CONCLUSION

Au terme de cette analyse, il apparaît que l'objectif recherché par la proposition de directive, à savoir garantir un minimum d'imposition effective des revenus de l'épargne sous forme d'intérêts à l'intérieur de la Communauté, peut faire l'objet d'un large consensus.

Votre commission des finances se félicite de l'attitude pragmatique adoptée par la Commission européenne qui devrait faciliter les négociations en vue d'un accord entre les pays membres de la Communauté. En outre, cette proposition de directive concilie la volonté d'introduire un minimum de règles communes en matière de taxation de l'épargne des non résidents communautaires et la nécessité de ne pas fragiliser la compétitivité des places financières européennes.

En revanche, votre commission estime que la rédaction de la proposition de directive doit être revue afin de clarifier les enjeux concernant l'égalité de traitement des différentes formes de l'épargne de même nature, les euro-obligations, les contraintes pesant sur les agents payeurs et la date de transposition.

En outre, elle insiste sur le fait que le choix de la preuve pour les non résidents non communautaires ne doit pas pénaliser la compétitivité fiscale de l'économie française.

Compte tenu de ces observations, la Commission des finances vous propose une nouvelle rédaction de la proposition de résolution, mais largement inspirée sur le fond par le texte adopté par la délégation pour l'Union européenne.

Cette rédaction s'écarte cependant de la proposition de résolution de ladite délégation sur un point : le montant du taux minimum de la retenue à la source. Votre commission comprend le souci de la délégation d'éviter qu'un taux trop bas ne permette pas une imposition effective des revenus de l'épargne. Toutefois, elle craint qu'en l'absence d'accord avec les pays tiers, un taux de 25 % n'encourage un transfert de l'épargne en dehors de la Communauté. C'est pourquoi elle propose l'adoption d'un taux plus bas, qui éviterait les risques de délocalisation.

PROPOSITION DE RÉSOLUTION DE LA COMMISSION

Le Sénat,

Vu l'article 88-4 de la Constitution,

Vu la proposition de directive du Conseil n° E 1105 visant à garantir un minimum d'imposition effective des revenus de l'épargne sous forme d'intérêts à l'intérieur de la Communauté,

Considérant que l'absence de politique coopérative en matière de taxation des revenus de l'épargne des non résidents communautaires entre les Etats membres de la Communauté européenne contribue au développement d'une concurrence fiscale dommageable,

Considérant que celle-ci est encore accrue par l'introduction de l'euro et l'achèvement du marché unique,

Considérant que la Commission européenne a pris acte de l'échec des tentatives d'harmonisation de la fiscalité de l'épargne lié à la diversité des cultures fiscales des Etats membres,

Considérant que les propositions de la Commission européenne se limitent désormais à l'adoption de règles communes visant à garantir un minimum d'imposition effective des revenus de l'épargne, sous forme d'intérêts, des non résidents communautaires,

Considérant que le modèle de coexistence apparaît difficile à mettre en oeuvre,

Considérant cependant que le renforcement des échanges d'informations entre les administrations fiscales des pays membres constitue le seul outil efficace de lutte contre le blanchiment des capitaux et la délinquance financière,

Approuve l'objectif, poursuivi par la directive, de lutte contre la concurrence fiscale dommageable par l'introduction de politiques coopératives en matière d'épargne au sein de l'Union européenne,



Propose de fixer un taux minimum de retenue à la source de nature à éviter les délocalisations de l'épargne hors de l'Union européenne, soit au plus 20 %,



Préconise la conclusion d'accords avec les pays tiers sans en faire toutefois un préalable à l'adoption de la directive,

Craint que le modèle de coexistence ne défavorise les pays choisissant l'échange d'informations et demande en conséquence au Gouvernement d'agir en sorte que, dans un modèle de coexistence, le choix d'un pays pour l'échange d'informations ne conduise pas à le mettre en position défavorable par rapport aux pays optant pour la retenue à la source,

Soutient la poursuite des négociations sur le renforcement des échanges d'informations entre les administrations fiscales des pays membres,

Demande l'instauration de la transparence fiscale afin de distinguer, lors de la définition de l'assiette de la retenue à la source, ce qui correspond à des intérêts de ce qui relève des dividendes et des plus-values,

Demande que la rédaction de la proposition de directive soit revue afin que :

- toute distorsion entre les différentes formes d'épargne soit évitée ;

- les euro-obligations soient intégrées dans le champ d'application de la directive sans entraîner une délocalisation de ce marché ;

- les contraintes pesant sur les agents payeurs soient limitées au strict nécessaire pour la bonne application de la directive.

Recommande que la date de transposition de la directive dans le droit national des Etats membres soit fixée au 1 er janvier 2001 et la date d'entrée en vigueur le 1 er janvier 2002.

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