5. L'articulation des plans U2000 et U3M avec les contrats de plan : la répartition des financements entre l'État et les régions

a) Le bilan quantitatif du schéma Université 2000
(1) Le rappel des objectifs du schéma

Le schéma Université 2000, arrêté en conseil des ministres le 23 mai 1990, avait pour objectif de pallier, par un effort important de construction, le déficit de locaux des établissements d'enseignement supérieur dans un contexte de croissance forte des effectifs étudiants. Il correspondait initialement à un programme d'investissement de 32 milliards de francs sur cinq ans (1991-1995), cofinancé à parité par l'État et les collectivités locales.

Au terme de trois années d'exécution, le schéma Université 2000 a été intégré dans les contrats État-régions (XI e plan : 1994-1998). La réinscription dans les CPER de toutes les opérations non programmées avant 1994 n'a cependant pas été systématique. Certaines ont été abandonnées parce qu'elles se sont avérées à l'expérience peu adaptées aux besoins, d'autres ont été remplacées par des projets différents définis au niveau régional.

Ainsi, 70 % des investissements actés dans les CPER (soit 15,7 milliards de francs sur 23 milliards de francs) sont des opérations du schéma Université 2000 reprises dans le XI e plan. Ces investissements ont par ailleurs été complétés par des opérations nouvelles (8 milliards de francs) qui prolongent l'effort de construction entrepris.

(2) Les réalisations

Le schéma Université 2000 prolongé dans les CPER aura permis de construire 3 500 000 m 2 de locaux neufs destinés à l'enseignement et à la recherche, et notamment :

- 8 universités nouvelles, dont 4 en Île-de-France ;

- 196 départements d'IUT et 24 IUT de plein exercice ;

- 7 pôles européens.

85 % des surfaces nouvelles concernent des locaux d'enseignement (UFR, IUT, IUP, Écoles d'ingénieurs), et 15 % concernent plus spécifiquement les bibliothèques, les restaurants universitaires et les autres services inter-universitaires.

Au terme du XI e contrat de plan État-régions, le schéma Université 2000 et son prolongement ont permis d'un point de vue quantitatif de résorber globalement le déficit de surfaces que connaissaient les établissements au début des années 1990, et de faire face à la forte augmentation des effectifs de l'enseignement supérieur qui a caractérisé les premières années de la décennie.

(3) Les aspects financiers

En termes de financement, les engagements cumulés depuis 1991 sur budget Université 2000 de 1991 à 1993 (6,022 milliards de francs), puis sur budgets CPER de 1994 à 1999 (9,441 milliards de francs), excèdent l'engagement initial prévu dans U2000. Le bilan d'Université 2000 apparaît donc étroitement lié au bilan des CPER achevés en 1999.

Le schéma Université 2000, relayé par les CPER 94-99, constitue donc une masse globale d'investissements de 40,3 milliards de francs sur neuf ans, financés par l'État, les collectivités locales, et dans une moindre mesure par les fonds européens (FEDER).

Ces 40 milliards de francs se décomposent de la manière suivante :

- opérations U2000 : 16,6 milliards de francs ;

- opérations U2000 reportées dans le XI e plan : 15,7 milliards de francs ;

- opérations nouvelles du XI e plan : 8 milliards de francs.

(4) Les enseignements tirés

Comme il a été vu, la nécessité de consacrer l'essentiel des moyens à la création de surfaces nouvelles pour l'enseignement n'a que peu permis de prendre en compte d'autres aspects, tels que les locaux de vie étudiante, les locaux de recherche des universités nouvelles et les bibliothèques.

Par ailleurs, l'augmentation importante des locaux nouveaux n'a pas été accompagnée d'un effort sur la maintenance et la mise aux normes du patrimoine existant. A partir de 1995, l'état de dégradation d'une partie du patrimoine ancien, mis en lumière par les exigences croissantes des commissions de sécurité, a amené le gouvernement à lancer un plan d'urgence de 2 milliards de francs, permettant d'engager un certain nombre de travaux prioritaires de sécurité, en faisant appel à une mobilisation des subventions de maintenance et à l'autofinancement des établissements.

Tous les besoins n'ont pu être satisfaits, tout particulièrement dans les établissements parisiens.

