II. LA CROISSANCE, LES PRIX ET L'EMPLOI

Comme cela a été mentionné précédemment, le scénario ici décrit est calé sur une hypothèse de croissance de l'économie française au rythme de sa croissance potentielle à partir de 2004. La notion de croissance potentielle appellera quelques éclaircissements.

L'intérêt de ce scénario est d'examiner les conséquences d'une telle perspective de croissance sur l'évolution de l'emploi et sur l'inflation. Il ressort clairement de la modélisation qu'une croissance de l'économie française, à ce rythme, n'est pas suffisante pour entraîner une résorption du chômage . Les hypothèses contenues dans le modèle, notamment en matière d'évolution des gains de productivité, qui conditionnent ce résultat, devront être explicitées. L'absence de tensions sur le marché du travail permettrait de préserver la stabilité des prix.

Comme la croissance ne suffit pas à résorber le chômage, ce résultat plaide en faveur de l'adoption de réformes structurelles du marché du travail pour se rapprocher du plein emploi.

A. UNE CROISSANCE AU RYTHME DE LA CROISSANCE POTENTIELLE

1. Résultats de la projection

La croissance potentielle résulte des variations de la population active, et des gains de productivité. A long terme, ce sont ces deux variables qui déterminent le sentier de croissance d'une économie. Une économie ne peut croître durablement au-delà de sa croissance potentielle sans qu'apparaissent des tensions inflationnistes.

Le tableau suivant présente les hypothèses retenues pour la modélisation :

LA CROISSANCE PROJETÉE ET SES DÉTERMINANTS

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

Croissance projetée

1,8

0,9

1,8

2,3

2,2

2,2

2,1

Variation de la population active (en milliers)

145,5

124,4

120

120,3

83,5

81,1

41,9

Gains de productivité par tête (en  %)

0

0,2

1,8

1,8

1,7

1,7

1,7

On peut retenir trois observations majeures de cette projection :

* La croissance potentielle de l'économie française tendrait à légèrement décroître sur la période considérée. Elle passerait de 2,3 % en 2004 à 2,1 % à l'horizon 2007.

* Cette diminution de la croissance potentielle de l'économie française s'explique par une moindre croissance de la population active. Celle-ci ne croîtrait plus que d'environ 42 000 unités en 2007, contre 124 000 en 2002. Les causes démographiques de cette évolution sont connues : les générations nombreuses du baby-boom commencent à atteindre l'âge de la retraite, et quittent le marché du travail ; les jeunes générations qui arrivent sur le marché du travail comportent des effectifs moindres. Le rythme d'augmentation de la population active ralentit ainsi, dans un premier temps. Diverses évaluations démographiques suggèrent que la population active pourrait même diminuer, dans un horizon temporel qui excède, cependant, le cadre de cette projection.

* Le profil d'évolution des gains de productivité est également intéressant. Depuis quelques années, la France se caractérise par des gains de productivité particulièrement faibles. La réduction du temps de travail explique une part de ce phénomène. La baisse du coût du travail peu qualifié a également incité les entreprises à adopter des combinaisons productives plus intensives en travail ; de ce fait, la productivité apparente par travailleur a diminué. La faiblesse de l'investissement productif, depuis une dizaine d'années, a amplifié ce phénomène. Pour les besoins de la projection, on fait l'hypothèse d'un retour des gains de productivité vers leur tendance de longue période, soit une croissance de l'ordre de 2 % par an. On admet que les effets de la réduction du temps de travail, et de la baisse des charges, s'épuisent au cours de la projection.

2. Une croissance potentielle française comparable à celle des partenaires européens de la France

Le scénario repose sur l'hypothèse d'un retour, à moyen terme, des partenaires commerciaux de la France vers leurs sentiers de croissance potentielle. L'Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE) publie des évaluations de la croissance potentielle de ses membres, ce qui permet d'effectuer des comparaisons internationales.

CROISSANCE POTENTIELLE DES PRINCIPAUX PARTENAIRES COMMERCIAUX DE LA FRANCE (pourcentage)

2000

2001

2002

2003

Allemagne

1,6

1,9

1,8

1,8

France

2,1

2,3

2,4

2,4

Italie

2,3

2,4

2,4

2,2

Royaume-Uni

2,3

2,3

2,3

2,2

États-Unis

3,7

3,6

3,1

3,1

Japon

1,1

1,1

0,9

0,9

Zone euro

2,3

2,4

2,4

2,4

Union européenne

2,3

2,4

2,4

2,3

OCDE

2,7

2,7

2,5

2,5

Source : Perspectives économiques de l'OCDE (juin 2002)

La croissance potentielle de la France se situe à un niveau proche de la moyenne de la zone euro, ou de l'Union européenne. Elle est supérieure à celle de l'Allemagne, ou du Japon, en raison, notamment, d'évolutions démographiques plus favorables. Mais elle est nettement inférieure à celle évaluée aux États-Unis ; le grand effort d'investissement de l'économie américaine en technologies de l'information et de la communication (TIC) a permis d'y élever les gains de productivité ; de surcroît, l'économie américaine bénéficie d'une progression de sa population active supérieure à celle observée en Europe.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page