b) Les faiblesses récurrentes du système d'assurance maladie

Outre les problèmes de gouvernance générale du système dus à la présence d'opérateurs relevant de catégories gérées selon des règles différentes, il convient de souligner que le dispositif d'assurance n'offre qu'une couverture partielle à la population argentine et que la crise de 2001 a encore aggravé la situation.

Tout d'abord, on l'a vu, 40 % de la population ne dépendent que du secteur public pour la couverture santé et l'accès aux soins. Or, l'offre publique souffre de plusieurs faiblesses : hétérogénéité des financements assurés par les collectivités locales en fonction de leur richesse fiscale, absence d'objectifs de résultat.

Dans ce contexte, le système argentin n'est pas en mesure d'offrir une couverture minimale à l'ensemble de la population. La population couverte a même diminué de dix points en 2001 passant, en raison de la crise économique, de 60 % à 50 %. L'organisation actuelle de la sécurité sociale ne permet donc pas la prise en charge intégrale de la population.

Le système souffre d'autres faiblesses, car même les personnes dûment assurées ne bénéficient pas toujours d'une couverture suffisante.

Dans les années quatre-vingt-dix, les autorités sanitaires ont souhaité améliorer la couverture offerte par les opérateurs d'assurance maladie, et notamment les obras sociales , en rendant obligatoire un panier de biens et services minimum , le PMO. Cette obligation légale n'a été que très peu respectée ; la Superintendencia de Servicios de Salud - SSS estime que le coût du PMO représente une dépense de 31 pesos par mois et par assuré. La dépense moyenne de chaque système s'élève à 36 pesos par affilié : 30 pour les obras sociales nationales - OSN, 35 pour les obras sociales provinciales - OSP et 59 pour le système des retraités. En 2002, 62 % des OSN opérant aux alentours de Buenos Aires ne respectaient pas le PMO ; dans les autres régions du pays, ce taux s'élèverait à 80 %. Enfin, 26 % des assurés sociaux n'ont pas accès au médicament.

Dans ce contexte, les autorités de tutelle ont imposé, en 2002, la création d'un PMO d'urgence rassemblant des prestations de base considérées comme indispensables. Cette politique a eu des effets indésirables puisque la plupart des obras sociales ont ajusté leurs services sur les obligations minimales de ce nouveau PMO.

De plus, ce PMO ne s'applique que pour les obras sociales nationales et les assureurs privés : le secteur public et les obras sociales régionales, organismes financés par les collectivités locales, n'y sont pas soumis. Chaque centre offre les services qu'il est en capacité de fournir ; dans la plupart des cas, il répond aux urgences mais n'a pas de consultations programmées pour développer une politique systématique de prévention et de santé publique.

L'existence d'un reste à charge important est systématique en Argentine malgré la gratuité des services publics et la prise en charge de la sécurité sociale. Ce reste à charge est particulièrement élevé puisqu'il représente environ 40 % des dépenses totales de santé.

61 % des personnes les plus démunies dépendent exclusivement de l'hôpital, à défaut de ressources financières propres, pour se soigner et se procurer des médicaments ; 33 % n'ont pas les moyens de faire exécuter les prescriptions médicamenteuses après une consultation.

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