Communautés européennes (36 %).

Les interventions en matière de presse, qui s'élèvent à 500.000 francs pour 1999.

Le ministère des affaires étrangères subventionne, chaque année, trois associations : l'Association de la Presse Diplomatique Française (APDF), l'Association de la Presse étrangère (APE) et l'Association des Correspondants des Radios et Télévisions étrangères à Paris (CRETE). L'APDF est subventionnée par le ministère des affaires étrangères depuis 1948, année de sa création. C'est une association dont les liens avec le département sont très forts : son siège social est situé dans les locaux du Quai d'Orsay, son secrétariat est assuré, à temps partiel, par un agent de la direction de la presse, de l'information et de la communication, enfin, son président d'honneur est le ministre des affaires étrangères en exercice.

La subvention versée par le Quai d'Orsay représente 35 % environ des recettes de l'association, 16 % de celles-ci étant constituées des cotisations des adhérents. Près de 22 % du budget est consacré aux dépenses de fonctionnement. L'APDF organise des voyages d'études (Bruxelles, Londres, Berlin...) et développe, depuis 1995, un programme de bourses de formation allouées à de jeunes journalistes et envisage de créer un prix pour un journaliste ayant contribué à la compréhension d'un problème de politique étrangère.

L'APE, créée le 23 septembre 1945, regroupe les correspondants en France des journaux télévisés et radiophoniques étrangers. La subvention versée par le département représente 15 % environ des recettes de l'association, 43 % de celles-ci étant constituées des cotisations des adhérents.

Ce budget permet à l'APE de publier un bulletin mensuel et d'organiser régulièrement des réunions débats. Près de 40 % du budget sont consacrés aux dépenses de fonctionnement, en raison de la rémunération d'une secrétaire à plein temps.

Le CRETE est subventionné par la DPIC depuis 1995. Auparavant, il fonctionnait grâce à la contribution des sociétés audiovisuelles publiques. Depuis 1994, seules RFO et RFI contribuent, à hauteur de 80.000 francs environ chacune. Un arbitrage du premier ministre du 7 août 1995 a imparti au ministère des affaires étrangères et au ministère de la culture de verser chacun 300.000 francs à cette association.

En l'absence de centre international de presse à Paris, comme il en existe dans les grandes capitales telles que Washington, Londres ou Berlin, le CRETE offre une assistance de secrétariat de matériel de bureau à la disposition des radios et télévisions étrangères dépourvues de moyens logistiques.

Le Fonds d'urgence humanitaire , doté de 57,1 millions de francs pour 1999, soit une baisse de 8,9 % par rapport à 1998, ce fonds représente 63,5 % du chapitre 42-37.

Le Fonds d'urgence humanitaire sert à financer les organisations non gouvernementales et les organisations internationales qui interviennent dans le cadre d'une aide humanitaire d'urgence, à financer des opérations en faveur des droits de l'homme, des opérations d'aide directe (envoi de médicaments, de matériel médical, de nourriture), des opérations menées par l'intermédiaire des postes diplomatiques ou consulaires, ainsi que le programme Globus (mise à disposition d'ONG de volontaires du service national humanitaire).

Généralement, les crédits mobilisés par le Fonds d'urgence humanitaire permettent de lever d'autres fonds, par exemple dans le cadre du budget communautaire, ou bien de compléter les dons et le mécénat privés qui se mobilisent à l'occasion de grandes crises humanitaires.

Depuis 1995, la dotation du Fonds d'urgence humanitaire est en constante diminution. Cette baisse des crédits oblige à faire appele à des compétences techniques provenant d'autres ministères (intérieur ,défense, justice...) et contraint à recourir à des opérations de régulation.

En 1995, la dotation en loi de finances initiale du Fonds était de 122 millions de francs, ce qui a permis de subventionner 264 opérations. En 1996, le Fonds s'élevait à 99,5 millions de francs. En 1997, la dotation en loi de finances initiale du Fonds d'urgence a été de 85,6 millions de francs.

