C. L'AMPLEUR DE LA CRISE ALIMENTAIRE

La crise alimentaire a fait l'objet d'évaluations successives par le dispositif national de gestion des crises alimentaires du Niger, appuyée par ses comités locaux, et par ses partenaires.

1. L'évaluation du déficit alimentaire global

En novembre 2004, une fois connus les résultats de la campagne agricole, a été établi un bilan céréalier mettant en regard le volume de la production et le besoin global des habitants. La norme de consommation au Niger est de 242 kilos de céréales par habitant et par an.

Ont été estimés par ailleurs la variation des stocks et le solde des exportations/importations de céréales.

Sur cette base a été annoncé le 23 novembre 2004, par un communiqué du Conseil des ministres, un déficit céréalier de 223.500 tonnes, correspondant à 7,5 % des besoins alimentaires sur le plan national, mais à 26 % des besoins dans les zones vulnérables, et un déficit fourrager, sans précédent récent, d'environ 4,6 millions de tonnes de matière sèche, soit 36,5 % des besoins.

2. La définition des zones vulnérables

2.988 villages totalisant une population de 3,29 millions d'habitants, soit 32 % de la population totale, ont été déclarés en situation d'insécurité alimentaire parmi lesquels, 77 %, soit 2,7 millions de personnes ont été déclarés vulnérables.

Ont été considérées en situation d'insécurité alimentaire les personnes habitant dans les zones où le déficit par rapport aux besoins alimentaires était supérieur à 50 %.

L'ensemble des régions et villes nigériennes a été classé, à l'issue de la campagne agro-pastorale 2004, selon un indice de vulnérabilité appréhendé au regard de dix critères (situation pluviométrique, situation de l'agriculture vivrière, situation de l'agriculture de rente, situation pastorale, sources de revenus secondaires, état des marchés, situation sanitaire et nutritionnelle, éléments d'alerte, capacités d'ajustement, indice de l'année précédente).

111 zones vulnérables ont été recensées, regroupant, après une révision opérée au mois de mai 2005, 2,7 millions de personnes.

Population en situation d'insécurité alimentaire au Niger en 2004 et 2005

(en milliers de tonnes et écart en %)

Régions

Populations déficitaires à 50 % et plus

Populations vulnérables révisées

2003/204

Janvier 2005

Mai 2005

Agadez

108.333

124.464

159.854

Diffa

47.195

172.933

204.649

Dosso

177.731

89.761

108.806

Maradi

102.890

383.683

357.037

Tahoua

375.819

951.068

1.101.843

Tillabéri

238.804

1.091.698

1.079.161

Zinder

139.515

468.389

468.489

Niamey

19.981

11.652

11.652

Total

1.210.268

3.293.648

3.491.491

Source : système d'alerte précoce du comité national de prévention et de gestion des crises alimentaires, 31 juillet 2005

Les zones d'insécurité alimentaire (3,29 millions de personnes) et de vulnérabilité
(2,7 millions de personnes)

Source : système d'alerte précoce, Niger

Les 111 zones vulnérables, dont les 19 zones (874.000 personnes),
en situation extrêmement critique

Source : système d'alerte précoce, Niger

Les 111 zones vulnérables ont été réparties selon la gravité de leur situation. Aucune n'a été classée en état de famine. 19 zones 26 ( * ) , correspondant à une population estimée à 874.000 habitants, ont été considérées toutefois comme étant dans une situation alimentaire extrêmement critique. Ces zones étaient caractérisées, au moment de leur recensement, par une réduction du nombre de repas journaliers (moins d'un repas par jour), une consommation d'aliments de pénurie, une vente inhabituelle de jeunes femelles reproductrices, une vente des biens personnels et d'équipements de production.

29 zones se sont trouvées par ailleurs dans une situation alimentaire critique, totalisant une population estimée à 827.000 personnes.

26.800 habitants vivant dans la zone de Korgom (Tessaoua) ont été considérés comme vivant une situation alimentaire très difficile et 265.000, répartis entre 14 zones, comme vivant une situation alimentaire difficile. 25 zones, recensant 700.000 personnes, présentaient des signes d'alerte. Les autres zones, sous surveillance, ont été considérées comme vivant une situation alimentaire relativement calme, la stratégie d'adaptation de ces personnes à la crise alimentaire leur permettant de subsister dans des conditions « supportables ».

* 26 Région de Zinder (Ollelewa), région de Diffa (Issari, Bosso, Kablewa), région de Maradi (Mayahi, Saé Saboua, Chadakori), région de Tallabéri (Amarsingué, Bankilaré, Goroual et Dargol, Anzourou, Ouallam, Tondikiwindi), région d'Agadez (Tabelot), région de Tahoua (Dan gona, Bambey, Keita, Kao).

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