II. L'INDISPENSABLE RENFORCEMENT DE LA PRÉSENCE FRANÇAISE EN CHINE

Sans se dissimuler, la complexité du marché chinois ni les risques économiques qu'il présente, la délégation reste convaincue que la France peut renforcer ses relations économiques et commerciales dans un jeu gagnant.

Le renforcement du partenariat franco-chinois doit s'inscrire tout naturellement dans le cadre d'un dialogue sino-européen pour le moment au point mort.

A. LA FRANCE DOIT ENCOURAGER LA RELANCE D'UN DIALOGUE SINO-EUROPÉEN

1. Les insuffisances de la présence européenne en Chine

Le constat a été établi à de nombreuses reprises par plusieurs interlocuteurs de la délégation : la Chine est déçue par l'Europe, car celle-ci ne lui semble pas avoir véritablement de vision politique sur la Chine . Ils ont ainsi déploré l'absence de l'Europe en tant que véritable interlocuteur.

Néanmoins, l'Union européenne a développé des politiques de coopération importantes avec la Chine. Leur contenu a d'ailleurs évolué depuis le début des années 1980. Initialement, l'Union européenne soutenait des programmes de développement durable, d'éducation primaire et de services de base. Depuis quelques années, les coopérations mises en place ont un contenu à plus haute valeur ajoutée et se traduisent par un bénéfice mutuel tant pour la Chine que pour l'Union européenne.

L'environnement et le développement durable sont des axes forts des projets de coopération mis en place, et se traduisent par des programmes sur l'efficacité énergétique ou la biodiversité.

Sur la scène internationale et au plan politique, il convient de relever -pour le regretter- le relatif effacement de l'Union européenne.

L'intégration de la Chine dans le marché mondial et la reconstruction indispensable de nouveaux équilibres pour faire une place à ce partenaire économique en pleine croissance constituent des enjeux majeurs. Ainsi, l'Union européenne, par son poids économique, pourrait se positionner comme arbitre dans le débat qui oppose la Chine et les Etats-Unis et proposer des solutions pour résoudre les tensions commerciales et financières entre ces deux géants.

L'échec -pour l'instant- de la mise en place d'une Europe politique explique ce silence, mais il pourrait être lourd de conséquences.

2. La nécessité d'une politique chinoise au niveau européen

On ne peut que partager le souhait de l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin 26 ( * ) de voir l'Europe s'atteler à la construction d'une « stratégie chinoise » économique et géopolitique, qui serait un projet élaboré en commun et coordonné par la Commission européenne et les pays membres.

C'est au niveau européen que peut être définie une « plate forme » de valeurs et d'exigences économiques et commerciales pour faire respecter les engagements souscrits par la Chine lors de son adhésion à l'OMC en 2001. La réflexion et les propositions concrètes en matière de lutte contre la contrefaçon et la défense des droits de propriété intellectuelle qui constituent un enjeu stratégique pour les pays industrialisés vis-à-vis de la Chine, devraient être conduits au niveau européen. En parlant d'une seule voix au niveau communautaire, les chances d'obtenir des résultats tangibles sont plus importantes.

Il sera également possible, si l'Union européenne construit une véritable politique chinoise tant sur le plan économique que politique d'encourager alors les entreprises européennes à s'unir sur les marchés asiatiques plutôt que de s'épuiser dans une concurrence coûteuse sur les mêmes produits ou segments de marché.

Il faut également prendre en compte l'importance de la Chine en matière de recherche et développement pour construire un partenariat sino-européen sur des grands projets à l'exemple d'Iter.

* 26 Interview de M. Jean-Pierre Raffarin dans les Echos (mardi 18 avril 2006).

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