4. Une filière insuffisamment compétitive

La filière vitivinicole française souffre partiellement d'un manque de compétitivité. Selon le chiffre cité par M. Joël Castagny, Président du groupe coopératif « Val d'Orbien », elle dégagerait seulement 1,6 % de résultat net par an. Cette faible marge, alors que le résultat net peut atteindre 10 % dans les nouveaux pays producteurs, a pour conséquence une faible capacité d'investissement et une insuffisante attractivité pour les capitaux venant de l'extérieur .

a) Une modernisation inachevée de l'outil de production

Le secteur vitivinicole français ne souffre pas d'une obsolescence technique. Des efforts importants ont d'ores et déjà été réalisés, notamment en termes d'investissement destinés à améliorer l'outil de transformation (bacs de réception, cuves, pressoirs, égouttoirs...)

Il reste toutefois, de manière ponctuelle, quelques problèmes . M. Joël Castagny, Président du groupe Val d'Orbien a relevé l'existence de chais obsolètes, mal entretenus dans le Sud Est de la France, soulignant que dans les nouveaux pays producteurs, les caves étaient neuves et ultramodernes.

Le groupe de travail a pu constater au cours de son voyage d'étude en Afrique du Sud que les chais sont utilisés comme des éléments de marketing et qu'ils sont mis en valeur à l'intention des touristes. A Morgenhof, propriété viticole de Mme Anne Cointreau-Huchon où la délégation sénatoriale a été reçue, le chai de forme octogonale, éclairé par une lumière douce, est visible par les visiteurs grâce à une vitrine située à l'entrée des bâtiments de l'exploitation.

Certes, une telle mise en valeur est coûteuse et n'est pas à la portée de tous. Il n'en est pas moins nécessaire d'apporter un soin particulier à l'entretien du lieu de production, ne serait-ce que pour l'image donnée aux acheteurs .

En outre, il reste des efforts à fournir en terme d'équipements, tant pour le vignoble que pour la vinification. La faible mutualisation des moyens de production est ici en cause.

Le mouvement de restructuration à l'oeuvre dans le secteur coopératif est, par ailleurs, inachevé. On compte encore 850 coopératives, contre 1 160 en 1980.

b) Une capacité de commercialisation insuffisante

La filière vitivinicole française est marquée par l'éparpillement de ses structures de commercialisation, avec comme conséquence une insuffisante implication de l'aval dans l'organisation et l'orientation de la production . C'est l'un des principaux constats du rapport de M. Jacques Berthomeau.

D'un montant estimé à 150 millions d'euros, le chiffre d'affaires de la filière commercialisation est réalisé par environ 750 entreprises, dont plus de 160 sont spécialisées dans l'élaboration de vins effervescents . Parmi ces entreprises, on compte quelques 220 petits opérateurs -domaines, châteaux ou coopératives-, dont le chiffre d'affaires annuel est inférieur à 3 millions d'euros. Seules deux entreprises ont un chiffre d'affaires supérieur à 300 millions d'euros . En outre, le chiffre d'affaires cumulé des huit premières entreprises de vins tranquilles ne représente que 20 % du marché.

En outre, dans ce secteur s'opère depuis 1992 un mouvement de déconcentration qui ne va pas dans le bon sens.

Cet émiettement traduit aussi le déficit de capitaux investis dans les structures d'aval. Elle s'explique notamment par le caractère majoritairement familial de ces structures qui, souhaitant garder leur indépendance, n'ont pas recours à des capitaux extérieurs.

En raison du caractère limité de leurs fonds propres, nombre des entreprises d'aval n'ont pas une force de frappe suffisante pour communiquer et commercialiser leurs produits.

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