SURFACES RÉALISÉES ET MISES EN SERVICE À LA FIN DE L'ANNÉE 1999

Académie

Surface en m2

Aix-Marseille

113 531

Amiens

122 928

Besançon

123 548

Bordeaux

123 206

Caen

106 818

Clermont-Ferrand

72 604

Corse

9 410

Créteil

178 691

Dijon

67 610

Grenoble

99 193

Guadeloupe/Guyane/Martinique

14 260

La Réunion

25 426

Lille

391 294

Limoges

19 869

Lyon

160 250

Montpellier

136 232

Nancy-Metz

201 103

Nantes

158 714

Nice

84 579

Orléans-Tours

112 492

Pacifique

17 478

Paris

61 933

Poitiers

147 679

Reims

78 041

Rennes

188 661

Rouen

148 960

Strasbourg

54 575

Toulouse

150 447

Versailles

257 029

Total surface

3 466 560

Les chiffres ci-dessus concernent les mètres carrés mis en service (parfois après réhabilitation) à la fin de l'année 1999 dans le cadre du X e plan U2000, U2000, U2000/XI e plan.

RÉALISATION DE SURFACES ATTENDUES EN 2000, 2001 ET 2002,
TOUTES ACADÉMIES CONFONDUES

Année

2000

2001

2002

Surfaces en m 2

270 000

300 000

260 000

Le total des surfaces réalisées au titre du plan U2000 s'élève donc à 4,3 millions de m 2 .

Les années 2000 et 2001 correspondent à des opérations du XI e plan mises en oeuvre en 1998 et 1999. Les années de réalisations projetées s'expliquent par la durée moyenne des opérations pour lesquelles il faut compter, études et travaux confondus, environ 2,5 à 3 années.

Les chiffres communiqués dans le tableau précédent concernent exclusivement les opérations en cours ou à lancer dans le cadre du XI e plan et s'étendent hors U3M et grands travaux.


EVOLUTION DU BUDGET DES CONSTRUCTIONS UNIVERSITAIRES 1990-1999 HORS U3M ET GRANDS TRAVAUX

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Chapitre / Article

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

TOTAL

56 - 10 - 10

627

1 370

1 375

1 521

1 030

982,500

912

486 400,000

608

491,860

9 403,760

86 - 73 - 10

80

200

800

755

925

855

819,500

727,940

608

767,800

6 538,240

Total Ens Sup

707

1 570

2 175

2 276

1 955

1 837,500

1 731,500

1 214,340

1 216

1 259,660

15 942

52 - 12 / 56 - 10 - 50

45,400

30

18

18

18

18

12

10

10

179,400

66 - 73 - 50

30

50

50

50

50

50

45

45

370

Total Recherche

45,400

60

68

68

68

68

62

55

55

549,400

Total Ens Sup +
Recherche

752,400

1 630

2 243

2 344

2 023

1 906

1 794

1 269

1 271

1 259,660

16 491,400

 

Xe plan

 
 
 
 
 
 
 
 

U2000

 
 
 
 
 
 
 
 
 

XIe plan

 
b) Le financement du plan U3M et des contrats de plan

Le plan U3M, qui associe l'État et les collectivités territoriales, est un plan de grande ampleur, de l'ordre de 50 milliards de francs. Il s'inscrit dans une démarche d'ensemble, celle du schéma de services collectifs de l'enseignement supérieur et de la recherche.

(1) Les opérations visées

Cet effort de 50 milliards correspond à deux types d'opérations :

- les CPER pour plus de 42 milliards de francs, répartis à parité entre l'État et les collectivités territoriales, notamment les régions, et complétés par des fonds européens ;

- des opérations qui relèvent du seul effort de l'État, pour près de 8 milliards de francs et qui concernent :

• le désamiantage et la mise en sécurité du campus de Jussieu (3,8 milliards) ;

• la mise en sécurité des établissements d'enseignement supérieur et résidences universitaires (2,7 milliards) ;

• le début de la rénovation du Muséum et la participation du ministère de l'éducation nationale à la réalisation du Musée du Quai Branly.