Le ministère a dû reporter sur le budget 1998 certaines opérations prévues au titre de 1997, y compris dans le domaine de l'aide d'urgence. On peut citer notamment :

- l'aide aux victimes des inondations en Equateur (300 KF) ;

- l'aide aux victimes des inondations au Kenya (300 KF) ;

- le programme d'action en faveur du Liban (1 million de francs).

En 1998, avec un montant de 62,8 millions de francs, la dotation du Fonds est en diminution de 30 % par rapport à l'année précédente. Pour les sept premiers mois de l'année, l'aide directe représente 35 % du Fonds, les crédits humanitaires aux ambassades 32 %, les subventions aux ONG 23,8 %, le soutien aux organisations internationales 9,2 %. L'Afrique subsaharienne absorbe 38,6 % des crédits, l'Asie et l'Océanie 18,2 %, le Proche et le Moyen-Orient 12,3 %, l'Amérique latine et les Caraïbes 11,9 %, l'Europe et le Caucase 10,9 %.

Pour les actions à engager en 1999, il convient de tenir compte des nouveaux champs ouverts depuis la fin 1997 à la politique humanitaire française : tel le cas de l'Algérie où nous soutenons des projets relatifs au traitement médico-psychologique des enfants victimes de traumatismes liés à la guerre civile.

Les partenaires européens de la France disposent de moyens beaucoup plus importants pour mener leurs actions dans le domaine humanitaire. Le budget d'action humanitaire allemand équivaut à 270 millions de francs, et celui du Royaume-Uni à 102 millions de francs.

Votre rapporteur regrette qu'avec une dotation de 57,1 millions de francs, en baisse de 8,9 % par rapport à 1998, les crédits du Fonds d'urgence humanitaire apparaissent manifestement insuffisants face à l'ampleur des besoins.

C. L'ASSISTANCE MILITAIRE

Souvent critiqué comme une survivance coloniale, la coopération militaire et de défense s'inscrit en principe dans le cadre général de la politique étrangère. Elle porte sur les domaines suivants :

- aide à des pays moins développés pour définir et mettre en oeuvre leur politique de défense et l'environnement de sécurité nécessaire à leur développement ;

- application des accords de défense et de coopération signés par la France ;

- soutien à l'évolution démocratique et au respect de l'Etat de droit ;

- contribution au développement de la sécurité régionale ;

- accompagnement des exportations de matériels de défense et de la coopération en matière d'armement ;

- contribution à la lutte contre les nouveaux risques affectant la sécurité intérieure de notre pays.

Le volet militaire de la coopération internationale est concerné par la réforme du dispositif de la coopération décidé le 4 février 1998.

La mission militaire de coopération de la rue Monsieur sera transférée, à compter du 1er janvier 1999, au ministère des affaires étrangères, au sein d'une nouvelle direction de coopération militaire et de défense (DCMD), placée sous l'autorité du secrétaire général adjoint, directeur général des affaires politiques et de sécurité.

Une approche différenciée par zone géographique, dans le cadre des objectifs et des priorités de politique étrangère, de coopération et de nos relations bilatérales sera maintenue. Ce souci devrait conduire à organiser la DCMD selon une structuration principalement géographique s'appuyant sur un pôle commun de moyens (budget, coopérants, stages). A partir de chaque subdivision géographique, des pôles de compétence fonctionnelle (instruction au maintien de la paix, programmes régionaux et multilatéraux, thèmes de projet) pourront être développés.

S'agissant des priorités géographiques et sectorielles, le gouvernement a décidé un redéploiement progressif de la politique de coopération militaire et de défense, pour l'adapter à l'état du monde et aux enjeux actuels de politique extérieure. Ceci implique un ajustement progressif des moyens aux priorités sectorielles et géographiques. Un redéploiement annuel d'environ 3,3 % par an, sur les trois prochaines années, des crédits budgétaires devrait intervenir pour servir les priorités les plus urgentes dans l'ex-secteur "hors-champ".

