2. Un mécontentement populaire attisé par les islamistes radicaux

L'amélioration des données macro-économiques, qui résulte de sa rapide croissance depuis 2003, vaut au pays les éloges du FMI et de la Banque Mondiale. Mais l'inflation dont elle s'est accompagnée, accrue par la flambée du prix du pétrole, pénalise les couches les plus défavorisées de la population. Les prix des produits de première nécessité (alimentation, logement, transports) ont beaucoup augmenté, alors que les salaires stagnaient et qu'il n'était pas porté remède aux insuffisances des services publics.

L'industrie textile a souffert de la suppression des quotas limitant les exportations chinoises vers l'Union européenne et de nombreux Pakistanais travaillant dans les pays du Golfe persique ont été contraints de rentrer au pays à la suite des mesures anti-terroristes prises après les attentats de Londres, en juillet 2005, commis par de jeunes citoyens britanniques d'origine pakistanaise. C'est ainsi que 40 000 travailleurs ont été renvoyés du Sultanat d'Oman. Or l'émigration constitue une soupape de sécurité d'autant plus importante que 30 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et que la croissance démographique reste forte (2,5 % en 2004). On prévoit que la population du pays atteindra 250 millions à l'horizon 2020.

La forte implantation des réseaux de solidarité islamistes atténue dans une certaine mesure la misère des classes populaires, mais elle met en évidence les carences de l'Etat. Les violentes manifestations consécutives à l'affaire des caricatures de Mahomet n'exprimaient pas seulement l'hostilité à l'égard de l'Occident mais aussi le mécontentement vis-à-vis du pouvoir auquel on reproche ses liens avec les Etats-Unis et son indifférence à l'égard des difficultés que connaît la population.

LES CONSÉQUENCES AU PAKISTAN
DE L'AFFAIRE DES CARICATURES DE MAHOMET

Des manifestations de protestation déclenchées par leur publication ont commencé à la fin du mois de février 2006, soit à quelques jours de la visite en Inde et au Pakistan du président Georges W. Bush. La réprobation suscitée au Pakistan comme dans d'autres pays musulmans, par ce qui a été ressenti comme une provocation occidentale, n'a pas épargné le Président Moucharraf, qui avait, cependant, officiellement condamné ces publications. Le MMA (Muttahida Majlis-e-Amal - Conseil uni pour l'action) a lancé plusieurs appels à manifester, et le dirigeant d'une de ses composantes, le Jammat-e-Islami, a déclaré que « les manifestations se poursuivraient jusqu'à ce que le général Moucharraf tombe ».

Les manifestations ont conduit au saccage d'implantations d'entreprises étrangères, comme la gare routière bâtie par Daewoo à Islamabad.

Les manifestations ont duré près de trois semaines, et se sont essentiellement déroulées à Karachi et à Multan (Centre). Elles ont fait cinq morts dans des affrontements avec la police

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