(2) Un contexte nouveau

On rappellera que le plan U3M et sa traduction dans les contrats de plan 2000-2006 se déroulent dans un contexte différent du plan Université 2000 et des contrats de plan précédents. Alors que les plans précédents étaient avant tout orientés vers l'accueil de générations d'étudiants toujours plus nombreux et donc axés sur la construction de locaux supplémentaires, le plan U3M se situe dans un contexte de stabilité des effectifs étudiants. Le plan U3M comporte donc des axes plus qualificatifs, conformes aux grandes orientations du schéma de services collectifs :

• une importance toute particulière est accordée à la vie étudiante sous ses différents aspects : restauration et logement étudiant, équipements sportifs et culturels, développement des bibliothèques universitaires ; les opérations intéressant la vie étudiante représentent environ 25 % du total des contrats de plan. Un rattrapage en matière de bibliothèques universitaires sera effectué entre 2000-2006 avec 300 000 m 2 de places de bibliothèques supplémentaires. Enfin, l'effort de réhabilitation et de construction de logements universitaires est particulièrement important ;

• la recherche universitaire, en liaison étroite avec l'ensemble des organismes de recherche, trouve également une place significative dans ce contrat de plan, avec le renforcement ou la création de pôles de compétences et la constitution de réseaux d'équipements structurants (génopôles, animaleries, maisons des sciences de l'homme, ...) ;

• l'enseignement supérieur et la recherche apparaissent clairement comme contribuant au développement économique local et régional. Cet aspect se traduit tout particulièrement par la mise en place de plates-formes technologiques situées principalement dans les villes moyennes, qui doivent favoriser le transfert de technologie et la collaboration entre les structures d'enseignement (universités et leurs IUT, STS, écoles d'ingénieurs) et le tissu économique local des PME et PMI.

Enfin, les sciences humaines et sociales, au contraire des contrats de plan précédents, bénéficient aussi largement du plan U3M. Ce soutien passe par la structuration de la recherche à travers le réseau des maisons des sciences de l'homme ; les formations de ce secteur sont aussi les premières bénéficiaires de l'effort en faveur des bibliothèques et bénéficieront d'opérations importantes de construction ou de restructuration (Tolbiac, Toulouse le Mirail, Nantes, Lyon, Institut National d'Histoire de l'Art).

Pour la première fois, ces contrats de plan couvrent l'ensemble des domaines d'activité de l'enseignement supérieur et de la recherche. Ils associent également l'ensemble des collectivités territoriales, y compris la région Île-de-France et la Ville de Paris, dans une démarche de partenariat. Les années 2000 et 2001 traduisent les nouveaux engagements de l'État et correspondent au total à 2/7 e du contrat de plan. De nombreux projets importants ont été d'ores et déjà engagés et notamment ceux concernant la région parisienne, en particulier le lancement du transfert de l'université Paris VII sur la ZAC Tolbiac.

(3) La ventilation des crédits

ENVELOPPE DES CRÉDITS D'ÉTAT U3M DANS LE CPER 2000-2006 PAR RÉGION

 

CPER

Crédits État
en millions d'euros

 

1994-1999

2000-2006

Alsace

426,78

558,00

85,07

Aquitaine

402,14

700,00

106,71

Auvergne

222,94

305,00

46,50

Bourgogne

321,20

352,00

53,66

Bretagne

852,34

986,00

150,31

Centre

496,15

548,50

83,62

Champagne-Ardenne

360,93

310,00

47,26

Corse

79,00

150,00

22,87

Franche-Comté

269,55

295,00

44,97

Île-de-France

1 883,50

4 000,00

609,80

Languedoc-roussillon

760,61

825,00

125,77

Limousin

178,38

360,00

54,88

Lorraine

739,00

700,00

106,71

Midi-pyrénées

475,39

850,00

129,58

Nord-Pas-de-Calais

1 444,33

1 186,00

180,80

Basse-Normandie

376,17

420,00

64,03

Haute-Normandie

352,78

468,00

71,35

Pays de Loire

517,91

850,00

129,58

Picardie

355,38

350,00

53,36

Poitou-Charentes

411,94

560,00

85,37

Provence-Alpes-Côte-d'Azur

720,80

935,00

142,54

Rhône-Alpes

903,42

1 500,00

228,67

Total Métropole

12 550,64

17 208,50

2 623,42

Guadeloupe

123,80

250,00

38,11

Guyane

39,55

210,00

32,01

Martinique

61,30

160,00

24,39

La Réunion

212,30

345,00

52,59

Total DOM

436,95

965,00

147,11

TOTAL

12 987,59

18 173,50

2 770,53

LES INVESTISSEMENTS U3M INSCRITS DANS LES CPER, PAR RÉGION,
HORS DOM (1) TOUS FINANCEURS CONFONDUS

rapportés à la population étudiante régionale (universités, IUFM, écoles d'ingénieurs)
et rapportés à la population régionale totale


