PREMIÈRE PARTIE :


LES PERSPECTIVES DE L'ÉCONOMIE FRANÇAISE
ET DES FINANCES PUBLIQUES À L'HORIZON 2007
CHAPITRE I

LA FRANCE DANS SON ENVIRONNEMENT EUROPÉEN

Le rapport présenté l'an dernier à votre Délégation s'était intéressé à la dépendance économique de l'Europe par rapport aux Etats-Unis. Cette année, il a paru judicieux d'examiner l'environnement européen de la France. La dégradation de la conjoncture depuis 2001 rend, en effet, plus difficile le respect du Pacte de stabilité et de croissance, ce qui a relancé le débat sur son adaptation éventuelle. Des développements approfondis sont consacrés, dans ce rapport, au pacte de stabilité et de croissance. La question de la gestion de la politique monétaire, dans un ensemble européen qui reste marqué par d'importantes disparités nationales, est également posée. Il est difficile de définir une politique de taux unique alors que les pays de la zone euro connaissent des situations différenciées, tant en matière d'inflation que de croissance.

Ce premier chapitre revient sur les prévisions de croissance formulées pour 2002 et 20003. Il met en perspective la situation conjoncturelle française avec celle de nos principaux partenaires européens.

I. UNE HYPOTHÈSE DE REPRISE DE LA CROISSANCE EN 2003

Les prévisions de l'OFCE, qui, par convention servent pour les années de base de la projection (2002 et 2003), font état d'une croissance du PIB de 0,9 % en 2002 et 1,8 % en 2003. Elles sont moins optimistes que celles du gouvernement, qui table sur une croissance de 1,2 % cette année, et de 2,5 % l'année prochaine. Elles sont aussi légèrement inférieures à la prévision moyenne des instituts (1,1 et 1,9 %).

Il n'en reste pas moins que la prévision retenue pour 2003 est celle d'une reprise de la croissance, à un rythme toutefois assez modéré. L'OFCE, comme la quasi-totalité des conjoncturistes, rejette l'idée d'un « double plongeon », c'est-à-dire d'un nouveau ralentissement de l'économie, après celui observé en 2001.

Après un bref retour sur la situation économique actuelle, les conditions d'une reprise de la croissance en 2003 seront examinées.

A. UNE CROISSANCE ATONE EN 2002

L'année 2001 a été marquée par un net ralentissement de l'activité, tant en France que chez nos principaux partenaires. La France a connu une courte récession au quatrième trimestre 2001. L'économie a renoué avec la croissance dès 2002, mais à un rythme très modéré. La perspective, un temps envisagée par les prévisionnistes, d'une reprise plus franche de l'activité dans le courant du second semestre de 2002 ne s'est pas véritablement matérialisée. Sur l'ensemble de l'année, la croissance du PIB ne devrait pas excéder 1 % selon l'INSEE. Ce chiffre placerait la France dans une position comparable à la moyenne de l'Union européenne (1 % prévu par la Commission), et un peu plus favorable que la moyenne de la zone euro (+ 0,8 %).

Après un fort rebond au premier trimestre 2002 (+ 5 % en rythme annuel), la croissance américaine s'est montrée moins dynamique. Au total, la croissance du PIB américain devrait avoisiner 2,1 % cette année.

Alors que l'économie américaine a connu un rebond rapide après la récession de 2001, le Japon semble, lui, s'enliser dans les difficultés. De l'avis général, le PIB japonais devrait se contracter en 2002. L'OFCE estime la récession à 0,6 point de PIB, le Fonds monétaire international (FMI) à 0,5 point. La stagnation persistante de l'économie japonaise, qui représente environ 15 % du PIB mondial, pèse sur les perspectives de croissance internationale.

La croissance dans les grands pays industrialisés n'a pas marqué d'accélération sensible dans le courant du second semestre 2002. A ceci, trois raisons principales peuvent être avancées.

Il n'y a pas eu, en premier lieu, de reprise franche de l'investissement dans les pays développés. Pour s'en tenir à l'exemple français, un consensus se dessine pour anticiper une baisse de l'investissement en 2002, évaluée à - 0,9 % par l'OFCE. L'INSEE s'attend à une contraction de l'investissement des entreprises de 0,6 % cette année.

La consommation des ménages n'a progressé, ensuite, que faiblement au cours de l'année. L'atonie de la demande a été particulièrement prononcée au Japon (la consommation des ménages devrait progresser de seulement 0,5 % en 2002, selon l'INSEE), et dans la zone euro (+ 0,6 %, toujours selon l'INSEE). La progression de la demande a été plus soutenue aux Etats-Unis (+ 2,8 % prévus) et au Royaume-Uni (+ 3,4 %). La France devrait faire mieux que la moyenne de la zone euro. L'OFCE anticipe une progression de la consommation des ménages de 1,7 % en 2002.

Enfin, les perspectives de croissance se sont assombries suite à la chute très importante du cours des actions cotées sur les principales places boursières. Entre mai et octobre 2002, l'indice Dow Jones, à New York, a perdu environ 20 % de sa valeur ; l'indice Eurostoxx et l'indice CAC 40 ont perdu 30 %. Depuis les sommets de la mi-2000, la chute des marchés boursiers est, globalement, de l'ordre de 50 %. Ce repli des cours boursiers équivaut, pour les grandes entreprises des pays industrialisés, à un resserrement sensible des conditions financières. Il est, en effet, plus aisé pour les entreprises cotées de lever des capitaux sur les marchés financiers lorsque la valorisation de leurs actions est élevée. De plus, la chute des cours est susceptible de peser sur la confiance des ménages dans les pays où ceux-ci détiennent d'importants portefeuilles d'actions (Etats-Unis et Royaume-Uni notamment). La chute des cours entraîne une baisse de la valeur du patrimoine des ménages. Ceux-ci sont alors incités à augmenter leur épargne et, symétriquement, à réduire leur consommation, pour reconstituer la valeur de leur patrimoine. La baisse des cours de Bourse exerce ainsi un effet de richesse négatif qui déprime la consommation des ménages. Les estimations économétriques suggèrent que, aux Etats-Unis, une diminution de un dollar de la valeur du patrimoine boursier des ménages s'accompagnerait d'une baisse de quatre à cinq cents de leur consommation.

Toutefois, la baisse des cours boursiers est, à l'heure actuelle, en partie contrebalancée par un effet de richesse positif, provenant de l'appréciation des biens immobiliers aux Etats-Unis. La baisse des taux d'intérêt est également venue soutenir la consommation des ménages.

Le scénario présenté dans ce rapport, qui couvre la période 2003-2007, reprend la prévision de l'OFCE pour 2003, à savoir une perspective de reprise modérée de la croissance française et internationale. Il convient de rappeler les enchaînements économiques qui sous-tendent cette prévision, et en conditionnent la réalisation.

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