B. UNE REPRISE EN FRANCE

1. Une demande intérieure solide

Les gains de productivité constatés depuis deux ans, devraient également rejaillir sur l' investissement des entreprises .

En 2006, les exportations françaises profiteraient du redressement de la demande mondiale adressée à la France (+ 6 % en 2006 contre + 4 % en 2005), en raison notamment d'un mouvement de reprise en zone euro. Les exportations progresseraient ainsi de 5 % (contre + 2,5 % en 2005), soit la plus forte progression depuis 2000.

Néanmoins, les importations resteraient dynamiques en lien avec la robustesse de la demande intérieure. Il en résulterait une nouvelle dégradation du solde des transactions courantes, qui passerait de -1,6 % du PIB en 2005 à -1,9  % en 2006. Cette dégradation est beaucoup moins marquée cependant qu'entre 2004 et 2005 (de -0,4 % du PIB en 2004 à -1,6 % en 2005) et devrait beaucoup plus à l'inertie des évolutions antérieures qu'à une mauvaise performance à l'exportation.

La contribution des échanges extérieurs à la croissance resterait négative, bien que dans des proportions moindres qu'en 2005 et 2004
(-0,2 point de croissance en 2006 contre -0,8 point en 2005 et -0,9 point en 2004).

Les enquêtes de conjoncture paraissent favorablement orientées, notamment en matière de consommation des ménages.

La demande des ménages resterait bien orientée sous l'effet d'une flexion supplémentaire de leur taux d'épargne.

La montée en puissance du Plan de cohésion sociale et les nouvelles mesures pour l'emploi seraient de nature à enclencher une amélioration du marché du travail et, par conséquent, un redressement de la confiance des ménages qui se traduiraient par une nouvelle baisse du taux d'épargne (de 15,2 % du revenu à 14,9 %).

La prévision de croissance pour la France la situe ainsi aux environs de son potentiel. Mais elle ne permet pas d'entamer un mouvement de résorption du déficit de croissance passé. Dans ces conditions, elle ne peut être qualifiée de « volontariste ».

En regard de ces éléments, la prudence plus grande encore des instituts indépendants peut s'expliquer par des éléments qui relèvent de l'analyse conjoncturelle pure. La prévision pour 2006 est en fait liée à l'idée que chacun peut se faire de la fin de l'année 2005. En effet, plus l'activité sera dynamique aux troisième et quatrième trimestres 2005, plus l'« acquis de croissance » 16 ( * ) pour 2006 sera important, et inversement (cf. encadré ci-après).

IMPACT DE LA CONJONCTURE EN FIN D'ANNÉE 2005
SUR LA PRÉVISION DE CROISSANCE POUR 2006

Selon la dernière note de conjoncture de l'INSEE, la croissance devait être de 0,4 et 0,3 %, respectivement aux troisième et quatrième trimestres. Cela laisserait l'acquis de croissance pour 2006 à 0,4 %. Sur cette base, pour atteindre une croissance de 2,2  % en moyenne17 ( * )

en 2006, il faudrait une croissance en glissement18 ( * ) de l'ordre de 3 % (soit 0,7 % à 0,8 % par trimestre) et donc une accélération de l'activité sur un rythme qui, malgré l'orientation favorable des dernières enquêtes de conjoncture, paraît relativement élevé.

Pour l'OFCE, à l'inverse, la fin d'année serait plus favorable : + 0,7 % et + 0,6 % pour la croissance respectivement aux 3e et 4e trimestres, ce qui laisserait l'acquis de croissance pour 2006 à 0,8 %. Dès lors, il « suffirait » que le PIB augmente de 0,6 % par trimestre en 2006 pour que la croissance atteigne 2,2 %.

Les instituts qui présentent une prévision de croissance en 2006 plus basse que celle du MINEFI ou de l'OFCE ont ainsi une vision moins optimiste de la conjoncture aux 3e et 4e trimestres 2005.

Entre-temps, la croissance du 3e trimestre 2005 a été publiée. Elle s'est élevé à + 0,7 % ce qui témoigne en soi d'une accélération du rythme de croissance, dont la persistance reste toutefois à vérifier, et minore les exigences de progression de l'activité pour atteindre en 2006 une croissance de 2,2 %.

On sait que, généralement, les épisodes de reprise se révèlent, avec le recul, plus sensibles que ce qui était perçu sur le moment.

C'est, d'une certaine manière, le pari sous-jacent à la prévision du MINEFI et à celle de l'OFCE.

* 16 On entend par acquis de croissance pour une année donnée ce que serait la croissance moyenne si le PIB se stabilisait au niveau atteint en fin d'année précédente.

* 17 Une prévision de croissance s'exprime en moyenne, car cette approche est plus représentative dans la mesure où elle lisse les évolutions infra-annuelles.

Une croissance en moyenne compare le niveau moyen du PIB au cours de l'année n+1 au niveau moyen du PIB au cours de l'année n.

* 18 Une croissance en glissement indique l'évolution du PIB entre le 1 er janvier et le 31 décembre d'une année.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page