II. LA RECHERCHE INDUSTRIELLE ET L'INNOVATION

Comme les années précédentes, le soutien à la recherche industrielle et à l'innovation constitue l'un des axes majeurs du budget de l'industrie pour 2000, avec 16 % du total des crédits et 46  % des crédits de politique industrielle (en dépenses ordinaires et crédits de paiement).

A. LES GRANDS PROGRAMMES

Les crédits destinés à soutenir les grands programmes de recherche industrielle sont inscrits au chapitre 66-01 du budget de l'économie, des finances et de l'industrie pour 2000. Ils diminuent légèrement en CP par rapport à 1999 (1.723 MF, soit - 1,6 %) mais augmentent de 1 % en AP pour s'établir à 1.836 millions de francs. Les crédits de paiement pour 2000 sont toutefois en progression par rapport aux moyens disponibles en 1999 après régulation budgétaire 14( * ) .

Ces crédits correspondent à la participation du Secrétariat d'Etat à l'industrie au financement de grands programmes nationaux - à travers la procédure GPI (grands projets innovants) relayée en 1997 par l'Appel à projets " Technologies-clés " - ou européens - au travers de la procédure EURÊKA.

Il convient toutefois d'observer que parmi les grands programmes fédérateurs nationaux, seul est maintenu le programme PREDIT II, les programmes BIOAVENIR et RÉACTIF ayant vu en 1996 et 1998 respectivement la fin de leur engagement financier.

1. Les grands programmes nationaux

Jusqu'en 1996, le secrétariat d'Etat à l'industrie a apporté son soutien aux grands programmes interministériels destinés à favoriser l'offre de technologies (PREDIT, BIOAVENIR...) au travers de la procédure des Grands Projets Innovants (GPI). Cette procédure était fondée sur l'analyse des besoins du développement technologique de l'industrie française. Après des expertises techniques, économiques et financières approfondies, les projets présentés pouvaient bénéficier d'un soutien généralement sous forme d'avance remboursable au taux maximum de 30 %. De 1989 à la fin du premier semestre 1996, date d'arrêt de la procédure, 207 projets représentant plus de 7,5 milliards de francs ont ainsi été soutenus pour un montant total d'aide de 2,4 milliards de francs.

La procédure des grands projets innovants a été relayée à la mi-1996 par l'Appel à projets " Technologies-clés " qui vise à privilégier le soutien des pouvoirs publics à 50 secteurs technologiques, non couverts par les grands programmes interministériels ou européens et sur lesquels la position industrielle de la France est jugée insuffisamment forte.

Enfin, les nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) sont soutenues plus spécifiquement par deux grands programmes :

- l'appel à projets interministériel RNRT lancé en 1998 pour le soutien du secteur des télécommunications et intégré en 1999 au réseau national de recherche technologique ;

- le programme Société de l'information du secrétariat d'Etat à l'industrie.

a) L'abandon progressif des grands programmes interministériels

Au travers de la procédure des GPI, le secrétariat d'Etat à l'industrie a apporté son soutien à de grands programmes interministériels qui correspondent aux domaines d'excellence de l'industrie et de la technologie françaises, issus des propositions des industriels. Situés dans des domaines stratégiques à fortes retombées potentielles, ces projets étaient d'un coût unitaire très élevé, supérieur à 100 millions de francs. Aujourd'hui, seul subsiste le programme PREDIT, les programmes BIOAVENIR et RÉACTIF ayant été stoppés.

Le programme BIOAVENIR, dans le domaine de la santé et de l'agrochimie, s'est terminé en 1996, le budget de l'industrie lui ayant affecté 200 millions de francs entre 1993 et 1996.

Le programme REACTIF dans le domaine de la chimie de formulation, lancé dans le courant de l'année 1996 pour cinq ans, s'est clos en 1998 à la demande du ministère de l'éducation nationale et de la recherche, dans le cadre de réflexions plus globales consécutives à la mise en place du réseau national de recherche et d'innovations technologiques. Ce programme devait réunir, en partenariat avec les laboratoires de la recherche publique, des grands chimistes français et de nombreux partenaires industriels utilisateurs. Le budget de l'industrie devait en principe y consacrer 200 millions de francs en cinq ans (sur un total de 1,7 milliard de francs, dont 1 milliard devait provenir des industriels associés).

Seul est maintenu dans la forme ancienne des grands programmes fédérateurs le programme PREDIT II, qui a pour objet d'organiser le soutien public à la recherche et au développement dans le domaine des transports terrestres en associant les moyens des centres de recherche publics, des industriels et des exploitants de transport. Lancé pour une période de cinq ans (1996-2000), il a récemment été confirmé par le CIRST du 30 juin 1999.

