II. L'IMPORTANCE DES ALÉAS EXOGÈNES

Comme il y a un an, la croissance est soumise à trois principaux aléas exogènes, qui viennent s'ajouter aux incertitudes plus générales touchant à la poursuite de la reprise mondiale :

- le taux de change de l'euro ;

- le cours du pétrole ;

- les taux d'intérêt à long terme.

On peut indiquer à cet égard que, selon les estimations courantes, une augmentation du prix du baril de Brent de 10 dollars, ou une appréciation de l'euro de 10 %, dans chaque cas sur une année, réduit le PIB de la France et de la zone euro de 0,5 point environ 3 ( * ) .

A. LE TAUX DE CHANGE DE L'EURO

L'euro s'apprécie face au dollar depuis le début de l'année 2002, comme l'indique le graphique ci-après. Ainsi, alors qu'un euro valait 1 dollar à la fin de l'année 2002, il en vaut désormais 1,2, ce qui correspond au taux de change lors de l'introduction de l'euro.

Taux de change euro/dollar

(valeur d'1 euro en dollars, en fin de mois)

Source : banque centrale européenne

Le gouvernement retient, par convention, l'hypothèse d'un taux de change de 1 euro pour 1,26 dollar en 2004 et en 2005 (correspondant au taux de change fin décembre 2003).

L'aléa sur le taux de change semble plutôt à la baisse . En effet, la prévision moyenne de taux de change de l'euro des conjoncturistes réunis au sein de la commission des comptes de la Nation était de 1,26 dollar pour 2004 et 1,21 dollar pour 2005. Le gouvernement semble donc avoir retenu une hypothèse prudente .

Un taux de change de l'euro moins élevé que prévu aurait des effets contradictoires : amélioration de la compétitivité des produits exportés, d'un côté ; hausse des prix, et notamment des matières premières, de l'autre. Selon les estimations usuelles, un euro à 1,2 dollar au lieu de 1,26 dollar en 2005, soit une valeur de l'euro inférieure de 5 %, accroîtrait le PIB de la France et de la zone euro de 0,2 point environ.

B. LE PRIX DU PÉTROLE

L'évolution du prix du pétrole constitue également un aléa important.

Le prix du baril de Brent était en mai 2004 de l'ordre de 38 dollars, ce qui correspond à un niveau historiquement élevé, comme l'indique le graphique ci-après. Il est retombé à environ 33 dollars à la fin du mois de juin.

L'évolution du prix du baril de Brent depuis 1970

(valeur mensuelle moyenne,
en dollars)

Source : International Petroleum Exchange

L'évolution récente a été fortement dépendante de l'évolution de la situation politique au Moyen-Orient. Ainsi, le prix du baril de Brent, de l'ordre de 19 dollars fin 2001, a atteint 33 dollars juste avant l'invasion de l'Irak. Le succès des opérations militaires de la coalition menée par les Etats-Unis a suscité une diminution du prix du baril jusqu'à 25 dollars. Cependant, le cours du pétrole a depuis repris son ascension, du fait de la forte croissance de l'économie mondiale, mais aussi des incertitudes sur l'avenir du Proche-Orient, comme l'indique le graphique ci-après.

L'évolution récente du prix du baril de Brent

(valeur mensuelle moyenne,
en dollars)

Source : International Petroleum Exchange

La prévision du gouvernement repose sur l'hypothèse d'un prix du baril de Brent de 29 dollars en 2004 et de 28 dollars en 2005. Si ce prix était de 34 dollars en 2004 et en 2005, soit un niveau supérieur de 5 dollars aux prévisions, selon les estimations usuelles, la croissance du PIB en serait réduite d'environ 0,25 point chaque année.

Cette situation place la Banque centrale européenne face à un dilemme, alors qu'en mai 2004 l'inflation était de 2,6 % en France et 2,5 % dans la zone euro, dès lors qu'elle risque de devoir arbitrer entre l'accompagnement de la reprise et la maîtrise de l'inflation.

* 3 Le gouvernement estime cependant que l'impact d'une appréciation de l'euro serait plus faible en cas de réaction de la politique monétaire (rapport économique, social et financier pour 2003).

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