2. La volonté de rapprochement politique avec l'Union européenne

Cette orientation s'est traduite par la participation de la Syrie à la conférence euro-méditerranéenne de Barcelone en 1995 et à l'ouverture, en 1998, de négociations sur un nouvel accord d'association destiné à se substituer à l'accord de coopération signé en 1978. Ce dernier texte prévoyait notamment l'entrée sans droit de douane ni restrictions quantitatives des produits industriels (à l'exception des textiles) dans la communauté, un régime d'accès privilégié pour les produits agricoles, enfin, une coopération financière.

Sur ces bases, l'Union européenne est désormais devenue le principal partenaire commercial de la Syrie : elle représente 50 % de ses exportations et 30 % de ses importations (à titre de comparaison, le bloc des anciens pays communistes fournit 16 % des biens importés, les pays arabes, 8 %, l'Amérique du nord, 6 % ; pour les exportations, les pays arabes représentent 28 % du total, les anciens pays communistes, 3 % et l'Amérique du nord moins de 1 %).

La coopération financière a rencontré plus de difficultés : les décaissements des crédits d'aide prévus au titre de MEDA, l'instrument financier de la politique méditerranéenne de l'Union européenne, se sont en effet révélés -comme avec les autres pays méditerranéens- très problématiques.

Le nouvel accord d'association, à l'instar de ceux déjà signés ou en cours de négociation avec les autres pays du bassin méditerranéen, prévoit l'ouverture d'un dialogue politique , la mise en oeuvre du libre échange industriel et le renforcement de la coopération économique et financière. En engageant les négociations sur cet accord, la Syrie a d'abord souhaité faire un geste d'ouverture vis-à-vis de l'Union. Elle souhaite incontestablement bénéficier des fruits politiques d'une normalisation des relations avec l'Europe ainsi que des perspectives d'appui financier -même si celles-ci se concrétisent difficilement. Cependant, il n'est pas assuré qu'elle accepte toutes les implications du libre-échange dont la réalisation ne manquerait pas, au-delà des effets conjoncturels, de remettre en cause le " modèle " économique syrien protégé et contrôlé.

Dans le processus de rapprochement avec l'Union européenne, la Syrie compte beaucoup sur le soutien de la France.

3. La France, partenaire privilégié.

Les relations entre nos deux pays ont connu un cours contrasté. Le mandat, période de confrontation, a aussi permis de tisser des liens durables, en particulier dans le domaine de la langue et de la culture.

Les années 80 ont de nouveau ouvert une période de forte tension, marquée par des affrontements indirects au Liban. Depuis le début des années 90, les liens n'ont cessé de se développer comme en témoignent les nombreux échanges politiques, l'essor des relations commerciales et la vitalité de notre politique de coopération.

. Les relations politiques

La visite officielle du Président de la République à Damas, en octobre 1996, et la visite d'Etat du Président Assad, en juillet 1998, ont imprimé un nouvel élan au dialogue politique. La présence du chef de l'Etat français aux obsèques du Président Assad a été très appréciée par nos partenaires. Le nouveau Chef de l'Etat syrien devrait réserver sa première visite à l'étranger, hors du monde arabe, à la France.

Le Premier ministre a rappelé devant votre délégation l'avantage réciproque que la France et la Syrie pouvaient tirer du rôle important que les deux pays jouaient dans leur environnement respectif.

Le ministre de l'information, M. Omran, a rappelé à titre d'exemple le soutien apporté par Damas, contre l'avis des Américains, à la participation de la France au groupe de surveillance (associant les Etats-Unis, la France, le Liban, Israël et la Syrie) mis en place en avril 1996, au lendemain de l'intervention israélienne au Liban (Raisins de la colère), pour observer et désamorcer les violations de cessez-le feu au Liban-Sud.

. Les échanges économiques

La France est devenue l'un des principaux partenaires commerciaux de la Syrie : deuxième client après l'Italie et devant l'Allemagne (2,4 milliards de francs d'importation, principalement composés de produits pétroliers et de coton), elle est devenue le premier fournisseur en 1999 (2,9 milliards de francs d'exportation) en raison de la livraison de cinq Airbus à la compagnie Syrian Airlines. Ce marché a permis également à la France d'enregistrer le premier excédent commercial depuis une décennie.

Plusieurs contrats en cours dans les domaines de l'eau, de l'électricité et des transports devraient permettre à notre pays de maintenir une position privilégiée au cours des prochaines années.

Compte tenu d'un environnement économique encore peu favorable, les investissements français en Syrie sont restés limités. Total-Fina, le seul groupe français implanté localement, a investi 600 millions de dollars depuis dix ans. Il assure aujourd'hui 15 % de la production nationale de pétrole, en deuxième position derrière Shell.

