B. LA PRÉSERVATION DE QUATRE AGRÉGATS INDUSTRIELS

L'analyse des crédits de l'industrie par agrégats est plus significative que l'analyse par titres. En effet, on rappelle que la fusion, l'année dernière, des crédits de personnel et de fonctionnement du secrétariat d'Etat à l'industrie dans le budget global du ministère de l'économie des finances et de l'industrie avait quasiment vidé le titre III de son contenu.

Par ailleurs, la présentation par agrégat rend mieux compte de l' action fortement intermédiée du secrétariat d'Etat à l'industrie. Les subventions à des établissements publics administratifs, industriels, d'enseignement ou de recherche constituent en effet les deux tiers des crédits de ce département ministériel 1( * ) .

Les agrégats du budget de l'industrie pour 2000 ont, comme l'année dernière, fait l'objet de modifications très substantielles . Ainsi, la présentation des crédits de l'industrie est cette année scindée en quatre agrégats, contre cinq l'année dernière et six il y a deux ans 2( * ) . Deux agrégats ont disparu, mais un autre est né :

- l'agrégat " Commissariat à l'énergie atomique " qui représentait 22 % des crédits en 1999 est fondu dans l'agrégat " Énergie et matières premières " ;

- l'ancien agrégat " Accompagnement de l'activité industrielle " est scindé en deux agrégats, l'un retraçant l'ensemble des crédits destinés à accompagner le développement des entreprises mais aussi les crédits de l'enseignement supérieur industriel, intitulé " Actions sur l'environnement des entreprises et modernisation des PME " , et l'autre regroupant les aides directes ou indirectes aux industries en déclin ou à la reconversion industrielle (aides à la construction navale, subvention de Charbonnages de France, subvention du FIBM et du FIL, crédits du CIRI), pudiquement intitulé " Accompagnement des mutations industrielles " ;

- l'agrégat " Poste et télécommunications " qui représentait 17 % des crédits totaux de l'industrie l'année dernière avec pour poste principal l'aide au transport de la presse, est intégré dans l'agrégat " Actions sur l'environnement des entreprises et modernisation des PME " évoqué ci-dessus.

Au final, les quatre agrégats s'inscrivent ainsi, grosso modo , dans les quatre axes de la politique industrielle - dont on rappelle qu'ils ne sont pas réductibles aux crédits inscrits dans le budget de l'industrie : la politique énergétique, la politique de recherche industrielle, la politique d'aide aux entreprises, et la politique d'accompagnement des restructurations industrielles.

Comme l'indique le graphique ci-après, ces quatre agrégats sont d'un poids relativement comparables et, à l'exception de l'agrégat " Recherche ", augmentent dans les mêmes proportions :



La présentation de ces agrégats et de leurs composantes s'accompagne d'une série d'indicateurs permettant de mesurer l'efficacité des moyens alloués par le secrétariat d'Etat à l'industrie.

1. L'énergie et les matières premières

Le tableau ci-après recense les lignes 3( * ) budgétaires de cet agrégat qui regroupe 26,8 % des crédits :



Comme évoqué plus haut, cet agrégat est cette année privé de la subvention à Charbonnages de France (2 840 millions de francs), désormais rattachée à l'agrégat " Accompagnement des mutations industrielles ", mais inclut en revanche celles du CEA (2 071 millions de francs) et de l'IPSN (959,5 millions de francs).

Les crédits qu'il comporte sont, pour l'essentiel, destinés à des établissements placés sous la tutelle du Secrétariat d'Etat à l'industrie.

