B. UN RYTHME DE CROISSANCE INSUFFISANT POUR RÉSORBER LE CHÔMAGE

Le taux de chômage de l'économie française s'est réduit de 3,6 points de mi-1997 à avril 2001. Cette bonne performance s'explique par un enrichissement exceptionnel du contenu de la croissance en emplois. Dans la seconde moitié des années 1980, il fallait une croissance du PIB de 2,7 % par an pour stabiliser le chômage ; dans les années 1990, une croissance de seulement 1,7 % suffisait pour atteindre le même objectif. Cet enrichissement de la croissance en emplois a eu pour corollaire un ralentissement significatif des gains de productivité.

Les perspectives à moyen terme construites par l'OFCE retiennent, on l'a vu, une hypothèse d'accélération des gains de productivité par tête. En conséquence, la croissance devrait devenir moins riche en emplois. Sur 2003-2007, une croissance du PIB de 2,1 % par an serait nécessaire pour stabiliser le chômage. Or, la croissance projetée sur cette période est de 2,2 % par an, en moyenne. Les créations d'emplois prévisibles, dans un tel scénario, sont donc modestes, de l'ordre de 70 000 créations nettes d'emplois, à moyen terme, chaque année. Compte tenu des évolutions de la population active, le chômage se maintiendrait à un niveau stable et élevé (9,3 % de la population active).

ÉVOLUTION DE L'EMPLOI ET DU CHÔMAGE

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

Croissance projetée

1,8

0,9

1,8

2,3

2,2

2,2

2,1

Croissance du PIB stabilisant le chômage

0,3

0,7

2,3

2,3

2,2

2,2

2,1

Emploi total (variations en milliers)

498

160,3

- 19

93,5

68

85

38,2

Taux de chômage (au sens du BIT)

8,8

9,1

9,3

9,3

9,3

9,3

9,3

Cette projection n'est guère encourageante. A long terme, l'économie française ne peut, en effet, croître au-delà de son potentiel, sans qu'apparaissent des déséquilibres. Si la croissance potentielle présente de l'économie française ne permet pas de réduire le chômage, tout l'enjeu, pour les années à venir, devra consister à élever le niveau de la croissance potentielle jusqu'à un niveau compatible avec une baisse prononcée du chômage, voire avec un retour au plein emploi.

Pour ce faire, il convient de jouer sur deux leviers :

* Il est important, d'une part, d'encourager l'investissement et l'innovation, qui sont la condition d'une accélération des gains de productivité dans l'économie. L'effort d'investissement des entreprises françaises est resté modeste dans les années 1990. Il contraste, défavorablement, avec la vigueur de l'investissement productif aux Etats-Unis, clé de la croissance forte qu'a connue ce pays dans la décennie écoulée.

Taux de croissance annuel moyen du volume de l'investissement productif

1970-2000

1970-1990

1990-2000

France

2,6

2,7

1,8

Etats-Unis

4,4

4

8,1

* Il convient, d'autre part, de mieux mobiliser le facteur travail. Une réforme du marché du travail, visant à assouplir les conditions d'embauche et de licenciement, et à baisser le coût du travail peu qualifié, serait de nature à réduire le nombre d'actifs inemployés. Au-delà, l'augmentation du taux d'activité dans l'économie française suppose d'inciter un plus grand nombre d'inactifs à entrer sur le marché du travail. La lutte contre les trappes à inactivité, l'abandon des dispositifs massifs de départ en préretraite, permettraient d'avancer sur cette voie.

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