3. Des formes intéressantes de partenariat public/privé

La délégation a visité deux institutions célèbres qui fournissent une illustration des formes de partenariat que l'on rencontre aux Etats-Unis : la « National Gallery of Art » et le « John Kennedy Center for the performing arts ».

a) La « National Gallery of Art »

La « National Gallery of Art » est un des rares musées publics américains.

Sa création résulte cependant d'une initiative privée : celle d'un riche donateur, Andrew W. Mellon, qui adressa, à la fin de l'année 1936, au moment des fêtes de Noël, une lettre du Président Roosevelt dans laquelle il se proposait de faire don à la Nation de sa collection d'oeuvres d'art et de prendre à sa charge la construction d'un musée sur le « Mall » à Washington pour l'accueillir, sous réserve que le gouvernement fédéral en assurât le fonctionnement et l'entretien.

Lors de sa 77 e session, le Congrès approuva en 1937 le principe de cette donation et d'une contribution de l'Etat. En contrepartie de la contribution financière apportée par l'Etat fédéral au fonctionnement du nouveau musée, le Congrès posa le principe de la gratuité de son accès, considérant que le visiteur américain avait, en quelque sorte, déjà acquitté le prix de son billet en qualité de contribuable.

Le musée fut inauguré le 17 mars 1941 par le Président Roosevelt.

A l'occasion de son entretien avec la délégation, Mme Christine Myers, responsable de la recherche de fonds pour les programmes et expositions, a précisé que les contributions apportées par le gouvernement au fil du temps -approximativement 1,5 milliard de dollars- ne représentaient que le tiers des contributions apportées par divers donateurs privés, sous forme d'argent ou d'oeuvres d'art.

Le musée envisage d'ailleurs, à l'occasion du 100 e anniversaire de la naissance d'Andrew Mellon, de lancer en 2007 une campagne de levée de fonds qui s'étalera jusqu'en 2012 et dont on attend 250 millions de dollars.

Le musée constitue une institution à part aux Etats-Unis, du fait de sa double nature, publique et privée.

Le Congrès conserve un droit de regard important sur la gestion du musée : il a souhaité notamment, fixer dans la loi les règles qui régissent les donations partielles d'oeuvres en sa faveur. C'est également le Congrès qui examine et vote chaque année le budget de fonctionnement et d'entretien, auquel il accorde une augmentation légère et régulière.

Le soutien public prend également une autre forme très appréciable. Le prêt d'oeuvres dans le cadre d'expositions temporaires entraine des coûts d'assurance croissants. Pour parer à cette difficulté, l'Etat se porte dorénavant garant, ce qui permet une économie réelle, compte tenu de la rareté des réclamations.

La gestion courante de l'institution se fait en revanche sur le mode des institutions privées. Elle est assurée par un conseil d'administration de cinq membres, dans la nomination desquels le gouvernement ne peut intervenir, et d'un représentant de l'Etat.

b) Le « John Kennedy Center for the performing arts »

Le « John Kennedy Center for the performing arts » est une autre institution culturelle majeure sise à Washington, un complexe de salles et de lieux orientés vers le spectacle vivant.

Le Gouvernement fédéral a pris en charge la construction initiale du bâtiment, mais cette contribution publique n'est pas exclusive de contributions privées, les levées de fonds ayant été organisées et autorisées dès l'origine.

Actuellement, le Centre combine trois sources de financements :

- les contributions fédérales, d'un montant de 28,4 millions de dollars en 2006, représentent 19,1 % du total, et permettent la prise en charge de l'entretien du bâtiment, en qualité de mémorial présidentiel ;

- les levées de fonds ont apporté l'année dernière 54,4 millions de dollars, soit 36,6 % de l'ensemble ;

- enfin, les recettes (billetterie et autres) ont représenté 65,9 millions de dollars, soit 44,3 % du total.

De façon exceptionnelle, les membres du conseil d'administration sont nommés directement par le Président des Etats-Unis.

Le Centre est géré par cinq comités, dont un comité consultatif et un comité des arts de la scène.

La collecte de fonds est confiée à un département spécialisé, composé de professionnels de la collecte. Ses effectifs -42 personnes- à comparer à celui des 103 musiciens de l'orchestre, permet de mesurer l'importance que le Centre attache à cette activité.

Les responsables du Centre ont insisté sur les avantages de ce mode de financement :

- sa dimension sociale : les citoyens les plus aisés subventionnent une portion du prix des billets des moins riches ;

- sa dimension libérale : la collecte de fonds étant un marché concurrentiel où les institutions culturelles rivalisent pour recueillir l'argent des donateurs privés, ces derniers ont la possibilité, par leur générosité d'infléchir dans le sens de leur goût l'action culturelle ;

- son respect de l'indépendance des institutions et des équipes artistiques : compte tenu de leur nombre, et de leur faible poids relatif, aucun donateur individuel n'est en mesure d'exercer des pressions sur l'équipe artistique pour infléchir sa programmation.

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