OUVERTURE DU COLLOQUE -
SÉNATEUR BERNARD JOLY

Pour Bernard JOLY - Sénateur de la Haute-Saône - , c'est aujourd'hui un plaisir et un honneur d'ouvrir le troisième colloque consacré aux métiers d'art qu'accueille le Sénat.

Ce colloque n'aurait pu avoir lieu sans l'amicale complicité du Sénateur Gérard Larcher, président de la commission des affaires économiques, qui a toujours relayé avec constance et intérêt les initiatives prises pour soutenir et encourager le dynamisme de ce secteur économique si particulier que sont les métiers d'art. Nous le devons aussi au sénateur Didier BOROTRA qui préside le groupe d'études du tourisme sous l'égide duquel le Sénateur Bernard JOLY a pu organiser ce colloque. Qu'ils soient aujourd'hui tous deux chaleureusement remerciés pour leur soutien attentif et efficace.

Avec Pierre CHEVALIER, président de la Société d'Encouragement aux Métiers d'Art, il a été décidé de faire de la formation initiale aux métiers d'art le thème de cette rencontre. Chacun sait que de manière générale, la formation constitue à l'évidence un défi majeur pour la société. Les difficultés récurrentes que connaît le système éducatif français, les problèmes posés par une partie de la jeunesse insuffisamment formée ou mal orientée et qui connaît les affres du chômage, alors qu'existent de réels besoins en main-d'oeuvre. La reconnaissance des acquis professionnels ou encore la faiblesse du dispositif de formation permanente, tous ces sujets font régulièrement l'objet du débat public.

Vous savez aussi qu'au-delà des considérations générales, le thème de la formation intéresse tout particulièrement le secteur de l'artisanat et des métiers. La nature même de ces activités où le savoir-faire et l'expérience pratique comptent tout autant que l'acquisition de savoirs théoriques, donne une dimension particulière à la problématique. Ceci est d'autant plus vrai pour les métiers d'art qui ajoutent aux valeurs traditionnelles et à la dextérité manuelle des artisans, la nécessité d'une créativité artistique, d'une recherche aux sources de l'imagination, d'une appréhension de la beauté.

Toutefois, mener une réflexion sur la formation initiale aux métiers d'art ne répond pas qu'au souci d'adapter les méthodes et les contenus aux nécessités du moment. Il s'agit aussi de se placer dans une perspective économique de moyen terme pour répondre aux besoins du futur. Or, l'une des caractéristiques du secteur est bien qu'il est constitué aux deux tiers d'entreprises n'employant pas de salariés, ce constat donne ainsi à la formation initiale une importance particulière, puisque le renouvellement des générations de chefs d'entreprise peut sans doute moins qu'ailleurs passer par la voie de la promotion interne, voire de la succession.

Les perspectives démographiques pour les années à venir sont assez sombres, puisque les départs à la retraite d'artisans et de maîtres d'art seront extrêmement nombreux dans la prochaine décennie. Il est donc impératif de donner assez tôt à nos jeunes, et l'envie et les outils et les compétences pour se tourner vers les métiers d'art. Beaucoup l'ont compris et l'un des intérêts essentiels de cette réunion sera bien de faire le point sur les initiatives nombreuses et imaginatives menées tant au plan national que dans les territoires pour y parvenir, d'en analyser les résultats et d'échanger sur ce qu'il convient d'entreprendre pour les renforcer et les diffuser.

Le Sénateur Bernard JOLY n'a ni le temps ni les qualités pour les citer toutes, les intervenants qui vont suivre, et Pierre CHEVALIER lui-même, au regard du rôle essentiel que joue la SEMA en la matière, le feront mieux que lui. Toutefois, il ne résiste pas au plaisir de mentionner l'institution l'an dernier de la Journée des Métiers d'Art, initiative qu'il appelait de ses voeux dès 2001 et dont le succès rencontré aux quatre coins de France a prouvé l'attachement de nos concitoyens à ces métiers. Il pense en particulier à la journée du 29 novembre 2002, durant laquelle plus de 150 lycées professionnels métiers d'art et centres de formation aux métiers d'art ont ouvert leurs portes aux jeunes qui ont été nombreux à s'y intéresser.

