III. L'ATTENTE JORDANIENNE DE L'EUROPE ET DE LA FRANCE

A. L'EUROPE, UN PARTENAIRE ÉCONOMIQUE ATTENDU SUR LE TERRAIN POLITIQUE

La signature, le 24 septembre 1997, de l'accord d'association Union européenne-Jordanie a conforté l'appréciation de partenaire économique et commercial actif portée par le Royaume sur l'Europe. L'action de l'Union européenne auprès de la Jordanie se développe également dans le cadre du partenariat euro-méditerranéen, notamment sur le plan de la coopération financière, au travers du règlement MEDA. L'ensemble des prêts et dons européens à la Jordanie sur la période 1996-1999 se sont élevés à 865 millions d'euros, plaçant l'Union au premier rang des fournisseurs d'aide à ce pays.

En revanche, la discrétion manifeste de l'Union sur le plan de la politique étrangère et les dossiers régionaux déçoivent. Les interlocuteurs rencontrés par votre délégation ont tous relevé à la fois la proximité d'analyse sur les événements en cours dans la région entre la Jordanie et de nombreux pays membres, et l'absence de traduction concrète, en dépit des efforts de MM. Solana et Moratinos, respectivement responsable de la PESC et envoyé spécial de l'Union pour le Proche-Orient. Or, la Jordanie est à la recherche d'une Union européenne qui soit pour elle un interlocuteur véritable et crédible, qui lui permette de rééquilibrer le dialogue prééminent qu'elle entretient avec les Etats-Unis.

B. DES RELATIONS FRANCO-JORDANIENNES DE QUALITÉ

Jeune pays profondément influencé par son lien historique avec la Grande-Bretagne et son alliance stratégique avec les Etats-Unis, la Jordanie peut néanmoins voir dans la France un interlocuteur précieux. Sur les dossiers complexes de l'Irak ou du processus de paix, les positions françaises font souvent l'objet de larges convergences avec les analyses jordaniennes. Le développement de nos relations économiques bilatérales, notre coopération militaire constituent par ailleurs des éléments porteurs.

1. Les relations économiques bilatérales se développent

Avec une part de marché proche de 4 %, la France est actuellement le 6 ème fournisseur de la Jordanie, le 3 ème parmi les membres de l'Union, derrière l'Allemagne et le Royaume-Uni. Compte tenu des investissements importants réalisés par les entreprises françaises (700 millions), notre pays est aujourd'hui le principal investisseur étranger dans le Royaume. Quatre des cinq opérations de privatisation ou de gestion déléguée réalisées ont été remportées par des entreprises françaises :

- France Telecom a acquis 36 % du capital de Jordan Telecommunications & Co, dans le cadre de la plus importante privatisation intervenue dans le Royaume (450 millions de dollars) ;

- Lafarge est partie au capital de Jordan Cement Co., à hauteur de 44 % ;

- Suez-Lyonnaise des Eaux a remporté le contrat de 4 ans de gestion déléguée des eaux du grand Amman ;

- Accor a obtenu la gestion d'un vaste complexe hôtelier gouvernemental (2 millions de dollars d'investissements) et s'est également engagé dans trois projets de modernisation ou de construction de complexes hôteliers à Petra et sur la Mer Morte ;

- enfin, Perrier Vittel a acquis 75 % du capital du leader jordanien de l'eau minérale (12 millions de dollars) et la société commerciale des Potasses d'Alsace a acheté 25 % du capital de National Ammonia (2 millions de dollars d'investissements).

La France est le deuxième créancier bilatéral de la Jordanie, après le Japon. La dette du Royaume à notre égard représente 8 % de son endettement total. Dès 1999, en réponse au souhait du Roi d'alléger le poids de sa dette, notre pays a procédé au rééchelonnement de 230 millions de dollars -sur un total de 800 millions. Par ailleurs, un accord de conversion de dettes en investissements a porté sur 400 millions de francs (dont 325 millions de francs à consommer dans le cadre de la privatisation de STL par France Telecom), un accord de conversion-annulation a également été conclu au profit de projets de développement (100 millions de francs).

La Jordanie cependant n'a pas été retenue ni dans le cadre de la Réserve Pays émergents (RPE), ni dans celui de la Zone de solidarité prioritaire (ZSP).

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