II. UN IMPACT ÉCONOMIQUE MESURÉ

En dépit de ses conséquences humanitaires dramatiques, le raz-de-marée devrait exercer un impact économique réduit à l'échelle du pays pour trois raisons : la zone géographique concernée est relativement restreinte, les principales richesses de la province n'ont pas été touchées, et la région se trouvait déjà dans un état de relatif sous-développement par rapport au reste du pays . Le coût des dégâts sur cinq ans demeure toutefois aléatoire, les prévisions variant entre 3 et 4,5 milliards de dollars (la réalité sera sans doute proche de l'estimation haute), et près d'un million de personnes pourraient basculer dans la pauvreté.

La province d'Aceh représente environ 2 % de la population indonésienne et 2,2 % du PIB. Les activités économiques de la côte ouest se limitent essentiellement à la pêche et à la culture vivrière 5 ( * ) et ont été en grande partie anéanties 6 ( * ) , tandis que les installations pétrolières et gazières du centre industriel de Lhokseumawe, situées dans la partie nord-est et qui contribuent à renforcer les aspirations indépendantistes, ont été préservées . Hors de ces ressources énergétiques, la région est très déshéritée puisque l'illettrisme demeure répandu et 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté .

Les gouvernements successifs n'ont en effet guère développé les infrastructures publiques (routes, institutions scolaires et médicales) et n'ont pas permis aux Acehnais d'accéder au même progrès économique que les autres régions périphériques de l'archipel indonésien (Kalimantan, Bali ou Sulawesi). De surcroît, près de 70 % des agents publics de la région auraient péri lors du raz-de-marée. Au total, l'incidence sur le taux de croissance du pays pourrait n'être que de 0,2 point , mais des tensions inflationnistes sont à craindre.

Les 19 membres du Club de Paris ont annoncé le 12 janvier 2005 un moratoire « immédiat et sans condition » (donc sans accord préalable du FMI ni traitement comparable avec les créanciers privés, selon les propos du président du Club de Paris) sur la dette des pays d'Asie concernés par le tsunami et qui en feraient la demande. L'Indonésie, dont la dette extérieure atteint 80 % de son PIB, a fait part de son intérêt et ne devrait donc pas acquitter l'échéance de 3,5 milliards de dollars due en 2005. Ces mesures s'exerceront sans préjudice des initiatives bi- et multilatérales, émanant des Etats (et de la France en particulier, cf. infra ), de la Banque mondiale et de la Banque asiatique de développement, et consistant en des dons et prêts à taux préférentiel.

* 5 Production de riz, de bois, de caoutchouc, d'huile de palme, de girofle et de poivre.

* 6 Un pêcheur sur dix aurait été tué, et le nombre des pêcheurs endettés est évalué à 100.000 par le gouvernement indonésien.

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