Le chapitre 42-29 Coopération militaire et de défense intègre pour 1999 les crédits antérieurement inscrits sur le chapitre 41-42 Assistance technique de formation dans le domaine militaire du budget de la coopération, qui s'élevaient à 703,3 millions de francs en 1998.

Avec une dotation de 780,5 millions de francs, le chapitre 42-29 est en apparence presque décuplé par rapport à 1998, où il s'élevait à 81,1 millions de francs. Mais, à structure constante, il apparaît en diminution de 1,1 % par rapport à 1998.

La répartition des crédits est la suivante :

- coopération technique - aide en personnel : 431,9 millions de francs  ;

- formation des stagiaires étrangers : 156,9 millions de francs ;

- appui aux missions de coopération : 19 millions de francs ;

- aide en matériel et entretien des infrastructures : 172 millions de francs.

EXAMEN EN COMMISSION

Réunie le jeudi 22 octobre 1998, sous la présidence de M. Alain Lambert, président, la commission a procédé à l'examen des crédits des affaires étrangères et de la coopération : I-. Affaires étrangères pour 1999 , sur le rapport de M. Jacques Chaumont, rapporteur spécial.

M. Jacques Chaumont, rapporteur spécial,
a tout d'abord souligné que le budget des affaires étrangères pour 1999 intégrait les crédits de la coopération, en conséquence de la réforme annoncée en février 1998 par le Gouvernement. Il a toutefois précisé que le budget de la coopération continuerait de faire l'objet du rapport spécial distinct de M. Michel Charasse.

Il a rappelé que le budget des affaires étrangères ne constituait qu'une partie des crédits consacrés à l'action extérieure de la France, qui se sont élevés en 1998 à 50,4 milliards de francs, dont 18,7 milliards de francs gérés par le ministère de l'économie et des finances.

Le rapporteur spécial a indiqué que le budget des affaires étrangères pour 1999 s'élevait à 20,77 milliards de francs, dont 14,8 milliards provenant des affaires étrangères et 5,9 milliards provenant de la coopération. Il a indiqué que ces crédits étaient en diminution de 0,7 % par rapport à 1998, cette baisse globale recouvrant une hausse de 2,6 % des crédits provenant des affaires étrangères et une diminution de 7 % des crédits provenant de la coopération. Il a précisé que cette diminution sensible des crédits de la coopération s'expliquait par la baisse des crédits d'ajustements structurels en faveur des pays africains.

Renvoyant à son rapport écrit pour une présentation plus détaillée des crédits, M. Jacques Chaumont, rapporteur spécial , a formulé cinq observations sur le budget des affaires étrangères pour 1999.

Première observation : il a estimé que l'intégration du secrétariat d'état à la coopération au ministère des affaires étrangères n'était que la conséquence logique de l'élargissement du champ de la coopération au cours des années antérieures. Il a précisé que cette intégration posait la question délicate de l'intégration des agents de la coopération dans les corps homologues des affaires étrangères, et s'était traduite dans un premier temps par un ajustement des régimes indemnitaires. Il a observé que cette intégration se doublait d'une réforme du fonctionnement du ministère des affaires étrangères, qui est revenu à une organisation transversale "par métier", et non plus géographique. Le rapporteur spécial a souligné que, si une diminution des coûts était attendue à terme de l'intégration des services de la coopération, celle-ci se traduisait dans un premier temps par des dépenses supplémentaires, les crédits du titre III augmentant de 4,5 %. Il a précisé que cette augmentation recouvrait notamment une mesure nouvelle de 23,6 millions de francs pour une remise à niveau des salaires des agents résidant dans les services à l'étranger, dont il avait lui-même dénoncé la sous-rémunération.

