EXAMEN EN COMMISSION

La commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées a examiné le présent rapport au cours de sa réunion du 10 avril 2002.

A la suite du compte rendu du rapporteur, un débat s'est engagé avec les commissaires.

M. Serge Vinçon a insisté sur le fait, qu'aussi bien en Inde qu'au Pakistan, la violence, qu'elle soit d'origine ethnique ou religieuse, restait sous-jacente. Il a également observé que le conflit du Cachemire offrait peu d'espoir de solution immédiate compte tenu des positions respectives des deux parties. Les entretiens que la délégation avait pu avoir avec les chefs de zones tribales pakistanaises incitaient, par ailleurs, à penser qu'en Afghanistan les différentes factions, en raison de leurs divisions, risquaient de se fédérer dans une opposition aux étrangers et donc à la force internationale d'assistance et de sécurité (FIAS).

Mme Danielle Bidard-Reydet a confirmé cette impression de violence « affleurante ». Elle a insisté sur le poids du problème cachemiri pour les deux pays, le Cachemire étant l'un des sujets principaux de tous les entretiens et posant indirectement le problème de l'existence même du Pakistan dans sa vocation à rassembler les Musulmans de l'ancien Empire des Indes. Elle a en outre estimé que le président Moucharraf semblait sincère dans sa volonté de conduire progressivement son pays vers la démocratie, tout en relevant les très nombreux obstacles liés à la structure clanique du pouvoir et à la force des islamistes. Enfin, elle a indiqué qu'elle trouvait la position française équilibrée et juste en ce qu'elle visait à soutenir les progrès de la démocratie et à éviter tout affrontement dans une région où une guerre ouverte est possible si on ne privilégie pas une solution politique.

M. André Dulait a rappelé que si les Pakistanais accueillaient favorablement une initiative internationale sur le Cachemire, l'Inde par contre la rejetait totalement.

M. Robert Del Picchia a souhaité savoir quelle avait été la teneur des conversations sur l'influence de Ben Laden, sur l'état des relations entre l'Inde et les Etats-Unis et entre l'Iran et le Pakistan et, enfin, si le Pakistan et l'Inde disposaient d'armes atomiques opérationnelles.

M. André Dulait a expliqué que le Pakistan et l'Inde avaient prouvé leur capacité nucléaire par les essais de 1998 et que les deux Etats cherchaient à s'équiper des missiles de têtes nucléaires, éventuellement, dans le cas du Pakistan, avec l'aide de pays comme la Chine ou la Corée du Nord. Il a indiqué que M. Oussama Ben Laden faisait l'objet de réactions ambiguës ou divergentes, allant de la condamnation à la sympathie, en passant par la compréhension. Les relations entre l'Inde et les Etats-Unis ont beaucoup progressé mais les deux pays entretiennent toujours, l'un envers l'autre, un certain nombre de réticences, alors que les relations franco-indiennes paraissent meilleures et plus directes. Enfin, les relations entre l'Iran et le Pakistan ne semblent pas empreintes d'hostilité.

Mme Danielle Bidard-Reydet et M. André Dulait ont, en outre, fait remarquer que les Pakistanais pensaient que l'Iran pourrait jouer un rôle important dans un Afghanistan qui ne retrouverait pas son unité après la réunion prochaine de la Loya Jirga.

M. Xavier de Villepin, président, a estimé que l'évolution de la région dépendait très largement de l'évolution de la situation politique intérieure en Inde et au Pakistan. En Inde, qui reste la plus grande démocratie du monde, l'évolution du poids respectif des forces politiques paraît problématique. En effet, l'affaiblissement des grands partis, le parti du congrès dans un premier temps, puis le BJP, au profit des partis régionaux ou des castes, qui représentent environ 50 % des voix, pose de graves problèmes à long terme pour le fonctionnement des institutions et pour l'unité du pays. Au Pakistan, la volonté du général Moucharraf de réformer et d'instaurer une véritable démocratie au Pakistan paraît réelle, dans la mesure où les partis politiques avaient échoué, et qu'il a nettement choisi d'ancrer son pays dans une alliance avec les Etats-Unis et l'Occident depuis les attentats du 11 septembre.

Au sujet du Cachemire, M. Xavier de Villepin, président, a relevé que l'intransigeance de l'Inde au sujet d'un éventuel arbitrage international, et ce, depuis les accords de Simla en 1972, s'expliquait par la grande hétérogénéité de l'Inde, qui a aujourd'hui tendance à s'aggraver, en raison du développement économique rapide de certaines régions du sud du pays.

Abordant ensuite la situation en Afghanistan, il a regretté que la France ne consente pas un effort financier équivalant à celui de ses principaux partenaires européens pour la reconstruction du pays et s'est inquiété de ce que l'unité des factions afghanes se fasse dans une commune opposition à la force internationale.

M. Xavier de Villepin, président, a enfin fait observer que les Etats-Unis, dans leurs relations avec l'Inde, cherchaient essentiellement à faire contrepoids à l'influence chinoise dont l'hégémonie ferait courir de grands risques à la région. L'Inde sera, en effet, en 2040, plus peuplée que la Chine. Par ailleurs, si sa croissance économique est aujourd'hui inférieure à celle de la Chine, elle reste cependant élevée (5 % par an) et s'appuie sur le développement des secteurs de haute technologie.

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