CHAPITRE PREMIER

LA FUSION DES CRÉDITS DE L'INDUSTRIE DANS LE FASCICULE BUDGÉTAIRE DE L'ÉCONOMIE, DES FINANCES ET DE L'INDUSTRIE

Comme votre rapporteur l'anticipait l'année dernière, les crédits consacrés à l'industrie sont cette année définitivement absorbés par le fascicule budgétaire - désormais unique - du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie.

Toutefois, le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie a pris soin de conserver au sein de ce budget unique, sinon la nomenclature, du moins des agrégats homogènes relatifs à l'industrie, ce qui permet de reconstituer un budget de l'industrie pour 2000 et d'analyser l'évolution de ses crédits par rapport aux années précédentes.

Votre rapporteur analysera l'exécution du budget 1998 et fera le point sur celle du budget 1999 avant de se pencher sur les dotations des chapitres industriels du fascicule budgétaire du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie pour 2000.

I. DES MOUVEMENTS BUDGÉTAIRES TRÈS IMPORTANTS EN EXÉCUTION

A. L'EXÉCUTION DU BUDGET VOTÉ EN 1998

Les crédits votés dans la loi de finances initiale pour 1998 s'élevaient à 16 298,2 millions de francs en dépenses ordinaires et crédits de paiement.

Les tableaux ci-après recensent les mouvements intervenus en gestion au cours de l'année 1998 en dépenses ordinaires et crédits de paiement (la colonne " Autres mouvements " recouvre les transferts, les virements et les crédits ouverts en loi de finances rectificative) :



1. Des crédits disponibles très supérieurs aux crédits votés

On constate que les crédits finalement disponibles en 1998 se sont élevés à 28 927,6 millions de francs , soit une hausse de 12 629,3 millions de francs (+ 77,5 %) par rapport au budget voté initialement. Cette hausse, est plus faible que celle constatée en exécution 1997 (87 %). Outre le traditionnel transfert de crédit en provenance du budget de la défense imputé sur le chapitre 62-00 correspondant aux crédits de recherche du CEA (7 099 millions de francs), ce différentiel résulte pour l'essentiel des mouvements suivants :

a) Des reports de crédits en baisse

Les reports de crédits se sont élevés à 1 644 millions de francs en 1998, ce qui traduit une baisse par rapport à ceux intervenus en 1997 (2,7 milliards de francs).

Ils portent principalement sur les chapitres 64-93 " équipement naval ", 64-96 " restructurations industrielles " et 62-01 " reconversion ". S'il est vrai que la consommation des crédits de ces chapitres est très difficile à anticiper, le seul fait que les reports se perpétuent d'année en année prouve qu'ils sont probablement trop dotés.

La Cour des comptes observe ainsi dans son rapport sur l'exécution des lois de finances pour 1998, que les reports " portent souvent sur les mêmes chapitres que les années précédentes, ce qui rend indispensable leur remise à niveau dans les prochaines lois de finances " .

Nous verrons plus loin que le gouvernement en a tenu compte dans le budget pour 2000 puisque les crédits du chapitre 64-96 (qui incluent désormais les crédits de reconversion) sont contractés de 27 %, ce dont votre rapporteur se félicite. Il en est de même pour les crédits du Fonds de soutien aux hydrocarbures qui sont diminués de 46 % afin de tenir compte des importants reports qui avaient traditionnellement lieu d'une année sur l'autre sur le compte d'affectation spéciale n° 902-12 budgétisé l'année dernière.

b) Des rattachements de fonds de concours en hausse

1 587 millions de francs de fonds de concours ont été rattachés au budget de l'industrie en 1998 (contre 1,47 en 1997), essentiellement sur les titres III (1 026,8 MF) et V (559,2 MF).

Il convient de rappeler que de tels rattachements dérogent au principe de non-affectation des recettes de l'Etat et nuisent à la bonne information du Parlement dans la mesure où leur montant exact n'est connu qu'en fin d'exécution. En outre, les dépenses financées par le biais de cette procédure sont essentiellement des dépenses de personnel alors que les ressources collectées sont permanentes.