Deuxième observation : le rapporteur spécial s'est félicité du coup d'arrêt à l'érosion des contributions internationales volontaires. Il a rappelé que ces contributions volontaires s'élevaient à près de 700 millions de francs en 1993 et avaient été réduites à 228 millions de francs en 1998, faisant ainsi fonction de variable d'ajustement du budget des affaires étrangères. Il a estimé que cette diminution des contributions volontaires avait porté atteinte au crédit international de la France, alors même que l'on peut en attendre des retours économiques importants. Il a indiqué qu'une mesure nouvelle de 50 millions de francs leur permettrait de retrouver un niveau de 278 millions de francs en 1999.

Troisième observation : le rapporteur spécial a indiqué que le ministère des affaires étrangères avait donné une priorité à sa politique audiovisuelle extérieure, dont les crédits augmenteraient de 7,4 % en 1999, pour dépasser 1 milliard de francs. Il a rappelé que la situation confuse de concurrence entre Canal France International, banque de programmes, et TV5, chaîne de diffusion directe, avait été clarifiée. Il a souligné qu'une amélioration de la qualité des programmes de TV5 restait nécessaire. Il a précisé que l'expérience du journal télévisé international produit par France 2 à la demande de TV5 avait été un échec. Il a indiqué que Radio France International économiserait 80 millions de francs en 1999 grâce à l'abandon partiel de ses diffusions en ondes courtes, cette technique de diffusion étant désormais obsolète.

Quatrième observation : le rapporteur spécial a évoqué la situation de l'enseignement français à l'étranger. Il a indiqué que le redéploiement des réseaux des établissements vers les pays d'Europe centrale et orientale et d'Asie du sud-est nécessitait des investissements considérables. Il a considéré que l'augmentation continue des droits d'écolage, qui atteignent 47.000 francs pour le lycée de Singapour, posait un problème pour ceux des parents qui ne sont pas des salariés expatriés de grands groupes. Il a indiqué que ces problèmes trouvaient une solution partielle dans l'augmentation des bourses, pour lesquelles une mesure nouvelle de 20 millions de francs est prévue en 1999. Le rapporteur spécial a indiqué qu'il avait appelé l'attention du ministre sur la situation du lycée de Bangkok qui se trouve dans un état de délabrement tel que la sécurité des enfants n'y est plus assurée. Il a considéré que cette situation était caractéristique de la difficulté du mode de gestion des établissements conventionnés avec l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger, qui aboutit à faire décider des décisions d'investissement lourdes par les communautés français locales.

Cinquième observation : le rapporteur spécial a évoqué la politique immobilière du ministère des affaires étrangères. Après avoir rappelé que la France dispose du deuxième réseau d'ambassades dans le monde, qui s'était récemment étendu à la suite des bouleversements intervenus en Europe centrale et orientale, il a estimé que ce réseau ne devait plus nécessiter désormais, sauf exception, que des travaux d'entretien et de maintenance. Il a estimé que la décision de reconstruire, à grands frais, l'ambassade de France à Berlin sur son emplacement historique relevait d'une décision sentimentale plus que rationnelle. Il a souligné la nécessité de maîtriser les coûts de cette opération somptuaire, afin qu'elle reste dans les limites de son enveloppe initiale de 325 millions de francs. Le rapporteur spécial a fait état de la création d'une mission du patrimoine, chargée de la mise en valeur de la quinzaine d'ambassades d'une valeur patrimoniale exceptionnelle. Il a estimé urgent que soit fixée une doctrine officielle pour la mise à disposition des ambassades, dont les locaux sont de plus en plus souvent sollicités par les industriels français à l'étranger. Il a enfin rappelé avoir effectué en début d'année un contrôle sur pièces et sur place de la cellule décoration du ministère, à l'occasion duquel il avait pu constater le caractère dispendieux des pratiques de ce service, qui prenait certaines libertés avec les règles des marchés publics. Il a précisé que la cellule décoration avait été depuis supprimée et que des changements de personnes étaient intervenus à la tête de la direction du service des affaires immobilières.

