B. L'ÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE PEUT ÉGALEMENT PESER SUR LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE

Si dans un premier temps, la transition économique se révèle coûteuse en emplois, à moyen terme, le renversement de la courbe démographique aura également des conséquences majeures sur la croissance économique.

1. La transition économique se révèle coûteuse en emplois

Depuis quelques années, l'augmentation du chômage est devenue une préoccupation majeure tant dans l'opinion publique que pour le Gouvernement. Les chiffres officiels reconnaissant une nette aggravation du chômage urbain, indiquent une hausse de 2,5 à 4,3 % entre 1990 et 2003. Si la tendance est exacte, les pourcentages eux-mêmes sont nettement sous-estimés et le ministère du travail a, lui-même, reconnu que le taux de chômage urbain était de 7 % en 2003. Les estimations indépendantes l'évaluent plutôt de l'ordre de 10 à 15 %.

La mesure même du chômage est très difficile à établir étant donné sa définition officielle très restrictive.

Elle ne prend en compte que les demandeurs d'emploi âgés de 16 à 50 ans pour les femmes et 16 à 55 ans pour les hommes disposant d'un hukou non agricole et inscrits officiellement dans un bureau du travail.

A partir de 2005, les « xiagang », c'est-à-dire les ouvriers licenciés des entreprises mais qui en reçoivent des subventions, y effectuent des travaux temporaires et continuent de bénéficier de la couverture sociale de leur unité de travail, sont comptabilisés comme chômeurs et les subventions qu'ils recevaient sont remplacées par une indemnité chômage.

L'exemple des « xiagang » montre qu'au-delà de la mesure du chômage, l'étendue du phénomène de sous-emploi est encore plus mal connue. On estime ainsi que 80 millions d'emplois informels échappent à tout recensement dans les villes.

A court terme, la réallocation de main-d'oeuvre de l'agriculture vers l'industrie et les services et du secteur public vers les entreprises privées permet d'améliorer la productivité du travail, mais elle réduit, par conséquence, les besoins en emploi.

L'accélération des mutations économiques résultant de l'insertion croissante de la Chine dans les flux mondiaux va aggraver ces tensions sur le marché du travail car d'importantes marges de productivité subsistent encore dans l'industrie d'Etat et l'agriculture. Sur la base des écarts de productivité constatés avec le secteur non étatique et les entreprises étrangères, il y aurait encore 10 à 11 millions d'employés excédentaires dans les entreprises d'Etat. La faiblesse de la productivité agricole se traduit par un sous-emploi latent estimé à 150 millions de personnes excédentaires.

La croissance économique chinoise doit donc être suffisamment importante afin d'améliorer le taux de création d'emplois et compenser les licenciements du secteur public et les destructions d'emplois dans l'agriculture. Mais les pouvoirs publics devront également mettre en place des politiques d'accompagnement de ces mutations.

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