C. APPLIQUER UN « PRINCIPE DE PRÉCAUTION » ?

Dans ces conditions, il pourrait sembler opportun d'appliquer, en matière de politiques macroéconomiques, un « principe de précaution ».

1. Rendre la politique monétaire plus accommodante ?

On peut en particulier se demander si la politique menée par la Banque centrale européenne (BCE) est appropriée.

Certes, les taux d'intérêt de la zone euro sont historiquement bas, en particulier quand on les compare à l'inflation (de 1,9 % en mai 2003 en glissement annuel), comme l'indique le graphique ci-après.

Les taux d'intérêt à court terme et l'inflation dans la zone euro

(en %)

Sources : Bundesbank, Banque de France, Banque centrale européenne

Deux éléments doivent cependant être pris en considération.

Tout d'abord, la BCE détermine le niveau des taux d'intérêt en fonction des conditions économiques de la zone euro dans son ensemble, et non de celles d'un pays particulier. Il en découle qu'en cas de choc asymétrique, l'adaptation de l'économie d'un pays doit se faire par les prix, ce qui constitue un facteur déflationniste. Ainsi, selon de nombreux observateurs, la situation économique de l'Allemagne exigerait des taux d'intérêt plus bas.

Ensuite, si l'on considère la zone euro dans son ensemble, il faut également garder à l'esprit que le risque de déflation tend à être sous-estimé. Ainsi, selon une étude citée par le FMI 12 ( * ) , la politique monétaire menée par le Japon avant la déflation aurait été appropriée, voire expansionniste d'après une règle de Taylor, compte tenu de ce qu'étaient alors les anticipations d'inflation. Ce n'est qu' a posteriori que cette politique s'est révélée inadaptée. Ainsi, le FMI estime que « sous des régimes à cible d'inflation » (ce qui est le cas de la zone euro), « les décideurs publics ne devraient pas définir une cible d'inflation trop basse, mais plutôt indiquer une « zone tampon » ».

Comme l'indique le tableau de la page suivante, la banque centrale européenne (BCE) a récemment fait un pas en ce sens, indiquant, le 8 mai 2003, que les taux d'inflation devaient être « proches de 2 % à moyen terme », ce qui répondait au souci d' « aménager une marge de sécurité suffisante pour se prémunir contre les risques de déflation » 13 ( * ) .

La BCE devrait peut-être aller encore plus loin. Ainsi, dans son étude précitée, M. Jean-Paul Betbéze suggère qu'elle retienne comme cible d'inflation une zone comprise entre 1 % et 3 %.

* 12 Ahearne, Alan, Joseph Gagnon, Jane Haltmaier, Steve Kamin, et al, « Preventing Deflation: Lessons from Japan's Experience in the 1990s », International Finance Discussion Papers, n° 729, Federal Reserve Board, juin 2002.

* 13 La BCE a également précisé à cette occasion le rôle respectif des deux « piliers » de sa politique, les analyses monétaire et économique (cf. tableau).

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