M. Philippe Marini, rapporteur général, après avoir rappelé que l'effort de diminution des crédits qu'il préconisait ne s'appliquerait pas aux ministères régaliens tel que celui des affaires étrangères, a relevé que 143 suppressions d'emplois étaient prévues pour 1999, et a souhaité savoir s'il existait au ministère des affaires étrangères des marges de manoeuvre pour une réduction supplémentaire des effectifs à l'avenir.

M. Jacques Chaumont, rapporteur spécial , a estimé qu'une marge de manoeuvre existait sur les consulats, dont beaucoup ont déjà été fermés en Europe, mais qu'il n'y aurait guère de sureffectifs dans les services à l'étranger avec la suppression des coopérants du service national (CSN), dont la disparition programmée poserait des difficultés, notamment pour les Alliances françaises.

Mme Marie-Claude Beaudeau a souhaité connaître les raisons de la diminution des contributions internationales obligatoires et l'affectation des contributions internationales volontaires.

M. François Trucy a souhaité connaître la part des différents pays dans les contributions à l'Organisation des nations unies (ONU).

M. Denis Badré, relevant le coût considérable du projet d'ambassade à Berlin, a souhaité connaître le montant des économies qui résulteraient de l'abandon des installations à Bonn. Il a également souhaité savoir si le ministère des affaires étrangères développait une politique de mise en commun de ses moyens à l'étranger avec les autres Etats membres de l'Union européenne.

M. Maurice Blin a souhaité savoir si l'on constatait un assouplissement de la politique d'attribution des visas.

M. Jean-Pierre Demerliat s'est déclaré également inquiet de la disparition des CSN.

En réponse aux intervenants, M. Jacques Chaumont, rapporteur spécial , a indiqué que la diminution de 102 millions de francs des contributions internationales obligatoires résultait de la réduction des opérations de maintien de la paix. Il a indiqué que les 50 millions de francs supplémentaires consacrés aux contributions internationales volontaires seraient principalement destinés au Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

Il a indiqué que le ministère des affaires étrangères avait développé depuis quelques années des projets d'ambassades communes avec d'autres Etats membres de l'Union européenne. Il ainsi cité le projet d'ambassade à Abouja, nouvelle capitale administrative du Nigéria, qui souffre néanmoins du désistement successif des candidats initiaux, la France restant seule engagée avec les pays du Benelux, après la défection récente de l'Allemagne.

Il a précisé que les parts respectives des principaux contributeurs au budget de l'ONU s'élèvent à 25 % pour les Etats-Unis, 15,7 % pour le Japon, 9 % pour l'Allemagne, 6,4 % pour la France et 5,3 % pour le Royaume-Uni. Il a précisé que la question de la modification de la répartition des contributions était liée à celle de la modification de la composition du Conseil permanent. Il a souligné que les Etats-Unis ne paient pas leurs contributions obligatoires, ce qui leur permet de consentir d'importantes contributions volontaires. Il a indiqué que la France se situait à un niveau modeste pour ses contributions volontaires qui la classent, en 1997, au douzième rang pour le programme alimentaire mondial (PAM), au treizième rang pour l'UNICEF, et au quatorzième rang pour le Haut commissariat aux réfugiés (HCR).

Il a enfin indiqué qu'une amélioration sensible du service des visas avait été réalisée en Tunisie ou au Maroc, où une procédure simplifiée a été mise en place pour les catégories de personnes qui ont des liens fréquents avec la France.

La commission a alors adopté les crédits du budget des affaires étrangères pour 1999.

ANNEXE

Contrôle sur pièces et sur place de la cellule décoration

A l'occasion de l'examen du budget des Affaires étrangères pour 1998, l'attention de votre rapporteur avait été appelée sur les activités de la cellule décoration du quai d'Orsay, qui ne semblaient pas présenter toutes les garanties de bonne gestion. Interrogé à ce sujet, le Ministre a confirmé l'existence de certaines difficultés auxquelles il tâchait de remédier.

