b) Des caractéristiques qui ne sont pas sans incidences

Du fait de sa nature, la valeur du patrimoine des administrations publiques locales est plus stable que celle des autres administrations publiques. En particulier, l'importance prise par les actions dans le patrimoine de l'Etat fait que sa valeur dépend de phénomènes de valorisation, qui, en partie, lui échappent. Autrement dit, l'Etat est exposé à des « effets de richesse » qu'il lui faudrait, idéalement, prendre en compte dans le cadre d'une bonne gestion de son patrimoine.

En outre, si le patrimoine des APUL est sans rendement financier, d'autant que s'impose aux collectivités locales l'obligation de déposer leurs disponibilités auprès du Trésor Public, il n'en va, théoriquement, pas de même pour l'Etat.

De fait, celui-ci bénéficie de « retours » sous deux formes.

Il s'agit d'abord des recettes courantes que constituent principalement les dividendes.

ÉVOLUTION DES RECETTES NON FISCALES ISSUES DU SECTEUR PUBLIC DEPUIS 1995

( en millions d'euros )

1995

1996

1997

1998

1999

2000

LF
2001

Révisé 2001

PLF
2002

Dividendes

1.728,28

1.525,73

1.229,44

1.343,55

1.647,84

1.798,58

2.172,55

2.551,88

4.003,60

dont :

- entreprises financières (a)

360,82

224,28

147,11

431,98

411,96

667,44

968,05

1.141,73

1.410,70

- entreprises non financières (b)

1.367,47

1.301,44

1.082,33

911,57

1.235,87

1.131,14

1.204,50

1.410,15

2.592,90

Intérêts des dotations en capital (c)

337,45

337,89

291,54

287,38

292,72

186,45

294,23

17,07

17,10

Total

2.065,73

1.863,61

1.520,98

1.630,93

1.940,55

1.985,02

2.466,78

2.568,95

4.020,70

(a) Ligne 110.

(b) Ligne 116.

(c) Ligne 407.

Source : Ministère de l'économie, des finances et de l'industrie

La séquence des dividendes versés entre 1996 et 2000 indique toutefois que le rendement des actifs financiers de l'Etat est faible. Tournant autour de 1 %, il est inférieur de près de 4 points au coût de la dette. Il y a là une source mécanique de dégradation du besoin de financement de l'Etat puisque les revenus courants de ses actifs financiers sont moins élevés que les charges courantes liées au financement de leur acquisition.

Mais, l'Etat puise aussi de ses actifs des recettes provenant des aliénations de son patrimoine financier.

RECETTES DE PRIVATISATIONS DE 1993 À 2001

(en millions d'euros)

Recettes

Imputation budgétaire

Brutes

Nettes

Recettes brutes

Frais et commissions

1993

7.250

6.950

4.506 CAS (a) n° 902-24
2.744
BG (b) ligne 210

197 CAS n° 902-24
104
BG

1994

9.419

9.215

1.796 CAS n° 902-24
7.622
BG ligne 210

91 CAS n° 902-24
112
BG

1995

3.216

3.099

2.211 CAS n° 902-24
1.006 CAS n° 902-27

76 CAS n° 902-24
41
CAS n° 902-27

1996

2.010

1.950

2.010 CAS n° 902-24

60 CAS n° 902-24

1997 (c)

8.203

7.932

8.203 CAS n° 902-24

271 CAS n° 902-24

dont :

- ERAP - Cession de titres

1.539

1.539

1.539 CAS n° 902-24

- BULL - Privatisation

42

42

42 «

- AGF - Privatisation

32

27

32 «

5 CAS n° 902-24

- Usinor-Sacilor-Privatisation

30

34

34 «

- France Télécom - Ouverture du capital

6.532

6.271

6.532 «

261 «

1998 (d)

7.793

7.572

7.793 CAS n° 902-24

221 CAS n° 902-24

dont :