Ce programme met l'accent sur les préoccupations environnementales, de sociétés, d'énergie, de sécurité et d'aménagement du territoire. Il fait une place importante à l'étude et à l'expérimentation de nouveaux systèmes de transports et au développement de nouveaux véhicules, composants et matériels de transports terrestres.

Le financement public de ce programme, d'un montant total de 7,3 milliards de francs sur cinq ans, est prévu comme suit :

- ministère de la recherche : 450 MF, soit 90 MF par an

- ministère de l'industrie : 650 MF, dont 137 en 1998

et 120 prévus pour 1999 ;

- ministère des transports : 650 MF, soit 130 MF par an

- 4ème PCRD (1994-1999) : 525 MF

- divers dont agences (ADEME, ANVAR) : 350 MF, soit 70 MF par an

Le solde doit être couvert par les financements industriels.

b) Le relais de l'appel à propositions Technologies-clés

L'AAP vise à promouvoir sur 50 technologies-clés, la constitution de projets de recherche industrielle ambitieux, sur la hase de partenariats nationaux ou européens. Comme les Grands Projets Innovants, ces projets, à finalité civile, doivent être de grande ampleur, novateurs, à fort enjeu stratégique ou commercial et aboutir sur le marché dans un délai de moins de cinq ans.

Cet appel à projets a été lancé suite à l'étude sur " les 100 technologies-clés pour l'industrie française de l'an 2000 ". La sélection de 50 technologies s'est faite sur la base d'une complémentarité de cet Appel à Projets vis-à-vis des grands programmes fédérateurs précités (MEDEA, PREDIT, REACTIF). Les avis d'un comité de pilotage réuni à cet effet le 4 juillet 1996 ont permis de finaliser la liste de 50 " Technologies-clés ".

L'ANVAR est associée pour le soutien aux dossiers " PMI ". Près de 353 projets ont été labellisés à ce jour, tant à l'ANVAR qu'au Secrétariat d'Etat à l'industrie, pour un montant total d'aides décidées de 849 millions de francs (dont 213 MF en 1997 et 223 MF en 1998 pour le secrétariat d'Etat à l'industrie). L'aide moyenne accordée par le secrétariat d'Etat à l'industrie aux 83 projets qu'il a retenus est de 6,1 millions de francs par projet. L'ANVAR a quant à elle soutenu 270 projets pour un montant moyen d'aide de 1,2 million de francs.

Près de 83 % des projets ont été aidés sous la forme d'une avance remboursable en cas de succès du programme et près de 20 % des aides ont été attribuées à des PMI et des centres de compétence.

Les projets aidés se situent pour l'essentiel dans le domaine des technologies de l'information et de la communication (145 projets), dans le domaine de la production, de l'instrumentation et des mesures (75 dossiers) et dans le domaine des matériaux (64 projets).

Le secrétariat d'Etat à l'industrie indique qu'il est pour l'instant impossible d'évaluer l'impact des programmes aidés sur l'emploi dans la mesure où aucun n'est arrivé à ce jour à son terme.

L'objectif était d'affecter à cet appel à projets 1 milliard de francs sur 2 ans (1997-1998). A l'issue des assises de l'innovation, il a été décidé de poursuivre cet appel à projets en 1999 et 2000 avec un objectif comparable en terme d'affectation de crédits tout en précisant les cibles. C'est dans ce cadre rénové qu'ont pu être lancés en 1999 :

- l'appel à propositions " performances " qui concentre l'effort vers les groupes et entreprises médianes (entre 500 et 5 000 salariés) ;

- l'appel à propositions " après séquençage génomique " qui vise trois filières industrielles :

1. le médicament et diagnostic (médecine prédictive, préventive et thérapeutique) ;

2. l'agro-industrie à vocations agricoles et alimentaires permettant de développer des bases alimentaires plus sûres et offrant un bénéfice tangible pour le consommateur ;

3. l'agro-industrie non alimentaire permettant de jeter les bases de produits industriels performants pour des spécialités diverses

- la mise en place avec le ministère de l'éducation nationale, des réseaux de recherche technologique.

Dans le même temps, le secrétariat d'Etat à l'industrie a entrepris au début de l'année 1999, l'actualisation de l'étude de 1995 sur les technologies clés. Les résultats de cette étude seront publiés au printemps 2000.

c) Le Réseau national de recherche en télécommunications (RNRT)

La création du Réseau national de recherches en télécommunications (RNRT) en décembre 1997 fait suite aux conclusions du rapport Lombart-Kahn sur l'essor des télécommunications en France. Les télécommunications sont en effet un secteur stratégique pour la France présentant un potentiel de créations d'emplois important : en 1997, le marché intérieur s'élevait à 210 milliards de francs avec une croissance annuelle de 4,4 %.

