II. 2005 : UNE CRISE ALIMENTAIRE DE GRANDE AMPLEUR

Pour être de grande ampleur, la crise alimentaire de 2005 n'est pas sans précédent. Si elle pris un tour aussi dramatique, cela tient sans doute au fait qu'au déficit de production agricole s'est ajouté un dysfonctionnement des marchés sous-régionaux ayant conduit le prix des denrées alimentaires à des niveaux rarement atteints, rendant ainsi les stratégies d'adaptation des populations plus difficiles.

A. LES RACINES DE LA CRISE

Deux facteurs ont influé sur la campagne agricole de 2004 au Niger : un déficit pluviométrique important et une invasion de criquets pèlerins dans certaines zones de culture. On estime que le déficit net céréalier de 223.500 tonnes enregistré au titre de la campagne 2004 est dû, pour environ 30 %, aux effets de l'invasion acridienne, et, pour environ 70 %, aux effets de la sécheresse.

1. Un déficit pluviométrique

Le déficit pluviométrique a affecté particulièrement les zones agro-pastorale et septentrionale du pays. Les premières pluies ont été enregistrées dans plusieurs localités au mois d'avril, permettant d'effectuer des semis dans quelque 1.500 villages contre 950 à la même période en 2003. Cependant, alors que les semis se poursuivaient, une pause pluviométrique de 3 à 6 semaines selon les localités est intervenue à partir du mois de mai 2004, affectant durement les semis dans les zones nord des départements de Mayahi, Dakoro, Aguié (région de Maradi), Tanout et Gouré (région de Zinder), Maïné Soroa, Diffa et N'Guigmi (région de Diffa), Tahoua, Illéla (région de Tahoua).

De nouveaux semis ont donc du être effectués en juillet 2004. Si dans certaines zones des régions de Dosso, Maradi et Zinder le mil et sorgho ont connu un développement satisfaisant, certaines régions ont connu un arrêt plus précoce des pluies vers fin août /début septembre 2004, entraînant une chute des récoltes.

2. Une invasion acridienne

Certaines zones de culture ont en outre fait l'objet d'une invasion acridienne . L'infiltration d'essaims de criquets pèlerins dans la zone des cultures a été observée à partir du mois d'août 2004, suivi d'éclosions massives de larves dans le Tamesna et le nord-est de l'arrondissement de Tanaout (région d'Agadez). En septembre 2004, des essaims ont été signalés dans l'Irhazer, l'Aïr, le Tamesna (région d'Agadez) ainsi que dans le Nord des régions de Tahoua, Tillabéri et Zinder, et des bandes larvaires dans les régions de Tahoua et Maradi. De vastes étendues de cultures et des pâturages ont été dévastées par les criquets pèlerins.

Zones infestées en 2004 par le criquet pèlerin et les sautériaux et superficies traitées

(en hectares)

Régions

Criquet pèlerin

Sautériaux

Superficies infestées

Superficies traitées

Superficies infestées

Superficies traitées

Agadez

350

-

50

25

Diffa

-

-

38.430

22.425

Dosso

-

-

14.685

5.545

Maradi

46.570

19.290

16.225

9.225

Tahoua

67.530

25.195

82.365

4.550

Tillabéri

125.000

14.760

26.095

7.115

Zinder

52.830

16.260

79.850

10.200

Total

292.280

75.505

257.700

59.085

Source : République du Niger, cabinet du Premier ministre

Cette situation s'est traduite par une baisse importante des niveaux de rendements des cultures de mil et de sorgho dans toutes les régions affectées par le criquet pèlerin et la sécheresse. Les pertes de rendement par rapport à l'année précédente ont atteint, selon une mission de la FAO conduite au dernier trimestre de l'année 2004, pour le mil, de 20 à 47 % dans la région de Tillabéri, de 8 à 30 % à Tahoua et d'environ 15 % à Maradi et Zinder. Pour le sorgho, les pertes de rendement par rapport à l'année précédente ont été, de 20 à 25 % dans la région de Tillabéri, de 12 à 38 % à Tahoua et de 26 à 30 % à Maradi et Zinder. Les déficits de production sont variables selon les régions, ce qui explique que la crise alimentaire n'ait pas été ressentie de la même façon dans tout le Niger.

Carte des zones touchées par l'invasion acridienne et la sécheresse en 2004

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