DEUXIÈME PARTIE -
LA RÉFORME DE L'ORGANISATION DES RÉSERVES

Depuis la réforme de 1993, les réserves se trouvent en fait dans une situation de transition . En effet, après les modifications entraînées par le plan " Réserves 2000 ", d'autres changements sont devenus nécessaires afin de tenir compte de la professionnalisation des armées annoncée par le Président de la République en février 1996.

Dans la mesure, toutefois, où ces réformes successives, d'une portée d'ailleurs différente, s'inspirent du même souci d'adapter les réserves au système de défense que requiert le monde de l'après-guerre froide, elles n'apparaissent pas contradictoires mais présentent, au contraire, une certaine cohérence. La professionnalisation appelle en fait une systématisation des orientations dessinées par le Plan " Réserves 2000 ".

Aujourd'hui les réserves ont engagé leur évolution vers le modèle défini par la loi de programmation 1997-2000. En d'autres termes, si elles continuent de bénéficier, jusqu'au 31 décembre 2000, date de la suspension du Livre II du Code du service national, d'une ressource astreinte, les armées et la gendarmerie ont, depuis 1997 , procédé un recentrage de l'organisation et du fonctionnement de leur réserve. Elles ont ainsi choisi de sélectionner leur réserve avec le recrutement de volontaires, sur la base des engagements spéciaux dans la réserve prévue par la loi du 4 janvier 1993. Elles ont poursuivi les efforts de décentralisation de la gestion afin de mieux assurer le suivi des réservistes en nombre plus restreint. Enfin les armées et la gendarmerie s'efforcent d'intégrer leur réserve dans le modèle professionnalisé qui leur est désormais assigné.

I. LE CADRE GÉNÉRAL DE LA RÉFORME : D'UNE RÉSERVE DE MASSE " EN ATTENTE " À UNE RÉSERVE D'EMPLOI

A. LA FIN D'UN CONCEPT D'EMPLOI SPÉCIFIQUE

Il n'existe désormais plus de concept d'emploi propre aux réserves. En effet, ces dernières ont vocation à s'intégrer très largement à l'armée d'active. Comme l'a rappelé le major général de l'état major des armées lors des réunions préparatoires sur le présent projet de loi relatif aux réserves, " la nouvelle réserve sera donc une réserve d'emploi " , ayant la capacité d'être engagée, au sein des forces, en temps normal comme en temps de crise, sur le territoire national comme en opérations extérieures.

Ainsi à une réserve de masse " en attente ", se substitue progressivement une réserve qui doit être plus moderne, mieux entraînée, plus disponible, mais qui sera aussi plus restreinte.

Le concept d'emploi s'inscrit dans le cadre des trois missions assignées par la loi de programmation 1997-2002 aux réserves :

- " fournir aux forces d'active les renforts nécessaires, le cas échéant, pour accroître ou maintenir leurs capacités, dans les différentes fonctions,

- remplir des missions sur le territoire national en substitution de personnel ou d'unités d'active, pour permettre la disponibilité permanente des forces,

- entretenir le lien entre les forces armées et la Nation ".

Dès lors, la réserve a vocation à prendre toute sa place dans trois catégories d'emploi :

- remplacement ou renfort , à titre individuel ou collectif, de personnels d'active engagés dans des opérations extérieures, pour assurer, sur les théâtres extérieurs, la continuité des actions conduites et, en métropole, les activités d'instruction, de soutien et de surveillance nécessaires ;

- l'apport en spécialistes dans les domaines de nature technique pour lesquels les réservistes apportent à l'extérieur comme sur le territoire national, un surcroît de compétences à caractère civil ou militaire ;

- enfin, le renforcement ou la relève, individuel et collectif, du personnel d'active engagé dans des missions de sécurité publique et de protection du territoire.

Concrètement, les réserves interviennent dans trois types de figure :

- dès le temps de paix , pour apporter les compléments dont l'armée d'active aurait besoin ;

- lorsqu'une crise s'installe dans la durée (Bosnie, plan Vigipirate) ou pour la préparation et le déroulement d'un événement exceptionnel (Coupe du monde) afin d'alléger la pression sur l'active ;

- enfin, quand sans en venir aux extrêmes, la menace dépasse le niveau moyen retenu pour fixer le format des armées professionnelles afin de procurer l'appoint nécessaire pour surclasser l'adversaire.

Cette logique d'emploi commande un format de réserves encore resserré par rapport à l'objectif fixé par le plan " Réserves 2000 ".

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