Dans le même ordre, Bernard JOLY souhaiterait saluer une initiative très heureuse que le président du Sénat, monsieur Christian PONCELET, a prise lors des dernières Journées du Patrimoine. Afin de valoriser le magnifique travail accompli par les artisans [tailleurs de pierre, ébénistes, doreurs...] qui participent depuis plusieurs années à la restauration du Palais du Luxembourg, un stand avait été installé dans la cour d'honneur afin qu'ils présentent au public leur art, leurs techniques et leurs réalisations. Est-il besoin de préciser que cette étape du parcours, suivi par plus de 26 000 personnes pendant le week-end des 20 et 21 septembre, a suscité une curiosité et un attrait considérable ?

Le regard du Sénateur JOLY sur l'avenir, en termes de manifestations l'attache à préparer pour le prochain printemps, avec le soutien de la présidence du Sénat, deux journées successives qui réuniraient dans le Jardin du Luxembourg plusieurs centaines de métiers d'art - Passionnant projet qui prend forme.

Intéresser les jeunes et leurs parents aux métiers d'art est donc un préalable essentiel, mais il est insuffisant si le dispositif de formation initiale ne suit pas. Or, les pouvoirs publics, tant nationaux que locaux, agissent en la matière comme le témoigneront de nombreuses interventions. Il convient toutefois de se remémorer l'important décret pris au début de l'année par le ministre de la Jeunesse, de l'Education nationale et de la Recherche, pour moderniser les conditions de délivrance des diplômes des métiers d'art.

C'est sur la base de ce décret du 15 janvier 2003 que s'est effectuée la rentrée scolaire de septembre, et le Sénateur JOLY pense que nombreux seront les intervenants qui évoqueront ces nouvelles dispositions au cours des débats. De même qu'il sera probablement fait référence aux mesures annoncées le 8 juillet dernier par un autre membre du gouvernement spécialement concerné par les métiers d'art, le secrétaire d'Etat aux PME, au commerce et à l'artisanat.

Dans le cadre de sa politique de valorisation des activités de création, et pour renforcer l'attrait des jeunes vers ces métiers, il a en effet pris des dispositions pour autoriser les entreprises d'art, relevant d'une liste de métiers définie par arrêté, à se déclarer comme telles auprès des chambres des métiers et pour étendre aux métiers d'art le dispositif prévu pour décerner le titre de Maître Artisan.

Voilà des décisions qui renforceront le rôle des formateurs et des professionnels chargés de construire dans une même démarche et de manière coordonnée, l'avenir économique des métiers d'art.

Plusieurs personnalités seront présentes à ce colloque, notamment pour le ministère du Tourisme monsieur Alexandre BEZARDIN (conseiller technique), pour le ministère de l'Education nationale monsieur Pierre BAQUÉ (conseiller technique), ainsi que deux ministres, monsieur LOOS et monsieur DUTREIL.

Place maintenant aux divers intervenants de cette journée de réflexion collective que le Sénateur Bernard JOLY souhaite aussi riche et fructueuse que le furent les deux éditions précédentes. Ces travaux ne resteront pas vains ni confinés aux murs de cette salle, comme l'an dernier, les actes du colloque feront, grâce à l'aimable concours du Président LARCHER, l'objet d'une publication dans la collection des rapports du Sénat, ce qui ne manquera pas de leur assurer une diffusion certaine.

En outre, le groupe d'études sénatorial sur les métiers d'arts présidé par le Sénateur Philippe NACHBAR, ainsi que sa nouvelle section Tourisme et Métiers d'art, dont Bernard JOLY avait annoncé l'an dernier la future création et qu'il a l'honneur de présider, attacheront aux conclusions de cette journée toute l'importance qu'elles méritent pour nourrir leur réflexion sur ce qui nous réunit aujourd'hui : l'avenir et la prospérité des métiers d'art.

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