2. Les facteurs de hausse des prix

Plusieurs facteurs ont été avancés pour expliquer la hausse durable des prix des céréales au Niger, malgré l'intervention de ventes à prix modéré organisées par le dispositif national de gestion des crises alimentaires et, par la suite, de distributions gratuites de vivres menées par les ONG, le PAM et le dispositif national nigérien.

Il convient de souligner tout d'abord l'impact de l'introduction passagère de la TVA sur les produits de première nécessité, sous la pression des institutions financières internationales. Cette introduction, qui a eu lieu le 5 janvier 2005, a provoqué de multiples protestations. A la suite de manifestations, organisées par la « coalition contre la vie chère », qui a réussi à fédérer l'opposition au Président Mamadou Tandja et à son gouvernement, cette mesure a été suspendue le 19 avril 2005.

Le comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS) a par ailleurs relevé que l'accent mis par les médias, les agences internationales de l'ONU et les ONG, sur la gravité de la crise alimentaire au Sahel avait eu pour conséquence malencontreuse d'amener certains négociants privés à ne pas mettre leurs stocks sur le marché, dans l'espoir de pouvoir demander des prix plus élevés. De plus, des achats de céréales, par des ONG internationales, sur les marchés locaux, ont été enregistrés, produisant, à la marge, des effets inflationnistes. L'association « Réunir » aurait ainsi, par exemple, acheté en juillet 2005, 30.000 kilos de riz sur le marché de Niamey.

Surtout, la hausse des prix a été nourrie par un dysfonctionnement du marché sous-régional des céréales . En 2004, la production céréalière a reculé dans plusieurs pays côtiers d'Afrique qui exportent habituellement des céréales vers le Niger. Certaines régions du Ghana et de Côte d'Ivoire ont subi une baisse de leur production. Un gros déficit a été enregistré au Cameroun. Les prix des céréales ayant augmenté dans ces pays, leurs exportations ont été restreintes.

Dans le même temps, alors qu'il est traditionnellement exportateur de céréales, le Nigéria a importé d'importants volumes de céréales, provenant notamment du Niger, malgré les déficits que connaît ce pays . Les prix très élevés pratiqués au Nigéria, en raison de l'urbanisation rapide de ce pays et de la croissance des revenus du pétrole, ont incité les marchands nigériens à écouler une part de leurs stocks au Nigéria. Le Niger constitue en effet un des marchés les plus ouverts du Sahel : les exportations ont eu lieu sans entrave. La prise de conscience de ce phénomène a eu lieu tardivement, faute d'un dispositif de suivi adéquat des échanges transfrontaliers.

Enfin, les autres pays frontaliers du Niger, Burkina Faso et Mali essentiellement, ont eux, au contraire, fermé leurs frontières afin d'éviter que des exportations vers le Niger ne réduisent leurs stocks et n'augmentent les prix sur leur marché national.

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