(2) Le recyclage de déchets

Le second motif qui a pu conduire à l'utilisation de ces produits est la disponibilité de co-produits animaux, dont la croissance du volume, à compter des années 1960, a fait des farines animales un ingrédient bon marché.

Plusieurs interlocuteurs de la commission ont observé que l'établissement d'un circuit de valorisation de déchets animaux, en forte augmentation, participait d'une doctrine du « recyclage » qui était très répandue dans les années 70.

(3) Un déficit protéique prononcé

La France, dont la surface est pour 85 % « agricole », dispose de surfaces fourragères et de céréales en quantité largement suffisantes pour nourrir son bétail.

En revanche, elle est fortement dépendante en tourteaux de soja. La France accuse ainsi un déficit protéique prononcé, qu'elle comble par des importations en provenance principalement du Brésil, des Etats-Unis et d'Argentine.

Le recours aux farines animales s'explique avant tout par l'insuffisance de la production européenne de cultures oléo-protéagineuses et donc de protéines végétales.

Le déficit protéique de l'Europe s'établissait à 70 % avant l'interdiction récente d'utiliser les FVO en alimentation animale. Depuis, il s'est encore accru de 5 %.

La dépendance de l'Union européenne en protéines végétales (1999-2000)

Production
(En millions de tonnes équivalent tourteaux
de soja)

Consommation
(En millions de tonnes équivalent tourteaux de soja)

Dépendance en %

Soja

0,9

28,4

97 %

Colza

4,5

5,1

12 %

Tournesol

1,1

3,1

65 %

Protéagineux

2,1

2,4

13 %

Fourrages déshydratés

1,6

1,5

-

Lin, oléagineux

0,2

0,4

50 %

Autres sources de protéines végétales (1)

1,5

5,7

74 %

Total protéines végétales

11,9

46,6

75 %

Farine de viande

2,9

2,3

-

Farine de poisson

0,8

1,6

50 %

Total matières riches en protéines

15,6

50,5

70 %

(1) corn gluten feed, tourteau de germes de maïs, coton, arachide.

Source : Prolea

La dépendance protéique européenne, qui est particulièrement marquée en ce qui concerne le soja, principalement des Etats-Unis, s'est progressivement aggravée depuis 1945, en raison de l'essor de l'élevage industriel de porcs et de volailles, mais également en raison du contingentement des surfaces consacrées à la culture d'oléagineux.

En effet, le secteur des oléoprotéagineux n'a pas bénéficié de dispositif d'intervention comme celui pour les céréales, puisque, en 1962, le Dillon Round du GATT a accordé la protection des productions majeures de la PAC (céréales, lait, viande) en échange de la consolidation à droit zéro des importations d'oléagineux, d'où une certaine « culture importatrice » de l'Europe en ce domaine.

Depuis les accords de Blair House en 1992, l'Europe a accepté un plafonnement en surface des cultures oléoprotéagineuses en contrepartie d'aides plus importantes à ces cultures. Mais, à partir de 2002, ces accords seront vidés de leur substance puisque les aides aux oléagineux seront alignées sur les aides céréalières.

La forte « substituabilité » existante entre les farines et les tourteaux de soja est attestée par l'alignement sur le long terme des prix. C'est généralement un faible différentiel entre leurs prix qui déterminait les volumes d'achat des farines de viande et d'os, comme l'ont expliqué devant la commission d'enquête plusieurs fabricants d'aliments composés, à l'instar de M. Alain Glon, président de l'entreprise Glon-Sanders : « dans nos métiers nous dégageons moins de 1 % de marge et la matière première représente plus de 80 % du prix de revient. Si une matière première procure 1 % ou 2 % d'écart de prix, nous mettons beaucoup de moyens en oeuvre pour y accéder ».

Ce sont donc des raisons de prix qui ont expliqué le recours aux farines animales dans l'alimentation des animaux d'élevage.

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