2. Un processus de délocalisation de services et administrations

A la fin des années 1960, quelques services ou administrations ministériels ont été déménagés, mais c'est surtout depuis 1990 que ces délocalisations d'emplois tertiaires se sont développées, non sans susciter de controverses. Destinées à consolider les métropoles régionales, les « vagues de délocalisation » annoncées avec fracas en octobre 1991 par Edith Cresson, pour réduire l'hypertrophie parisienne et réactiver des villes de province déprimées en sont une illustration. En 2000, 30 000 emplois publics devaient avoir quitté Paris.

Cette initiative avait eu des précédents remarquables, certains réussis à l'image des transferts de l'Ecole nationale de l'Aviation Civile et de la Météo à Toulouse, d'autres moins tels que certaines décentralisations de Grandes Ecoles (Centrale, HEC).

Aujourd'hui, les Affaires culturelles sont implantées à Aix-en-Provence, les Affaires Sociales à Rennes, l'Etat-Civil à Nantes, l'Ecole de la Magistrature à Bordeaux, ou encore les Ecoles Normales Scientifique et Littéraire à Lyon.

D'un côté on les juge insuffisamment nombreuses malgré le côté spectaculaire - ou symbolique - de quelques-unes comme l'ENA à Strasbourg en janvier 1992 ; suivie de celle de l'Ecole du patrimoine à Lille, de l'ONF à Bourges, du Loto à Marseille, des Gobelins à Aubusson ... De l'autre elles se heurtent à l'hostilité des services concernés.

Ces décisions marquent un regain du volontarisme étatique, tout en ayant qu'un impact limité. Mais le fait est qu'elles apportent des salaires de fonctionnaires et induisent des activités et des relations multiples dans les villes d'accueil. L'augmentation du nombre d'établissements d'enseignement supérieur en province dans le cadre du plan université 2000 a contribué de son côté à étoffer le tertiaire dans les métropoles et les villes moyennes.

3. De grandes opérations d'urbanisme

Depuis une dizaine d'années, d'autres territoires présentent des enjeux importants pour l'aménagement de certaines métropoles. Sans parler des « Grands Projets de Ville », qui relèvent spécifiquement de la « politique de la ville », l'Etat s'investit, comme il l'avait fait dans le cadre de la création des villes nouvelles, pour développer de nouveaux projets de restructuration, généralement situés en zone urbaine dense, en proche périphérie des grandes villes et quelquefois même en centre-ville.

Ces opérations appellent un profond renouvellement urbain tant en matière de logement qu'en matière de développement économique. Elles sont appelées à créer des pôles essentiels du développement régional et de l'équilibre social. Les villes se recomposent en profondeur par la transformation de quartiers entiers . Les territoires urbains à la frange des centres-villes deviennent des lieux attractifs en terme de développement économique, universitaire et culturel. Ces « nouveaux centres », lancés dans le Mantois Seine-Aval (Yvelines), de la Seine à l'Arche, à Nanterre ou encore dans la Plaine de France (Seine Saint-Denis et Val-d'Oise), constituent la nouvelle frontière de nos grandes villes et sont porteurs d'équilibre et de solidarité locale.

« Le cas d'Euroméditerranée à Marseille illustre une coopération efficace des collectivités locales et de l'Etat associés dans un cadre contractuel (le protocole financier) et dans la conduite d'un instrument opérationnel décentralisé et commun, l'Etablissement Public d'Aménagement » 12 ( * ) . Dans la cité phocéenne, l'intervention de l'Etat est largement justifiée par l'insuffisance des ressources financières des collectivités locales face à la dimension de l'opération ainsi que par l'ampleur du défi qu'il fallait relever et l'intérêt national qui s'y attachait.

Il s'avère que « les grandes métropoles françaises ont les moyens financiers et opérationnels de leur développement » 1 ( * )5 . Mais elles peuvent aller plus loin, plus vite si l'Etat les désigne en tant que territoires stratégiques du développement national et vient appuyer par son concours leur démarche sur certains projets bien ciblés. C'est pourquoi inscrire l'aménagement de pôles de développement ambitieux dans les grandes métropoles françaises, pour les placer dans la compétition européenne, peut, dans l'avenir, devenir un des grands objectifs de la politique d'aménagement du territoire 1 ( * )5 .

* 12 Groupe central des grandes opérations d'urbanisme, Note concernant la politique d'aménagement du territoire vis-à-vis des grandes métropoles françaises.

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