Votre rapporteur a donc engagé un contrôle, en sa qualité de rapporteur spécial du budget des Affaires étrangères, qui l'a conduit à se rendre à la Direction générale de l'administration à deux reprises, le 4 décembre 1997 et le 21 janvier 1998.

Il a également auditionné le 14 mai 1998 au Sénat le responsable de la nouvelle Mission du patrimoine du ministère des Affaires étrangères, créée en début d'année, qui exerce désormais la tutelle hiérarchique sur la cellule décoration.

A l'issue de cette mission de contrôle, votre rapporteur s'estime en mesure de confirmer la réalité de certains dysfonctionnements passés de la cellule décoration, et d'indiquer que des mesures ont été prises pour les corriger.

I. UNE STRUCTURE RATIONNELLE DANS SES PRINCIPES

L'existence même d'une cellule décoration au sein du ministère des Affaires étrangères peut sembler, de prime abord, incongrue. Il s'agit toutefois d'une structure justifiée dans son principe et rationnelle dans son organisation.

A. UN RÔLE DE COORDINATION NECESSAIRE

La fonction de la cellule décoration est justifiée par l'étendue et la spécificité du parc immobilier du ministère des Affaires étrangères. Le réseau des 149 ambassades et des 111 postes consulaires forme un ensemble impressionnant de bâtiments, dont beaucoup présentent un intérêt patrimonial exceptionnel. La gestion de ce parc immobilier doit s'accommoder d'une rotation relativement rapide des chefs de poste, pas forcément compatible avec la continuité des actions. Elle doit également tenir compte des nécessités de représentation propres à la diplomatie, qui a en charge l'image de la France à l'étranger.

Dans ce contexte exigeant, la cellule décoration a pour fonction de garantir la qualité esthétique des bâtiments du ministère des Affaires étrangères, tout en canalisant les initiatives des chefs de postes, ou de leurs épouses. Elle assure une harmonisation minimale du "goût officiel" français à l'étranger, et permet de centraliser et rationaliser la conduite des travaux.

Certes, cette structure centralisée présente les inconvénients de ses avantages. Elle risque d'aboutir à une uniformisation excessive de la décoration des ambassades, et de déposséder les chefs de poste d'une partie de leurs attributions gestionnaires. Mais elle paraît globalement justifiée.

B. DES MOYENS HUMAINS LEGERS

Créée dans les années 1970, la cellule décoration a été rattachée, jusqu'à l'an dernier, à la Direction générale de l'administration du ministère des Affaires étrangères.

La chaîne hiérarchique était assez longue, puisqu'elle comportait pas moins de quatre niveaux entre le directeur général de l'administration et le responsable opérationnel de la cellule.

Depuis le début du mois de février 1998, le Ministre a mis en place auprès du Directeur général de l'administration une Mission du patrimoine, à laquelle est désormais rattaché le personnel de la cellule décoration, qui a disparu en tant que telle. Cette Mission a été confiée à un inspecteur en chef des monuments historiques.

Les moyens humains de la cellule décoration sont légers, puisqu'ils comportent sept personnes seulement :

- un chef de bureau et une secrétaire à temps partiel (80%) ;

- trois décorateurs, dont un à mi-temps, et une assistante décoratrice ;

- un agent responsable du mobilier national.

Ces effectifs limités rendent nécessaire le recours à des collaborations extérieures.

C. DES CRÉDITS MODESTES

Les crédits dont dispose la cellule décoration sont relativement modestes, ce qui rend d'autant plus nécessaire un effort d'économie dans leur emploi.

L'essentiel est constitué par des crédits du titre III inscrits au chapitre 34-98 "Matériel et fonctionnement courants", qui constituent le budget stricto sensu de la cellule.



On observe une diminution des crédits de la cellule décoration au cours des derniers exercices budgétaires. Cette évolution s'inscrit dans une diminution constante de l'ensemble du budget des Affaires étrangères depuis 1992.