Il faut noter l'intensification récente des contacts économiques dans le sillage de la visite, cette année, du Secrétaire d'Etat français à l'industrie, M. Christian Pierret : mission d'étude sur les transports propres, présence d'une trentaine de sociétés dans le pavillon français à la foire de Damas, organisation, sous l'égide de l'ambassade de France, d'un colloque sur l'environnement avec la participation des représentants de grands groupes industriels ; signature d'un accord de coopération entre les chambres de commerce et d'industrie de Nancy et de  Homs ; accord de partenariat entre les villes de Lyon et d'Alep...

Le président de l'Union des chambres de commerce et d'industrie de Damas a appelé de ses voeux, à l'instar d'autres personnalités du monde politique ou économique rencontrées par votre délégation, une plus grande présence économique française en Syrie. Il a noté en particulier le rôle que pouvaient jouer les investissements français dans les secteurs du textile, de l'agro-alimentaire et du tourisme.

. Une coopération culturelle très dynamique

La coopération poursuivie avec la Syrie apparaît exemplaire à maints égards. Elle s'appuie sur une enveloppe budgétaire dont le montant a été grosso modo préservé dans un contexte de régulation des enveloppes des services extérieurs (20 millions de francs en 1999 et 19,2 millions de francs en 2000). L'effet change lié à la hausse du dollar pèsera toutefois de manière significative sur les moyens d'action en 2000. Il devra donc être pris en compte dans le cadre des prochaines allocations de crédits.

La coopération universitaire constitue l'axe privilégié des actions de la France en Syrie (7,2 millions de francs, soit le tiers de l'enveloppe totale). Elle s'est traduite, depuis cinq ans, par la mise en oeuvre d'un programme de formation doctorale des assistants des universités syriennes. Ce programme se signale par trois traits remarquables ; il implique largement la partie syrienne (notamment sur le plan financier puisque les coûts de scolarité et d'hébergement lui sont à charge) ; il s'accompagne, en amont, d'un programme d'appui au développement de l'enseignement de la langue française dans les départements de français des universités syriennes et, en aval, de l'attribution de bourses de stage qui permettent aux anciens boursiers du gouvernement français de maintenir les liens avec les universités françaises dans lesquelles ils ont suivi leurs études.

La mise en place d'un système d'enseignement supérieur efficace constitue un enjeu essentiel pour un pays qui compte quelque 100 000 étudiants. Le ministre de l'enseignement supérieur, M. Hassan Riche, a souligné devant votre délégation sa volonté de renforcer la qualité de cette formation. Il s'est félicité des actions menées en coopération avec la France. D'autres initiatives pourraient être prises notamment dans des domaines où la France dispose d'un savoir-faire reconnu comme le télé-enseignement qui répond en Syrie à un réel besoin compte tenu de l'éloignement de certaines zones géographiques de tout centre universitaire.

Le secteur audiovisuel constitue un autre volet important de notre coopération. Plusieurs actions de formation ont d'ores et déjà été entreprises avec le concours des opérateurs français -CFI, RFI, France Télévision. Les efforts devraient trouver un prolongement dans le cadre d'une programmation pluriannuelle.

Notre coopération s'appuie, par ailleurs, sur un réseau d'institutions remarquable. Faut-il rappeler l'importance de l'Institut Français d'Archéologie du Proche-Orient (l'IFAPO) et de l'Institut Français d'Etudes Arabes de Damas (l'IFEAD), pôles d'un savoir inestimable sur l'histoire du Proche-Orient ? Le Centre culturel français de Damas constitue une réalisation remarquable tant par son installation que par ses activités. Son rayonnement se manifeste également par la présence d'une antenne à Alep et par le Centre de ressources sur la France contemporaine dont les nouveaux locaux ont été inaugurés en 1999. Le Centre culturel, outre sa programmation culturelle, assure des cours de français pour un large public (1 600 inscrits à la session d'octobre 1999). Il constitue, avec le Lycée français de Damas, l'un des vecteurs de la francophonie en Syrie.

Le français , langue étrangère dominante jusqu'en 1967 -année marquée par la nationalisation des écoles syriennes- est depuis lors largement supplanté par l'anglais dans le système éducatif. Aujourd'hui 260 000 élèves apprennent le français dans le secteur public. Le Gouvernement syrien a cependant décidé, après une phase expérimentale en 1999-2000, de généraliser l'enseignement d'une deuxième langue vivante dans le secondaire. Cette mesure devrait bénéficier à notre langue.

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