- AXA/UAP - Cession de titres

79

79

79 CAS n° 902-24

- Péchiney - Cession de titres

347

345

347 «

2 CAS n° 902-24

- AGF - Cession de titres

81

81

81 «

- AGF - Privatisation

43

43

43 «

- SEITA - Cession de titres

114

113

114 «

1 «

- Total - Cession de titres

126

126

13 «

0 «

- SFP - Remboursement trop versé

183

183

183 «

- Erap - Cession de titres Elf Aquitaine

15

15

15 «

- CNP - Ouverture du capital

1.091

1.066

1.091 «

25 «

- France Télécom-Ouverture du capital II

5.469

5.281

5.469 «

188 «

1999 (e)

4.644

4.559

4.644 CAS n° 902-24

86 CAS n° 902-24

dont :

- France Télécom - Ouverture du capital II

166

166

166 CAS n° 902-24

- Air France - Ouverture du capital

576

552

576 «

27 CAS n° 902-24

- Aérospatiale-Matra - Privatisation

1.548

1.495

1.548 «

53 «

- Alcatel-Cession de titres Thomson-CSF

566

566 «

- Société de gestion de garanties et de participations

1.372

1.372

1.372 «

- Sogepa-Dividende 1998

173

173

173 «

2000

1.730

1.703

1.730 CAS n° 902-24

28 CAS n° 902-24

dont :

- Cession de titres EADS

1.107

1.096

1.107 CAS n° 902-24

11 CAS n° 902-24

- France Télécom-Ouverture du capital II

89

85

89 «

5 CAS n° 902-24

- EPRD - reversement de l'excédent de trésorerie

69

69

69 «

- Altadis- cession de la participation résiduelle de l'État

135

135

135 «

- SMC - clause de retour à meilleure fortune

58

58

58 «

2001

1.519

1.517

1.519 CAS n° 902-24

1 CAS n° 902-24

dont :

- Thomson SA - remontée du produit de cession de TMM

724

724

724 «

- SGGP/GAN

198

198

198 «

- Soulte Lagardère

175

175

175 «

- EADS

165

165

165 «

1 «

- France Télécom - ouverture du capital II

119

119

119 «

Total général

47.785

44.496

34.413 CAS n° 902-24

10.367 BG ligne 210

1.006 CAS n° 902-27

1.032 CAS n° 902-24
216 BG
41 CAS n° 902-27

(a) Compte d'affectation spéciale.

(b) Budget général.

(c) Ligne de recette 01 du compte n° 902-24, modifiée par la LFI 1997. Le compte a également encaissé 496,37 millions d'euros (3.256 millions de francs) au titre des cessions de participations minoritaires (ligne 02) et 0,34 milliards d'euros (2,24 milliards de francs) de versements à partir du chapitre 54-90 du budget des Charges communes, destinés à une dotation en capital à l'EPRD.

(d) Ligne de recette 01 du compte n° 902-24, modifiée par la LFI 1998. Le compte a également encaissé 411,76 millions d'euros (2.701 millions de francs) versés à partir du chapitre 54-90 du budget des Charges communes et destinés à un apport à la SMC.

(e) Lignes de recettes 01 et 02 du compte n° 902-24, modifié par la LFR 1998. Le compte a également encaissé 121,96 millions d'euros (800 millions de francs) versés à partir du chapitre 54-90 du budget des charges communes et destinés à une dotation à CDF.

Source : Tableau construit à partir des informations fournies par le Ministère de l'économie, des finances et de l'industrie

L'Etat a tiré de ces ventes des recettes très importantes au cours de la période sous revue. Les recettes brutes de privatisations inscrites au compte spécial du Trésor n° 902-24, qui est censé retracer la totalité des recettes issues des ventes de titres publics, ont atteint 146 milliards de francs entre fin 1996 et 2000 (143 milliards de francs de recettes nettes), soit un peu plus d'1/5 e (23 %) du « patrimoine actions » de l'État tel que valorisé à la fin 1996 . A ce total, il faut ajouter les recettes qui n'ont pas été rattachées à ce compte (en particulier GAN, Crédit Lyonnais), mais se sont traduites, pour l'Etat, par des cessions d'actifs financiers, soit environ 48 milliards de francs. Ainsi, l'Etat aura cédé, depuis 1996, quelque 30 % des actions inscrites alors en valeur d'actif.

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