 

Population étudiante

Population totale en milliers

CPER-U3M (2) en millions de francs

CPER-U3M par étudiant en francs

CPER-U3M par habitant en France

Alsace

48 399

1 729,8

1 241

25 641

717

Aquitaine

70 866

2 902,4

1 900

26 811

654

Auvergne

29 598

1 307,4

665

22 468

508

Bourgogne

28 128

1 609,5

722

25 668

449

Bretagne

74 913

2 902,6

1 998

26 671

688

Centre

42 646

2 437,4

1 267

29 710

520

Champagne-Ardenne

25 442

1 341,4

844

33 173

629

Corse

3 764

256

215

57 120

840

Franche-Comté

24 130

1 115,6

720

29 838

645

Île-de-france

400 515

10 925,6

9 300

23 220

851

Languedoc-Roussillon

64 871

2 293,4

1 530

23 585

667

Limousin

15 173

710

593

39 082

835

Lorraine

58 540

2 308,1

1450

24 769

628

Midi-pyrénées

82 689

2 548,60

2 150

25 998

843

Nord-Pas-de-Calais

106 499

3 990,2

2 600

24 413

651

Basse-Normandie

27 284

1 420,60

823

30 164

579

Haute-Normandie

35 825

1 777,40

1 190

33 217

670

Pays de Loire

64 286

3 218,50

1 900

29 555

590

Picardie

25 968

1 855,90

845

32 540

455

Poitou-charentes

32 992

1 637,20

1 270

38 494

775

PACA

113 788

4 494,20

3 250

28 562

723

Rhône-Alpes

158 719

5 634,30

3 570

22 493

634

Total métropole

1 535 044

58 416,30

40 043

26 086

685

(1) L'intervention des fonds européens dans les DOM est très importante. Leurs montants n'étant pas stabilisés, il n'est pas significatif de présenter des données incomplètes.

(2) Ces chiffres sont à considérer comme une estimation : dans certains cas, ils incluent des hypothèses de financement par les fonds européens ; par ailleurs, la participation des collectivités territoriales autres que les régions n'est pas toujours complètement stabilisée.

LA RÉPARTITION DES ACTIONS CONTENUES DANS LES CONTRATS DE PLAN

Action

En MF

En %

Vie étudiante (dont logements CROUS 2 400 et
restauration CROUS 740)

5 700
(868,96 M€)

14,2

Bibliothèques

3 800
(579,31 M€)

9,5

Recherche et technologie (y compris constructions et
équipements scientifiques liés)

15 200
(2 317,23 M€)

37,8

Pédagogie

15 500
(2 362,96 M€)

38,5

Total

40 200
(6 128,46 M€)

100

 
 
 

Part Etat

17 208,50
(2 623,42 M€)

 

Globalement la part de l'État est de 43 %. Pour 14 régions, elle est comprise entre 40 et 50 %. Elle est supérieure à 50 % dans 4 régions, dont le Limousin (61 %) et la Corse (70 %), et inférieure à 40 % dans 4 autres, dont Provence-Alpes-Côte-d'Azur à 29 %.

Le poids relatif des opérations dédiées à la vie étudiante et aux bibliothèques respecte globalement l'objectif de représenter le quart des financements engagés dans les CPER, d'autant plus qu'il faut y adjoindre la bonification des emprunts éventuellement contractés pour la construction des résidences. Par région, le bilan n'est pas uniforme, ce qui n'est pas surprenant compte tenu de situations régionales contrastées. La part des CPER consacrée à la vie étudiante et aux bibliothèques varie ainsi de 12 à 37 %, 15 régions (sur 22 hors DOM) se situant entre 20 et 31 %, 5 en dessous de 20 % et 2 au-dessus de 31 %.

Ces opérations en faveur de la vie étudiante inscrites dans les CPER viennent en appui du plan social étudiant, qui a conforté les moyens disponibles et précisé les directions d'actions, comme le guichet « unique ». Elles constituent souvent le volet investissement d'actions prévues dans les contrats d'établissements. Si les situations sont encore inégales selon les établissements ou les sites universitaires, la diversité des projets qui figurent dans les contrats d'établissements et dans les CPER (maisons de l'étudiant, politique culturelle des universités, etc.) témoigne de la mobilisation de tous les acteurs, collectivités territoriales comprises.

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