3. La situation du cheptel

Si vos rapporteurs spéciaux ont pu constater certains malentendus au cours de leur déplacement à Dakoro sur la prise en compte des zones pastorales au titre de la crise alimentaire, certains éleveurs pensant, à tort, que le classement en zone vulnérable ne pouvait être lié qu'à un déficit de la production céréalière, et craignant ainsi de ne pas voir leur situation difficile trouver une réponse 27 ( * ) , ils ont entrevu une réalité parfois cruelle en ce qui concerne la situation du cheptel, du moins dans certaines zones.

En moyenne, la situation du cheptel ne s'est pas trop dégradée au Niger en 2005, même s'il a souffert de la pénurie de fourrage, ce qui l'a amené à transhumer au-delà des zones de pâturage habituelles, et à faire, dans certaines cas, un retour précoce dans les zones agricoles. Néanmoins, dans la région de Dakoro, les pertes ont été importantes.

Cette zone a enregistré une forte mortalité de bovins et de caprins suite aux effets cumulés de privation d'alimentation et de maladies.  Les quantités de pertes enregistrées à Dakoro pourraient être supérieures à celles de presque toutes les localités du pays.

Pertes d'animaux enregistrés dans la région de Dakoro

Espèces

Effectif

Pertes

Pourcentage des pertes

Bovins

119.185

23.837

20 %

Petits ruminants

447.180

58.133

13 %

Camelins

4.757

237

5 %

Source : FAO

Au cours de leurs contacts avec le comité local de prévention des crises de Dakoro, vos rapporteurs spéciaux ont ainsi reçu les témoignages d'associations d'éleveurs faisant état de cheptels décimés jusqu'à 60 % ou 70 %. Certains troupeaux se sont en effet trouvés, en juin 2005, pris au piège, dans des « poches » de la vallée de la Tarka, sans pâturages ni fourrages, ce qui a fait, selon les interlocuteurs de vos rapporteurs spéciaux, « le bonheur des boucaniers ». La présence de carcasses d'animaux morts ne va pas sans poser des problèmes sanitaires. Certaines ONG, comme OXFAM, dans le cadre d'un programme « travail contre nourriture », ont mis en place, autour de Dakoro, des actions pour réduire la présence de ces carcasses d'animaux.

* 27 Le dispositif national de gestion des crises alimentaires s'appuie sur des comités locaux qui lui permettent d'ajuster la distribution ou la vente de vivres en fonction des besoins, y compris dans les zones pastorales. Néanmoins, compte tenu des mouvements de population, l'appréhension de leur situation réelle est sans doute rendue plus difficile.

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