3. Sous-investissement et gaspillage du capital humain

Un autre handicap structurel de l'économie française est la sous-utilisation de son potentiel productif, qui dépend lui-même de trois composantes : la productivité horaire des salariés français, le nombre d'heures travaillées et l'évolution des effectifs de la population active.

a) Une productivité horaire encore satisfaisante, mais menacée

La productivité horaire du secteur marchand nous place traditionnellement en très bonne position parmi les pays de l'OCDE, tant en valeur absolue (cf. tableau ci-après) qu'en tendance 237 ( * ) .

Productivité horaire du travail (2004)

(en indice du PIB/employé)

Pays

Indice

France

116,7

Pays-Bas

114,7

Etats-Unis

113,9

Italie

109,6

Allemagne

107,5

Royaume-Uni

86,6

Japon

76,2

Ceci traduit l'existence d'une réelle pression à l'amélioration permanente des salariés, et ce afin notamment de compenser les handicaps de l'économie nationale. Mais, malheureusement, ces derniers finissent par obérer considérablement la performance française.

Le premier de ces handicaps est un sous-investissement par rapport à nos concurrents, dont les causes sont multiples. 238 ( * )

Si la recherche de la productivité du travail en France est une conséquence de ce sous-investissement, comme de la proportion relativement faible des heures travaillées, il est peu probable qu'elle puisse repousser indéfiniment l'obstacle que constitue l'insuffisante modernisation des postes de travail, notamment s'agissant d'équipements intégrant les nouvelles technologiques de l'information et de la communication 239 ( * ) . Au-delà de l'aspect quantitatif lié au sous-équipement, il existe donc un risque plus qualitatif de voir les entreprises françaises subir un décrochage technologique par défaut d'intégration d'outils de travail innovants.

Le second élément qui relativise fortement les performances observées en termes de productivité du secteur marchand est le poids du secteur non marchand dans l'économie française. La dépense publique représente en effet 53,9 % du PIB, plaçant notre pays en deuxième position des pays de l'OCDE, derrière la Suède et à égalité avec le Danemark.

Par rapport à ces deux pays, la France se distingue par la part des dépenses de fonctionnement courant des administrations, très faiblement génératrices de gains de productivité, ce qui pèse sur la productivité globale des facteurs.

De plus, la dépense publique française présente deux autres traits défavorables. D'une part, elle tend à augmenter, à la différence de ce qui prévaut dans l'ensemble des pays de l'OCDE, y compris dans les pays nordiques. D'autre part, elle repose sur un recours massif à l'emprunt qui aboutit à « assécher » les ressources disponibles en France pour l'investissement productif, et conduit ce dernier à être largement financé par des capitaux étrangers.

La bonne productivité horaire du secteur marchand n'est donc pas un gage durable de compétitivité de l'ensemble de l'économie , d'autant plus qu'elle ne signifie pas elle-même que les travailleurs français produisent davantage que leurs voisins. Rien ne sert en effet de produire plus par heure travaillées si l'on est employé moins d'heures que ses concurrents .

* 237 Entre 2001 et 2004, elle a continué de progresser aussi rapidement en France qu'aux Etats-Unis.

* 238 On peut citer la frilosité des banques dans la prise de risque afférente à tout investissement, l'insuffisance d'entreprises de taille moyenne, ou encore le poids de la taxe professionnelle.

* 239 Pour lesquels l'investissement français accuse un retard important par rapport aux Etats-Unis, au Japon et à l'Allemagne.

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