Le RNRT constitue l'un des six axes du programme d'action gouvernemental pour préparer l'entrée de la France dans la société de l'information. Deux objectifs ont présidé à sa création :

- dynamiser l'innovation en favorisant la confrontation entre les avancées technologiques et les besoins du marché, et en facilitant le transfert technologique vers les entreprises ;

- accompagner l'ouverture des marchés à la concurrence, l'évolution du capital de France Télécom et le rôle du CNET dans la recherche publique.

Un premier appel à projets a été lancé courant 1998, conjointement avec le ministère de l'éducation nationale et de la recherche, autour de deux catégories de thèmes prioritaires :

- des thèmes exploratoires qui correspondent à des études à moyen terme (3 à 5 ans avant préindustrialisation) de ruptures ou de limites technologiques ;

- des thèmes précompétitifs qui mettent en jeu l'intégration transversale de nombreuses technologies pour anticiper (2 à 3 ans avant préindustrialisation).

179 projets coopératifs ont été déposés (21 projets exploratoires et 35 projets précompétitifs) dont 57 ont été labellisés pour un montant de subventions d'environ 350 MF, dont 210 MF en 1998 (et 150 MF pour le secrétariat d'Etat à l'industrie).

Un nouvel appel à projets a été lancé en 1999 qui ne comporte plus de thèmes prioritaires distincts pour l'exploratoire et le précompétitif. 120 projets ont été déposés dont 40 ont été labellisés parmi lesquels 23 ont un caractère précompétitif et relèvent du secrétariat d'Etat à l'industrie (qui a prévu d'engager 120 MF à ce titre en 1999).

d) Le programme " Société de l'information "

L'objectif de ce programme, qui entre également parmi les axes prioritaires du plan d'action gouvernemental pour préparer l'entrée de la France dans la société de l'information, est d'encourager le développement des nouveaux services de la société de l'information. Deux types de projets sont susceptibles d'être retenus :

- des projets d'expérimentation de nouveaux services ou de plate-formes techniques accueillant divers services,

- des projets d'innovation technologique dont la finalité est de contribuer à la création et au développement de nouveaux usages des TIC.

La sélection des projets en vue de leur labellisation est effectuée par un comité inter-administrations sur leur degré d'innovation, leur réalisme technique et économique, l'implication des utilisateurs et leur intérêt pour la société. Le secrétariat d'Etat à l'industrie a engagé 293 MF en 1998 et prévoit d'en affecter 300 en 1999.

2. Les grands programmes européens

Le ministère de l'industrie intervient en soutien des grands programmes européens, essentiellement au travers de la procédure Eurêka.

Deux grands programmes sont à signaler, ainsi que les nouveaux programmes stratégiques EURIMUS et PIDEA :

• Les composants électroniques avec le programme MEDEA

D'une durée de quatre ans, ce programme (13 milliards de francs), qui a pris le relais de JESSI, vise à assurer l'indépendance stratégique de l'industrie européenne utilisatrice ou productrice de composants micro-électroniques. Il réunit l'essentiel des industriels et des laboratoires de la micro-électronique des huit pays participant au programme. Il capitalise sur les résultats de JESSI qui a permis de redresser significativement la compétitivité de l'industrie européenne dans la fabrication des composants.

•  L'électronique grand public avec le programme COMMEND

Ce programme, doté de 1,4 milliard de francs, a pris le relais des précédents projets TVHD et ADTT achevés en décembre 1996 dont il conserve les acquis technologiques, tout en ayant pour objet de permettre l'interconnexion et l'utilisation partagée de tous les appareils et services numériques du multimédia. Il associe les industriels européens du secteur de l'électronique grand public.

• Les nouveaux programmes stratégiques EURIMUS, PIDEA et ITEA

EURIMUS vise à placer l'industrie européenne en bonne position sur le marché des microsystèmes, actuellement dominé par les Etats-Unis.

Le programme PIDEA, qui concerne des entreprises de 6 pays de l'Union européenne, a pour ambition de développer les technologies d'interconnexion et d'encapsulation à hautes performances en partenariat avec les principaux secteurs utilisateurs. L'objectif est également de maîtriser les technologies de production en grands volumes pour lesquels l'Europe souffre d'un réel déficit.

Il est prévu de consacrer 50 millions de francs par an sur chacun de ces deux programmes pendant cinq ans.

Le programme ITEA, labellisé en juin 1999 et pour lequel il est prévu 130 MF, est un nouveau programme dans le domaine du développement de logiciels pour les produits industriels et services à forte composante logicielle.

En complément de ces programmes, la France participe à 43 nouveaux projets sur 156, dont 27 ont été générés par la France. Parmi ces derniers, 70 % sont conduits par des PME.

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