N° 354

SÉNAT

SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000

Annexe au procès-verbal de la séance du 24 mai 2000

RAPPORT

FAIT

au nom de la commission des Affaires culturelles (1) sur le projet de loi, ADOPTÉ AVEC MODIFICATIONS PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE EN NOUVELLE LECTURE, modifiant la loi n° 84-640 du 16 juillet 1984 relative à l' organisation et à la promotion des activités physiques et sportives,

Par M. James BORDAS,

Sénateur.

(1) Cette commission est composée de : MM. Adrien Gouteyron, président ; Jean Bernadaux, James Bordas, Jean-Paul Hugot, Pierre Laffitte, Ivan Renar, vice-présidents ; Alain Dufaut, Ambroise Dupont, André Maman, Mme Danièle Pourtaud, secrétaires ; MM. François Abadie, Jean Arthuis, André Bohl, Louis de Broissia, Mme Claire-Lise Campion, MM. Jean-Claude Carle, Gérard Collomb, Xavier Darcos, Fernand Demilly, André Diligent, Jacques Donnay, Michel Dreyfus-Schmidt, Jean-Léonce Dupont, Daniel Eckenspieller, Jean-Pierre Fourcade, Bernard Fournier, Jean-Noël Guérini, Marcel Henry, Roger Hesling, Pierre Jeambrun, Roger Karoutchi, Serge Lagauche, Robert Laufoaulu, Jacques Legendre, Serge Lepeltier, Mme Hélène Luc, MM. Pierre Martin , Jean-Luc Miraux, Philippe Nachbar, Daniel Percheron, Jean-François Picheral, Guy Poirieux,  Jack Ralite, Victor Reux, Philippe Richert, Michel Rufin, Claude Saunier, René-Pierre Signé, Jacques Valade, Albert Vecten, Marcel Vidal.

Voir les numéros :

Assemblée nationale ( 11 ème législ.) : Première lecture : 1821 , 2115 et T.A. 436 .

Commission mixte paritaire : 2305 .

Nouvelle lecture : 2239 , 2353 et T.A. 506 .

Sénat : Première lecture : 207 , 248 et T.A. 98 (1999-2000).

Commission mixte paritaire : 292 (1999-2000).

Nouvelle lecture : 331 (1999-2000).


Sports.

EXPOSÉ GÉNÉRAL

Mesdames, Messieurs,

Après l'échec de la commission mixte paritaire, qui s'était réunie le mercredi 29 mars 2000 au Sénat, le projet de loi modifiant la loi du 16 juillet 1984 relative à l'organisation des activités physiques et sportives a été examiné en nouvelle lecture par l'Assemblée nationale le 4 mai dernier.

A l'occasion de cette nouvelle lecture, l'Assemblée nationale a adopté dans le texte du Sénat seize articles 1( * ) , qui, pour la plupart, comme les quinze déjà adoptés dans les mêmes termes à l'issue de la première lecture, ne modifiaient guère le droit en vigueur.

L'Assemblée nationale a en revanche adopté neuf articles additionnels et, de plus, rouvert la discussion -d'ailleurs sans nécessité évidente- sur un article adopté conforme en première lecture : 39 articles demeurent donc en navette.

Les différences de position sur ces articles sont d'importance très variable, et votre commission vous proposera d'adopter bon nombre d'entre eux sans modification ou en n'apportant que des aménagements techniques au texte de l'Assemblée nationale, qui elle-même a retenu beaucoup d'amendements du Sénat.

En ce qui concerne les principaux points de divergence recensés lors de la réunion de la commission mixte paritaire, le texte adopté par l'Assemblée nationale traduit un rapprochement significatif, mais encore partiel, avec la position du Sénat sur la réglementation relative aux fonctions d'encadrement et d'enseignement des activités physiques et sportives.

En revanche, n'ont pas été aplanis les différends relatifs à la réglementation de la profession d'agent sportif, à l'extension du monopole des fédérations délégataires, au rétablissement des dispositions de 1992 relatives à la liberté de l'information sportive.

De plus, à ces divergences apparues en première lecture, s'en ajoute une autre : votre commission ne pourra en effet proposer au Sénat de retenir le dispositif relatif aux sports de nature introduit par l'Assemblée nationale dans le projet de loi.

La formation des éducateurs sportifs

Sur ce sujet primordial, le texte adopté par l'Assemblée nationale en nouvelle lecture comporte d'incontestables avancées :

- il revient sur la confusion entre exercice professionnel et bénévole ;

- il rétablit l'exigence de diplôme pour l'exercice rémunéré des professions sportives ;

- il prévoit, comme le texte du Sénat, des dispositions particulières pour les activités s'exerçant dans un environnement spécifique.

