INTRODUCTION

Les comptes financiers nationaux publiés en France sont en général de bonne qualité si on les compare à la plupart des comptes publiés dans les autres pays. Ils n'en comportent pas moins certaines imperfections ou insuffisances qui limitent leur usage dans le cadre d'une étude approfondie de l'évolution des comportements des ménages.

On sait que ces comptes financiers ont comme pièces maîtresses les Tableaux d'opérations financières (TOF) en flux et en encours établis à la Banque de France et publiés conjointement avec les comptes réels dans les rapports annuels sur les comptes de la Nation que diffusent l'INSEE.

Certaines imperfections ou insuffisances sont à la fois le fait des flux et des encours, d'autres concernent les seuls encours. Dans tout ce qui suit, on s'intéressera aux seuls actifs financiers des ménages résidant en France et non à leur passif.

Imperfections ou insuffisances concernant à la fois les flux et les encours :

Ø la nomenclature utilisée dans les publications, qui correspond le plus souvent aux règles du Système européen de comptes mis en place depuis 1999, est souvent trop agrégée pour permettre un diagnostic précis en ce qui concerne les risques réellement supportés par les épargnants ; ainsi en est-il, par exemple, de l'absence de distinction en ce qui concerne l'assurance vie entre, d'une part, les créances sur les supports en euros ou en devises et, d'autre part, les supports en unités de compte ;

Ø à l'opposé, certains types d'épargne, comme par exemple l'épargne salariale, sont en fait ventilés dans plusieurs rubriques de la nomenclature et ne peuvent donc faire l'objet d'une analyse globale dont l'intérêt est pourtant certain ;

Ø certains postes du patrimoine financier des ménages et des flux nouveaux de placements qui leur sont affectés soulèvent de légitimes interrogations : c'est le cas, par exemple, du portefeuille d'actions non cotées dont on peut penser que, pour diverses raisons, les publications actuelles surestiment fortement la valeur ; on pourrait aussi mentionner - et cela recoupe la question de l'épargne salariale soulevée ci-dessus - l'absence de distinction, au sein du portefeuille d'actions cotées des ménages, entre les actions détenues par les salariés des dites entreprises et les actions détenues par des personnes étrangères à ces entreprises.

Imperfections ou insuffisances concernant les seuls encours d'actifs financiers

Indépendamment des questions mentionnées ci-dessus, les actifs financiers en encours peuvent soulever de légitimes interrogations qui portent sur des éléments du compte de variation des patrimoines, éléments qui permettent de passer du patrimoine d'ouverture du début de l'année au patrimoine de clôture de fin d'année :

Ø le mode de réévaluation des différents encours transitant par le marché ou dont les prix nominaux peuvent évoluer n'est pas toujours suffisamment transparent et les résultats obtenus sont donc parfois sujets à caution ; ainsi en est-il, une fois de plus (mais ce n'est pas vraiment un sujet d'étonnement) des plus-values en capital associées au portefeuille d'actions non cotées ; mais on pourrait aussi à bon droit s'interroger sur les plus-values associées à certaines catégories d'OPCVM ;

Ø les « autres variations en volume » (AVV) ont fait récemment leur apparition dans la comptabilité nationale française - c'est l'une des premières d'Europe à cet égard - mais une chose est de faire apparaître ces AVV et une autre de pouvoir les interpréter de façon satisfaisante 35 ( * ) .

L'objectif principal de la présente étude est de remédier autant que faire se peut aux difficultés qui viennent d'être mentionnées et de fournir par conséquent des données mieux adaptées à un diagnostic rigoureux des évolutions intervenues au cours de la période 1995-2001 dans les choix de placements des épargnants résidant en France et dans la composition de leur patrimoine financier.

* 35 On sait que ces AVV correspondent à des changements d'affectation d'unités élémentaires (par exemple, une entreprises individuelle se transforme en société) ou de nature de certains actifs (transformation d'un immeuble en société civile, par exemple). La présence de ces AVV donnent évidemment plus de rigueur au passage du patrimoine d'ouverture au patrimoine d'ouverture : en leur absence, la différence entre le patrimoine de fermeture d'une part et la somme du patrimoine d'ouverture et du flux nouveau de placements débouche sur un agrégat qui comprend à la fois, de façon indistincte, les « réévaluations » et les AVV.

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