QUATRIÈME PARTIE : QUELLES RÉPONSES ET ENSEIGNEMENTS À MOYEN TERME ?

Au-delà des remarques formulées par vos rapporteurs spéciaux sur le nécessaire réalisme et la formalisation de la coordination qui doivent prévaloir dans l'action des associations humanitaires, il importe de montrer aux autorités indonésiennes que la France, qui n'a pas joué le jeu de la surenchère des dons, a les moyens et la volonté d'aider l'Indonésie sur le long terme et dispose pour ce faire d'opérateurs compétents.

I. PRENDRE LES DEVANTS SUR CERTAINS CHANTIERS PRIORITAIRES

A. LA ROUTE CÔTIÈRE MEULABOH-BANDA ACEH, SYMBOLE DE LA RECONSTRUCTION

Les destructions matérielles occasionnées par le tsunami concernent essentiellement un habitat modeste, des boutiques et des bâtiments publics, et à un moindre degré les infrastructures de transport, qui étaient assez sommaires avant la catastrophe. La route côtière Meulaboh-Banda Aceh constitue néanmoins un chantier très important, tant en raison de son caractère structurant dans l'économie locale, que du coût de sa reconstruction et de sa portée symbolique auprès des Indonésiens. De fait, l'armée indonésienne a d'ores et déjà positionné 8 unités du génie pour procéder aux premières réparations et permettre une utilisation rapide de la route, à défaut de la rendre réellement carrossable. L'opération serait lourde, compte tenu de la probable nécessité de reconstruire entièrement la route et plusieurs ponts davantage à l'intérieur des terres (certaines sections sont en effet désormais immergées) pour assurer sa pérennité.

Vos rapporteurs spéciaux ont, à cet égard, émis le voeu que les entreprises françaises puissent se positionner très rapidement sur ce projet . La faculté d'anticipation est en la matière déterminante, car si les autorités indonésiennes n'ont pas tardé à demander l'assistance du génie militaire français pour ces travaux, il est vraisemblable que de nombreux partenaires potentiels ont été sollicités, dont certains, tels le Japon, sont susceptibles de proposer des financements de montants très supérieurs à ceux de la France. Ce type de chantier s'inscrit également dans les opérations usuelles de la Banque mondiale, dont on a vu qu'elle entendait mettre d'importantes ressources financières à la disposition de l'Indonésie, sous forme de prêts et selon des termes très compétitifs.

Vos rapporteurs spéciaux ont suggéré aux entrepreneurs français qu'ils ont rencontrés que l'entreprise de travaux publics Colas , déjà présente en Indonésie, puisse réaliser dès le début du mois de février une rapide étude de faisabilité du chantier (plutôt qu'un avant-projet sommaire), remise aux autorités indonésiennes à titre gracieux dans un premier temps. La société Colas s'est montrée intéressée et a d'ores et déjà évalué le coût des travaux à une centaine de millions d'euros. Le financement pourrait le cas échéant être imputé sur les prêts concessionnels de l'Agence française de développement , qui a déjà financé ce type d'opération au Kosovo (route Pristina-Mitrovica, dont l'ampleur était toutefois moindre), ou impliquer les crédits de reconstruction et de réhabilitation proposés par la Commission européenne.

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