B. DES DÉGATS MATÉRIELS IMPRESSIONNANTS

Vos rapporteurs spéciaux ont pu constater sur place l'ampleur dramatique des dégâts, qui demeurent très visibles un mois après les événements et ont été causés non seulement par le tsunami, mais encore par le séisme. Des quartiers entiers des villes de Meulaboh et Banda Aceh ont été dévastés, des villages côtiers entièrement rasés, et des milliers d'arbres sont sectionnés à deux mètres du sol. L'effet du tsunami paraît semblable à celui d'un souffle atomique. Les habitations les plus rudimentaires ont été balayées, ne laissant subsister que la plate-forme en ciment. La vision de ces vestiges, où apparaissent les délimitations des pièces, est particulièrement éprouvante. Nombre d'édifices plus importants se sont également effondrés, et les gravats s'amoncèlent dans les rues des deux villes précitées. Des bateaux de pêche ont été déplacés sur plusieurs centaines de mètres et gisent au milieu des habitations. Au sud-est de Banda Aceh, une cimenterie de l'entreprise Lafarge a été en bonne partie détruite (345 ouvriers y ont trouvé la mort) ; les deux imposants navires échoués qui la bordent confortent l'impression de désastre.

La route côtière qui relie Banda Aceh à Meulaboh est impraticable ou détruite : des portions se retrouvent sous la mer, des pans de béton et des ponts ont été emportés. La ligne de côte a été bouleversée, et 35.000 hectares de rizières, inondés d'eau saumâtre et salée, pourraient être stériles pour plusieurs années (selon l'ampleur du « nettoyage » des sols provoqué par la mousson). Le gouvernement indonésien a estimé que les destructions avaient affecté 1,3 million d'habitations et de bâtiments privés et publics (causant au moins 500.000 sans-abris), huit ports et dix-huit ponts. A Meulaboh, 43 écoles sur 48 ont été endommagées. Environ mille villages et quartiers urbains auraient été détruits ; le nombre des habitations rasées s'élève à 127.000 et celui des habitations endommagées à 150.000.

Les conséquences humanitaires ont été d'emblée très importantes : arrêt de toute activité économique (pêche, agriculture, commerce) et éducative, pénurie d'eau potable et de nourriture, blessures infectées, choc psychologique lié à la perte de tout ou partie de sa famille et à la vision de corps épars. La crainte d'épidémies dues à l'eau s'est progressivement dissipée au fil des semaines ; environ 90 cas de tétanos (non contagieux) ont néanmoins été relevés, et une campagne de vaccination des enfants contre la rougeole, maladie très contagieuse et potentiellement meurtrière, a été menée, en particulier par les médecins militaires français. La destruction de la route reliant Banda Aceh à Meulaboh rend difficile l'acheminement de l'aide.

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