II. QUE PEUT APPORTER L'ARMÉE POUR RÉSOUDRE LES DIFFICULTÉS D'INSERTION DES JEUNES EN MÉTROPOLE ?

Le contexte économique difficile et surtout le caractère massif du chômage depuis plusieurs années ont considérablement compliqué l'insertion professionnelle des jeunes et même leur intégration dans la vie d'adulte. Les jeunes qui échouent à s'intégrer sont souvent victimes d'un processus cumulatif allant de l'échec scolaire à la délinquance.

L'éducation nationale estime que 15 à 20 % des élèves ne maîtrisent pas en 6 e les savoirs fondamentaux. 4 à 6 % d'une classe d'âge souffriraient de troubles graves du langage écrit et oral, les conduisant à l'échec et à l'illettrisme. Dans l'incapacité de maîtriser les notions les plus élémentaires, ces jeunes sont dans l'impossibilité de réussir un examen ou une formation. On estime ainsi à 60 000 le nombre de jeunes sortant chaque année du système scolaire sans qualification. Ces jeunes sans qualification sont également ceux qui ont le plus de difficulté à s'intégrer dans la société. Leur taux de chômage (33 %) est environ trois fois supérieur à la moyenne nationale. Ils sont aussi les plus touchés par la précarité de l'emploi et les retournements conjoncturels du marché du travail. Enfin, sans qu'il y ait de lien systématique, mais plutôt une sorte de « logique statistique », ces jeunes en échec, qui ne trouvent pas leur place dans la société, sont ceux qui ont le plus de chance d'être les victimes de la délinquance.

Face à ce défi pour notre société, les dispositifs, qui ont pour l'instant été mis en place, se sont souvent montrés insuffisants, conduisant à s'interroger sur le rôle spécifique que pourraient jouer les forces armées.

A. LES LIMITES DES DISPOSITIFS EXISTANTS D'AIDE À LA FORMATION ET À L'INSERTION PROFESSIONNELLE

Lors de leurs différentes auditions, il est apparu à vos rapporteurs que la prise en compte des jeunes les moins qualifiés et souvent les plus difficiles posait de nombreux problèmes et n'était pas pleinement assurée par les dispositifs existants ou projetés

1. Le programme TRACE

Le programme TRACE, ou Trajet d'Accès à l'Emploi, a été institué par la loi d'orientation du 29 juillet 1998 afin de traduire dans la réalité le droit à l'emploi, la priorité du gouvernement étant la prévention et de la lutte contre l'exclusion. Dans ce dispositif, les jeunes des quartiers difficiles relevant de la politique de la ville devaient représenter 25 %, au minimum, des effectifs. Le programme a pour objectif de proposer à ces jeunes un parcours individualisé devant leur permettre d'accéder à un emploi durable.

Ce parcours se traduit par un accompagnement continu d'une durée de 18 mois, visant à identifier les difficultés auxquelles le jeune est confronté, à lui proposer des solutions adaptées, à construire avec le jeune une stratégie d'insertion comportant, en fonction de sa situation, des actions de bilan, d'orientation, de remobilisation, d'insertion, de mise en situation professionnelle, ainsi que de formation.

Le programme TRACE devait également reposer sur une mobilisation des outils existants en matière de formation professionnelle et d'accès à l'emploi de l'Etat et des régions.

En outre, les jeunes accueillis dans le programme TRACE bénéficiaient d'une rémunération lorsqu'ils exerçaient une activité salariée ou suivaient un stage de formation. Leur protection sociale était assurée sans discontinuité sur l'ensemble du parcours. Ils pouvaient également bénéficier des aides d'urgence leur permettant de faire face à des situations matérielles pouvant faire obstacle à leur démarche d'insertion.

Depuis sa création, ce programme a touché 160 000 jeunes sans diplôme. L'une de ses limites principales était sans doute le caractère peu contraignant du parcours et la difficulté d'inciter fortement des jeunes à reprendre le chemin difficile de l'insertion professionnelle.

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