La dotation de la cellule est complétée, à la marge, par une fraction des crédits du chapitre 34-03 "Frais de réception et voyages exceptionnels". En effet, l'usage du ministère des Affaires étrangères est de mettre à profit les déplacements des autorités de l'Etat pour réaliser certains travaux de décoration exceptionnels.

Enfin, il convient de mentionner pour mémoire qu'une fraction des crédits d'investissement du titre V financent en fait des travaux de décoration incorporés aux opérations de construction ou de rénovation. Votre rapporteur ne dispose pas de chiffrage précis de ces dépenses de décoration non apparentes, mais elles sont vraisemblablement importantes. Si l'on prend le cas de la résidence des Pins à Beyrouth, les dépenses incluses de décoration représentent 6 millions de francs sur un total de travaux de 55 millions de francs.

Enfin, il convient d'ajouter aux crédits de fonctionnement constituant le budget de la cellule décoration les dépenses de personnel afférentes, qui sont estimées à 854.400 francs, hors primes.

II. DES DYSFONCTIONNEMENTS A CORRIGER

A. UNE OBLIGATION D'INVENTAIRE INEGALEMENT RESPECTÉE


Parmi les tâches de gestion matérielle des chefs de poste à l'étranger, figure l'obligation de tenir un inventaire du mobilier, arrêté lors de leur prise de fonctions et lors de leur départ. Cette obligation semble être devenue largement théorique, ou du moins laissée à la seule diligence des intéressés. Or les ambassadeurs manifestent un intérêt inégal pour ces tâches pratiques, tandis que les emplois d'intendants autrefois courants deviennent aujourd'hui l'exception.

Il existe un véritable problème de négligence à l'égard du mobilier du ministère des Affaires étrangères, voire d'indélicatesse manifeste. A cet égard, la Cour des Comptes à établi en 1995 un rapport particulier édifiant sur les disparitions et dégradations du mobilier national confié en dépôt au ministère des Affaires étrangères, qui n'est d'ailleurs pas la seule administration d'Etat mise en cause. En pratique, ces manquements font partie du non-dit du ministère des Affaires étrangères et n'entraînent jamais aucune sanction.

L'obligation de tenir à jour un inventaire a été récemment rappelée à tous les chefs de postes par une circulaire de la Direction générale de l'administration, en date du 19 janvier 1998. Par ailleurs, cette circulaire rappelle que la cellule décoration doit être consultée ou informée lors de la réalisation des travaux d'aménagement mineurs financés directement sur les crédits globalisés des postes à l'étranger.

Enfin, le chef de la nouvelle Mission du patrimoine met en place l'indispensable inventaire centralisé et informatisé du patrimoine mobilier et immobilier du ministère en France et à l'étranger.

B. DES PRATIQUES PEU ECONOMES DES DENIERS PUBLICS

L'examen concret des méthodes de travail de la cellule décoration laisse apparaître des pratiques peu économes des deniers publics. Certes, le choix de prestations luxueuses pour la décoration d'une ambassade n'est pas en soi illégitime, s'agissant de l'image de la France. Mais ces considérations de prestige doivent rester dans les limites du raisonnable et ne justifient pas toutes les dépenses.

Ainsi, la pratique des travaux de décoration réalisés à l'occasion des voyages officiels exceptionnels peut être justifiée, s'il s'agit de hâter des projets de rafraîchissement nécessaires et programmés. Mais elle a trop souvent été l'occasion de dépenses somptuaires ou redondantes, et apparaît finalement peu compatible avec une programmation rationnelle des travaux en fonction des besoins réels. Pour cette raison, le ministère des Affaires étrangères a délibérément restreint, au cours des dernières années, les crédits de décoration engagés pour ces occasions.

Un autre facteur de surcoûts est la préférence systématiquement donnée à des fournisseurs et des prestataires de services français. Ce choix peut s'expliquer par le souci de montrer à l'étranger le savoir-faire français et de s'assurer de la qualité parfaite des travaux.

