b) Une méthode pour réduire la vulnérabilité au risque d'inondations

Au sens strict, la vulnérabilité se traduit souvent comme la mesure des conséquences dommageables des inondations sur les enjeux, c'est-à-dire sur les éléments (biens, activités ou personnes) exposés ou concernés par une inondation.

Mais, les travaux récents des chercheurs ont élargi cette notion pour prendre en compte la fragilité d'un système socio-économique dans son ensemble face au risque.

L'analyse de la vulnérabilité a alors pour objectif de mesurer la propension de ce système à subir des dommages en cas de survenance d'un événement ou encore sa faculté à résister aux impacts.

Parmi les différentes méthodes employées, la méthode inondabilité, développée par le CEMAGREF de Lyon depuis 1996, apparaît comme particulièrement intéressante. Conçue comme un outil d'aide à la décision, cette démarche doit favoriser le dialogue entre les différents acteurs d'un même bassin versant et de négociation entre le milieu urbain et le milieu rural. Elle s'inscrit dans une logique d'aménagement d'un bassin versant, en appliquant la doctrine du « ralentissement dynamique » qui favorise les processus de stockage temporaire des crues partout où cela est physiquement possible.

DÉFINITION DE LA MÉTHODE INONDABILITÉ

« La méthode vise une modélisation quantifiée de l'aléa et de la vulnérabilité, ainsi qu'une comparaison des deux variables afin d'aboutir à une évaluation du risque (en situation actuelle et/ou au regard de projets d'aménagement). Tout au long de la démarche, cette méthode mobilise des outils de calcul (modèle débit-durée-fréquence pour l'hydrologie, modèle numérique de terrain pour l'hydraulique). Elle propose une représentation cartographique de l'aléa, de la vulnérabilité et de leur synthèse en termes de risque. Cette cartographie fournit une représentation simplifiée de la situation qui se veut utilisable dans le cadre d'une concertation/négociation entre les acteurs d'un même bassin versant.

La principale originalité de cette méthode est de traduire les concepts d'aléa et de vulnérabilité en deux variables quantifiables selon une même échelle de valeur pour les comparer et obtenir une valeur de « risque maximal acceptable » au niveau de chaque parcelle d'occupation des sols. A l'inverse des approches classiques qui cherchent à quantifier les impacts socio-économiques directs des inondations en termes monétaires, la méthode « inondabilité » traduit la vulnérabilité par des données de nature hydrologique, et cherche à exprimer le risque maximal acceptable en termes économiques ».

Source : Le coût du risque, L'évaluation des impacts socio-économiques des inondations - Gilles Hubert et Bruno Ledoux (1999)

Ainsi, dans une configuration de bassin versant où les zones rurales seraient situées en amont et les zones urbaines en aval, l'analyse du risque montre que la vulnérabilité du milieu rural est moins forte que celle du milieu urbain et qu'il faudrait envisager d'inonder le premier pour protéger le second.

En conclusion, on peut relever que la méthode est opérationnelle et qu'elle a déjà été appliquée sur le terrain. Elle présente néanmoins certaines limites, notamment l'absence de volet économique.

Pour y remédier, il faut y associer une analyse coût-avantage des différents scénarios, et chercher à évaluer les flux monétaires à mettre en place. En outre, la méthode doit approfondir la définition de mesures de compensation à mettre en oeuvre, leur base de calcul et leur mode de prise en charge.

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