B. UNE REPRISE DE L'INVESTISSEMENT PRODUCTIF À PARTIR DE 2004

L'investissement des entreprises - mesuré, en comptabilité nationale, par la notion de formation brute de capital fixe (FBCF) des sociétés non financières et entreprises individuelles (SNF-EI) - a fortement progressé à la fin des années 1990 : + 9 % en 1998, + 8,8 % en 1999, + 8,2 % en 2000. Il a beaucoup ralenti en 2001, sous l'effet du retournement économique d'ensemble qui a affecté l'économie française et internationale. Il devrait se contracter en 2002, d'après le consensus des prévisionnistes, et ne progresserait que faiblement en 2003 (+ 0,4 %) en 2003.

La FBCF serait, cependant, mieux orientée, dans le scénario, dès 2004. Elle progresserait de 3,1 % en 2004, 3,5 % en 2005, 3,3 % en 2006 et 3 % en 2007. Ce rythme de croissance de l'investissement est supérieur à sa tendance de longue durée (+ 2,6 % par an sur la période 1970-2000), mais reste sensiblement inférieur à celui observé lors des dernières périodes de forte expansion (fin des années 1980 et fin des années 1990). Il est vrai que l'économie française avait alors crû à un rythme nettement plus rapide que sa croissance potentielle.

La modélisation proposée par l'OFCE contient des informations relatives aux conditions de financement de l'investissement. En dépit d'une modeste amélioration (+ 1 point entre 2002 et 2007) du taux de marge des entreprises, la reprise de l'investissement s'accompagnerait d'une dégradation marquée des comptes des entreprises.

Principales caractéristiques de l'évolution du compte des entreprises

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

Taux d'investissement

18,4

18

17,6

17,6

17,8

18,1

18,2

Taux de marge

39

38,2

38,9

39,1

39,3

39,3

39,2

Taux d'autofinancement (hors stocks)

69,4

67,7

75

76,9

71,4

65,5

57,9

Le taux de marge progresse légèrement entre 2002 et 2007, sans retrouver pour autant son niveau des années 1990 (le taux de marge des entreprises était de 40,5 % sur la période 1990-1995, et encore de 40,2 % sur 1995-2000). Il devrait donc se situer à un niveau finalement assez défavorable pour les entreprises. Le taux de marge a connu une dégradation marquée ces dernières années. En effet, les entreprises n'ont ajusté que de manière différée leurs effectifs au ralentissement de l'activité en cours depuis 2001. Le maintien d'importants effectifs salariés, alors que l'activité ralentissait, a pesé sur le taux de marge des entreprises. Il ne devrait pas se rétablir de manière spectaculaire dans les années à venir. Cette hypothèse est cohérente avec la stabilité du taux de chômage, à 9,3 % de la population active, entre 2003 et 2007 qui est un résultat de la projection. Le moindre dynamisme du marché du travail s'accompagnerait toutefois d'une plus grande modération salariale, propice à un redressement modeste du taux de marge.

La situation dégradée des marges des entreprises contraint celles-ci à financer leurs nouveaux investissements par l'emprunt. Dans la projection, le taux d'autofinancement des entreprises chute de près de dix points en cinq ans, passant de 67,7 % en 2002, à 57,9 % en 2007. Un examen plus détaillé montre que le taux d'autofinancement des sociétés augmente en 2003 et 2004, conséquence de la faiblesse de l'investissement des entreprises en 2002-2003. Mais la reprise de l'investissement est suivie, dans de brefs délais, d'une dégradation très prononcée du taux d'autofinancement.

La baisse du taux d'autofinancement des entreprises implique une montée de leur endettement. Pour cette raison, les sociétés voient leurs frais financiers augmenter rapidement : de + 10,7 % par an, en moyenne, sur la période 2003-2007 (contre une progression de seulement 4 % par an sur la période 1995-2000). Le recours à l'endettement est facilité par des conditions monétaires plutôt favorables. L'hypothèse retenue dans la projection est celle d'une stabilité des taux courts et des taux longs, qui se situeraient, respectivement, à 3,4 et 5,2 points, en moyenne, sur la période 2003-2007.

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