Quatre évolutions méritent d'être notées :

- l'augmentation sensible de la subvention à l'Institut de protection et de sûreté nucléaire (+ 49 millions de francs) et la création d'une provision de 100 millions de francs destinée à faire face aux conséquences de la transformation de l'IPSN en établissement public administratif indépendant du CEA ; cette transformation du statut de l'IPSN génère en effet une dépense certaine estimée à ce stade à 37 millions de francs; toutefois les conséquences de la scission CEA/IPSN n'ont pas été entièrement chiffrées, notamment en termes de charges fiscales ce qui a conduit à prévoir une provision de 100 millions de francs sur un article budgétaire ad hoc ;

- la budgétisation , à hauteur de 497,5 millions de francs des crédits destinés à financer les travaux d'expertise en matière de sûreté nucléaire menés par la direction de la sécurité nucléaire (DSIN), autrefois financés par redevances dont le produit était rattaché au budget de l'industrie en cours d'exercice par voie de fonds de concours (le montant estimé de ces fonds de concours pour 1999 s'élève à 467 millions de francs) ;

- la diminution substantielle en CP (- 122,5 millions de francs soit une baisse de 49 %) des crédits consacrés à la maîtrise de l'énergie qui s'élèvent désormais à 127 MF, mais dont le montant reste constant en AP (242 MF) ;

- la diminution tout aussi substantielle en CP (- 126 millions de francs, soit une baisse de 45,7 %) des crédits consacrés au Fonds de soutien aux hydrocarbures (FSH), dont on se souvient qu'ils avaient été intégrés au budget de l'industrie l'année dernière en provenance d'un compte d'affectation spéciale ; cette diminution s'explique essentiellement par l'apurement d'importants crédits de report (leur solde cumulé s'élevait fin 1998 à 196 millions de francs selon les calculs de votre rapporteur). Les AP restent toutefois fixées à un niveau élevé (250 millions de francs contre 276 millions de francs en 1999).

2. La recherche industrielle et l'innovation

Le tableau ci-après recense les lignes budgétaires de cet agrégat qui regroupe 17,2  % des crédits.



Cet agrégat est le seul dont le périmètre ne varie pas cette année - ce qui en facilite l'analyse -, mais c'est également le seul dont le montant total de crédits diminue, bien que faiblement. Ses crédits se partagent entre :

• les moyens de fonctionnement et d'investissement de l'Agence nationale de valorisation de la recherche (ANVAR) qui restent constants par rapport à la loi de finances pour 1999, à 258,6 millions de francs et 673,5 millions de francs respectivement (800 millions de francs en AP) ;

• les crédits de recherche industrielle gérés directement par le ministère qui diminuent de 22,3 millions de francs en DO et CP (- 1,2 %) pour s'établir à 1 916,5 millions de francs; ils recouvrent notamment :

- l'appel à proposition " technologie-clés " ;

- la diffusion des technologies dans les petites et moyennes entreprises au travers de la procédure contractualisée de diffusion des technologies " ATOUT " ; les crédits consacrés à cette action augmentent de 7 millions de francs;

- le développement de projets relatifs à la société de l'information ;

- les grands programmes interministériels et européens ;

- les actions de développement de la filière électronique

3. Les actions sur l'environnement des entreprises et la modernisation des PMI

Contrairement à ce que son intitulé pourrait laisser penser, la moitié des crédits de cet agrégat est consacrée au secteur de la poste et des télécommunications (hors recherche industrielle et innovation) essentiellement à cause de l'aide au transport de la presse (1 900 millions de francs).

Par ailleurs, 20 % des crédits de cet agrégat (soit 919 millions de francs) sont destinés à financer les organismes de formation supérieure (Groupe des écoles de télécommunication, École nationale supérieure des postes et télécommunications, écoles des mines).

Seuls 1 278,6 millions de francs (28,5 % de cet agrégat et 7,7 % du budget de l'industrie) sont destinés véritablement à l'amélioration de l'environnement des entreprises industrielles, à travers des aides directes et indirectes.

Les crédits de cet agrégat (qui représentent 27 % des crédits de l'industrie) sont recensés dans le tableau récapitulatif ci-après, qui fait apparaître les trois volet décrits précédemment.