Mais les dépenses afférentes sont accrues par des pratiques particulièrement généreuses. A titre d'exemple, pour changer quelques rideaux et tissus dans l'une de nos ambassades, le ministère des Affaires étrangères a pris directement en charge les déplacements et le logement d'une décoratrice extérieure et d'une équipe de cinq tapissiers venus de France. Cette prise en charge des frais annexes s'ajoute à des honoraires qui apparaissent manifestement excessifs : 530.000 francs pour le cabinet de tapissiers et 118.000 francs pour la décoratrice.

Un peu plus de pragmatisme apparaît souhaitable. Il conviendrait tout d'abord de limiter les prestations les plus luxueuses aux seules pièces d'apparat, ouvertes aux personnalités locales.

Il semble par ailleurs opportun de recourir aux artisans locaux dans les pays qui disposent d'un savoir-faire traditionnel suffisant. Dans le cas évoqué précédemment, il aurait été parfaitement concevable que les travaux soient réalisés de manière plus économique par une équipe d'artisans locaux, sous le contrôle d'un seul tapissier français.

C. DES PROCÉDURES INSUFFISAMMENT TRANSPARENTES

La sélection des fournisseurs et des artisans s'effectue dans le cadre de marchés négociés, renouvelés tous les trois ans. Cette procédure, qui est gérée directement par les services financiers du ministère des Affaires étrangères, est en théorie satisfaisante. Mais, en pratique, elle rigidifie les prix et prive les responsables de la cellule décoration de latitude de négociation sur les différents éléments d'un projet.

Le chef de la nouvelle Mission du patrimoine souhaite obtenir une plus grande ouverture à la concurrence en recourant à la procédure de marché public au coup par coup, chaque fois que le seuil de 300.000 francs est dépassé sur un projet.

Les économies à attendre semblent tout à fait significatives, si l'on en croit l'exemple d'un projet de réfection d'un ensemble de mobilier Empire pour la résidence du Ministre. En révisant minutieusement tous les devis et en limitant les prestations au strict nécessaire, le coût total est passé de 800.000 francs à 300.000 francs.

Le choix des collaborations extérieures à la cellule décoration semble s'effectuer surtout par relations. Il en résulte un risque de favoritisme, même s'il est tempéré par un principe de répartition des travaux entre plusieurs cabinets différents.

Dans certains cas, le ministère a recouru aux services d'une personne travaillant à titre privé après son départ de la cellule décoration. Ce mélange des genres n'est manifestement pas compatible avec un contrôle réel du rapport qualité-prix des prestations fournies.

*

* *

En conclusion, votre rapporteur estime que la réforme de la cellule décoration, qui a été absorbée par la nouvelle Mission du patrimoine, est une réponse satisfaisante aux errements passés. L'analyse et les projets du responsable de la Mission sont pertinents, et semblent apporter toutes les garanties souhaitables de bonne gestion.

Toutefois, l'examen des services de décoration du ministère des Affaires étrangères conduira votre rapporteur à exercer en 1999 un contrôle très attentif des opérations de construction et de rénovation immobilières, financées par les crédits d'investissement du titre V.

En effet, il semblerait que les pratiques dispendieuses précédemment décrites se retrouvent sur ce poste de crédits, qui s'élève à 271 millions de francs pour 1998 : projets sur-dimensionnés, budgets prévisionnels fantaisistes, délégations de maîtrise d'oeuvre inutiles, absence de contrôle effectif des prestations. Au total, les dépassements budgétaires sont fréquents. D'ores et déjà, les devis semblent difficilement tenus pour les premiers travaux de l'ambassade de France à Berlin, dont le coût prévisionnel est de 288 millions de francs.

A plus long terme, si les mesures appropriées n'étaient pas prises, le ministère des Affaires étrangères risquerait de voir son budget gravement obéré par les frais d'entretien d'un parc immobilier dont le développement ne semble pas toujours ni réfléchi ni maîtrisé.




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