D. RAPPEL DES AMBITIONS DU RAPPORT LENOIR-PROT (1979)

1. Le constat dressé en 1979

a) La disproportion des moyens entre les organismes indépendants et les administrations en matière de prévision économique

Le rapport 8 ( * ) remis au Président de la République en juin 1979 par M. René Lenoir, et co-signé par M. Baudoin Prot, inspecteur des finances, est issu d'un intense travail de réflexion collective : les deux auteurs se sont en effet appuyés sur les contributions de six groupes de travail, sur les résultats de plusieurs missions ad hoc de l'inspection générale des finances et sur la consultation de près de trois cents personnes.

A bien des égards, ce rapport fut ainsi l'un des plus exhaustifs jamais entrepris en matière d'information économique en France.

Les conclusions tirées par ce rapport à l'issue d'un « tour d'horizon » des organismes publics et privés d'analyse et de prévision économiques étaient claires.

En premier lieu, ce rapport soulignait la « disproportion des moyens » entre d'un côté, l'ensemble des organismes privés de prévision économique (deux cents personnes au total) ; de l'autre, le « tripôle administratif » constitué par la direction de la prévision (380 personnes à la fin de 1978), la direction des synthèses de l'INSEE (143 personnes en 1978) et les services économiques du commissariat général du plan (188 personnes en 1978). Cette disproportion des moyens était d'ailleurs « aggravée par la proximité [de l'administration] des sources statistiques » 9 ( * ) . En outre, elle s'était amplifiée au cours des années 1970.

Les rapporteurs estimaient ainsi que la prévision économique était du ressort d'un « oligopole administratif » 10 ( * ) dirigé par des experts appartenant à une même « famille intellectuelle » 11 ( * ) , et ils ajoutaient 12 ( * ) que « personne, hors de l'État n'a fait l'effort de bâtir un instrument de grande dimension. L'université - à quelques brillantes exceptions près - est absente des études de macro-économie. Les institutions financières travaillent pour elles-mêmes. Des équipes proches des entreprises occupent des créneaux particuliers : REXECO et le COE 13 ( * ) font des études de conjoncture sans modélisation, le BIPE 14 ( * ) des études sectorielles. Cet apport extra-administratif est de qualité : mais aucune équipe n'a la taille critique pour peser dans le débat. Alors que la réflexion sur l'avenir est essentielle pour tous, les activités de prévision ne sont pas l'affaire de tous comme aux États-Unis ou en Allemagne. La qualité du débat démocratique s'en trouve altérée ».

* 8 « L'information économique et sociale dans les grands pays industrialisés », La documentation française, 1979.

* 9 Cf. annexes, tome 2, page 191.

* 10 Cf. page 138.

* 11 Cf. annexes, tome 2, page 180.

* 12 Cf. pages 138-139.

* 13 Le COE est le centre d'observations économiques de la chambre de commerce et d'industrie de Paris.

* 14 Bureau d'informations et de prévisions économiques.

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