b) Les raisons de l'utilisation des farines animales

A-t-on rendu les vaches carnivores ?

Comme l'a rappelé M. Guy Girard, docteur vétérinaire, ancien éleveur et conseiller technique de la société Grâce-Dieu, spécialisée dans les aliments du bétail, « elles mangent bien leur délivrance » ...

Il n'en reste pas moins exact que la principale raison de leur utilisation est liée au déficit protéique de notre pays.

(1) La qualité nutritionnelle : un argument controversé

La commission d'enquête a éprouvé quelques difficultés pour identifier précisément la date à partir de laquelle les farines animales ont commencé à être utilisées dans l'alimentation animale.

M. Yves Montécot, président du SNIA, lui a indiqué que cette utilisation remonterait, en France, au début du siècle dernier pour les monogastriques. Il a d'ailleurs transmis à la commission d'enquête un extrait d'une revue agricole de 1913 (« Agriculture-Elevage et la Fermière »), recommandant aux éleveurs l'utilisation de farines de viandes et d'os pour les volailles, mais également pour les veaux. Ce document indique que la farine de viande est à l'époque un produit d'importation américaine, employé dès les années 1880.

Pour les bovins, M. Yves Montécot a estimé que leur utilisation remonterait aux années 70, sur la base des recommandations de l'INRA. Lors du déplacement de la commission d'enquête dans la Sarthe, un industriel a affirmé qu'elles étaient précisées par un ouvrage de l'INRA, surnommé en raison de la couleur de sa jaquette, le « Petit livre rouge ».

Ces affirmations n'ont néanmoins pas été confirmées à la commission par M. Jacques Robelin, chef du département « élevage et nutrition des animaux » à l'Institut National de la Recherche Agronomique.

M. Yves Montécot a ajouté que l'utilisation des farines animales dans l'alimentation des ruminants, qui a surtout concerné la période précédant la découverte de la technique de tannage des tourteaux de soja, a essentiellement visé les vaches laitières, particulièrement au moment des pics de lactation.

Reconnaissant lors de son audition que le besoin en compléments protéiques est plus important chez les vaches laitières, M. Jacques Robelin a souligné que les farines animales avaient, de la même manière que les protéines végétales, vocation à satisfaire ce besoin, mais non à stimuler ou à augmenter la lactation : « Une vache qui a un potentiel laitier de 8.000 kilos ne fera pas plus même si vous lui faites avaler des quantités importantes de farines animales chaque jour ».

L'intérêt nutritionnel des farines animales pour les ruminants était présentée par l'INRA 21 ( * ) de la manière suivante : « Le gros avantage des farines animales est de contenir en forte proportion plus de protéines non dégradées par les micro-organismes du rumen des ruminants que des aliments concentrés plus classiques. Ces protéines sont alors mieux digérées au niveau intestinal et constituent une source complémentaire d'acides aminés indispensables notamment pour les vaches laitières (lysine et méthionine) » .

Devant la commission, M. Rémi Toussain, directeur des politiques économique et internationale du ministère de l'agriculture, a repris une argumentation similaire : « elles sont non seulement riches en acides aminés essentiels, mais sont également une source de phosphore et de calcium très digestibles ».

Cependant, l'INRA elle-même a développé une solution alternative, celle des tourteaux tannés de soja et de colza. La technique consiste à enrober le tourteau de soja d'une substance destinée à le protéger contre une dégradation microbienne dans le système digestif des bovins.

Ainsi, sur le plan nutritionnel, l'utilisation des farines animales dans l'alimentation des ruminants n'était pas justifiée.

* 21 Informations extraites du site internet de l'INRA : http ://www.inra.fr/Internet/Produits/dpenv/vfol_9.htm.

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