III. LA MULTIPLICITÉ ET LA VARIÉTÉ DES ANALYSES

Si la référence scientifique au GIEC est incontournable, d'autres synthèses incluant les aspects politiques et économiques doivent être consultées.

A. LE GROUPE INTERGOUVERNEMENTAL D'EXPERTS SUR L'ÉVOLUTION DU CLIMAT (G.I.E.C.)

L'organisation météorologique mondiale et le programme des Nations-Unies pour l'environnement ont créé, en 1988, l'« Intergovernmental Panel on Climate Change » (IPCC) ou, en français « Groupe Intergouver-nemental d'experts sur l'Évolution du Climat » (GIEC). Ce groupe a élaboré un état de la connaissance, sous tous ses aspects, des changements climatiques, y compris les causes humaines de ceux-ci, et leurs impacts sur l'activité humaine ; il a rendu compte des résultats de cette étude dans trois rapports parus en 1990, 1996 et 2001 .

Le GIEC recense à la fois les connaissances, mais aussi les incertitudes ou les lacunes dans la connaissance du système climatique. Il regroupe des centaines de chercheurs du monde entier -voire plus d'un millier avec tous ceux contribuant aux relectures- qui, à travers des procédures méticuleuses de regroupement des données, de rédactions et de relectures contradictoires, aboutissent à une opinion consensuelle .

Le premier rapport, paru en 1990, a rappelé que l'effet de serre est un phénomène naturel sur la Terre, mais que l'émission de gaz à effet de serre a largement augmenté au cours du dernier siècle et demi du fait des activités humaines . Ce qui se traduit par une augmentation de la température à la surface de la planète.

Les experts ont relevé qu'au cours du XX ème siècle, le réchauffement moyen à la surface de la Terre avait approché 0,5°.

Dans le rapport paru en 1996 , les experts ont estimé que la croissance des émissions de gaz à effet de serre nécessite de diminuer celles-ci de manière significative pour stabiliser leur concentration dans l'atmosphère, les années les plus récentes ayant été les plus chaudes depuis 1860.

Pour autant, les experts qui ont désormais inclus dans leurs études les rôles particuliers des aérosols sulfatés et de l'ozone stratosphérique, constataient qu'il demeurait difficile de quantifier l'influence de l'homme sur le climat. La difficulté consistant toujours à distinguer le/ou les signaux climatiques propres à l'homme parmi le bruit de fond de la variabilité naturelle , et, ce, d'autant plus que nombre de facteurs-clé sont affectés d'un coefficient important d'incertitudes . Pour autant, les experts concluaient qu'une influence humaine sur le changement global était discernable.

Dans leur troisième rapport , paru en octobre 2001, les experts ont poussé plus loin l'analyse des climats du passé, des causes du changement climatique, des réponses que le climat pouvait apporter aux facteurs renforçant l'effet de serre, des causes de l'influence de l'homme sur ces phénomènes, et se sont interrogés sur le possible climat du futur.

Ces experts ont nettement affirmé que le climat sur Terre est en train de changer , et, naturellement, ils ont développé des analyses approfondies sur les causes de ce changement. Ils ont constaté que la température à la surface de la Terre avait augmenté de 0,6°, plus ou moins 0,2°, depuis le XIX ème siècle ; les années 1990 ayant constitué la décennie la plus chaude , et 1998 l'année la plus chaude depuis la mise en oeuvre des relevés de mesures en 1861. Ils ont distingué deux périodes de réchauffement important : de 1910 à 1945, et de 1976 à 1999 , ces deux périodes de réchauffement ayant surtout concerné l'hémisphère nord , de même que la période de refroidissement 1946-1975 s'est fait également sentir dans cet hémisphère, tandis que l'hémisphère sud se réchauffait.

Les experts du G.I.E.C. ont aussi constaté que les minima de température avaient augmenté deux fois plus vite que les maxima (0,2 degré contre 0,1 par décennie). Ils ont noté également que la troposphère et la surface de la Terre se sont réchauffées tandis que la stratosphère s'est rafraîchie.

Ils ont surtout considéré comme évident que l'ampleur et la durée du réchauffement au cours du XX ème siècle ont été plus importantes que dans n'importe quelle période au cours des mille dernières années . Concernant les climats du passé récent, une période chaude a englobé l'optimum climatique médiéval, soit du XI ème au XIV ème siècle, et une période froide comprenant le Petit âge glaciaire, s'est étendue du XV ème au XIX ème siècle dans l'hémisphère nord. Malgré l'existence de ce refroidissement récent, les experts ont estimé que le réchauffement survenu dans l'hémisphère nord au cours du XX ème siècle ne pouvait pas simplement être considéré comme un rattrapage du refroidissement antérieur .

Même si ces experts ont également relevé que des changements importants de température, c'est-à-dire d'une ampleur de 5 ° à 10 °, étaient parfois intervenus en quelques décennies, notamment durant le dernier âge glaciaire et la dernière période interglaciaire, c'est-à-dire entre 100.000 ans et 10.000 ans avant la période actuelle, dans l'hémisphère nord, il s'agissait là de changements causés par la variabilité naturelle du climat.

Ces experts ont considéré par ailleurs que les changements climatiques se sont déjà vivement fait sentir à travers les précipitations qui ont continué à augmenter aux latitudes moyennes et hautes de l'hémisphère nord, sauf en Asie de l'est, entraînant l'augmentation de la vapeur d'eau atmosphérique de quelques pour-cent par décennie sur plusieurs régions de l'hémisphère. Cela a même entraîné l'augmentation d'environ 10 % par décennie de la vapeur d'eau dans la basse stratosphère.

Ces phénomènes ont provoqué une augmentation de la couverture nuageuse d'environ 2 % depuis le début du XX ème siècle , ce qui correspond bien à certaines diminutions de la température diurne, et explique que le réchauffement constaté soit plus faible le jour que la nuit.

De ces phénomènes, ont découlé aussi le recul des surfaces enneigées et de celles des glaciers . Depuis la fin des années 1960, la surface enneigée a diminué d'environ 10 % tandis que les glaciers alpins et continentaux se retirent même si certaines exceptions régionales montrent des glaciers en progression.

De même, au cours des 100 ou 150 dernières années, la période de gel des lacs et des rivière a diminué d'environ deux semaines par an aux latitudes élevées de l'hémisphère nord .

Un retrait de la glace de mer est aussi observé dans l'Arctique , accompagné d'une diminution de l'épaisseur de la glace d'environ 40 % l'été, notamment au cours des années 1958 et 1976 ; ce retrait est surtout sensible au printemps et durant l'été, et même très légèrement en hiver, dans une proportion de 10 à 15 % depuis les années 1950, alors qu' aucun phénomène de ce type n'est apparu dans l'Antarctique ; une légère augmentation de la glace de mer a même pu y être relevée.

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