2. Des interrogations sur la séparation des carrières

Dans le prolongement de ce débat, la question du maintien de l'unité de corps au sein de la magistrature a été évoquée à de nombreuses reprises devant la mission et il est apparu que les avis étaient partagés .

La Conférence nationale des premiers présidents de cour d'appel s'est déclarée favorable à une séparation des fonctions du siège et du parquet au motif qu'« un même corps réunit les juges et les procureurs, ce qui entretient leur soupçon d'inféodation des juges au pouvoir exécutif, ainsi qu'un certain déséquilibre dans le procès du fait de la proximité du juge et du représentant de l'accusation ».

La relation spécifique qu'entretient le parquet avec le pouvoir politique, conjuguée avec l'appartenance à un même corps, apparaît en effet, selon la Conférence des premiers présidents de cour d'appel, de nature à laisser perdurer une confusion des rôles dans l'esprit des justiciables et plus généralement dans l'opinion publique et elle serait nuisible, voire incompatible avec l'exigence d'impartialité qui s'impose aux juges du siège. Depuis 1996, la Conférence souhaite qu'une clarification soit opérée afin que deux corps soient créés.

S'il ne lui paraît pas indispensable de remettre en cause le principe d'une même formation pour chacun des corps, elle suggère en revanche que les serments soient différents.

La Conférence nationale des premiers présidents de cour d'appel propose toutefois de conserver une certaine souplesse en réservant la possibilité de passer d'un corps à l'autre, au moins durant les cinq premières années de la vie professionnelle.

Cette position est cependant apparue très isolée au sein de la magistrature . En effet, l'ensemble des magistrats rencontrés par la mission a marqué son attachement à l'unité du corps . L'unité des carrières du siège et du parquet a été présentée unanimement comme un enrichissement réciproque de fonctions qui partagent une même éthique et une même culture.

Les représentants des promotions des auditeurs de justice rencontrés par la mission au cours de son déplacement ont pleinement partagé cette analyse, soulignant que le choix des postes au cours de la première affectation n'était pas figé , ce qui rendait le métier de magistrat très intéressant . M. André Ride, président de la Conférence nationale des procureurs généraux, a en outre mis en avant le risque qu'une séparation des carrières conduise à un affaiblissement du ministère public et à une « fonctionnarisation rampante », selon sa propre expression.

Il apparaît donc que le débat reste ouvert.

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