Mais il comporte encore certaines ambiguïtés, notamment en maintenant une distinction entre qualification et diplôme, et il est insuffisamment clair sur le sujet, essentiel pour le Sénat, de l'intégration des formations sportives dans le champ d'application de la loi d'orientation sur l'enseignement technologique de 1971.

Votre commission vous proposera donc de rétablir le texte du Sénat, afin de clarifier, aussi bien dans le fond que dans la forme, le dispositif proposé, tout en retenant certaines des modifications utilement apportées par l'Assemblée, telles la mention des diplômes étrangers admis en équivalence, l'intégration dans l'article 32 des dispositions relatives aux activités s'exerçant dans un environnement spécifique, ou la suppression de toute exigence de diplôme pour l'exercice bénévole (que le gouvernement a tenté cependant de réintroduire de manière subreptice, et sous couvert d'une coordination inutile, à l'article 34 du projet de loi).

La réglementation des intermédiaires sportifs

L'Assemblée nationale, tout en s'inspirant de la rédaction du texte du Sénat est revenue à la position qu'elle avait prise en première lecture et a adopté un dispositif prévoyant l'accréditation des agents sportifs par les fédérations sportives.

Pour votre commission, cette procédure inédite pose un problème de droit -auquel le ministère de la jeunesse et des sports est visiblement peu sensible- en conférant à des associations privées une compétence qui ne peut appartenir qu'à l'Etat. Mais la solution préconisée par l'Assemblée nationale a également toutes les chances de n'améliorer en rien la situation actuelle, puisqu'elle revient à l'entériner.

Votre commission vous proposera donc non seulement de revenir au dispositif adopté par le Sénat en première lecture, mais d'aligner totalement le régime des agents sportifs sur le régime des agents artistiques, qui fonctionne dans de bonnes conditions et qui a donné de bons résultats.

Elle vous proposera que la licence soit délivrée uniquement par le ministre chargé du travail, étant précisé que la commission qui l'assistera dans cette tâche comprendra à la fois des représentants du ministre chargé des sports -ce qui du reste aurait été de soi- et des fédérations, ce qui permettra comme le souhaitait l'Assemblée nationale, de " responsabiliser " les fédérations, et peut-être aussi le ministère, qui ne s'est guère soucié d'exercer, en matière de contrôle des agents sportifs, les compétences que lui donnait la loi.

L'extension du monopole des fédérations délégataires

Le Sénat avait, en première lecture, refusé aussi bien de donner aux fédérations sportives délégataires le droit de réglementer toutes les manifestations sportives que d'inscrire dans la loi le droit de jouer au football à sept ou au mini-tennis. Votre commission vous proposera de confirmer cette position.

Elle invitera aussi le Sénat à refuser de transformer la procédure d'agrément des manifestations sportives, " inventée " par notre assemblée et qui a fait la preuve de son utilité, par une procédure d'autorisation qui ne comporterait aucun avantage ou garanties supplémentaires mais présente en revanche de sérieux inconvénients :

- elle porte une atteinte excessive à la libre organisation des manifestations sportives ;

- elle serait à l'origine de multiples contentieux, au niveau national mais aussi au niveau communautaire, car il ne peut faire de doute que la Commission européenne observerait avec une particulière vigilance l'application d'un dispositif qui donnerait en fait aux fédérations délégataires un monopole d'organisation des manifestations et compétitions sportives, et qu'elle serait prompte à censurer toute " interdiction " d'une manifestation sportive qui lui paraîtrait constitutive d'un abus de position dominante ou d'une atteinte aux règles relatives au fonctionnement du marché intérieur.

Les règles relatives à l'information sportive

Votre commission vous proposera de rétablir le texte adopté par le Sénat en première lecture, qui revenait au texte de 1992, non certes pour le plaisir de " demander à l'Assemblée nationale de se déjuger " comme l'avait craint son rapporteur, mais tout simplement pour abroger un mauvais texte adopté dans de mauvaises conditions.

Les sports de nature

Enfin, votre commission, tout en partageant le souci de l'Assemblée nationale et du gouvernement de favoriser la pratique des sports de nature, ne peut pour autant retenir le dispositif adopté par l'Assemblée nationale, qui comporte de très graves imperfections juridiques et qui paraît par ailleurs bien peu fait pour favoriser, comme il est souhaitable, une cohabitation harmonieuse des différentes activités économiques ou de loisir qui ont vocation à s'exercer dans l'espace rural, ni la prise en compte des conditions nécessaires pour assurer la préservation de cet espace.

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