Dans une décision n° 97-395 du 30 décembre 1997 portant sur la conformité à la Constitution de la loi de finances pour 1998, le Conseil constitutionnel estimait ainsi que les crédits correspondant à des charges permanentes devaient être ouverts en loi de finances aux chapitres concernés. Dans sa décision n° 98-405 du 29 décembre 1998 relative à la loi de finances pour 1998, il a considéré que " l'effort engagé depuis 1996 devra être mené à terme en vue de régulariser diverses procédures d'affectation non conformes à l'ordonnance du 2 janvier 1959 ".

La Cour des comptes a également dénoncé dans son rapport sur l'exécution des lois de finances pour 1998, l'application extensive de l'article 19 de l'Ordonnance organique du 2 janvier 1959 dont résultent les fonds de concours pour services rendus. Or, le budget de l'industrie était jusqu'en 1998 le deuxième plus gros bénéficiaire de ces fonds de concours par assimilation, avec 1 271,8 millions de francs, soit 14,1 % du total.

Les crédits de fonds de concours ouverts au titre III ont représenté en 1998 plus de 19,4 % des moyens de fonctionnement des services (contre 17,2 % en 1997). Ils ont les provenances suivantes :

- versements effectués par l'agence Centre Europe d'exploitations des oléoducs de l'OTAN pour couvrir les dépenses d'exploitation de la partie française du réseau d'infrastructure pétrolière de l'OTAN : ils ont atteint 297,1 millions de francs en 1998 et ont couvert 79 % des dépenses du chapitre 37-61 " Dépenses et remboursement supportés par la France au titre de l'infrastructure pétrolière " ;

- redevances encaissées à l'occasion des expertises des ingénieurs des mines (456 MF) ;

- taxes et redevances perçues par le service des activités de mesure (94 MF) ;

- produit d'une partie des taxes et redevances auxquelles sont assujetties les installations classées pour couvrir les dépenses exposées par les services pour l'inspection des installations classées (74 MF).

Les fonds de concours du titre V ont principalement pour origine les redevances perçues à l'occasion de la surveillance exercée par le personnel de la Direction de la sûreté des installations nucléaires (DSIN) sur les exploitants des installations nucléaires de base : Elles ont atteint 476,9 millions de francs en 1998 contre 441,3 millions en 1997. Elles ont abondé le chapitre 54-93 " Etudes ".

Sur le titre VI , les fonds de concours reçus en 1998 ne se sont élevés qu'à 1 MF.

c) Des ouvertures de crédits en loi de finances rectificative

La loi de finances rectificative pour 1998 a ouvert 2 493,2 millions de francs de crédits nouveaux au profit du budget de l'industrie, dont 2 476 millions de francs sont venus alimenter le chapitre 64-93 " équipement naval - interventions " pour financer des aides à de nouvelles commandes passées aux Chantiers de l'Atlantique et des aides complémentaires pour couvrir une dérive sur le coût de contrats des Chantiers du Havre.

Quelle que soit la justification de ces crédits, la pratique de l'ouverture d'enveloppes importantes de crédits en loi de finances rectificative est une entorse à l'annualité budgétaire dès lors qu'elle a pour objet, non pas de compléter une enveloppe de crédits trop étroite pour l'année en cours, mais d'anticiper des besoins sur l'exercice suivant.

Ainsi, comme l'observe la Cour des comptes dans son rapport sur l'exécution des lois de finances pour 1998, " les crédits ouverts aussi tardivement par la loi de finances rectificative ne pouvaient, pour une grande partie, être consommés au cours de l'exercice, et ont engendré d'importants reports " . La Cour ajoute : " La loi de finances rectificative pour 1998 paraît avoir été utilisée non seulement pour ajuster les crédits de l'exercice en cours, mais aussi pour ouvrir, par report, des crédits qui n'ont pu être prévus à temps dans la loi de finances initiale de 1999 " .

