C. LES MISSIONS FISCALES DE LA DIRECTION GÉNÉRALE DES IMPÔTS, UN PROJET DE MODERNISATION

Votre rapporteur vous présentera prochainement une communication complète sur la mission qu'il conduit sur les conditions d'exercice des missions fiscales des services déconcentrés de la DGI. Mais, quelques commentaires s'imposent déjà quant au projet de modernisation élaboré par la DGI.

1. Les engagements de la DGI figurant dans son contrat d'objectifs et de moyens

Le contrat d'objectifs et de moyens de la DGI, précédemment évoqué, comporte un certain nombre d'engagements visant à améliorer l'efficacité de ses missions fiscales. Les plus popularisés concernent les relations entre la DGI et les usagers. L'une consiste à instaurer un interlocuteur fiscal unique, l'autre à mettre en place une déclaration expresse des revenus. D'autres engagements sont pris sur les conditions d'accessibilité des services et leurs délais de réaction aux demandes des contribuables.

Mais, les engagements de la DGI concernent aussi ses relations avec l'Etat lui-même. Il s'agit d'améliorer les performances des différentes missions conduites en son nom. Cela porte sur les délais et les taux de recouvrement des recettes fiscales mais aussi sur un renforcement de l'efficacité de la lutte contre la fraude. Il s'agit enfin de maîtriser le coût de ces missions, ce qui suppose des gains d'efficience qui ont été évoqués ci-dessus.

2. Des engagements qui s'inscrivent dans le contexte d'une critique sévère

Récemment, en mars 1999, l'Inspection générale des finances a remis un rapport énonçant les conclusions d'une mission d'analyse comparative des administrations fiscales. Ce rapport, inusuellement popularisé, fait ressortir l'importance relative du coût d'intervention -rapport des coûts d'administration et des recettes fiscales recouvrés- des administrations fiscales françaises. Il s'élèverait à 1,60 % contre une moyenne de 1,10 %.

Le diagnostic qui est posé attribue cette médiocre performance à :

- la fonction de recouvrement dont l'analyse permettrait d'identifier un écart de 0,3 % entre les administrations françaises et leurs homologues (les coûts du recouvrement représentent 0,5 % des recettes nettes en France, contre 0,2 % en moyenne dans l'échantillon) ,

- aux modes de gestion de l'impôt (la retenue à la source pour l'impôt sur le revenu existe dans tous les pays sauf la France) ;

- au nombre d'administrations fiscales qui induit des coûts de liaison ;

- à la densité des réseaux ;

- à une répartition différente des coûts entre les dépenses de personnel et les investissements de modernisation (informatique et formation notamment) : les dépenses de personnel représentent ainsi en France 81 % des dépenses totales, soit 13 points de plus que la moyenne de l'échantillon (68 %) ; en sens contraire, les dépenses informatiques représentent souvent 20 % du budget total, soit plus du double de ce qu'on trouve en France.

En revanche, la prise en charge d'impôts locaux, très complexes et donc à gestion coûteuse, par les administrations fiscales françaises ne contribuerait qu'à hauteur de 0,08 % au taux d'intervention de 1,60 %.

Il faut accorder toute son importance à cette observation compte tenu des termes du discours habituel sur le sujet qui imputent au volet " collectivités locales " de l'activité des administrations fiscales la moitié de leurs coûts.

Le diagnostic ainsi posé par le rapport appelle de nombreuses réserves.


Tout d'abord, on doit remarquer combien est relative la signification de l'indicateur utilisé pour mesurer le coût de notre administration fiscale. La réintégration des cotisations sociales qui sont gérées par les services fiscaux dans plusieurs pays de l'échantillon permettrait à elle seule de diminuer la valeur du ratio français à 1,13 % soit à un niveau équivalent à celui de la moyenne de l'échantillon.

En outre, la signification du dénominateur -les recettes nettes encaissées- n'est pas entière puisqu'elles n'intègrent pas une partie importante des charges que supportent les services fiscaux et qui sont susceptibles de varier beaucoup d'un pays à l'autre. Il faut en particulier souligner un point très important. L'on sait que le contrôle fiscal consomme une part significative des moyens de l'administration mais que le recouvrement des droits constatés à sa suite est particulièrement difficile. Dans ces conditions, les pays dans lesquels le contrôle fiscal est peu développé disposent mécaniquement d'une situation avantageuse au regard de l'indicateur de performance utilisé dans le rapport. Doit-on pour autant les juger plus performants ? Conclure en ce sens n'apparaîtrait guère raisonnable.

Il apparaît surtout que les écarts de coûts tenant aux modes de gestion des impôts sont appréhendés sur une base peu significative. Ces écarts reposent principalement sur le degré d'externalisation de la gestion des impôts (retenue à la source mais aussi gestion des encaissements, voire sous-traitance de certaines tâches, informatiques en particulier). Ces solutions ne font pas s'évaporer les charges d'administration de l'impôt. Simplement une partie des coûts liés à ces tâches est assumée directement par des tiers dans les pays où elles sont externalisées . Dès lors, il est essentiel d'évaluer ces transferts de charges et d'en comparer les coûts pour les tiers avec ceux qu'ils supportent quand l'administration fiscale les prend directement à son compte.

Cependant, ces réserves ne conduisent pas à nier le constat posé par le rapport de l'existence de gisements de gains d'efficacité non plus que ses conclusions sur la nécessité d'améliorer les relations entre l'administration fiscale et les contribuables.

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