Outre la budgétisation des crédits de cinq des dix-huit Centres techniques industriels déjà évoquée, la croissance de cet agrégat traduit cinq évolutions notables :

- la hausse de la subvention accordée à La Poste au titre des frais de transport de la presse (1 900 millions de francs), conformément au contrat d'objectifs et de progrès conclu entre l'Etat et l'opérateur public en juin 1998 ;

- l'extension du périmètre d'action de l'Agence nationale des fréquences (ANF) - désormais chargée des activités de réglementation radio-maritimes pour le compte de l'ART et du ministère de la mer - qui se traduit par la création de 41 emplois à l'échelon régional et l'accroissement sensible de ses moyens de fonctionnement (+ 21 millions de francs soit une hausse de 14 %) ;

- la hausse sensible des crédits d'investissement (+ 8,6 %) des écoles des mines, suite à la création de 12 postes , et l'intégration de 26 chercheurs du Centre national d'études de télécommunications (CNET) de France Télécom dans le Groupe des écoles des télécommunications qui conduit à une croissance des moyens de ce dernier de 7,5 % (+ 34,5 millions de francs) ;

- l' accroissement des moyens consacrés au développement des petites et moyennes industries , au travers principalement des procédures déconcentrées (+ 40 millions de francs, soit une hausse de 8,2 %) ; ces crédits seront inscrits dans les nouveaux contrats de plan Etat-Régions qui mettront l'accent sur l'investissement immatériel, la diffusion des technologies et des usages des nouveaux outils d'information et de communication ;

- l'accentuation des actions en faveur de la qualité , et notamment de la métrologie ; les dotations inscrites aux chapitres " normes-qualité " progressent ainsi de 3,7 % en DO/CP (+ 13 millions de francs) ; cette progression globale est renforcée par les redéploiements permis par l'achèvement de l'opération Trappes III du laboratoire national d'essais (LNE) et permet d'amplifier le soutien de l'Etat aux activités de métrologie conduites par le bureau national de la métrologie (BNM), dont les moyens progressent de 18,4 % en DO/CP pour s'établir à 107,8 millions de francs.

4. L'accompagnement des mutations industrielles

Cet agrégat, qui inclut pour la première fois la subvention à Charbonnages de France, recouvre :

• les dépenses à caractère social découlant notamment du statut du mineur (400,5 millions de francs) ;

• les crédits destinés à faciliter la restructuration d'entreprises en difficulté (notamment au travers des crédits gérés par le Comité interministériel de restructuration industrielle), la restructuration de zones industrielles particulièrement affectées (via le fonds d'industrialisation de la Lorraine), ainsi que l'aide apportée par l'Etat au secteur de la construction navale ;

• les crédits " miniers " destinés à financer :

- la contribution de l'Etat à la réduction du déficit de Charbonnages de France

- les travaux de sécurité dans les mines

- le Fonds d'industrialisation des bassins miniers (FIBM)



Ce tableau, qui recense les dépenses ordinaires et crédits de paiement, appelle les observations suivantes :

La très forte augmentation des aides à la construction navale, qui passent de 800 millions de francs à 1 287 millions de francs en CP (+ 70 %), traduit l'engagement du gouvernement en novembre 1998 d'accompagner le plan CAP 21 mis en oeuvre par les chantiers de l'Atlantique, et le souci de faire apparaître la totalité des dotations du chapitre 64-93 dans la loi de finances initiale ; les années précédentes avaient en effet vu une dotation systématique de ce chapitre en loi de finances rectificative ;

L a subvention à Charbonnages de France continue de décroître pour la quatrième année consécutive, à 2 840 millions de francs; elle devrait être complétée en cours d'année par une dotation en capital de 2 500 millions de francs (après 2 520 millions de francs en 1998) en provenance du compte d'affectation spécial des recettes de privatisation.

Les crédits du chapitre 64-96 " Reconversion et restructurations industrielles " diminuent sensiblement (- 27,6 millions de francs soit - 9,7 %) afin de tenir compte de la sous-consommation des crédits de ce chapitre ces dernières années.

Enfin, les crédits destinés à mener des travaux de sécurité dans les mines augmentent de 64 % (+ 15,6 millions de francs) afin de pouvoir mettre en oeuvre la loi n° 99-245 du 3 mars 1999 relative à la responsabilité en matière de dommages consécutifs à l'exploitation minière et à la prévention des risques miniers après la fin de l'exploitation, adoptée à l'initiative du Sénat.

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