On peut se féliciter à cet égard que le gouvernement ait décidé d'accroître sensiblement dans le budget pour 2000 les dotations du chapitre 64-93 afin de mieux les faire correspondre avec les besoins réels de l'industrie navale.

2. Des annulations de crédits en nette diminution

En 1998, les annulations de crédits se sont élevées à 226,8 millions de francs en crédits de paiement et à 514 millions de francs en autorisations de programme.

Ce montant en CP traduit une nette diminution par rapport aux années précédentes au cours desquelles les annulations avaient porté sur des montants de 629,9 millions de francs en 1995, 498 millions de francs en 1996 et 448,4 millions de francs en 1997.

Les annulations les plus importantes ont concerné :

- le chapitre 64-96 " Actions de restructuration suivies par le CIRI" (61 MF) soit 122 % de la dotation initiale ;

- le chapitre 66-01 " Recherche industrielle et innovation" (50 MF), soit 3,5 % de la dotation initiale ;

- le chapitre 62-01 " Reconversion des zones minières " (29 MF), soit 22 % de la dotation initiale ;

- le chapitre 64-96 " Actions de restructuration hors CIRI" (22 MF), soit 33 % de la dotation initiale.

3. La sous-consommation des crédits de certains chapitres

Les crédits ont été finalement dépensés à hauteur de 25 241 millions de francs, ce qui représente un taux de consommation de 87,26 % (en baisse par rapport à 1997 où il avait atteint 93,8 %).

Les crédits des titres III et IV ont été consommés pour près de 98 % de leur montant. S'agissant des crédits du titre V, on observe une différence assez sensible entre le taux de consommation des CP (59,24 %) et celui des AP (77,43 %). La faiblesse des taux de consommation sur le chapitre 57-02 " Equipements administratifs et techniques " est principalement le fait de la quasi absence d'engagement de travaux en administration centrale dont le programme initial a été revu dans le cadre de la réorganisation des structures administratives du secrétariat d'Etat à l'industrie.

Au titre VI, il faut noter la faible consommation des crédits des chapitres :

62-01 " Reconversion " : les crédits de paiement destinés à la reconversion des zones minières n'ont été consommés que pour 32 % de leur montant disponible et ceux du Fonds d'industrialisation de la Lorraine (FIL) ne l'ont été que pour 49 % de leur montant. La consommation des AP s'est quant à elle élevée à 43 % sur ce chapitre.

La consommation négative des crédits de l'article 30 (conversion des chantiers navals) s'explique par la dissolution de la société de reconversion Provence Industrialisation créée à l'occasion de la fermeture des chantiers de la Normed, qui a conduit à récupérer les crédits versés à cette société et restés inutilisés.

64-93 " Aide à la construction navale " : doté initialement de 850 millions de francs en AP et de 800 millions en CP, ce chapitre a bénéficié, en cours de gestion, d'une part de reports de 973,7 millions de francs d'AP et de 852,2 millions de francs de CP, mais surtout, d'une ouverture de crédits en LFR de 2 562 millions de francs en AP et de 2 479 millions en CP, ce qui a porté le total des dotations à 4 223,7 et 4 052 millions de francs respectivement.

Compte tenu de ces ouvertures de crédits en toute fin d'année, la consommation finale ne s'est élevée qu'à 1 594 millions de francs en CP et à 1 821 millions de francs en AP, traduisant des taux de consommation de 39,3 % et 43 % respectivement.

64-96 " Restructurations industrielles " : ce chapitre se distingue traditionnellement par l'importance des crédits reportés d'une année sur l'autre. En 1998, 284,8 et 211 millions de francs ont ainsi été reportés en AP et CP pour des montants de crédits initiaux de 135 et 116 millions de francs respectivement. Les crédits n'ont finalement été consommés que pour 34,7 % (89 MF) et 40 % de leur montant (97,8 MF). Les soldes de 167 et 146MF ont été reportés sur l'exercice 1999.

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