c) Approfondir la coopération en matière de politique étrangère et de défense

Si l'Union européenne veut jouer un rôle accru sur la scène internationale et parvenir à faire entendre sa voix face aux États-Unis ou à des puissances émergentes comme la Chine ou l'Inde, il est indispensable de renforcer les liens avec la Russie.

En sa qualité de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, la Russie représente, en effet, un partenaire privilégié en matière de politique étrangère. Ainsi, sur le dossier du nucléaire iranien, la concertation étroite menée par la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni et la Russie a permis de faire des propositions constructives à l'égard de Téhéran. De la même manière, sur l'avenir du Kosovo, l'Union européenne devrait définir une approche commune et entretenir une concertation étroite avec la Russie.

Malgré la volonté de l'Union européenne d'assurer à la Russie sa place dans l'architecture européenne de sécurité, il faut reconnaître que la coopération dans ce domaine est restée limitée.

Certes, la Russie est le seul pays tiers avec lequel l'Union européenne a institutionnalisé des consultations régulières au niveau du Comité politique et de sécurité ou au niveau de l'État-major de l'Union européenne. Mais ne pourrait-on pas envisager d'aller plus loin et réunir périodiquement une sorte de Conseil Union européenne-Russie en matière de défense sur le modèle du Conseil OTAN-Russie ? Cette enceinte, composée des ministres de la défense des vingt-sept États membres et de la Russie, offrirait un cadre pour discuter de certains sujets d'intérêts communs, comme les « conflits gelés » par exemple, et elle permettrait de préparer d'éventuelles opérations extérieures communes. Ces opérations communes, sous commandement conjoint, ou bien alternativement sous commandement russe et européen, pourraient intervenir par exemple en Afrique, dans les Balkans occidentaux ou encore en Transnistrie.

L'Union européenne et la Russie pourraient également organiser des exercices conjoints et des formations en commun. Enfin, la coopération entre l'Union européenne et la Russie en matière d'armement, notamment avec l'agence européenne de la défense, devrait être fortement développée. On pense notamment aux avions de transport très gros porteurs.

d) Développer les échanges universitaires et culturels ainsi que la coopération scientifique et technique

La coopération scientifique et technique constitue un terrain privilégié pour un approfondissement des relations entre l'Union européenne et la Russie. La coopération spatiale repose ainsi sur une collaboration très étroite qui s'est développée depuis déjà de nombreuses années, grâce à la France en particulier, comme l'illustre le lancement de fusées « Soyouz » à partir de la base de Kourou en Guyane. On peut également mentionner la coopération aéronautique ou le programme européen de radionavigation par satellite Galileo, qui pourrait utilement bénéficier de la technologie des satellites Glonass exploitée par la Russie depuis 1995.

Dans de nombreux domaines, l'Union européenne et la Russie pourraient lancer des initiatives et des projets communs de coopération scientifique et technique . On peut citer notamment : le nucléaire, les nanotechnologies, la génétique, la biotechnologie, le réchauffement climatique, etc.

Enfin, il convient d'insister tout particulièrement sur l'importance des échanges culturels et universitaires. Le conseiller pour les affaires européennes du Président Vladimir Poutine, Sergueï Iastrjembski, s'est d'ailleurs montré très sensible à ces aspects lors de notre entretien.

La coopération dans le domaine de la culture et de l'éducation constitue un vecteur important de rapprochement entre les peuples. C'est aussi le meilleur moyen de faire progresser la démocratie et les droits de l'homme en Russie. Or, force est de constater que, malgré les nombreuses déclarations soulignant l'importance de ces aspects, l'Union européenne ne s'est guère donné jusqu'à présent les moyens de mener une action ambitieuse dans ces domaines.

L'Union européenne pourrait ainsi lancer un nouveau programme destiné à renforcer les relations avec la Russie dans le domaine de la culture , en encourageant notamment la circulation des films et des artistes, la traduction d'ouvrages ou encore l'organisation d'événements culturels communs.

De même, il paraît indispensable de renforcer la coopération dans le domaine de l'éducation. L'Union européenne devrait encourager plus fortement la mobilité et les échanges des étudiants, la reconnaissance mutuelle des diplômes ou la coopération entre les établissements scolaires, les grandes écoles et les universités.

Pourquoi ne pas envisager un ambitieux programme Union européenne-Russie dans le domaine de l'éducation en multipliant le nombre de bourses destinées aux étudiants russes désireux de venir étudier dans l'Union européenne ?

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